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Créer ses propres profils de correction optique avec ALPC : préparations et prise de vue

Depuis la sortie de Photoshop CS5, Adobe propose un utilitaire gratuit permettant aux photographes de corriger les défauts optiques les plus courants : Adobe Lens Profile Creator caractérise ainsi la distorsion, le vignetage et les aberrations chromatiques d’une série d’images et génère ensuite un profil les corrigeant automatiquement dans Camera Raw 6, Lightroom 3 et Photoshop.

Depuis la sortie de Photoshop CS5, Adobe propose un utilitaire gratuit permettant aux photographes de corriger les défauts optiques les plus courants : Adobe Lens Profile Creator caractérise ainsi la distorsion, le vignetage et les aberrations chromatiques d’une série d’images et génère ensuite un profil les corrigeant automatiquement dans Camera Raw 6, Lightroom 3 et Photoshop.



Si la correction des défauts optiques s’impose en photographie d’architecture et de paysage..


Avouons qu’il n’est pas toujours nécessaire de créer ses propres profils : d’une part, l’éditeur fournit déjà de nombreux profils et de l’autre, il existe plusieurs logiciels particulièrement performants pour ce genre d’exercice — citons en exemples le célèbre logiciel français DxO Optics Pro, PTLens, Acolens, Canon DPP et Nikon Capture NX2. Pour les objectifs ne bénéficiant pas (encore) d’une telle caractérisation et correction, Adobe propose deux outils gracieusement offerts : Adobe Lens Profile Downloader (ALPD) pour télécharger un profil approprié et Adobe Lens Profile Creator (ALPC) pour créer ses propres profils.



…elle n’est pas toujours judicieuse en portrait et en reportage. Ici, le vignetage à la pleine ouverture renforce le côté intimiste de ce portrait, saisi avec un Canon EOS 5D Mark II et un objectif macro EF 50 mm f/2,5


Téléchargement et installation


Les deux utilitaires peuvent être téléchargés depuis le site Adobe Labs. Le dossier téléchargé contient l’application Adobe Lens Profile Creator et de nombreuses mires à damier au format PDF, destinées à la création des profils de correction optique. L’éditeur fournit également une documentation exhaustive en trois parties (en anglais, hélas…) permettant d’étudier tous les aspects de la procédure de création de profils, du choix et de l’impression de la mire à l’utilisation du logiciel, en passant par l’éclairage, le positionnement de l’appareil et la prise de vue.


Choisir et imprimer la mire


Le dossier Calibration charts contient pas moins de 125 mires à damier qui varient par leurs dimensions et par leur nombre de carrés noir et blanc. Le choix de la mire la plus approprié a donc de quoi faire hésiter un photographe de passer à l’action, c’est à dire à l’impression et à la prise de vue de la mire. Pour bien choisir parmi les mires proposées, plusieurs critères doivent être prises en considération : l’espace disponible pour la prise de vue, le format d’impression de votre imprimante, la distance focale de votre objectif et le nombre de prises de vue requises pour que la mire couvre le champ photographié à la distance de mise au point souhaitée (la mire occupe idéalement la moitié ou un quart de la surface de chaque image). Le logiciel impose également des dimensions minimales pour les carrés du damier. Une fois les images ouvertes dans le logiciel de calibrage, ils doivent mesurer au moins 20, et idéalement entre 40 et 50 pixels.



Affichage du contenu du dossier Calibration charts : pas facile de s’y retrouver !



La mire Landscape ARCH_E – 36.00 In x 48.00 In (Square Print Dimension 54 Pts, Version 45 × 61) : un bon compromis en termes de dimensions et de nombre de plages. Elle est utilisable avec de nombreux objectifs

Pour caractériser plusieurs de mes objectifs grand-angle et standard (20 mm, 24 mm, 45 mm et 50 mm), j’ai choisi la mire “Landscape ARCH_E – 36.00 In x 48.00 In (Square Print Dimension 54 Pts, Version 45 × 61)”, composée de 45 rangées et 61 colonnes de damiers et mesurant 91 × 155 cm. Cependant, grâce à l’utilisation d’un gestionnaire d’impression EFI, j’ai réussi à réduire les dimensions de la mire au format maximal de l’imprimante Epson 4900 ; elle mesure au final 40 × 68 cm. L’éditeur conseille l’impression sur un support à la fois mat et épais pour éviter des reflets parasites sur la surface de la mire, pouvant perturber la détection du damier noir et blanc. Je l’ai donc imprimé sur du papier TECCO PFR 310 FINEART RAG, suffisamment épais pour assurer une planéité satisfaisante. Ce dernier point est probablement le plus important pour la prise de vue : l’éditeur conseille de coller la mire imprimée sur un support rigide (une plaque de mousse, Dibond ou du verre) pour ainsi garantir une analyse fiable de la distorsion de l’objectif caractérisé. À titre personnel, je me suis contenté de la fixer sur deux cartons rigides, montés à leur tour sur une plaque de verre — si son aspect est finalement peu esthétique, il ne trouble pas les algorithmes de calcul d’ALPC….



