Questions Photo

Composition et couleur en photographie : le flou créatif

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Types de flou

Vous pouvez produire d’autres types de flous en déplaçant l’appareil photo librement pendant l’exposition. Cependant, gardez à l’esprit que les résultats exhibent parfois une dynamique qui ne se prête guère aux sujets photographiés (figures 12, 13, 14, 15 et 16).

Fig. 12

Fig. 13

Fig. 14

Fig. 15

Fig. 16
En revanche, il est plutôt facile de produire des flous en plaçant des objets entre le sujet principal et l’objectif. Les effets de superposition possibles sont alors très nombreux et peuvent être obtenus à l’aide d’une fenêtre embuée ou givrée, d’une grille, des mailles d’un filet ou tissu ou de la texture d’un verre dépoli (figures 17 à 21).

Fig. 17

Fig. 18

Fig. 19

Fig. 20

Fig. 21

Ce passage est extrait du livre Composition et couleur en photographie, de Harald Mante, adapté de l’allemand par Volker Gilbert, qui vient de paraître aux éditions Eyrolles, disponible sur eyrolles.com

 

 

Oser la photo rapprochée : les outils dédiés (seconde partie)

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Bagues allonges

Alors qu’une bonnette arbore une ou plusieurs lentilles qui dégradent beaucoup (bonnettes à une lentille) ou peu (bonnette achromatique) les performances de l’objectif associé, une bague allonge est un simple tube sans lentilles qui permet de réduire la distance de mise au point via un allongement du tirage. Malgré l’absence d’éléments optiques, l’emploi d’une bague allonge introduit irrémédiablement de nouveaux défauts optiques puisque l’objectif associé est utilisé en dehors du domaine d’utilisation pour lequel il a été calculé. La qualité d’image est donc finalement inférieure à celle d’un objectif macro dédié, bien qu’elle soit souvent fort honorable si vous l’utilisez avec une optique de très bonne qualité et si vous limitez le tirage — plus vous ajoutez de tubes pour obtenir un grandissement plus important, plus la qualité optique se dégrade.

Par rapport aux bonnettes macro, les bagues allonge souffrent de plusieurs inconvénients : d’une part, elles produisent une perte de luminosité qui est proportionnelle au tirage ajouté et d’autre part, le changement de la focale entraine aussi celui du point focal d’un objectif à focale variable (zoom), nécessitant ainsi de modifier sans cesse la distance de mise au point. Sachez aussi qu’il est souvent difficile d’obtenir le grandissement et/ou le cadrage souhaités. Malgré tout, il est souvent intéressant d’employer une ou plusieurs bagues allonge pour ainsi obtenir un grandissement plus important, notamment avec un objectif macro. Qui plus est, le grandissement réalisé avec un objectif grand-angle ou standard est souvent plus important qu’avec une bonnette macro.



Si vous utilisez un objectif télé, l’ajout d’une bague allonge (ici une bague Canon EF 25 sur un EF 135 mm f/2 L USM) procure un grandissement plutôt réduit — mieux vaut utiliser une bonnette et réserver les bagues allonge aux objectifs grand-angle, standard et macro.

Canon propose deux bagues allonge, EF 12 II et EF 25 II, respectivement dotés d’un tirage supplémentaire de 12 et 25 mm et compatibles avec la plupart des objectifs EF et EF-S. Sur le marché d’occasion, vous trouverez les bagues EF 12 et EF 25, plus anciennes. Elles se distinguent des nouvelles par leur incompatibilité avec les objectifs EF-S. Nikon propose les bagues PK-11a (8 mm), PK-12 (14 mm), PK-13 (27,5 mm) et PN-11 (52,5 mm), la dernière étant dotée d’un collier de pied rotatif. Les bagues Nikon sont uniquement compatibles avec les objectifs AF, AF-D et à mise au point manuelle (Ai, Ai-S, Ai-P et objectifs plus anciens), les objectifs des gammes AF-G et DX ne peuvent pas être utilisés. Si le tarif pratiqué par les fabricants d’appareils photo ne vous convient pas, vous trouverez des bagues automatiques (les informations sont transmises entre l’objectif et le boitier) et manuels (l’absence de contacts électriques impose de travailler à l’ouverture réelle), commercialisés par plusieurs fabricants d’accessoires photo. Privilégiez les bagues automatiques (par exemple celles de Kenko) et évitez les bagues manuelles, pas vraiment utilisables sur le terrain.



