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Appareils reflex numériques Canon : Peut-on les acheter d’occasion ? (Deuxième partie)

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Les appareils professionnels

Canon est le seul fabricant qui s’offre trois formats de capteur : outre le format APS-C, apanage des appareils entrée de gamme et experts, il commercialise deux séries de capteurs différents : les appareils de la gamme EOS 1D incorporent ainsi des capteurs APS-H aux dimensions réduites, mais optimisés en vue d’une réactivité hors pair, grâce à des obturateurs plus petits (et plus véloces) et des poids de fichiers moins importants, les appareils de la gamme 1Ds des capteurs plein format pour une utilisation plus posée. L’EOS 1D, sortie en 2001, s’inspire directement des fonctionnalités du dernier appareil argentique professionnel, l’EOS 1V, tout en incorporant l’ultime capteur CCD : supérieur au capteur 5,4 mégapixels de son concurrent direct Nikon D1x, ce capteur pose un vrai dilemme, car ses performances sont sinon très convenables : fort peu doté en mégapixels, le capteur de l’EOS 1D produit souvent des artéfacts de moiré (son filtre passe-bas est très faible et la résolution des objectifs dépasse de loin celle du capteur…) et du bruit sous forme de stries colorées. Aux sensibilités les moins élevées, l’appareil fournit des fichiers bien nets (dont la plage dynamique reste toutefois un peu trop juste, et ce même au format RAW…) et un rendu proche de l’argentique. L’obturateur et la motorisation de l’appareil atteignent des performances extraordinaires : une vitesse maximale de 1/16 000 s, une vitesse synchro de 1/500 s et une fréquence de pas moins de 8 images par seconde en rafale ! Protégé, tout comme les autres appareils des séries 1D et 1Ds, des intempéries et de la poussière, l’appareil est très robuste, mais son ergonomie est moins étudiée que celle des appareils experts (un comble…) : il faut appuyer sur deux boutons pour choisir, puis pour valider chacune des options. La mise au point AF est plutôt précise et réactive, la mesure d’exposition parfois perfectible, surtout au flash, avec une petite tendance a la sous-exposition. L’appareil est plus gourmand que ses successeurs : le capteur CCD et l’écran LCD consomment beaucoup d’énergie, au point de faire plafonner la capacité de l’accu NiMh à 250 images environ — pour une journée de prise de vue, mieux vaut alors emporter deux ou trois accus de rechange. Quant à l’écran LCD, il est aussi petit (deux pouces) que peu défini (120 000 pixels). Pâle et verdâtre, il devient illisible à l’extérieur et il n’autorise aucun agrandissement pour scruter la netteté des images. L’histogramme affiche une moyenne des trois couches RVB et reste peu fiable quant à la détection des zones surexposées ou sursaturées. Une prise Firewire (IEE-1394) permet la prise de vue connectée, un emplacement pour cartes Compact Flash l’utilisation des cartes jusqu’à une capacité de deux gigaoctets (formatage FAT). Proposé à autour de 500 € en occasion, l’EOS 1D possède toujours de sérieux atouts, mais n’oublions pas sa résolution limitée : si vous pouvez obtenir sans peine des tirages jet d’encre d’excellente qualité au format A4, il vous faudrait « tricher » avec Genuine Fractals pour aller bien au-delà…


EOS 1 D mark 2, objectif 17-40 mm f/4 L USM à 100 ISO – avec un facteur de 1,3 fois, le format APS-H est utile pour ne pas (trop) compromettre le potentiel de ses objectifs grand angle

