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Adobe : faut-il craquer pour le programme de photographie Photoshop ?

Si le nuage créatif d’Adobe a déclenché une véritable fronde des photographes sur le Web, celle-ci  n’a pas pour autant contraint l’éditeur à revenir sur ses pas. Bien au contraire, les résultats financiers récents de la société américaine ne font planer aucun doute sur l’efficacité de la nouvelle formule d’abonnement : le programme Creative Cloud est bel et bien un succès. Mais s’il vise à régulariser les rentrées d’argent de l’éditeur, il  déséquilibre aussi  les rapports avec ses clients.

Pour retrouver la faveur des photographes et amadouer les contestataires, Adobe commercialise depuis le 17 septembre une offre spéciale spéciale ciblant les photographes : comprenant Photoshop CC et Lightroom 5, 20 Go de stockage sur le nuage et un accès au site de présentation Behance, le programme de photographie est particulièrement séduisant puisqu’il allège votre portemonnaie de seulement 12,29 euros mensuels, sous condition de détenir une licence d’une ancienne version de Photoshop (à partir de CS3) et de souscrire à l’offre avant le 31 décembre 2013. Faut-il se laisser séduire par cette offre permettant de bénéficier, pour moins de 150 € par an, des  deux logiciels d’image les plus populaires ? Malheureusement, il est impossible de répondre à cette question par un simple « oui » ou  « non », tant les conditions d’utilisation de cette formule d’abonnement rendent une évaluation difficile.

Incontestablement, l’offre bénéficie d’un tarif défiant toute concurrence : au prix d’une licence de la version complète de Photoshop CS6, elle vous permettra d’utiliser Photoshop CC et Lightroom 5 ainsi que leurs versions futures pendant cinq ou six années, sur Mac et/ou sous Windows ! Bien que les nouveautés de Photoshop CC est Lightroom 5 soient moins importantes que celles de Photoshop CS6 et Lightroom 4, elles apportent néanmoins quelques améliorations très appréciables (Filtres Suppression des défauts, Radial et Upright, Aperçus dynamiques, Filtres Camera Raw, Réduction du tremblement et Netteté optimisée, etc.). Avec en prime des mises à jour plus fréquentes, gérées par une interface commune ! A ce jour, Lightroom (5.2),  Photoshop CC  (14.1.2) et Bridge (6.0.1.6) ont déjà bénéficié de nombreuses mises à jour, destinées à la fois à améliorer leur stabilité et leur ajouter de nouvelles fonctionnalités.

Le programme de photographie Photoshop expirera au 31 décembre 2013.

Rappelons que de nombreux détracteurs de la Creative Cloud  continuent à faire l’amalgame entre le stockage en ligne et les logiciels en question : bien qu’on puisse imaginer le contraire, les logiciels du nuage créatif sont directement installés sur votre ordinateur et vos fichiers ne quittent ce dernier que si vous le souhaitez expressément. Vous resterez donc toujours maitre de votre installation informatique et il ne sera nullement nécessaire de suivre toutes les mises à jour proposées. En outre, la connexion permanente avec l’Internet n’est pas obligatoire : sous condition de poursuivre le prélèvement mensuel, vous pouvez tourner votre dos à la civilisation pendant 99 jours avant que l’éditeur ne vous coupe l’accès aux logiciels.

Si l’annonce initiale du programme de photographie restait (intentionnellement ?) assez floue en ce qui concerne la durée contractuelle du tarif préférentiel, les conditions générales  apportent quelques informations supplémentaires. Celles-ci stipulent clairement que « votre contrat sera automatiquement reconduit au tarif en vigueur de l’abonnement ». L’éditeur s’octroie donc le droit de modifier le prix de l’abonnement à l’issue de chaque année d’abonnement  et il vous impose une nouvelle année d’abonnement au  tarif revu si vous n’avez pas demandé la résiliation du contrat en temps et en heure— parions que le tarif augmentera à issue de la première ou deuxième année de manière conséquente ! À noter aussi que la souscription au programme de photographie vous engage à verser tous les mois et pendant une année entière la somme de 12,29 euros TTC à l’éditeur. Celui-ci précise que « toute résiliation au cours du premier mois donnera droit à un remboursement intégral ». Hélas, « passé ce délai, vous serez facturé à la hauteur de 50 % des sommes restantes dues à l’échéance de votre contrat ». S’il s’agit de conditions tout à fait légales, gardez toujours à l’esprit qu’une résiliation après six mois de jouissance du programme de photographie ne vous donnera droit qu’au remboursement de trois mois de location. De plus, elle nécessitera un appel au support technique qui tentera sans doute de vous dissuader par tous moyens de la rupture du contrat.