Cependant, dans certains cas, elle aide à obtenir le cadrage souhaité : Canon 5D Mark II + EF 100-400 f/4, 5-5, 6 L IS USM, f/13, 3,2 s à 100 ISO.

Pour calculer le facteur de grandissement, il suffit de diviser le tirage de la bague par la focale de l’objectif employé. Ainsi, pour obtenir un sujet à 0,5 fois avec un objectif 50 mm, il suffit d’ajouter une bague allonge de 25 mm, pour atteindre un grandissement à taille réelle, une ou plusieurs bagues allonges avec un tirage de 50 mm. L’emploi d’une bague allonge “favorise” donc les objectifs grand-angle et standard alors qu’il “pénalise” plutôt les objectifs télé pour lesquels il faudrait un tirage très important (20 cm pour un objectif de 200 mm et 50 cm pour une focale de 500 mm…). Une bonnette macro “favorise” en revanche les longues focales avec lesquels elle réalise les grandissements les plus importants.

Oser la photo rapprochée : les bases (première partie)

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Distance de mise au point

De manière générale, plus la focale d’un objectif est longue, plus la distance de mise au point sera éloignée pour un grossissement donné. Ainsi, pour réaliser des images à rapport 1 : 1, la distance de mise au point est de 24 cm pour un objectif 50 mm, 31 cm pour un objectif 100 mm et 48 cm pour un objectif 180 mm. Sachez qu’il s’agit de la distance entre le sujet et le plan focal, ce dernier étant le plus souvent marquée d’une icône en forme de cercle barré d’un trait horizontal sur la partie supérieure du boîtier. Alors que la distance de travail puisse paraitre encore plutôt confortable pour un objectif de 50 mm et son convertisseur, elle fait en réalité fuir des insectes un tant soit peu farouches et rend l’installation d’éclairages d’appoint plutôt délicate. Bref, mieux vaut travailler avec un objectif d’une focale supérieure ou égale à 100 mm lorsque vos sujets ne sont pas immobilisés sur le plateau d’un statif de reproduction.




Deux images, prises avec un objectif macro 100 mm, puis avec un objectif macro 50 mm. Si le grandissement de la première image (100 mm macro) est supérieur à celui de la seconde, elle bénéficie aussi d’un rendu plus harmonieux de l’arrière-plan, grâce à l’angle de champ plus restreint de l’objectif utilisé. Canon EOS 5D Mark II, Canon EF 100 mm f/2,8 Macro L IS USM+ bague allonge EF 25 + convertisseur EF 1,4X (première image), Canon EF 50 mm f/2,5 Macro + bague allonge EF 25 + convertisseur EF 1,4X. Flash annulaire Canon MR14EX + Canon 550EX (arrière-plan).

L’emploi d’un appareil à capteur APS-H ou APS-C facilite par ailleurs la prise de vue sur le terrain : pour obtenir le même rapport de reproduction, vous pouvez vous éloigner davantage de votre sujet, gage de discrétion pour immortaliser des sujets remuants. Pour photographier des insectes encore plus farouches, et notamment des libellules, vous pouvez adapter des bagues allonges ou une bonnette achromatique sur un téléobjectif plus long. Une focale plus longue aidera non seulement à contrôler l’apparence de votre sujet mais également celle de l’arrière-plan : plus la focale de l’objectif est longue, plus son angle de champ est restreint et plus l’arrière-plan sera réduit à des tonalités et couleurs agréablement diffuses. Avec un téléobjectif, il est également possible de changer la tonalité de l’arrière-plan via une simple modification de l’angle de prise de vue. Sachez que la profondeur de champ ne change pas avec la focale de l’objectif, pour peu que vous conservez la même taille du sujet et le diaphragme – l’angle de champ est simplement plus restreint, permettant de mieux détacher votre sujet de l’arrière-plan.

