Questions Photo

Photo d’architecture : démarche informative et/ou approche esthétique ?

aymard_photo_architecture_06

Les réalisations prestigieuses appartenant au patrimoine aussi bien ancien que contemporain renforcent l’image de marque d’une nation, d’autant plus qu’elles portent la signature d’un grand architecte ; l’architecture est à ce titre une vitrine exceptionnelle. La photographie est un moyen plus puissant que les mots pour exposer et valoriser l’architecture par l‘édition d’ouvrages, les expositions, et tout média utilisant l’image dont le but est de montrer les bâtiments au monde extérieur, d’exporter des images puisque, par sa nature même, un bâtiment ne peut pas être déplacé (hormis quelques cas très rares et très onéreux, notamment celui des temples de l‘île de Philae menacés d’engloutissement lors de la construction du haut barrage d’Assouan en Egypte). L’aspect documentaire fut d’ailleurs l’un des premiers intérêts de la photographie, et pas seulement d’architecture ; son utilisation lors des premiers safaris permit ainsi de faire découvrir à la vieille Europe faune et flore exotiques.


Exemple de mise en valeur du château d’eau de Valence, sculpture de Philolaos. Photographie pour la valorisation du patrimoine industriel de la Drôme. © Gilles Aymard (chambre Arca-Swiss F-Line 6 × 9).

Commercial et publicitaire
La réussite et la qualité d’une réalisation ainsi que le nom de l’architecte, surtout si c’est une grande signature, bénéficient, via la photographie, à tous ceux qui y ont contribué. L’image photographique est un moyen efficace pour mettre en valeur une construction car on y soigne le cadre, la lumière, l’environnement, le point de vue, qui font que la construction apparaît sous son meilleur jour (ou sous son aspect le plus spectaculaire ou flatteur). C’est l’image même de l’entreprise ou de la marque du produit qui sera valorisée au travers de la photographie. C’est aussi le cas pour les promoteurs et les constructeurs lors d’opérations immobilières, notamment la vente de logements ou de bureaux.


Zénith de Saint-Étienne. Exemple de mise en valeur de savoir-faire technique. La demande de l’entreprise qui réalisa ce bâtiment était, entre autres, de montrer sa compétence dans la construction de très grands murs de béton sans contreventement. Sur cette photographie, l’ouvrier sur la nacelle donne l‘échelle, l’ombre de la grue situe le contexte du chantier en cours, et le cadrage volontairement vertical accentue l’effet de hauteur des murs. Architecte : Norman Foster et Berger SARL, maître d’ouvrage : Saint-Étienne Métropole, entreprise : Léon Grosse. © Gilles Aymard (Nikon D2X, objectif 17-55 mm f/2,8).


Préau du collège de Moirans. Exemple de mise en valeur de produits industriels dans l’architecture. Photographie réalisée pour le fabriquant de textile architectural Ferrari Textiles. Architecte : Ludmer & Associés, Meylan. © Gilles Aymard (chambre Arca-Swiss F-Line 6 × 9).

L’iconographe : au cœur du processus de diffusion des images

couv_profession_iconographe

Les frontières du métier
Certes, l’iconographe est polyvalent, mais il doit savoir poser des limites : où s’arrête son métier, où commence celui de ses collègues ? Trois tâches en particulier ne sont pas de son ressort :

  • la retouche d’image requiert des connaissances très spécifiques (maîtrise de la colorimétrie, du graphisme, etc.) qui ne s’apprennent pas en quelques heures (!), ainsi qu’un matériel adéquat (logiciels, écran calibré, etc.). C’est à l’iconographe, en revanche, de s’assurer que le droit moral de l’auteur de l’image est respecté, c’est-à-dire que l‘œuvre originale n’a pas été dénaturée (sans que l’auteur ait donné son accord écrit – voir chapitre 3) ;
  • la maquette : la mise en pages nécessite aussi des compétences précises, qui ne sont pas les siennes. Lorsqu’on lui soumet le BAT d’un magazine ou d’un livre, il n’a pas à commenter le choix de mise en pages, de polices, de couleurs, etc. ; par contre, vérifier que l’image est bien au format prévu au contrat, qu’elle n’a pas été recadrée ni retouchée abusivement, que la légende et le copyright sont corrects, fait partie de ses attributions ;
  • la prise de vue(s) est également un métier à part entière ! En dépit des apparences, on ne s’improvise pas photographe, ni vidéaste : il ne suffit pas d’appuyer sur le bouton, il faut maîtriser la lumière, le cadrage, la composition, etc. Savoir exprimer clairement la demande du client pour guider efficacement le photographe ou le vidéaste dans la réalisation de la commande sera, en revanche, entièrement de son ressort.

