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Appareils reflex numériques : d’où viennent-ils ?

Si, depuis des lustres, les appareils compacts numériques proviennent de sous-traitants chinois, nombreux sont ceux qui espèrent acquérir un appareil “made in Japan” lorsqu’il s’agit d’un objet bien plus onéreux. Le site web Photoscala.de vient de publier les résultats d’une enquête éclairant l’origine des appareils reflex numériques et de leurs objectifs, aussi intéressante que surprenante.

Si, depuis des lustres, les appareils compacts numériques proviennent de sous-traitants chinois, nombreux sont ceux qui espèrent acquérir un appareil “made in Japan” lorsqu’il s’agit d’un objet bien plus onéreux. Le site web Photoscala.de vient de publier les résultats d’une enquête éclairant l’origine des appareils reflex numériques et de leurs objectifs, aussi intéressante que surprenante.

Pour vous rassurer d’emblée, sachez que la plupart de ces équipements ne proviennent pas de Chine, mais de l’Asie des Tigres et Dragons (c’est à dire celui des états ASEAN).

Tout a commencé dans les années 1970, avec la société Rollei. Elle créa une filiale en Singapour afin d’y fabriquer des appareils photo et certains objectifs plus économiques du système SL.

Les fabricants japonais n’ont commencé qu’une dizaine d’années plus tard et ce fut la société Minolta qui ouvrit le bal, avec une usine en Malaisie. Hormis certains appareils reflex argentiques, l’usine en question fabriquait des appareils et objectifs APS, puis plus tard, des appareils reflex numériques estampillés Minolta. Plus tard, la production des appareils reflex argentiques fut confiée à Seagull, situé à Shanghai/Chine, puis à Samsung.

En 1990, ce fut le tour de Nikon de déplacer une partie de ses lignes de production en Thaïlande. Aujourd’hui encore, le fabricant possède quatre usines à Ayutthaya, produisant d’abord des appareils reflex argentiques et objectifs des systèmes 24×36 et APS et, dès 2004, des appareils reflex numériques. Pour la petite histoire, la fabrication du Nikon FM2n fut d’abord confiée au représentant coréen de la marque, mais suite à des problèmes transférée en Thaïlande. Aujourd’hui, Nikon confie la fabrication de ses appareils reflex numériques semi-professionnels et amateur à son usine en Thaïlande, et celui des D3s, D3x et F6 à son usine à Sendai, au Japon. Quant à certains objectifs Nikon, ils provenaient du fabricant coréen Samyang qui nous étonne depuis peu avec des réalisations fort intéressantes et peu onéreuses. À noter que Nikon n’était pas le seul à profiter des couts de fabrication alors moins élevés en Corée : parmi les clients de Samyang figuraient ou figurent encore Canon, Minolta et Yashica/Kyocera.



Made in Thaïland : la plupart des appareils reflex numériques Nikon


Quant à la société Pentax, depuis rachetée par le géant Hoya, elle commença dès 1990 à transférer une partie de sa production en Vietnam, d’abord pour y produire des composants optiques, puis l’ensemble des optiques de la marque. Pendant la coopération avec Samsung, les objectifs estampillés Schneider-Kreuznach étaient fabriqués au même endroit. Les boitiers reflex numériques Pentax sont en revanche “made in Philippines”.

Sony n’était pas en reste. Si la plupart des appareils compacts numériques Cybershot sont fabriqués en Chine, les appareils hybrides de la série NEX et Alpha et leurs objectifs viennent de la Thaïlande, d’une usine voisine à l’usine Nikon. Pour l’année 2011, Sony aurait aussi prévu d’y transférer sa production d’appareils compacts. Quant aux appareils reflex numériques Alpha, leur origine est japonaise.



Fabriqué au Japon…



… ou en Thaïlande : les appareils reflex et hybrides Sony.

Ricoh n’est plus non plus maître de sa production d’appareils photo : ses derniers appareils reflex numériques ont été produits chez Cosina et ses appareils photo numériques d’abord à Taïwan, puis sur le continent en face de l‘île rebelle. L’appareil GXR vient par exemple de Chine et une partie des modules de Thaïlande.

Panasonic fait fabriquer ses appareils par un sous-traitant chinois. La production des objectifs Lumix-G et Leica-DG est restée, quant à elle, au Japon.

Les appareils reflex numériques de la marque Olympus sont fabriqués soit au Japon, soit en Chine, dans une succursale de la maison mère. Si les appareils FourThirds sont d’origine chinoise, les appareils MicroFourThirds sortent apparemment d’une chaîne en Indonésie.

Canon fut un des premiers à adopter une production à l’extérieur du Japon. Depuis 1970, une partie de ses objectifs est élaborée à Taïwan, une autre partie en Malaisie (depuis 1988). A noter qu’il est possible de retrouver le lieu et l’année de fabrication d’un objectif Canon, grâce à un code qui ne tient pas compte des usines à l’extérieur du Japon. Quant aux appareils photo numériques, les compacts viennent de Taïwan et les reflex numériques, même les moins chers, du Japon (ce qui est en soi surprenant…).



… restée fidèle à sa patrie pour ce qui est des reflex numériques : la société Canon.

Les appareils de Samsung sont fabriqués en Corée du Sud, tout comme les objectifs de la gamme NX.

L’article du site Photoscala.de finit sur une conclusion intéressante. Les fabricants de matériel semblent en fait privilégier de plus en plus des sites de production situés dans les pays ASEAN, notamment en Thaïlande et en Malaisie, et se détournent progressivement de la Chine. L’agriculture de la Thaïlande subirait actuellement des profonds changements, incitant de nombreux paysans et paysannes à se recycler dans l’industrie. Et les Thaïlandaises sont très appréciées pour leur doigté, parfait pour des travaux précis en assemblage d’appareils photo…

6 commentaires “Appareils reflex numériques : d’où viennent-ils ?

  1. Bonjour, un article vraiment intéressant sur un sujet qu’on n’a pas l’habitude de lire.
    Ca ne choque pas que mon pentax ait été fabriqué aux philippines je pense que les cahiers des charges du constructeur sont très stricts!

  2. Oui, article intéressant ; le précédent commentateur n’est pas choqué si, en tant que client, il reste bien servi, grâce à un cahier des charges contraignants (et le travail des enfants, ou pour un dollar par jour, dans le cahier des charges ou dehors ?)

    En tant que citoyen, on peut tout de même (re)prendre conscience de l’impact de ce type de constatations (qu’on sait devoir faire dans tous les secteurs industriels) sur l’avenir de nos économies dans un monde que nos « Zélites » s’obstinent à vouloir mondialiser sans frein et où le seul avantage comparé qui compte, est le coût salarial.

    Jusqu’où nos propres exigences de consommateurs, vont elles conduire nos propres emplois et salaires ?
    Vous avez dit schizophrénie ?

  3. On peut également faire un parallèle avec une étude similaire sur l’industrie automobile; à savoir que les voitures asiatiques dont le critère de finition est le plus élevé et qui sont également celles qui subissent les moins de réparations en période de garantie sont coréennes…..ce sont les dernières a être fabriquées dans leur pays d’origine. Etant également équipé en Pentax j’hésite toujours à investir dans un K5 et ce malgré le bon suivi manifesté par le fabriquant ainsi que l’importateur lors des problèmes de capteur.

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