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La photographie de concert : mode d’emploi

La photographie de concert est un exercice passionnant qui exige des photographes une maîtrise technique absolue. Souvent, à parler entre amis de nos diverses activités, j’ai remarqué que de nombreux photographes faisaient de la photographie de scène. Mais qu’en est-il vraiment de cette pratique ? Quelles sont les conditions de prise de vue et quel est le matériel dont il faut disposer ?

La photographie de concert est un exercice passionnant qui exige des photographes une maîtrise technique absolue. Souvent, à parler entre amis de nos diverses activités, j’ai remarqué que de nombreux photographes faisaient de la photographie de scène. Mais qu’en est-il vraiment de cette pratique ? Quelles sont les conditions de prise de vue et quel est le matériel dont il faut disposer ?

Les préalables

Ne fait pas de la photographie dans une salle de concert qui veut, du moins des clichés que l’on souhaiterait exploiter par la suite. Il faut en effet obtenir une autorisation auprès du groupe ou de l’artiste (ou de leurs attachés de presse) et une accréditation pour entrer dans les lieux avec son matériel sur l‘épaule. Si on tolère généralement les appareils compacts et les bridges, les reflex numériques et leurs objectifs sont automatiquement identifiés comme du matériel professionnel, ce qui leur ferme de nombreuses portes que ce soit dans une démarche “professionnelle” ou purement “amateur”. L’accréditation vous protège quant aux diverses utilisations que vous pourriez faire des images et notamment pour ce qui est des droits à l’image des différents intervenants sur scène. Sachez qu’il est coutume que les prises de vue ne soient autorisées que pendant les trois premières chansons du concert ce qui génère du stress supplémentaire à la réalisation des clichés. Enfin, l’utilisation du flash est formellement prohibée (même s’il arrive que cette règle soit bafouée).


La gestion de temps disponible à la prise de vue est alors primordiale, il faut l’administrer sans stress ni précipitation inutile. Pour bien vous préparer, vous pourriez demander la fiche technique d’une salle qui ne vous est pas encore familière. Vous la trouverez le plus souvent sur les sites web des salles de concert en question. Ainsi, vous pouvez prendre connaissance des différents éléments constitutifs de la salle et de la scène (notamment de ses dimensions et des balcons, estrades, coursives, etc.) et donc de vous organiser en conséquence, car ces différents éléments déterminent le choix des optiques. Pour finir, prenez la bonne habitude d’arriver plutôt sur les lieux pour les repérer et pour trouver une bonne place à proximité des musiciens.

13 commentaires “La photographie de concert : mode d’emploi

  1. Surtout, quand vous faites des photos de concert, rappelez-vous que les photographes sont des gens indesirables qui nuisent a l’image de l’artiste. Ils sont meme meprises. Sauf quand les producteurs ont besoin de photos. C’est pour ces raisons qu’on accorde que 3 chansons. Ensuite l’artiste peu transpirer et se lacher. Et puis certains artistes et producteurs vous meprisent davantage en reglant la lumiere a votre detriment, en creant des contre jours violents sur les 3 premieres chansons. Tiens hier soir c’etait Laurent Garnier… 3 titres dans la penombre ! On fait un beau metier !
    Merci pour cet article tres interessant.

  2. Peu familier des salles de spectacles j’ai du récemment faire pour la première fois quelques photos d’une représentation théâtrale très amateur (option théâtre d’un lycée)… une commande familiale, rien de pro :))

    Curieusement j’ai trouvé peu d’information sur internet concernant cette pratique et j’ai puisé dans les infos sur la photographie de concert (qui correspondaient en tous points à ce vous écrivez ici avec un petit truc en plus au sujet de la mesure spot… si jamais vous pouviez éclairer ce point…).

    Équipé ce jour là d’un Pentax K100D Super qu’il est difficile de pousser au delà de 800 ISO, j’avais monté un 50mm f/1,7 le plus souvent utilisé à pleine ouverture. Par bonheur cette focale m’a quand même permis de cadrer presque exactement la scène depuis mon siège (pas question pour moi de trop m’approcher et de faire le gugusse devant une assistance essentiellement composée de parents d’élèves bien calés dans leurs fauteuils). Il va presque sans dire que j’ai aussi du privilégier les jeux de scène les moins agitées…

    Pour post-traiter mes fichiers RAW je suis à nouveau retourné sur internet (photos de concert) pour mettre au clair cette histoire de balance des blancs. 3200 K en intérieur, bon, presque tout le monde s’accorde là-dessus… sauf que mon Pentax (et LR aussi du coup) me donne un réglage Tungstène à 2850 K. Difficile d’arbitrer en se fiant au souvenir (encore moins quand on n’est pas un habitué des éclairages) et c’est donc en fonction de mes goûts que j’ai opté pour l’une ou l’autre mesure selon la photo à traiter.

    Photo de concert et photo de théâtre, les recommandations pour l’un ne valent-elles pas pour l’autre?

    PS : Naze cette histoire des 3 premières chansons et du mépris des photographes… je découvre un truc qui ne me donne pas envie de m’y mettre un jour… même en tant que petit amateur.

  3. Les concerts de Rock et Metal amateur sont mon sujet favori. Un conseil: traiter le groupe au complet puis séparément chaque musicien. Adopter un point de vue élevé (au dessus de la fosse, plutôt qu’au 1e plan, appareil à bout de bras, visée au jugé en grand angle, recadrage et/ou redressement en post), soigner le batteur souvent caché ou mal éclairé. En cas de pogo petit coup de flash et musiciens au 2nd plan. Rééquilibrer la lumière en post. Multiplier les prises.