Divers secteurs d’activité
Il faut insister sur la diversité des “clients” ou des commanditaires. En dehors des secteurs traditionnels, qui sont tous les médias, la presse écrite et audiovisuelle, les sites Web avec maintenant les déclinaisons multisupports (sur tablettes numériques ou téléphones portables), les éditeurs de livres (édition multimédias ou print), les agences de presse et agences photographiques, ainsi que les fonds photo, les secteurs dans lesquels les iconographes peuvent évoluer sont aussi :

  • la publicité commerciale ;
  • la communication institutionnelle, print ou numérique ;
  • l’enseignement ;
  • la documentation ;
  • l‘événementiel, les expositions ;
  • la gestion de fonds et de banques d’image, pour des photographes indépendants par exemple.

Du plus petit au plus grand, dès qu’il y a utilisation d’une image, l’iconographe peut intervenir, et encore plus lorsque l’image doit être reproduite dans un cadre commercial. Mais un iconographe peut aussi ordonner un fonds photographique privé ou une collection qui n’a pas vocation à produire des revenus mais que son inorganisation rend tout simplement inexploitable.

Dans tous les cas, l’iconographe doit défendre ses compétences et son savoir-faire. Les aspects juridiques, financiers et administratifs inhérents au métier font de lui un professionnel rigoureux et exigeant, ayant à cœur de protéger les auteurs et leurs créations, et garantissant la diffusion paisible de visuels choisis avec pertinence.
———-
Cet article est extrait de “Profession iconographe”, prochainement disponible aux éditions Eyrolles, 292 p., 26 euros, ISBN : 978-2-212-12837-6.

L’ouvrage est coécrit par trois professionnelles de terrain. Aurélie Lacouchie est secrétaire de l’Association nationale des iconographes (ANI) et responsable de photothèque. Souâd Mechta est photographe, iconographe, et intervenante dans différentes écoles. Elisabeth Sourdillat est iconographe pour la presse et l‘édition, et enseigne le droit des images et l’iconographie à l’université de Nantes.

Akvis Enhancer 12 : une nouvelle version destinée à embellir vos images

enhancer12

Akvis Enhancer vise à optimiser le contraste et la précision des détails, et ce, même pour des images sur-ou sousexposées. La nouvelle mouture indépendante du logiciel propose désormais une prise en charge directe des fichiers RAW et le traitement par lots, qui était auparavant uniquement proposé par la version plug-in s’intégrant dans Photoshop.

Lire la suite

Photo culinaire : transmettre un message

barret_photo_culinaire_00



Dominante blanche. Autre exemple d’image monochrome : bol à mixer blanc sur fond blanc qui contient de la farine et des jaunes d‘œufs, le tout complété par un simple fouet en Inox et des œufs. Amusons-nous à remplacer les jaunes d‘œufs par de la farine, l’image devient alors extrêmement ennuyeuse. Dans ce cas, il ne s’agit pas de complémentarité des couleurs, mais de contraste que n’importe quel élément fort en couleurs va créer avec une image blanche. À noter tout de même que l’utilisation de la couleur jaune, de par son éclat et son symbolisme (soleil), n’est pas anodine pour une image basée en grande partie sur la lumière. (Client : Revol Porcelaine) (Hasselblad avec dos numérique Phase One P20, f/5,6 à 1/60 s, 50 ISO, 150 mm.)

