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Photo d’architecture : démarche informative et/ou approche esthétique ?

La photographie d’architecture prend comme sujet le domaine bâti, sans distinction d‘époque, de style ou d‘échelle. Par la composition et le choix des lumières, elle va le mettre en valeur dans son milieu et son environnement, dans ses volumes et ses formes, ses couleurs, ses matériaux, ses ornements et ses détails de construction.

La photographie d’architecture prend comme sujet le domaine bâti, sans distinction d‘époque, de style ou d‘échelle. Par la composition et le choix des lumières, elle va le mettre en valeur dans son milieu et son environnement, dans ses volumes et ses formes, ses couleurs, ses matériaux, ses ornements et ses détails de construction. Photographier l’architecture : pour qui, pour quoi ?


CES Lazaro. Architecte : Gilles Neveux. © Gilles Aymard (chambre Arca-Swiss F-Line 6 × 9).

Photographier l’architecture, c’est à la fois apporter un témoignage sur l‘évolution de la société et transmettre un simple plaisir visuel, dans un acte de création purement artistique. C’est un mélange subtil de fond et de forme, le fond étant le fruit de la réflexion et du travail d’autrui, tandis que la forme représente la façon dont le photographe perçoit et restitue ce qui lui est proposé.
Selon le point de vue adopté – témoignage ou plaisir visuel –, les formes d’expressions photographiques peuvent être très différentes. En réalité, le clivage entre les deux n’est pas aussi caricatural et les bonnes photographies d’architecture sont souvent un subtil mélange des deux types d’approches.
Il convient toutefois de distinguer photographie informative, ou utilitaire, et photographie esthétique. Paul Almasy l’explique très bien dans son ouvrage La Photographie moyen d’information (Éditions Tema-communication, 1975, épuisé). La première regroupe les photographies documentaires, narratives et publicitaires. La seconde est une création artistique au travers de laquelle le créateur de l’image cherche à exprimer un sentiment, une émotion, son état d‘âme ou sa vision de la société et du monde. Le créateur de photographies esthétiques (ou de photographies d’art) compose son œuvre et il veut qu’on la regarde, alors que l’auteur d’une image d’information rédige un message destiné à être lu.
L’image esthétique peut être dépourvue, dans des cas extrêmes (composition abstraite, graphisme pur), de tout contenu ayant valeur d’information ; à l’inverse, certaines images utilitaires peuvent manquer complètement de valeur esthétique. Mais dans la plupart des cas, les émotions que l’artiste exprime ont un caractère informatif et les images d’information présentent de grandes qualités esthétiques. L’important, c’est que l’auteur de l’image d’information mette toujours l’accent sur le contenu sémantique de la photographie. Quant au créateur de photographies artistiques, son ambition est, la plupart du temps, limitée à la communication du plaisir esthétique qu’il a ressenti au moment de sa création, et le sujet de la photographie n’est pour lui qu’un prétexte.
En photographie d’architecture, il est fondamental de faire cette distinction entre ces deux types de photographies. Deux approches doivent donc être considérées : la photographie de commande et la libre création artistique.


Gratte-ciel de Villeurbanne. Architecte : Môrice Leroux. © Gilles Aymard (chambre Arca-Swiss F-Line 6 × 9).

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5 commentaires “Photo d’architecture : démarche informative et/ou approche esthétique ?

  1. Heu…. l’architecte de Villeurbanne (légende sous la photo du base du texte) s’appelle-t-il vraiment « Môrice » Leroux ou s’agit-il d’un bug d’un traitement de dictée sous reconnaissance vocale (pour Maurice) ??

  2. Nous assistons aujourd’hui comme dans la mode à un phénomène identique: l’architecte fait ses photos lui-même, tant qu’à faire!
    Je me rappelle un débat à Beaubourg sur la photo d’architecture, nous avons très vite dévier sur le droit d’auteur, d’interprétation, voir dans un cas sur le droit de réponse à un sujet d’architecture soit disant mal photographié (interprété). Vaste débat et la relation de confiance entre un architecte et un photographe est relativement rare. Malheureusement. Pourtant plus le regard du photographe est personnel, intransigeant, pertinent, dérangeant, plus le geste, le regard de l’architecte est mis en valeur, sublimé. Pour autant maintenant, une architecture imagée, désincarnée, stéréotypée ne produit que des images fades, magazinées, standardisées. L’architecture mérite un point de vue. L’architecture doit générer de la vie, de la vie pas de l’imagerie décorative.
    En tout cas peu de photogoraphes sont devenus architecte!

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