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Oser la photo rapprochée : les bases (première partie)

La photographie permet de porter un regard plus aiguisé sur le monde qui nous entoure, et notamment lorsque nous dirigeons notre appareil photo sur des sujets souvent ignorés à cause de leur taille infime. Grâce à la photographie, il est possible de sublimer ce petit monde et d’en relever des détails autrement impossibles à percevoir.

L’article présent est le premier d’une petite série d’articles sur les différents aspects de la photographie rapprochée et la macrophotographie. Le deuxième volet, traitant les différents outils et accessoires dédiés, paraîtra le 18 aout alors que le troisième et dernier article, ayant pour sujet l’exposition et l‘éclairage, est programmé pour le 25 aout.

La photographie permet de porter un regard plus aiguisé sur le monde qui nous entoure, et notamment lorsque nous dirigeons notre appareil photo sur des sujets souvent ignorés à cause de leur taille infime. Grâce à la photographie, il est possible de sublimer ce petit monde et d’en relever des détails autrement impossibles à percevoir. Les automatismes d’exposition et de mise au point et, plus récemment, l’avènement de la prise de vue numérique, ont rendu la photographie rapprochée et la macrophotographie accessible au plus grand nombre. Plus que jamais, il est facile de prendre de belles images de fleurs, d’insectes ou de votre collection de timbres ou de pièces de monnaie. Mais avant de vous plonger dans l’univers du tout-petit, attardez-vous sur les quelques particularités qui distinguent la “proxiphotographie” de la photographie “normale”.



La photographie rapprochée ne nécessite pas toujours des accessoires mécaniques ou optiques. Parfois l’objectif “nu” suffit pour produire des images saisissantes. Canon 5D Mark II, Canon EF 4,5-5,6/100-400 mm L IS USM, f/5, 1/640s à 500 ISO.

Photographie rapprochée et macrophotographie

Pour qu’on puisse qualifier une image de macrophotographie, les dimensions d’un sujet sur le film ou le capteur doivent être supérieures ou égales à ses dimensions réelles. Alors que la définition de la macrophotographie est non équivoque, la limite entre la photographie « normale » et la photographie rapprochée n’est pas si clairement dessinée. Certains s’appuient sur l’exposition pour définir la limite à partir de laquelle on entre dans le royaume de la photographie rapprochée : celle-ci commencerait alors là où l’augmentation du tirage optique nécessite une correction de l’exposition. La luminosité nominale d’un objectif est en effet uniquement respectée lorsque la bague de mise au point est réglée sur l’infini. Le déplacement des éléments optiques et/ou du fût de l’objectif provoque en fait une perte de luminosité plus ou moins importante.

Au départ, cette perte demeure négligeable, bien qu’elle augmente proportionnellement à l’extension du fut de l’objectif. Certains puristes estiment alors que la prise de vue rapprochée commence à un grandissement de 1/20, c’est-à-dire lorsque la réduction de l’intensité lumineuse est d’environ 10 %. Mais cette définition n’est guère satisfaisante. D’une part, il est impossible de compenser une telle différence d’exposition par le réglage manuel de l’ouverture du diaphragme et de la vitesse d’obturation et d’autre part, les appareils modernes la compensent automatiquement et il n’est donc pas nécessaire de se soucier d’une telle différence. Retenez simplement qu’une augmentation du rapport de reproduction engendre une augmentation du tirage mécanique et ainsi une perte plus ou moins importante de la lumière parvenant jusqu’à la surface du capteur. Pour compenser le manque de lumière à des taux de grandissement plus importants, vous pouvez augmenter le réglage de sensibilité ISO de votre appareil et/ou ajouter un ou plusieurs éclairages auxiliaires (flash, halogène ou LED).



Hormis la profondeur de champ, souvent insuffisante aux grandissements plus importants, la lumière fait souvent défaut. Pour figer les mouvements de cette abeille prenant son envol après avoir butiné une fleur, j’ai augmenté la sensibilité à 800 ISO, puis j’ai employé un flash Canon 580EX II en mode de synchronisation Haute vitesse. Canon 5D Mark II, Canon EF 100 mm f/2,8 L IS USM, f/8, 1/3200s à 800 ISO.

La plupart des photographes considèrent que la photographique rapprochée commence là ou la distance minimale de votre objectif ne suffit plus pour restituer le sujet dans les dimensions souhaitées. Certains objectifs sont alors plus doués que d’autres. Pour ne citer que quelques exemples de la gamme Canon, les objectifs zoom grand-angle EF 17-40 mm L USM et EF 24-105 mm f/4 L IS USM permettent de restituer votre sujet à un quart de sa taille réelle à leur focale la plus longue alors que les objectifs standard EF 50 mm f/1, 4 USM et EF 50 mm f/1,8 II se contentent d’un rapport de reproduction presque deux fois moins important.

Cependant, sachez que la conception d’un objectif demeure assujettie aux contraintes imposées par les lois physiques, et ce, en dépit de l’utilisation des verres rares et/ou à surfaces asphériques dont bénéficient la plupart des objectifs contemporains. La correction optimale d’un objectif n’est réalisée qu‘à une seule distance de mise au point, située le plus souvent à mi-chemin entre l’infini et la distance de mise au point minimale. Plus vous éloignez un objectif des domaines d’utilisation pour lesquelles il a été optimisé, plus les différents défauts optiques se manifestent et plus ces derniers dégradent la qualité des images. Planéité de champ défaillante, aberrations sphériques gênantes ou distorsion augmentée, la plupart des défauts évoqués apparaissent surtout si vous photographiez un timbre, une pièce de monnaie, une carte postale ou un autre objet bidimensionnel. Si en revanche votre sujet s‘étend également dans la troisième dimension (fleur, insecte, etc.) et si vous le placez au centre de l’image, les parties périphériques se situent le plus souvent à l’extérieur de la plage de profondeur de champ et le flou du aux divers défauts optiques se mêle alors au flou naturel — la perte de qualité passe de ce fait souvent inaperçue.



La plupart des objectifs standard et télé se prêtent à merveille à la photographie rapprochée. Si votre objectif est lumineux, il vous procure souvent de très jolis flous d’arrière-plan (bokeh) aux ouvertures les plus grandes. Canon EOS 600D, Canon EF 135 mm f/2 L USM, f/2, 1/1250 s à 400 ISO.

De manière générale, la qualité optique aux distances plus proches est aussi tributaire de la construction optique. Plus la composition des éléments optiques est symétrique, plus l’objectif en question se prête à la photographie rapprochée. C’est pourquoi les objectifs de focale standard, bénéficiant le plus souvent d’une conception de type Gauss, rendent de précieux services aux distances de mise au point réduites. Certains objectifs trans-standard et téléobjectifs sont également à leur aise lorsqu’il s’agit de saisir des sujets proches alors que certains objectifs grand-angle sont à même de produire des images bien définies, grâce à des lentilles flottantes.

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