Son successeur, l’EOS 1D Mark 2, s’impose alors tout naturellement : avec un capteur CMOS de 8,2 mégapixels, il offre une connectique plus riche (USB et Firewire), un deuxième emplacement pour cartes SD/HC et un écran mieux défini (230 000 pixels). Si les performances de l’obturateur sont en retrait (1/8000s et 1/250s), celles du moteur sont en hausse (8,5 images par seconde) et la sensibilité ISO de base descend à 100 ISO pour faciliter l’emploi de l’appareils avec des flashs de studio. Le Canon EOS 1D Mark 2 propose une qualité d’image très élevée et bien conservée aux sensibilités les plus élevées, avec une texture d’image très fine. Seule la netteté laisse quelque peu à désirer, n’oubliez donc pas à bien accentuer les images dans votre logiciel de développement RAW. Le menu de l’appareil permet de choisir l’enregistrement simultané aux formats RAW et JPEG, plusieurs matrices couleur (sRVB et Adobe RVB) sont proposées, mais la gestion des supports de mémoire reste plutôt malaisée : il n’est pas possible d’enregistrer sur les deux cartes à la fois et le passage entre les deux cartes n’est pas automatique (lorsque la première est pleine…). Notons aussi une utilisation moins stable en prise de vue connectée : le câble tend souvent à se détacher de la prise Firewire 4-pin, incorporé pour faire la place à la prise USB supplémentaire et finalement peu utile. La mise au point AF est, quant à elle, bien plus performante que ce que proposent les modèle experts : nettement plus fiable, elle dépasse même souvent celle du successeur EOS 1D Mark 3, dont le bilan s’est alourdi de plusieurs défauts de conception. A noter qu’il existe une mouture améliorée de l’EOS 1D Mark 2 : l’EOS 1 D Mark 2n propose des styles d’image, un écran d’une diagonale de 2,5 pouces (identique à celui du 5D), une accentuation par défaut plus prononcée et des menus plus ergonomiques – mais pas de quoi le payer plus cher en occasion…


EOS 1Ds, objectif EF 70-200 mm f/4 L USM à 100 ISO, le grand capteur contribue à obtenir un « bokeh » agréable…

Premier appareil Canon à capteur « plein format », l’EOS 1Ds était aussi le plus performant des appareils de l’époque. Basé sur l’EOS 1D avec lequel il partage l’architecture et, fort malheureusement, aussi l’écran LCD, il intègre un capteur de 11 mégapixels, dont le filtre passe-bas procure un excellent équilibre entre netteté et absence d’artefacts. Si sa plage de sensibilité est plutôt restreinte, le niveau de bruit demeure acceptable jusqu’à 400 ISO en JPEG et 640 ISO en RAW. La sensibilité maximale de seulement 1250 ISO restera réservée au « sauvetage » et à des formats d’impression peu importants. Notez que cet appareil offre, tout comme son successeur et l’EOS 1D Mark 2, une sensibilité de 50 ISO qui délivre une structure d’image encore plus fine, au prix d’une plage dynamique plus étroite dans les hautes lumières. Celle-ci est par ailleurs très convenable pour les autres sensibilités. Côté alimentation, l’EOS 1Ds partage avec les autres « série 1 » de première et deuxième géneration l’accu NiMh lourd et encombrant : si l’autonomie est supérieure à ce que propose l’EOS 1D de première génération, elle est inférieure, avec 300 vues environ par accu, à celle délivrée par l’EOS 1D Mark 2. Pensez donc à vous munir d’accus de rechange. Que dire sinon de ce classique toujours vert ? Citons une conception saine (l’obturateur a été testé pour 150 000 déclenchements) et une réalisation robuste, un AF précis, mais pas suffisamment rapide pour des sujets mobiles, une motorisation limitée à trois images par seconde et une vitesse d’enregistrement plutôt médiocre, mais satisfaisante pour la plupart des sujets. La qualité de visée est somptueuse et prédestine ce boitier à l’utilisation avec des objectifs exotiques, TS-E et adaptations « contre nature » (objectifs M42, Nikon, Leica, Contax…). Reste à regretter le format RAW exotique (.TIFF) et l’impossibilité à enregistrer des fichiers à la fois au format RAW et au format JPEG. Le grand capteur agit aussi tel un aspirateur à poussières et il est souvent nécessaire de procéder au nettoyage. Quant à l’exposition, l’EOS 1Ds est moins fiable que l’EOS 1 D/1Ds Mark 2. Souvent, il faut intervenir « à la main pour » l’exploiter aux meilleur de sa forme. Mais c’est un point commun à tous les appareils professionnels de la marque : à mettre entre les mains d’un utilisateur expert seulement…


… et des tons chairs subtils. EOS 1Ds, objectif EF 100 mm f/2 USM à 800 ISO

L’architecture de l’EOS 1Ds Mark 2 se calque sur celle de l’EOS 1D Mark 2, paru un an plus tôt. Avec une double-connectique Firewire et USB et des emplacements pour cartes Compact Flash et SD-HC, cet appareil arbore aussi un puissant capteur « full frame » de 16,6 mégapixels, une plage de sensibilité ISO de 50 à 3200 ISO et une vitesse de rafale ramenée à 4 images par seconde. Étanche et d’une fiabilité à toute épreuve, l’appareil produit de superbes photos tant nuancées que bien définies, en amélioration par rapport à son ainé. Tout juste pourrait-on lui reprocher une ergonomie toujours aussi douteuse, un poids très élevé, une alimentation obsolète et un écran assez médiocre, peu lisible en plein jour, mais proposant un agrandissement pour l’évaluation de la netteté. L’histogramme, séparé en trois couches, facilite la détection des zones surexposées ou trop saturées. Notez que l’EOS 1Ds Mark 2 utilise le format CR2, désormais la norme chez Canon, pour l’enregistrement des fichiers RAW.

