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Pourquoi pas le grand-angle en proxiphoto ?

Je dois cependant vous mettre en garde contre certaines croyances qui ont la vie dure. Un objectif équipé d’un dispositif de bascule ne produit en aucun cas une profondeur de champ infinie. Un objectif basculé forme un plan net incliné par rapport au capteur de l’appareil mais la profondeur de champ est un cône qui devient très étroit pour les sujets proches de l’objectif. Il faut donc faire le point avec une grande précision pour le premier plan et le fait de fermer le diaphragme ne change quasiment pas la profondeur de champ effective. Un travail de précision sur trépied est la seule méthode de travail efficace pour maîtriser parfaitement ce type d’objectif.

Enfin, tous les sujets ne sont pas adaptés à l’utilisation de la bascule. Il est certain que le principe d’inclinaison du plan net fonctionne parfaitement avec un sujet lui-même plan. En pratique, certains sujets en trois dimensions supportent mal l’effet produit par la bascule, car aucune position du plan de mise au point ne permet d’obtenir le sujet complètement net.

Un usage ponctuel

En mettant en pratique les conseils ci-dessus, il ne faut toutefois pas tomber dans une utilisation excessive du grand-angle en prise de vue rapprochée. Certaines situations se prêtent particulièrement bien au rendu singulier du large angle de champ et d’autres pas du tout. La scène idéale typique où le choix d’un grand-angle est judicieux ressemble à une vue dégagée sur un beau paysage situé derrière votre sujet. Vous pourrez alors appliquer les conseils de ce chapitre afin de prendre un cliché qui laisse entrevoir la beauté du paysage derrière le gros plan sur un insecte et une fleur.

simard macro

Les graminées sont très graphiques en vue plongeante. J’ai choisi ce point de vue pour placer l’étroit plan net de mon 35 mm à mi-hauteur. L’angle de champ important est bien identifiable car il produit des fuyantes sur les tiges en bordure d’image. Enfin, j’ai placé un petit flash macro en lumière rasante afin de souligner les figures géométriques créées par les plantes. Nikon D3x ; objectif AF-S 35 mm f/1,4 ; rapport 0,2 ; 1/500 s, f/1,8 ; flash SB-R200

Il ne faut cependant pas systématiquement chercher à montrer un paysage dans l’arrière-plan de vos proxiphotos prises au grand-angle. Le champ très large est aussi l’occasion de créer des ambiances particulières dans lesquelles le spectateur aura vraiment le sentiment d’être soudain miniaturisé pour entrer dans le monde des insectes. Cette impression est souvent le résultat d’un premier plan agrandi par l’effet de la perspective qui rend le sujet, pourtant minuscule, plus grand que le spectateur : ce dernier a l’impression de se cacher par exemple derrière une feuille gigantesque, agrandie par l’effet du grand-angle. Par ailleurs, certains cadrages originaux comme des contre-plongées prennent tout leur sens avec un grand-angle, car on pourra par exemple inclure les nuages dans la composition.

simard macro

Cette photographie d’un accouplement de coléoptères au crépuscule a été prise avec une focale de 35 mm. L’arrière-plan est produit par le ciel orangé qu’on aperçoit à travers les feuilles de l’arbre.
Bien que le grand-angle soit utilisé à f/1,4, le temps de pose n’est que de 1/125 s, car la nuit tombe. La profondeur de champ à f/1,4 au rapport de reproduction de 0,2× est si courte qu’il n’a pas été possible d’avoir le mâle et la femelle tous les deux nets ! Nikon D3x et objectif AF-S 35 mm f/1,4 ; rapport 0,2 ; 1/125 s, f/1,4, 100 ISO

 

Cet article est un extrait du livre de Ghislain Simard,
Les secrets de la photo en gros plan, qui vient de paraître aux Editions Eyrolles
(ISBN 978-2-212-14019-4 – 208 pages – 25 €)

secrets de la photo en gros plan simard

 

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5 commentaires “Pourquoi pas le grand-angle en proxiphoto ?

  1. Bonjour,

    Cet article est intéressant mais l’idée de l’objectif à décentrement à 2000 euros ou plus couplé logiquement à un boitier haut de gamme…tout ça pour de la proxiphoto ? Serait-ce le nouveau joujou du petit riche qui qui fait mumuse avec du matos à 6000 euros qu’il aurait acquis comme d’autres acquièrent des poissons rouges à 2 euros pièce? Je sais que la démocratisation de la photographie fait venir à la photographie beaucoup de touche-à-tout excentriques prétentieux et fort savants souvent équipés mieux que certains pros mais il ne faudrait pas en plus leur donner des idées, ils en ont suffisamment…

    • Non, je ne pense que ce soit affaire de petit riche ou d’excentriques prétentieux.

      Celà me rappelle, il y a bien longtemps, un test d’une appareil panoramique Horizon, où le journaliste se plaignait amèrement de l’impossibilité de faire de la macro avec.

      Chaque outil à son domaine d’utilisation propre.

      Mais c’est une posture journalistique que de vouloir montrer qu’on peut faire la macro avec un 800 mm ou d’utiliser un objectif à décentrement pour faire de la macro.

      De là à en faire un livre, mon dieu !

      • En fait, l’ouvrage de Ghislain est beaucoup plus « raisonnable » que vous croyez, bien qu’il explore, au sein de l’ultime chapitre, des techniques plus sophistiquées qui ont fondé la réputation de l’auteur (objectif grand-angle, photo haute vitesse, flash stroboscopique, macro au moyen format). J’ai lu ce troisième chapitre avec beaucoup d’intérêt, car il est passionnant, au même titre que les deux premiers, dont il est plus facile de suivre les conseils sans se ruiner;-)

    • Hmm, faut-il penser à un complot chaque fois qu’un photographe (excellent, en plus…) présente ses techniques de prise de vue ? Si les objectifs de décentrement ne font, à l’image des autres objectifs grands angulaires, pas vraiment partie des matériels « classiques » utilisés par les amoureux de la proxiphotographie, ils peuvent néanoins rendre de fiers services. Ce n’est pas une question de « petit riche » – à titre personnel, je possède un « vieux » Canon TS-E 24 mm acheté d’occasion il y a maintenant 15 années (à 600 euros seulement…) qui continue à me rendre de très fiers services. Pas encore en proxiphotographie, mais je ferai sans doute un essai dès que la météo collabore à nouveau 😉

      • Bonjour,

        Non, il ne s’agit pas de complot, mais d’une réactions, personnelle, à une pratique un peu très répandue de vouloir absolument utiliser un outil pour ce qu’il n’est pas prévu.

        Manque d’imagination pour se démarquer des autres ouvrages ou manque de confiance en soi ou prétention exagérée ?

        Et mettre cette particularité en exergue pour présenter l’ouvrage, c’est, à mon sens, le desservir.

        J’attends le livre sur la photographie sous-marine qui nous expliquera que le top du top, c’est un 600 mm ouvert à 2.8 (les gros objectifs bien lourds, bien longs et bien chers de chez Nikon et Canon) !

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