Autre exemple intéressant, l’image en noir et blanc. Ici, pas de complément possible par un quelconque artifice coloré. Par ailleurs, le seul intérêt du sujet lui-même ne suffira pas à le rendre attrayant si le traitement des gammes de gris, et notamment du contraste, est négligé. Pour les images couleur au contraire, l‘œil doit pouvoir mémoriser une tendance colorée générale, on parlera ainsi d’image “dans les tons de…” suivi de la couleur prédominante, en oubliant toutes ces petites touches complémentaires qui auront fait que ladite couleur aura pris tout son éclat.
La couleur, c’est un code, un message, une signification. Les gris et les noirs représentent le sérieux, la rigueur et, indirectement, la qualité. Les verts nous orientent vers la fraîcheur, les bleus vers le froid, le gel mais aussi l’eau et la pureté. Les jaunes, orangés et rouges sont les couleurs du feu, du soleil ; ils caractérisent tout ce qui est chaleur ; l’or apportera le luxe.
La couleur, c’est aussi le témoignage d’une époque. Nous avons tous en mémoire les tonalités vives et acidulées, parfois psychédéliques, des années 1970. En ces temps préhistoriques de la photo culinaire, l’influence de la mode fut moins marquée dans les images gastronomiques qu’elle ne l’est aujourd’hui où plus rien n‘échappe aux “tendances”. Il y a quelques années, on a vu le bleu rentrer dans les gammes de couleurs culinaires. Nous avons eu tôt fait d’intégrer cette teinte à toutes les autres (généralement plutôt chaudes : brun, jaune, rouge, ocre) qui caractérisent l’univers des aliments cuisinés.
Il existe maintenant des cahiers de tendances, sources de tous les éléments visuels qui nous entourent. Ils permettent à qui s’y réfère de rester en phase avec le mouvement des modes. Attention à ne pas abuser de ces tendances préconstruites ; le prix à payer, c’est le vieillissement accéléré de votre travail.


Noix de pétoncles noirs marinées minute en coque, caviar osciètre. Une “fausse” image noir et blanc. La seule touche de couleur est amenée ici par les jeunes pousses placées au centre des coquillages. Recette de Michel Rochedy, Le Chabichou . (Issue de l’ouvrage Le Chabichou ou la montagne apprivoisée (Hasselblad avec dos numérique Phase One P20, f/5,6 à 1/60 s, 100 ISO, 150 mm.)

Canon EF 100 mm F 2,8 Macro : un ancêtre toujours vert

100m-7

En pratique

L’EF 100mm F 2,8 Macro peut-il remplacer son successeur, nettement plus confortable à l’usage, grâce à sa motorisation USM et sa mise au point interne ? J’avoue que j’utilise parallèlement deux autres objectifs télé “à portrait”, l’ EF 100 mm f/2 USM et l’ EF 135 mm f/2 L USM. Je dédie donc l’EF 100mm F 2,8 Macro le plus souvent à ses domaines de prédilection, la photo rapprochée et la macrophotographie. Or, lorsque la distance de mise au point est faible, la mise au point manuelle est roi. L’absence de l’USM est alors peu gênante.



La Fecht, Ingersheim/Alsace. Canon EOS 5D Mark 2, EF 100 mm f/2,8 Macro, f/22, 1/4s, ISO 50.

Le piqué extraordinaire de l’objectif rend son utilisation en tant qu’objectif portrait plutôt délicate – pour davantage de douceur, je lui préfère souvent l’EF 100 mm f/2 USM, utilisé à sa pleine ouverture. Si on fait abstraction de la mise au point un peu bruyante, l’objectif macro se défend avec brio dans la plupart des domaines photographiques. Quelle que soit la distance de mise au point, sa qualité optique est toujours d’actualité , bien qu’il s’agisse d’une conception d’il y a vingt ans.



Héloïse, Colmar/Alsace. Canon EOS 5D Mark 2, EF 100 mm f/2,8 Macro, f/2,8, 1/1500s, ISO 100.

Pour m’approcher davantage, j’utilise régulièrement une bague allonge EF 25 mm et il m’arrive aussi d’en ajouter une bonnette macro et/ou un Extender 1,4, intercalé entre le boîtier et la bague allonge. Bien qu’en baisse, les performances optiques se maintiennent sur un niveau tout à fait honorables.