Appareils reflex numériques Canon : Peut-on les acheter d’occasion ? (Première partie)

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Afficheurs et viseurs

En ce qui concerne les afficheurs LCD au dos, un fossé sépare les anciens appareils des nouveaux : non seulement la diagonale des écrans ACL est passée de 2 (Canon EOS 1D) à 3 pouces (Canon 1D Mark 3), mais le nombre de pixels les constituant à littéralement explosé : alors que l’écran de l’EOS 1D en possède 120.000, celui de l’EOS 50D arbore pas moins de 920.000. Il en résulte une finesse incomparable pour scruter les infimes détails d’une image affichée à l’agrandissement le plus important. De plus, les écrans les plus anciens souffrent d’une piètre visibilité à l’extérieur et le photographe se contentera à évaluer l’histogramme, le plus souvent encore affiché sous forme en mode composite, donnant une moyenne des valeurs des trois couches RVB. Bref, qui opte pour un appareil un peu, voire très ancien doit faire des compromis pour la qualité de l’écran LCD – seule la toute dernière génération des appareils autorise à afficher des détails nets aux trois derniers rapports d’agrandissement de l’écran et les ancêtres (D30, D60, 10D, 1D et 1Ds) n’affichent qu’un histogramme pondéré pour les trois couches, rendant la détection de l’écrêtage des couleurs plus ardue.


Afficheur LCD d’un Canon EOS 30D ; il est possible de s’accommoder de ses lacunes, diagonale 2,5 pouces et 230.000 pixels…

Pour la visée reflex, deux conceptions coexistent : les pentaprismes, plus encombrants, plus onéreux et d’une luminosité supérieure et les pentamiroirs, plus compacts et équipant les appareils reflex les moins chers : chez Canon, les modèles 30D, 60D, 10D, 20D, 30D, 40D, 50D, 5D et 5D Mark 2 possèdent des viseurs à pentaprismes, les 300D/350D, 400D, 450D, 500D et 1000D des viseurs à pentamiroirs, dont le champ couvert varie entre 95 et 98 % (5D Mark 2), seuls les appareils professionnels des séries 1D et 1Ds couvrent 100 % du champ. Quant au dégagement oculaire, il varie entre 20 mm et 22 mm. Bien que les caractéristiques semblent être proches, le confort et la qualité de visée varient de manière importante suivant les modèles. Les appareils « Full frame » et APS-H offrent une visée claire et généreuse, suffisamment précise pour effectuer la mise à point à la main, les derniers modèles (1D/1Ds Mark 3 et 5D Mark 2 offrent par ailleurs une luminosité un peu meilleure. Parmi les appareils experts, les modèles 40D et 50D dominent les modèles 10D, 20D et 30D pour ce qui est de la luminosité et du grossissement de la visée et les modèles D30 et D60 souffrent de viseurs étroits et sombres, peu appropriés pour un contrôle précis de la mise au point. Notez que seuls les modèles professionnels et certains modèles experts (5D et 5D Mark 2, 40D et 50D) proposent des verres de visée interchangeables, dont une dizaine de modèles différents pour la série Pro. Si vous souhaitez utiliser d’anciens objectifs M42, Nikon, Leica ou Contax, seuls les appareils Full Frame et APS-H autorisent une mise au point à la fois confortable et précise, la visée des appareils APS-C étant simplement trop étriquée et pas assez lumineuse…

Canon : un nouveau système de stabilisation optique facilite les prises de vue rapprochées

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Canon annonce un nouveau système de stabilisation de l’image pour la fin de l’année. Cette nouveauté, baptisée Hybrid Image Stabilizer, vise à corriger à la fois des translations verticales et transversales qui apparaissent lors des prises de vue aux courtes distances et notamment lors des prises de vues macro.

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