La mire “maison” de type Landscape ARCH_E – 36.00 In x 48.00 In (Square Print Dimension 54 Pts, Version 45 × 61).


Éclairer la mire


Connaissant les procédures draconiennes mises en place par la société DxO pour produire les profils sophistiqués et très précis qui ont forgé l’excellente réputation du logiciel DxO Optics Pro, j’étais très sceptique quant au protocole prodigalement élastique de l’utilitaire Adobe. Alors que les “profileurs hexagonaux” œuvrent dans un véritable laboratoire, équipé de puissants projecteurs visant à produire des conditions reproductibles pour l’éclairage de la mire, l’éditeur californien préconise seulement un éclairage “relativement  uniforme”, mais constant d’une vue à la suivante. Doté d’une tolérance incroyable, Adobe Lens Profile Creator rassure les photographes moins expérimentés et/ou intimidés par certaines techniques de prise de vue plus avancées : il est en effet capable de compenser d’éventuelles imprécisions à la prise de vue ultérieurement, par voie logicielle. Pour cela, l’utilitaire utilise des algorithmes qui sont proches de ceux employés par le module de fusion panoramique de Photoshop, Photomerge. Les algorithmes en question sont tellement puissants qu’il est même possible d’effectuer ses prises de vue à la lumière du jour, pour peu que sa direction et son intensité ne varient pas d’une vue à la suivante.



Extrait du mode d’emploi

Toutefois, si vous êtes bien équipé, suivez plutôt les recommandations du mode d’emploi, préconisant deux sources d’éclairage (tungstène ou flash), disposés des deux côtés de la mire. Pour ma part, j’ai suivi dans un premier temps les recommandations à la lettre : deux flashs studio de 400 Ws, dotés de parapluies réflecteurs blancs et soigneusement équilibré au flashmètre, de manière à obtenir une différence entre les quatre coins et le centre de la mire ne dépassant pas un dixième IL. L’éclairage au flash réduit le flou de bougé mais il fixe aussi la plage d’ouvertures : avec un objectif très lumineux, il est souvent difficile, voire impossible, de réduire la puissance de l’éclairage de manière à bien exposer ses images aux ouvertures les plus grandes. Si tel est le cas, employez les lampes pilotes de vos flashs ou passez à l’éclairage tungstène. Il faudra alors utiliser un trépied, un déclencheur souple, une minuterie et/ou le relevage du miroir de votre appareil pour obtenir des photos bien nettes.



Le flashmètre : indispensable pour évaluer et harmoniser l‘éclairage de la mire


Livres conseillés sur ce sujet

7 commentaires “Créer ses propres profils de correction optique avec ALPC : préparations et prise de vue

  1. Quel que soit le soft employé, il y a un présupposé à ces corrections calibrées : les déformations et altérations sont stables pour un même objectif pour des critères d’ouverture et de mise au point donnés.
    Plus fort encore, ces mêmes altérations seraient reproductibles pour l’ensemble d’une production d’objectif du même type.

    Travaillant avec PTlens et comme pour celui-ci la correction du coma s’effectue manuellement, j’ai fait la constatation surprenante que les aberrations de coma étaient emminamente variable pour une même optique et une même ouverture ! Cela va de la quasi-absence d’anomalie à de fortes altérations.

    J’essaierais un de ces jours de produire un article argumenté sur le sujet, mais, en première approche et sachant que les lentilles d’une optique possèdent un minimum de « liberté », particulièrement avec les optiques modernes, comment peut-on définir des critères fixes et définitifs pour chaque objectif ? Comment garantir qu’une prise de vue verticale n’aura pas une action sur le positionnement des lentilles, de même que les plongées ou contre-plongées, la température et l’humidité ambiante ? Et pour les logiciels généralistes (DXO par exemple), comment prendre en compte l’inévitable inhomogénéité d’une production ? D’autant que tous ces logiciels acceptent sans sourciller de corriger des optiques comme les TSE Canon dont le centre optique se dissocie du centre de l’image.