Chasseur avec sa proie, Hinterzarten/Allemagne. Canon EOS 5D Mark 2, EF 100 mm f/2,8 Macro+bague EF 25; f/4,5, 1/350s, ISO 1000


Datacolor SpyderCheckr : le Passport killer ?

scccp-30

Une drôle d’approche

Si, pour l‘étalonnage de l’appareil photo, Adobe et X-Rite s’appuient sur la création de profils DNG, la société Datacolor fait cavalier seul en optant pour les vingt-quatre curseurs du panneau TSL. Les commandes influent sur la teinte, la saturation et la luminance de pas moins de huit gammes de couleurs — de quoi séduire l’équipe de développement autour de David Tobie. Toutefois, ce choix est lourd de conséquences :

  • Les paramètres prédéfinis ne s‘échangent pas entre Camera Raw et Lightroom, nécessitant de travailler deux fois plus pour créer deux jeux séparés.
  • L’étalonnage couleur monopolise les curseurs TSL et peut ainsi rentrer en conflit avec d’autres réglages plus individuels. Mieux vaut séparer l’étalonnage et la correction des couleurs (globale et sélective) par deux outils distincts.
  • Le paramètre prédéfini TSL est lié à un profil DNG de référence (idéalement le profil Adobe Standard). En changeant ce profil, il faut donc refaire l‘étalonnage.
  • Pour annuler l’application d’un paramètre prédéfini, il faut remettre les curseurs du panneau TSL à zéro ou, mieux, appliquer un preset de remise à zéro. Ce processus est plus laborieux que le changement du profil à partir du panneau Étalonnage de l’appareil photo.
  • Les profils DNG sont seuls à autoriser certains ajustements plus sophistiqués : il est par exemple possible d’assombrir les tonalités claires d’une teinte et en éclaircir les tonalités sombres.

Installation du logiciel

Une solution d’étalonnage s’appuie toujours sur deux composantes, matérielles et logicielles. Pensez donc à installer SpyderCheckr à partir du CD fourni.



Pire que pour la plupart des logiciels…









…la procédure d’activation, abusive pour un logiciel qui ne sert à rien sans la mire.


Curieusement, l’éditeur a opté pour un numéro de série (étiquette sur le disque) ainsi que pour une laborieuse procédure d’activation en ligne — une idée assez saugrenue, s’agissant d’une application dont les compétences ne dépassent (pour l’instant) pas le cadre de l’étalonnage avec la mire associée ! SpyderCheckr s’installe d’une part en tant qu’application indépendante (pour les utilisateurs de Camera Raw) et de l’autre en tant qu’éditeur externe de Lightroom. L’intégration dans Lightroom n’est pas aussi évoluée que celle de ColorChecker Passport. Ce dernier coopère avec l’application hôte via son propre module d’exportation — une solution plus élégante.



Dans Lightroom, le paramétrage en tant qu‘éditeur externe est automatique.

Prise de vue de la mire

Fixez la mire SpyderCheckr sur un trépied et photographiez-la sous un éclairage “standard” (lumière du jour, flash électronique ou, par défaut, éclairage domestique de type tungstène). L’uniformité de l‘éclairement est très importante. Une cellule flasmètre vous aidera à détecter, puis à corriger d’éventuels écarts d’exposition. La cellule est également très utile pour déterminer l’exposition de la charte. Faites une petite série de prises de vue, articulée autour des données d’exposition proposées par votre appareil, en utilisant le mode Bracketing de votre boîtier, puis sélectionnez dans Camera Raw ou Lightroom l’image la mieux exposée. Mes propres essais n’ont pas nécessité de corriger l’exposition. La proposition de la cellule de mon EOS 5D Mark II en mode de mesure matricielle était parfaite.



L’homogénéité de l‘éclairage est primordial. Évitez aussi un cadrage trop serré.


Le mode d’emploi du SpyderCheckr (en anglais, à ce jour aucun document complet explique son utilisation en français…) préconise de cadrer plutôt large, afin d‘éviter d‘éventuels problèmes liées au vignetage et à la distorsion optique. Quant au réglage de la balance des blancs, il suffit de choisir celui qui correspond au mieux à la source d‘éclairage utilisée – en format RAW, vous pouvez déléguer cet ajustement à Camera Raw ou Lightroom.

Les agences photographiques et les droits des auteurs

couvertureimageetdroit_dournes

Les agences photographiques, d’illustration ou de presse, constituent une source incontournable d’images. Elles ne sont cependant pas titulaires des droits d’auteur sur les œuvres qu’elles fournissent à leurs clients, mais dépositaires des œuvres. En effet, les photographes, auteurs des images, en conservent la propriété…

Lire la suite

Le magazine Eyrolles
des techniques photo

Animé par Volker Gilbert et publié par les éditions Eyrolles, QuestionsPhoto vous propose des articles de fond sur les techniques photo, mais aussi des actus, des critiques de livres... et des réponses à toutes vos questions !