  4. @ Mach : ça dépend des concerts. Je ne m’intéresse qu’a des musiques suffisamment expérimentales pour ne pas avoir de limite à 3 morceaux (la notion de morceaux n’existe même pas toujours), dans des salles minuscules, sans avoir besoin d’accréditations. Mon principal soucis c’est que ce sont des musiques parfois calmes et mon clic-clac risque de déranger les spectateurs. Quant aux artistes ils sont généralement content d’avoir un souvenir de leur prestation, surtout quand ils sont mis en valeur sur la photo. Après c’est comme dans toute relation aux autres, c’est une question de respect…
    Après moi ce que j’en dis… je ne suis pas pro alors bon.

  5. Ce commentaire sur la photographie de concert est vraiment passionnant. J’ai apprécié la précision des explications, la profondeur de la réflexion théorique et la pédagogie de la présentation. Bravo à l’auteur de l’article et bravo aussi pour ses photographies qui témoignent des mêmes qualités.
    MG

  6. Comme toujours votre article est intéressant, ouvert et synthétique. Les commentaires qui suivent aussi, surtout celui de Pierre-Michel sur les différents musiciens. Pratiquant la photo de concert depuis 25 ans (ouf, ça donne le tournis) je me permettrai de compléter:
    – En Raw pas besoin de choisir la balance des couleur de façon précise. Perso, je la laisse calée en permanence sur « nuage ». Et je reprends après. Certains éclairages sont de toutes façons plus froids que le tungstène.
    – Le Mode d’Exposition, je ne l’imagine pas autrement que semi-automatique (Manuel). En effet, même en sous-exposant l’ambiance, l’interprétation de l’appareil est vraiment aléatoire. J’ai bien d’utiliser les mesures multizones, 3d depuis le F5, mais le résultat est très plat. Autant demander à un autre de faire les photos. Le type de mesure « Spot » a été un avantage décisif (Nikon F801s) Elle permet d’assurer la lumière là où elle est intéressante, et de moduler (surexposer si c’est blanc ou sous-exposer si c’est gris sombre). Assumer son interprétation de la lumière, c’est faire oeuvre d’écriture avec la lumière. Maintenant en numérique on peut tatonner, mais certaines occasions ne se présentent qu’une fois…
    Je rajouterai que l’on photographie aussi avec les oreilles. La musique peut avoir des aspects évolutifs ou répétitifs (un refrain, un thème) qui va de paire avec un réglage lumière, des gestes, etc…Ecouter, c’est anticiper, et participer à l’évènement, pleinement.

    PE

  7. Moi je débute tout juste dans la profession. Je voulais vous raconter ce qui m’était arrivé. J »ai du batailler ferme pour obtenir une accréditation à un concert organisé en plein air par une association. la responsable m’avouant à demi-mots avoir longtemps hésité avant d’accepter. Le jour du concert, je rencontre les artistes. Le concert se jouait en plein-air dans des arènes, dans le sud-ouest de la France. Je leur présente ma démarche, explique qui je suis, leur demande s’ils ont des objections. Non aucune, ils m’ont laissé le champ libre pendant toute la soirée. A la fin du concert, j’ai même même eu droit à 10 secondes de gloire quand les musiciens ont remercié le photographe présent et que tout le public m’a applaudi. Depuis que j’ai publié mes photos dans un album-photo visible par tous sur facebook, je reçois que des avis positifs De plus, la responsable de l’association organisatrice du concert m’a félicité personnellement et m’a même demandé si je pouvais être le photographe lors du mariage de sa fille
    Mes photos sont aussi disponibles sur http://www.legercommeuneplum

  8. Merci pour cet article

    Pour préciser, je suis photographe pro travaillant dans les arts vivants, et rarement en musique. Donc théâtre, rue, cirque, clowns, marionnettes… 250 projets artistiques sur mon site, je travaille en province.

    1) la relation de la photo à la scène dépend beaucoup des relations que l’on entretient avec cette dernière. Si l’on est perçu comme étant « du métier », (connaissance en mise en scène/espace, scénographie, jeu d’acteur, lumière, etc… c’est tout de suite beaucoup plus facile relationnellement, et celà influe aussi beaucoup sur le rendu du travail quand on capte les intentions des différents créateurs d’un spectacle. En tout cas je ne suis jamais confronté aux limitations citées. probable que d’instinct je fuis les lieux où ça pourrait m’arriver, et qui ne correspondent pas à mon projet photographique.

    2)Pour les réglages je fais tout en manuel :balance des blancs, gestion des ISO, de l’ouverture et de la vitesse… Je conçois que ce soit un vrai casse-t^te pouvant faire rater des prises, mais comme je ne fais que ça, j’ai acquis des automatismes, un peu comme lorsqu’on conduit une voiture, on ne pense pas à chacune de ses actions…Bon, faut conduire régulièrement pour que ça passe dans la moelle épinière…
    Jamais de flash : je ne sais même pas me servir d’un flash ! ou quasiment. D’ailleurs je n’en ai pas. D700, 50/1.4, 28-70/2.8 et 70-300 en extérieur.

    En fait tout ce joue à la connaissance du projet artistique chroniqué. La photo doit être « bonne » bien sûr, de même qu’un musicien doit jouer juste. Mais c’est après que ça se passe, en photo de scène comme en musique.

    Donc la photo de « spectacle » est mon premier niveau d’intervention. La photo de « projet artistique » (présence aux répé, filages) le deuxième. Et l’accompagnement des Cie et des festivals dans la durée le troisième…

    …C’est vrai que l’on ne trouve quasiment plus rien sur la photo de théâtre aujourd’hui. A noter l’excellent « La mémoire de l’éphémère » sur l’histoire de la photographie de théâtre, épuisé, mais parfois dispo sur le net.

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