Le panneau Creative Cloud permet de gérer l’installation et la mise à jour des logiciels de l’abonnement.

Alors que l’achat d’un logiciel procure une certaine tranquillité d’esprit, la formule d’abonnement  souffre d’un inconvénient majeur : au lieu d’être « propriétaire », vous n’êtes plus que « locataire ». Une fois votre contrat de location révoqué, vous n’aurez donc plus accès à vos logiciels et il vous faudra en réinstaller des versions plus anciennes . Avec Photoshop, cela ne pose aucun problème particulier, sous condition d’avoir enregistré des versions aplaties de vos images finales. Avec Lightroom, cela se complique un peu, étant donné qu’un catalogue actuel ne s’ouvre plus dans une version ancienne du logiciel. Or, s’il est actuellement possible d’acquérir une licence perpétuelle de Lightroom, nous ne pouvons pas savoir à quelle sauce nous serons mangés dans le futur. Pour s’assurer que les métadonnées survivent un éventuel retour en arrière vers une licence perpétuelle, privilégiez l’enregistrement des métadonnées au sein des fichiers annexes XMP et aplatissez vos fichiers multicalques au format PSD ou TIFF, notamment lorsque vous utilisez de nouvelles fonctions exclusives à Photoshop CC.

Réservé aux titulaires d’une licence de Photoshop (CS3 au minimum), le programme de photographie Photoshop est une excellente initiative. Il est dommage qu’il ne soit pas ouvert aux utilisateurs de Lightroom et à tous ceux qui ne possèdent ni l’un ni l’autre des deux logiciels. Mais pour l’accès aux dernières versions des logiciels Adobe il n’y a plus qu’une  seule voie : la formule d’abonnement, à la fois plus contraignante est pas forcement adaptée aux besoins de la plupart des photographes. Les aficionados de la licence perpétuelle passeront donc leur chemin, au profit d’une version « classique » de Photoshop et Lightroom.

 

25 commentaires “Adobe : faut-il craquer pour le programme de photographie Photoshop ?

  1. Bonjour
    Je ne trouve pas le prix délirant pour ma part. De plus la location c’est ce qu’on fait avec nos téléphones portables tous les jours et depuis des années alors pourquoi pas les logiciels (forfait).
    Par conte il nous faudrait de vraies nouveautés pour vraiment donner envie. En effet toujours pas de nouveau moteur (on traine toujours ce moteur 2012), le fait que camera raw puisse être appelé en tant que filtre n’a rien de nouveau puisque cela est possible depuis CS5 grâce aux objets dynamiques et un panneau bien connu …
    Allez Monsieur Adobe un peu d’effort pour nous emmener au ciel

    • En effet, le tarif est très séduisant, au point d’amener de nombreux photographes au bercail Creative Cloud. Tu as raison pour ce qui est des nouveautés de Photoshop CC (et celles de Lightroom 5…), il faudrait augmenter le nombre et l’étendue des nouvelles fonctionnalités. Mais il s’agit là d’un vieux phénomène car les versions précédentes ne se démarquaient pas toujours de leurs ainées au point de justifier le passage à la caisse…

      Quant au moteur 2012 de Camera Raw, qu’est-ce que tu lui reproches ? A titre personnel, je le trouve suffisamment performant 😉