Prise de vue rapprochée et profondeur de champ

Au fur et mesure que la distance de mise point diminue, la profondeur de champ se réduit pour ne mesurer quelques millimètres aux grandissements les plus importants. Ne désespérez pas, ce (prétendu) inconvénient peut même devenir un atout considérable lorsqu’il s’agit de diriger le regard sur les parties les plus intéressantes d’une image et/ou de créer de jolis effets de bokeh. Alors que certains prétendent le contraire, la profondeur de champ n’est pas directement liée à la taille du capteur (bien que le cercle de diffusion y joue un rôle important…), mais plutôt à la focale de l’objectif utilisé. Toutes proportions gardées, un capteur APS-C procure une profondeur de champ environ une fois et demie plus grande qu’un capteur 24 x 36, la focale de l’objectif employé étant environ 1,5 fois moins longue que celle d’un objectif 24 ×36 doté d’un angle de champ équivalent. À ouverture et distance de mise au point égales, un appareil à capteur 4/3 et un objectif macro de 50 mm produisent une profondeur de champ deux fois plus importante qu’un appareil à capteur 24 × 36 mm et doté d’un objectif macro 100 mm. En revanche, avec un capteur plus petit, la diffraction compromet plus rapidement le piqué des images : alors qu’il est possible de “visser” le diaphragme à f/16 avec un capteur 24 × 36 sans subir les conséquences néfastes de la diffraction, il faut se contenter d’une ouverture minimale de f/11 (APS-C) ou f/8 (4/3 et Micro 4/3) pour réaliser des images parfaitement nettes. Le choix du diaphragme est alors toujours une affaire de compromis : aux ouvertures les plus grandes, la profondeur de champ est souvent réduite, voire insuffisante, alors qu’aux ouvertures les plus petites, la diffraction réduit la netteté à néant.



Pour restituer toutes les nuances de ce couple de libellules, la meilleure stratégie consiste à aligner le sujet avec le plan focal de l’appareil- bien heureusement, le sujet était ici d’une patience inébranlable ! Canon EOS 5D Mark II, Canon EF 100 mm f/2,8 Macro L IS USM, f/8, 1/250s, 500 ISO. Lumière du jour.

Pour maximiser la profondeur de champ, vous pouvez augmenter la sensibilité ISO de votre capteur (attention au bruit) ou réaliser une série d’images avec pour chacune une mise au point légèrement différente (focus stacking). Malheureusement, cette technique ne se prête guère à des sujets vivants et elle demande une grande rigueur à la prise de vue. Avec certains sujets, il suffit d’aligner les parties les plus importantes avec le plan focal. Les objectifs macro ne permettent pas d’obtenir une profondeur de champ plus étendue. Toutefois, leurs performances optiques accrues contribuent à donner cette (fausse) impression : grâce à une excellente correction des différents défauts optiques, les images paraissent plus croustillantes, rendant la transition entre le net et le flou plus franche.

Nikon D800 ou D800 E ? Comparer le piqué et le moiré des deux boîtiers Nikon

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La correction du moiré

Quand une photo est touchée par le moiré, la correction logicielle s’impose. Pour observer précisément le moiré et l’efficacité de la correction il est préférable de se positionner en vue 100 %.

