Questions Photo

La TrueColors – une charte de gris fort astucieuse !

Bien que la balance des blancs fasse partie des paramètres de prise de vue qu’on pourrait négliger lorsqu’on travaille au format RAW (elle se corrige aussi bien a posteriori dans votre logiciel de développement RAW), elle est primordiale pour réussir ses photos au format JPEG : lors du dématriçage dans l’appareil, le processeur interne fige les valeurs colorimétriques et effectue une transformation du gamma, ce qui rend une correction ultérieure fort périlleuse.

Bien que la balance des blancs fasse partie des paramètres de prise de vue qu’on pourrait négliger lorsqu’on travaille au format RAW (elle se corrige aussi bien a posteriori dans votre logiciel de développement RAW), elle est primordiale pour réussir ses photos au format JPEG : lors du dématriçage dans l’appareil, le processeur interne fige les valeurs colorimétriques et effectue une transformation du gamma, ce qui rend une correction ultérieure fort périlleuse. Alors qu’il est très confortable de corriger la balance des blancs de toute une série de photos lorsqu’elles comportent un gris de référence, si ce dernier manque, nous sommes souvent contraints de “tâtonner” en cliquant avec la pipette sur des zones d’une image censées à la neutraliser. Qui plus est, les préréglages de l’appareil (Lumière du jour, Temps nuageux, Flash, Tungstène…) ne remplissent pas toujours leur rôle et les logiciels de développement RAW ne parviennent pas toujours à les interpréter correctement.


Vue recto-verso des chartes TrueColors “S” et “M”

Les photographes de studio utilisent ainsi depuis très longtemps des chartes de gris dédiées à la balance des blancs – à ne pas confondre avec les vieilles chartes de gris Kodak, inadaptées au réglage de la balance des blancs (outre le fait que la plage n’est pas “neutre” d’un point de vue colorimétrique, elle est bien trop sombre pour un échantillonnage fiable sur une image RAW linéaire…).

De nombreux produits rivalisent pour attirer l’attention du client : la ColorCheckerWhite Balance, les chartes WhiBal, WarmCard, QPCard, DigiGrey, Ezybalance et RefCard, pour ne nommer que les plus connues.

On pourrait alors se demander pourquoi Profil ICC.com, prestataire en gestion des couleurs, s’apprête à commercialiser un nouveau produit (encore un…) de ce genre. Et bien, la True Colors est intéressante à plus d’un titre : teintée dans la masse et fabriquée dans un matériel épais (3 mm) et rigide, elle ne craint (presque) rien, ni chocs, ni pliures – ce qui est très intéressant pour un photographe en déplacement.

Jusque-là, j’avais toujours hésité à emmener une telle charte par crainte de l’abîmer – hormis une petite DigiGrey, glissée dans l’étui de mon flashmètre. A première vue, la TrueColors ressemble furieusement à la Digigrey, surtout la petite (taille S) qui mesure 5,3×9 cm contre 5,5×8,5 cm pour la DigiGreyMini, mais leur surface est différente : alors que la DigiGrey possède une texture un peu granuleuse, celle de la TrueColors est parfaitement lisse. Toutes deux possèdent une pastille autocollante avec deux plages, noire et blanche (utile pour corriger le contraste d’une photo) ; la DigiGrey y ajoute six plages couleur qui peuvent servir comme référence. Tandis qu’il faut acquérir un support dédié pour la DigiGrey, un simple stylo introduit dans l’encoche de la TrueColors suffit pour la positionner dans un décor. Autre bonne idée : le tour de cou à attache rapide livré avec chaque TrueColors.


Une charte “baroudeur”

Possédant des chartes de gris diverses et variées, je suis passablement perturbé par leurs différences de teinte. Outre une luminosité différente, certaines chartes sont plus “chaudes”, d’autres plus “froides”, ce qui me fait douter de leur utilité car elles sont censées de comporter un gris parfaitement neutre ! Certes, quelques fabricants publient les valeurs Lab prélevées sur une seule charte ou interpolées à partie de celles de plusieurs chartes, mais cela ne justifie pas de telles dérives.

La TrueColors ne me semble pas seulement visuellement très neutre ; vous trouverez, au dos de la charte, les valeurs Lab issues d’une mesure individuelle de chaque charte – ce qui est très rassurant quant au sérieux de son fabricant.

Compte tenu de ses atouts, la TrueColors reste très accessible, les tarifs varient entre 19,95 € et 39,95 € suivant la taille de la charte, 44,95 € et 79,95 € pour un ensemble de deux ou trois chartes. Bref, le produit est fort alléchant…

Pour davantage d’informations et des conseils d’utilisation, n’héhistez pas à consulter le site du fabricant.

11 commentaires “La TrueColors – une charte de gris fort astucieuse !

  1. bonjour Volker.

    Cette carte de gris a l’air interessante mais honnetement je ne vois rien qui la différencies de la Whibal qui est aussi resistante, teintée dans la masse et qui coutes un peu moins cher..

    Yves

  2. ce qui m’a séduit c’est le tour de cou et l’encoche compatible avec un stylo « standard ». C’est vrai les différences sont minces, la WhiBal est aussi mesurée individuellement. Sinon vive la diversité 🙂 Et en plus, la TrueColors et fabriquée en CEE et plus facilement disponible (raison de plus pour la préférer…)

  3. Cette mire de balance des blancs faite dans un matériau massivement gris, comme la WhiBal de Michael Tapes, me parais très intéressante si elle est aussi « neutre » que sa concurrente.