      • Hello Volker
        je n’irais pas à dire que le tarif va drainer le photographe aussi facilement en ce sens que pour en bénéficier il devra posséder au moins un CS3 comme tu l’as dit. Cependant, force est de constater qu’on trouve souvent des utilisateurs non officiels. D’où le fait que certains râlent comme des veaux sur les forums français ou sur leur site car ils ne peuvent en bénéficier (ceux là n’avaient qu’à être officiels ou continuer de ne pas se plaindre)
        J’ai trouvé les nouveautés de CS6 bien plus orientées photographie (à mon humble avis) que celles de la CC qui (toujours pour moi) apportent plus aux webdesigners.
        Quant au moteur 2012 même si en réalisant soit même ses ;DCP (car ceux d’adobe sont simplement une catastrophe) j’aimerais (mais on peut rêver) que le prochain moteur puisse séparer la colorimétrie de la courbe de réponse par exemple. J’aimerais aussi que le rendu sans tirer sur le curseur soit plus photographique et non un rendu pour les bobos ou tata ginette. Bref, quelque chose qui fasse qu’on puisse commencer à dire que ce moteur s’oriente un peu plus professionnel. Cela n’est que des exemples si j’avais la chance d’être consulté (là aussi je peux rêvé) je donnerais de vraies pistes et non des amusements que veux bien nous présenter Monsieur Adobe.

        • Pour ce qui est de la pertinence des profils DCP fournis, je suis d’accord avec toi à 200 %. Et ce n’est pas depuis l’existence des profils DCP que je mets mes mains dans le cambouis puisque j’utilisais il y a plusieurs années déjà les scripts de Thomas Fors pour améliorer la piètre représentation des couleurs de mon 1Ds première génération dans Camera Raw 2 et 3 😉 Quant au rendu photographique (que l’on trouve dans Capture One…), je te suis également, bien que je ne sois pas sur que cet aspect figure parmi les priorités de l’équipe de développement de Camera Raw, les gouts du grand public étant plus importants que ceux des professionnels, peu nombreux.

          • Tout à fait, Adobe fait pour la « masse » et non pour l’œil averti et connaisseur d’où le fait que, quoi qu’on en dise, les pros s’oriente sur d’autres solutions à fin de bénéficier d’outils plus sérieux quant aux rendus 😉

  2. Le système de distribution généralisée des logiciels depuis plus de 30 ans est PERVERS. « On » nous concède une licence moyennant finances. Ce système ne pose plus de problème à qui que ce soit, sauf qu’en réalité, ce n’est pas un achat, mais un droit d’usage.
    J’ai acheté PS CS2, puis fait (et payé) les mises à jour jusqu’à CS4.
    J’ai acheté une licence Lightroom 2. J’ai payé une fois (je crois), depuis afin d’obtenir LR5.
    Tant CS4 que LR5 sont sur MON ordinateur. C’est ce que j’ai compris du système de licence.
    La proposition actuelle va me délester de 155,88€ chaque année.
    En presque 10 ans, j’ai payé 232 € pour CS2 -> CSx, et 110+79 soit 189 € pour LR.
    Je n’utilise PS que pour son module d’impression qui me convient ergonomiquement mieux que celui de LR. Je ne fais rien d’autre.
    La proposition actuelle tend à virtulaiser le système déjà pervers de licence, alors, non, sans moi. Je préfère abandonner ces outils plutôt que de souscrire à ce tour de passe passe.
    Je n’oublie jamais qu’une offre trop alléchante tend à me « pigeonniser ». Je garde toutes mes plumes.

  3. Couleur ICC je tiens a te rappeler suite à ton analogie avec les portables, qu’un portable au bout de 2 ans en régles générales d’appartient et que tu peux méme le faire débloquer et ceux gratuitement. En suite ce systéme est particuliérement pervers parce qu’il t’oblige à rester abonnement à faire les mise à jour et donc à changer ton flux de travail en permanence. En étant propriétaire de la licence on pouvait utiliser des logiciels tiers et ne pas mettre à jours , nos flux de travail ne changeant pas , alors que maintenant utiliser des logiciels tiers nous rend vulnérable à chaque Maj et nous oblige donc par un tour de pasee passe à rendree tout le flux de travail sous marque adobe. C’est une arnaque pur et simple et nous bloque dans le choix de nos outils tiers.