Ni le logiciel View NX2 de base ni la conversion interne du boîtier ne comportant de réglage anti-moiré, il faut choisir Capture NX2 quand on reste fidèle au constructeur pour le post-traitement. A noter que ce logiciel ne sait corriger le moiré que sur les fichiers NEF, la commande n’apparaît pas si l’on charge un JPEG – alors que les deux autres logiciels testés peuvent corriger aussi ce type de fichier.


Moiré sans correction (développement View NX2)

Sur le type de moiré observé ci-dessous sur la balustrade du pont, Capture NX2 est peu performant sur les fausses couleurs (arc-en-ciel) du grillage . Il faudrait adopter une correction localisée avec désaturation des couleurs et un flou gaussien, procédure longue et délicate à mettre en œuvre.


Correction de base de Capture NX2

Le logiciel Phase One Capture One 1 Pro (ci-dessous) possède une correction automatique anti-moiré (dont la version de base est dépourvue) mais sa correction, très efficace, a tendance aussi à décolorer tout le reste de l’image.


Correction de Capture One Pro

La correction de Lightroom 4, elle, est manuelle, car on l’applique avec l’outil Pinceau sur les zones atteintes, ce qui peut être très long mais c’est elle qui donne le meilleur résultat. On observe cependant que sur les zones non corrigées le moiré du fichier développé par Lightroom est nettement plus important que celui qui apparaît avec les logiciels Nikon.


Correction (une zone test seulement) de Lightroom 4

 

 

 

Harald Mante : un grand classique enfin de retour en France

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Pour moi, l’appareil photo s’apparente à la machine à écrire d’un romancier ou journaliste : s’il est un instrument indispensable pour l’exercice de notre profession, il n’est pas pour autant digne de faire le sujet d’une discussion plus approfondie. En lui accordant trop d’importance, un photographe se retrouve trop facilement esclave d’une conviction.

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Ateliers Anne-Laure Jacquart – Réglages et composition : comment réussir une bonne photo !

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A l’occasion de la parution de ses Mémophoto, Anne-Laure Jacquart vous donne rendez-vous à la Fnac des Ternes ainsi qu’à la librairie Eyrolles, à Paris, les 8 et 9 juin prochains pour 3 ateliers photo. Lors de ces rencontres, elle délivrera moult conseils pour exploiter au mieux les réglages de votre appareil et vous aider dans la construction de vos images.

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La démarche photographique : entre le sujet et l’image

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Détailler ainsi un processus psychique qui ne dure, souvent, que quelques secondes permet une prise de conscience de la complexité de la création d’images, malgré un temps de réalisation très court.
La photographie convient bien à notre société de gens pressés. Mais n’allons pas trop loin dans ce sens car l’instant passé à chercher une idée, définir une intention avant de la réaliser effectivement fait toute la différence. N’est-il pas dommage de se contenter, comme on dit, “d’appuyer sur le bouton” quand on peut mettre en image une vision pour partager vraiment ce qui nous tient à cœur ?

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Anne-Laure Jacquart est photographe, formatrice photo et auteur de livres de pratique photographique. Elle publie ce mois-ci deux “mémophoto”, des petits dépliants de 14 pages, suffisamment légers et résistants pour être emportés partout ! Compagnons indispensables de vos prises de vue, ils portent, pour l’un, sur les réglages essentiels de l’appareil et, pour l’autre, sur les étapes de la composition.

Ces supports vous aideront :

  • à définir en temps réel votre intention (que souhaitez-vous obtenir ?) ;
  • à savoir quel réglage et/ou quel type de composition adopter à cet effet ;
  • à résoudre certains problèmes rencontrés (vos images vous semblent médiocres pour telle ou telle raison… comment y remédier ?).

Les mémophoto seront en librairie le 14 juin. Il sont d’ores et déjà disponibles en précommande sur Amazon :

Le magazine Eyrolles
des techniques photo

Animé par Volker Gilbert et publié par les éditions Eyrolles, QuestionsPhoto vous propose des articles de fond sur les techniques photo, mais aussi des actus, des critiques de livres... et des réponses à toutes vos questions !