    En conclusion, quelle est la validité de ces corrections définies une fois pour toutes ?

  2. On sait qu’il y a des variations dans un lot de production mais, à un moment donné, il faut bien une base de travail moyenne. D’ailleurs, les profils faits par les fabricants pour Adobe (Sigma, Tamron, etc.) n’utilisent pas ce système de mires, mais fournissent des mesures établies pour chaque modèle d’objectifs, en tenant compte des critères comme la focale, l’ouverture, la distance de MAP, etc.

    En ce qui me concerne, j’apprécie de pouvoir corriger mes objectifs dqns un flux Raw, sans sortir de Lightroom, mais je reste très réservé quant aux profils faits à l’aide de l’utilitaire décrit ici. Même si le boulot est bien fait, je veux être absolument certain qu’il y ait eu un contrôle qualité et, pour cette raison, je ne crois pas qu’on va assister à un déferlement de sites de photographes amateurs ou pro tentant de commercialiser des profils d’objectifs. Je préfère m’en remettre aux profils faits dans les labos Adobe ou ceux fournis par les industriels – et ce dernier point est un gros avantage.

    En ce qui concerne les objectifs à décentrement, désolé de vous contredire, mais ni Adobe ni DxO ne proposent de profils de correction.

  3. @jean-LuK : bien entendu (et je l’évoque aussi dans l’article), les corrections sont uniquement précises (et encore, tout dépend des algorithmes employés, j’en parlerais dans l’article suivant) lorsque vous utilisez votre objectif à la même distance de mise au point et à la même ouverture, sinon il y a des variations plus ou moins prononcées.

    À ma connaissance, PTLens ne propose aucune correction du coma, ne s’agit-il pas plutôt des aberrations chromatiques ? Quant aux objectifs TS-E, seuls certains logiciels corrigent leurs aberrations (PTLens, Bibble, Acolens, mais ni DPP ni les logiciels Adobe) et seul Acolens propose des corrections spécifiques au taux de décentrement (le vignetage devient alors asymétrique et les aberrations chromatiques s’envolent littéralement…). Notez que les réglages de décentrement/bascule ne sont pas enregistrés au sein des métadonnées EXIF, il serait donc difficile d’établir des corrections automatiques qui en tiennent compte. Toutefois, il existe des profils pour les objectifs TS-E 24 et 45 mm que vous pouvez télécharger via l’utilitaire ALPD, mais ils ont été établis avec l’objectif réglé sur sa position zéro (pas de bascule ni décentrement).

  4. @gilles : Pourquoi autant de méfiance pour ce qui est des profils communautaires ? Bien que leur qualité semble être assez inégale, certains de ces profils fonctionnent plutôt bien et peuvent dépanner lorsque le profil n’existe pas encore dans la base des données officielle. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que tout le monde « cuisine avec de l’eau » et pour ce qui est de la solution Adobe, profileurs « officieux » et « officiels » partagent les mêmes outils (mires et ALPC), seul le soin, l’expérience et la rigueur apportées à la prise de vue font la différence. S’il est difficile de créer un profil satisfaisant au premier essai, on peut y arriver en multipliant les essais. Ayant moi-même bâti une bonne dizaine de profils, je commence tout juste à en saisir les points essentiels 😉

  5. Disons que l’absence de contrôle qualité du profil final, et l’absence de contrôle du respect absolu de la procédure font que j’aurai du mal à adopter des profils « amateurs ».

    Bien sûr, s’il s’agit d’un professionnel produisant des profils de qualité, c’est différent. Au sein de la communauté, le tri sera de toute façon vite fait.

  6. @gilles : pour ce qui est du contrôle qualité, tu peux le faire toi-même. Il suffit en fait d’appliquer le profil en question à une série d’images pour en évaluer la qualité 😉 En termes de respect absolu de la procédure, que veux-tu dire ? APLC est en fait tellement souple qu’il « pardonne » un certain nombre d’imprécisions, notamment pour l’éclairage et l’alignement de l’appareil ( je ne veux pas pour autant faire l’apologie du n’importe quoi…). Mais ce qui est nouveau est assez paradoxal, c’est la souplesse relative de l’outil, en contradiction avec les règles de rigueur jusqu’ici indispensables.

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