    • Bonjour, en fait, personne ne vous oblige à effectuer la mise à jour. Le gestionnaire Creative Cloud en signale seulement la présence et c’est à vous de déclencher le téléchargement puis la mise à jour 😉

    • Bonsoir
      Je ne parle pas du terminal mais bien du forfait mensuel. J’ai un GSM depuis que cela existe en France et cela ne me pose aucun soucis de raquer pour bénéficier du fait d’être toujours joignable.
      Comme dit Volker, rien n’oblige personne à passer au cloud et donc aux dernières versions, chacun est libre. Sinon il reste d’autres solutions dites non cloud chez d’autres éditeurs au niveau dématricage. Par exemple pour ma part je traite mes RAW avec Capture One Pro

  4. Il faut faire de la résistance !! Je trouve que ce système d’abonnement ne va pas dans l’intérêt du consommateur il le rend captif et surtout laisse libre Adobe de ne pas faire évoluer ces logiciels.

    • hmmm, je soupçonne vous avez du faire une mauvaise manipulation, tous les logiciels sont bel et bien proposés en français…

      • Pour ma part je pense qu’on aurait là à faire à une version du manteau et dont la personne se plaindrait que la version ne soit pas dans sa langue natale. Mais je peux me tromper

        • Non rassurez vous, retraité, j’avais payé CS6 plein pot et j’ai payé photoshop CC,normalement dans les préférences je devrais avoir le choix de la langue et l’on ne me propose que l’anglais,il est a noter que bridge CC est en français.

      • Le problème est résolu.vous aviez raison.
        Pour un amateur ce système d’abonnement est une usine à gaz, je trouve scandaleux que l’on ait pris en otage les clients ainsi,mais je n’ai pas trouvé mieux comme logiciel que photoshop, il manque toujours quelque chose aux autres.

  5. Pour ma part, je ne suis non plus pas du tout convaincu par cet abonnement.
    J’utilise LR pour le 95% de mes photos, et seules de rares situations me font utiliser Gimp. Je n’ai donc de loin pas l’utilité de Photoshop.
    De plus je risque bien de sauter LR5 car cela ne m’apporterait quasiment rien par rapport à LR4.
    La question pour moi à se poser est donc : si on est content avec la version actuelle du logiciel, pourquoi vouloir / devoir en changer régulièrement (à part si p.ex. on a un nouveau boîtier pas encore pris en charge) ?
    Même si on est libre d’effectuer ou non la mise à jour, les coûts mensuels restent les mêmes …
    Je vais donc attendre un bon moment et voir comment cela évolue avant soit d’être forcé à m’abonner soit à migrer vers un autre logiciel.

    • Bonjour,
      bien évidemment, rien ne vous oblige à suivre la valse de mises à jour proposée par les éditeurs de logiciels, si vous n’êtes pas un « geek » technophile ou un homme un tantinet immature qui insiste à toujours disposer des jouets les plus récents 😉 Par ailleurs, c’est aussi une des motivations des architectes du programme Creative Cloud : créer des revenus réguliers grâce à une formule d’abonnement alors qu’il était jusque-là difficile de persuader les clients à mettre la main dans le porte-monnaie pour mettre à jour des produits aboutis et pleinement satisfaisants…

    • Bonjour, oui c’est effarant de constater que les informations confidentielles de 2, 9 millions d’utilisateurs soient compromises. Mais cela n’a rien à voir avec le nuage, car il s’agit pour la plupart de comptes « classiques » avec des licences « perpétuelles ».

  6. Bonsoir,

    Les photographes de la Défense sont très inquiets. Le système qui oblige une connexion Internet régulière au poste informatique va nous poser un problème de sécurité. J’espère qu’Adobe va proposer une solution.

  7. Cet abonnement est une offre promotionnelle à duree limitee, dans un an c’est tarif plein pot…avis aux amateurs, lisez bien les conditions generales!

  8. Le prix n’est pas élevé mais vu qu’il s’agit d’un produit pour le web, on a du mal à avaler le tarif de l’offre la moins élevée.
    9.90$ aux USA et 12.50€ en Europe !! Incroyable qu’Adobe ne sache plus compter !!!

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