    Il est difficile voire impossible de tester la neutralité d’une telle mire avec la simple perception visuelle. En effet, une mire grise à pour mission de renvoyer vers l’objectif, ou vers notre vision, le rayonnement de l’éclairage ambiant. Une mire grise éclairée par un éclairage normalisé D50 renvoie donc un rayonnement dont le spectre est D50 et une mire grise éclairée par un illuminant rose renvoie un rayonnement de couleur rose. Je sais bien que l’adaptation chromatique de la vision devrait nous la faire voir rose mais, quand il s’agit d’évaluer la neutralité colorimétrique d’une surface, cette transposition des couleurs effectuée par la perception visuelle n’a pas la rigueur d’un instrument de mesure…

    D’une manière plus générale, il ne faut pas s’affoler de trouver des différences de 200 K entre deux mires neutres ou entre deux points d’une même mire neutre… Déterminer la température proximale de couleur d’un illuminant à 200 K près, c’est déjà très beau…

  4. Oops, lapsus.
    Dans mon intervention précédente lire « devrait nous la faire voir grise » et non « devrait nous la faire voir rose ».

  5. « Voir la vie en rose », et oui. Merci, Jean, effectivement, il est difficile de décerner une dominante, mais en faisant corroborer mon propre jugement de neutralité avec les valeurs mesurées (avec un spectrophotomètre iOne tout de même…) et reportées sur le dos de la charte, j’étais (quelque peu) rassuré (L68, a-1.5, b 0) 😉

  6. Bonsoir,

    Très intéressant. Mais j’aimerai mieux comprende ce passage :
    «  » » » » » » » » » » »
    à ne pas confondre avec les vieilles chartes de gris Kodak, inadaptées au réglage de la balance des blancs (outre le fait que la plage n’est pas “neutre” d’un point de vue colorimétrique, elle est bien trop sombre pour un échantillonnage fiable sur une image RAW linéaire…)
    «  » » » » » » » » » » »
    Vous voulez donc dire que ce produit là : http://shop.colourconfidence.com/product.php?xProd=1868&xSec=10384 n’est plus utilisable dans nos conditions d’aujourd’hui (RAW…) ? Je ne comprends pas bien…

    Merci 🙂

  7. Vincent : la Kodak Q13 (dont cette charte est le remplaçant) n’a jamais été conçu pour régler la balance des blancs d’un appareil. J’évoque en fait des chartes en gris 18%, utilisées pour déterminer la bonne exposition : il n’étaient pas suffisamment neutres et le gris 18% est trop foncé pour la BdB…

  8. bonjour et merci pour vos articles.

    Ce que je trouve pas top avec ces cartes c’est que les outils disponibles pour développer les fichiers RAW ne permettent pas de faire une moyenne plus ou moins large avec la pipette de la balance des blancs. Cela provoque une très forte (compte tenu de la précision des cartes) fluctuation de la mesure. Ce trouve cela pas top du tout.

    voir ce fichier exemple TrueColors http://www.profilicc.com/telecharger/_DSC2349.nef

  9. Laurent, en fait ce qui n’est pas « toujours » top ce sont les outils de retouche qui ne sont pas forcément adaptés 🙁

    Il faudrait demander confirmation aux développeurs, mais il me semble bien que les pipettes de Lightroom et Cameraw Raw pour la selection du point gris (donc neutre) font la mesure (et la moyenne de celle-ci) sur plusieurs pixels de diamètre.

    Pareil sous NX (que j’utilise au quotidien) 🙂

    Pour le reste, il faut bien entendu prendre garde de ne pas « piper la charte » sur une zone de pixels très fortement bruitée.

    Sous photoshop et sur des fichiers jpg, il m’est arrivé d’étaler une petite zone de gris de la TrueColors avant de procéder à la mesure. In case of … 🙂

  10. Bonjour Volker (je suis ancien client de BIP), bonjour à tous, Martin Evening (traduit d’ailleurs par notre estimé Volker) et Bruce Fraser et Jeff Schewe qui participèrent au développement de Camera Raw qui est le même moteur que celui de lightroom, disent que la pipette de sélecteur de balance des blancs a été calculée pour mesurer le gris clair de la charte X-Rite ColorChecker (deuxième case de la ligne des blanc-gris-noir) et qui doit aussi je pense (mais là je n’en suis pas sûr) au gris le plus clair (celui juste à coté du blanc) de la charte Kodack Q13 (en tout cas celle qui ne contient que des blanc-gris-noir). Ce qui veut dire qu’elle n’est pas faite pour un blanc (risque de dérive si écrêtage dans une des couches couleur), ni pour un gris trop foncé comme le gris 18% des lastolites par exemple.
    Je recommanderai d’ailleurs à tout le monde de lire le Bruce Fraser-Jeff Schewe qui même s’il date est très précis sur l’outil Camera Raw et qui explique bien également que le moteur de Camera Raw est identique à celui de Lightroom seule l’interface est différente ainsi que la rapidité et la fonctionnalité de certaine fonctions surtout entre Lightroom et Bridge

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Le magazine Eyrolles
des techniques photo

Animé par Volker Gilbert et publié par les éditions Eyrolles, QuestionsPhoto vous propose des articles de fond sur les techniques photo, mais aussi des actus, des critiques de livres... et des réponses à toutes vos questions !