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Leica M Monochrom : un M9-P qui n’aime que le noir et blanc

S’agit-il d’une vraie innovation ou plutôt d’une manoeuvre astucieuse pour écouler les derniers d’une série de capteurs ? Les futurs acheteurs du Leica M Monochrom seront les seuls à juger de la pertinence d’un concept inauguré par Kodak et poursuivi par Phase One.

S’agit-il d’une vraie innovation ou plutôt d’une manœuvre astucieuse pour écouler les derniers d’une série de capteurs ? Les futurs acheteurs du Leica M Monochrom seront les seuls à juger de la pertinence d’un concept inauguré par Kodak (DCS 760M) et poursuivi par Phase One (Achromatic+).



Alors que les Leicaistes attendaient (et attendent toujours…) le successeur du Leica M9/M9-P, Leica présente un appareil atypique. Le nouveau Leica M Monochrom est une version spéciale du M9-P qui s’en distingue surtout par ce que lui manque : la matrice de filtres colorés et le filtre passe-bas. Pour obtenir un capteur uniquement consacré à la capture d’images monochromes, le fabricant Truesense l’a simplement amputé des deux éléments susceptibles de réduire la définition et d’augmenter le bruit. Tous les éléments photosensibles contribuent désormais à recueillir des informations de luminosité et il n’est plus nécessaire de procéder à une interpolation couleur, génératrice de bruit chromatique et d’artéfacts.

En lieu et place des réglages pour la balance des blancs et l’espace couleur, le Leica M Monochrom propose d’autres pour le virage sépia, sélénium et or. À noter aussi que la sensibilité ISO la plus élevée est passée à 10.000 ISO (M9 : 2500 ISO) et que la sensibilité de base se situe désormais à 320 ISO, grâce à la suppression de la matrice de Bayer. L’histogramme de l’appareil reflète les tonalités du RAW, permettant un contrôle et une correction de l’exposition plus précise. Pour l’afficheur LCD, il s’agit toujours du même modèle en couleur, plutôt petit (2,5 pouces) et de résolution médiocre (230 000 points).

Si Leica livre le M Monochrom avec des licences pour Lightroom 4 et Silver Efex Pro 2, l’utilisateur ne pourra pas bénéficier de toutes leurs fonctionnalités consacrées à la transformation noir et blanc. Celles-ci sont optimisées pour des images couleur, pour modifier la réponse du capteur aux différentes couleurs du spectre, il faudra donc remettre en service les archaïques filtres colorés de l’époque argentique !

En collaboration avec le laboratoire photo WhiteWall, le Leica Monochrom Printservice offre aux clients la possibilité de faire réaliser des tirages en noir et blanc, exposés sur du papier photo baryté.

Le M Monochrom n’est pas bon marché, loin de là. Mais connaissant la politique tarifaire du fabricant de Solms, il fallait s’y attendre : à 6800 euros ttc, le boitier est plus cher que le modèle standard qui, lui, n’est pas frappé de daltonisme. Mais quand on aime…

Pour accompagner le M Monochrom et le futur M10, Leica commercialise aussi une nouvelle version de son grand classique, le Summicron M 50  f/2. Si le modèle standard, sur le marché depuis 1979, , bénéficie d’une réputation excellente en termes de qualité optique, le nouveau Apo-Summicron 50  f/2 ASPH représente dixit Leica le summum de la conception optique.



Selon le fabricant, les courbes FTM du nouveau Apo-Summicron atteignent un niveau stratosphérique pour la restitution des détails les plus fins, toujours reproduits avec un contraste supérieur à 50%.  Qui plus est, la correction apochromatique de l’objectif réduit les franges colorées dans la périphérie des images. L’Apo-Summicron 50 f/2 s’inspire des Summilux-M 50  f/1,4, ASPH et 35  f/1,4, ASPH pour la correction des défauts optiques aux distances les plus courtes (éléments flottants) et l’emploi de verres exotiques. Fabriqué en Allemagne de manière artisanale, le tarif du nouvel objectif atteint malheureusement avec 6000 euros des hauteurs vertigineuses. Ce “caillou” au prix du “bijou” est plus cher que le Summilux-M 50  f/1,4, ASPH et presque aussi onéreux que le mythique Noctilux-M. Il sera disponible à partir du mois de juillet 2012.


14 commentaires “Leica M Monochrom : un M9-P qui n’aime que le noir et blanc

  1. Que du N/B à 12000 € ? je ressors immédiatement mon Contax II et son Sonnar 50/1.5 et j’y mets une Ilford. Ce sera gratuit.

  2. Pas très constructif les commentaires, dommage… Surtout qu’on a l’a quelques choses qui sortent vraiment du commun.

  3. @Robert Lastiko : ne vous laissez surtout pas décourager par ces premiers commentaires et n’hésitez pas à partager ce que vous en pensez 😉

  4. Techniquement j’ai du mal à saisir le réel intérêt à par la montée en isos mais est-ce vraiment utile en N&B ?
    Silver Efex Pro2 qui est livré avec le boitier va se retrouver amputer de ses fonctionnalités par le manque de la matrice couleur.
    J’utilise un M6 MH pour le N&B prendre ce boitier à la place ne me tente pas vraiment surtout que j’ai un M8 pour la couleur qui peut faire aussi du N&B, couplé à Silver Efex je profite en plus de toutes ses fonctions 😀
    Sur les photos de présentations beaucoup d’effets et de retouches, ça pourrait être fait avec n’importe quel boitier et en plus j’ai l’impression que le capteur pêche en dynamique, pas mal de cramé dans les blancs, c’est peut être moins facile de récupérer l’expo sur un capteur monochrome que sur une matrice couleur où une couleur peut être surex et pas l’autre, à voir dans la vrai vie

    Reste l’exercice de style et là il fallait oser, Leica l’a fait 😀 Pour le 2/50, vu le prix, un bon Lux Asph est déjà très bon, là aussi Leica s’est fait plaisir et le marché Asiatique va suivre…

  5. Un autre point la sensibilité de 320 isos : je trouve ça pénalisant car il ne faut pas oublier que le boitier est limité au 1/4000e et là si on utilise ne serais ce qu’un Lux à pleine ouverture (si on achète un Lux ce n’est pas pour l’utiliser tout le temps à f/8) ben là ça va coincer rapidement suivant l’éclairage. C’est ce qui me fait garder mon M8 1er du nom qui monte au 1/8000e, Leica sait faire des obturateurs au 1/8000e mais voilà ça fait un poil plus de bruit, et comme les fans boys Leica ont gueulés on est redescendu au 1/4000e car ça fait un bruit plus feutré… Donc pour moi le 320 isos de base est un handicap même si on peut le baisser artificiellement qui n’est certainement pas sans conséquence.

  6. J’en ai rêvé. Leica l’a fait. Mais son prix est un cauchemard.
    Un retour aux sources pour tous ceux qui écrivent avec la lumière, d’abord. Un retour à la liberté, au prix fort ( encore une fois ) pour remettre l’oeil à sa place, près du viseur, et peut-être récupérer un jour un fichier libre de l’empreinte au fer rouge des fabricants de matériel et de logiciel !

  7. Je rejoins totalement l’avis d’Ysengrain.

    Dans le cas de cette démarche, je sens un truc qui me donne l’impression d’un passage par le « bureau de complexification » sous des dehors présentés comme « simples » ou autre « retour aux sources »…

    … ou d’un coup de fouet côté communiqué de presse. Le prix annoncé semblant mettre le produit hors de danger d’une commercialisation éventuelle. Car est t’elle seulement souhaitée de la part du constructeur ?

    A titre strictement personnel, si mon budget avait été compatible, un « biniou » genre Pentax 645D et un trio de focales fixe m’aurait bien plus attiré pour une « expérience différente ». C’est un appareil que j’ai trouvé sur le papier et concept global, intéressant d’emblée.

    • Pas moi… Pourquoi a-t-il fallu aller chercher un prénom pour attribuer un contre-Oscar aux choses qui ne plaisent pas. Les choses qui ne me plaisent pas doivent-elles déplaire à tout le monde?
      Gérard

  8. J’ai vraiment le sentiment que cet appareil est réservé qu’à un petit nombres de photographes qui voudront se la jouer, tu as vu je ne fais que du n&b et avec les contraintes décrites dans l’article… je ne joue pas dans cette cours là et si j’avais cette somme d’argent je la mettrai ailleurs, dans un bon M 4-2 pour commencer. C’est pas compliquer de faire du n&b personnellement je ne fais pratiquement que çà, mon 5D mark II est réglé sur monochrome avec quelques modifications de réglages notamment, je boost les contrastes et j’ajoute un filtre vert… je shout uniquement en raw et j’ai un affichage du jpeg contenu dans le raw en n&b à l’arrière qui me donne immédiatement un rendu assez rentre dedans de plus, ça surprend très souvent les gens qui regardent mon écran.

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