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Canon EF 28-70 mm f/3,5-4,5 II : peut-on cuisiner dans d’aussi vieux pots ?

Qualité optique

Si sa construction mécanique est assez éloignée de celle d’un objectif haut de gamme, les performances de l’EF 28-70 mm f/3, 5-4, 5 II sont en revanche d’un niveau élevé et notamment lorsqu’on prend en considération son age presque “biblique”. À titre personnel, je ne l’ai utilisé que sur deux appareils à capteur plein format, car sa plage de focales est peu alléchante lorsqu’il est associé à un appareil à capteur APS-C. Toutefois, le site Photozone.de propose un test de l’objectif qui lui atteste des performances très convenables lorsqu’il est utilisé sur un appareil à capteur APS-C de 8 mégapixels.



Vieux wagon, Hachimette/Haut-Rhin, Canon 5D Mark II, EF 28-70 mm f/3, 5-4, 5 II, f/8, 1/500s à 400 ISO

Piqué

Les premiers utilisateurs d’appareils reflex “full frame” dressaient un sinistre constat : provoqué par l’architecture de microlentilles et l’angle oblique des rayons périphériques, il était simplement impossible d’obtenir un piqué homogène sur tout le champ photographié avec un objectif grand-angulaire. La périphérie de l’image restait incurablement floue et souffrait également d’un vignetage marqué. Si la situation actuelle n’est plus aussi désespérée, grâce au développement de nouvelles optiques plus performantes et mieux adaptées aux capteurs, la plupart des objectifs arborent toujours un rendu hétérogène. Ainsi, il faut “visser” le diaphragme de quelques crans pour que le piqué des bords se mette au diapason de celui du centre. Si les performances de l’EF 28-70 mm f/3, 5-4, 5 II sont tout à fait honorables à pleine ouverture, l’objectif souffre tout de même d’une sous-correction des aberrations sphériques (un comble, vu la présence d’une surface asphérique censée les corriger…) qui superpose un léger flou à l’image, notamment à la focale la plus longue, ou le défaut se manifeste aussi par des franges bleues. De même, il est facile de mettre en évidence une perte de piqué dans les angles : en fermant le diaphragme à f/8, on obtient une image parfaitement exploitable, mais il faut fermer à f/11 pour une couverture (presque) parfaite. Les bords extrêmes de l’image (représentant moins de 5 % de la surface) demeurent un peu doux, et ce, quelle que soit l’ouverture. Le réseau de microlentilles du EOS 5D Mark II contribue au moins en partie à ce phénomène — avec un vieux EOS 1Ds de première génération, celui-ci reste fort discret, même agrandi à la taille réelle des pixels (100 %). La diffraction intervient en revanche assez tardivement — il faut fermer le diaphragme au-delà de f/16 pour détecter une dégradation du piqué, ce qui permet de maximiser la profondeur du champ pour certaines photos de paysage et d’architecture.



Rochers et neige, Lac Blanc/Haut-Rhin, Canon 5D Mark II, EF 28-70 mm f/3, 5-4, 5 II, f/13, 1/45s à 100 ISO

Distorsions, vignetage et aberrations chromatiques

La distorsion est plutôt marquée à 28 mm (distorsion à barillet) et décroît ensuite pour devenir peu sensible à la focale la plus longue (distorsion à coussinet). Quant au vignetage, il est particulièrement sensible (et gênant) à pleine ouverture, surtout aux focales extrêmes. S’il devient négligeable dès f/8, il résiste tout de même aux ouvertures les plus fermées. Les aberrations chromatiques latérales sont finalement assez bien maîtrisées pour une optique aussi ancienne. En plus, elles se corrigent facilement dans la plupart des logiciels de développement RAW. À noter que ni PTLens ni DxO Optics Pro ni Camera Raw/Lightroom ne proposent un profil de correction optique pour ce “vieux baroudeur”. Pour remédier à cette situation, j’ai créé un profil de correction “automatique” pour Lightroom 3, Camera Raw 6 et/ou Photoshop CS5. Le lien de téléchargement figure à la fin de l’article.



Maison de vigneron, Eguisheim/Haut-Rhin, Canon 5D Mark II, EF 28-70 mm f/3, 5-4, 5 II, f/6,7, 1/750s à 400 ISO

Flare et Reflets parasites

Dirigé vers le soleil, l’EF 28-70 mm f/3, 5-4, 5 II produit une chaîne de reflets assez distincts, dont l’intensité décroit au fur et à mesure que la focale s’allonge. Le pare-soleil semble être particulièrement efficace entre 50 et 70 mm, mais même aux focales plus courtes sa protection est satisfaisante pour peu que l’objectif ne se situe pas face au soleil. Attention cependant aux situations dans lesquelles le soleil se trouve tout juste à l’extérieur du champ photographié : le flare est alors assez important.

Bokeh

Avec ses six lamelles, ses ouvertures modestes et son élément asphérique, l’objectif n’est pas prédisposé à produire un magnifique rendu des parties hors profondeur du champ. Il n’est donc guère surprenant que le bokeh manque de naturel et que les zones floues paraissent assez nerveuses et peu harmonieuses. En périphérie, les cercles de diffusion, caractéristique, des sources lumineuses sont déformées en ellipses. A noter que l’objectif n’est guère à l’aise en photo de nuit : il est impossible de transformer des sources lumineuses en étoiles et le bokeh n’est pas vraiment esthétique.


4 commentaires “Canon EF 28-70 mm f/3,5-4,5 II : peut-on cuisiner dans d’aussi vieux pots ?

  1. @Photo AD : à l’époque argentique, j’ai beaucoup aimé ce 28-80 mm f/2,8-4 L USM et il est sans doute encore assez performant avec un capteur « plein format ». Mais son tarif en occasion est complètement fantaisiste : à peine inférieur à celui de l’EF 28-70 mm f/2,8 L USM, il est simplement trop élevé, les moteurs USM de l’époque semblent être assez fragile et les pièces de rechange ne sont plus disponibles depuis très longtemps. En revanche, pour 39 euros, je pouvais risquer l’achat de l’EF 28-70 mm f/3,5-4,5 II dont la réputation n’est plus à faire. Certains affirment même (j’en suis pas si sur…) que sa qualité optique soit proche de celle du 28-80 mm f/2,8-4 L USM 😉

  2. Le sujet m’interpelle: je travaille regulierement avec des optiques fixes Takumar des années 50 a 70 en raison de leur qualité exeptionnelle. La meilleure optique jamais produite selon moi est du reste le Tessar..1903! Pentax authorise le montage d’optique anciennes grace a sa monture K mais mieux encore les 42 à vis et ses années de productions toujours exploitables via bague d’adaptation. Je ne suis pas canoniste en raison outre des prix prohibitifs mais aussi des incompatibilités objectif/boitier voulu par le fabricant pour renouveller ses ventes et decidement les optiques ont toujours ete en avance sur les surfaces sensibles et les capteurs: montez un Takumar 50mm 1:4 sur votre boitier numerique et ..comparez avec votre meilleur objectif contemporain…

  3. @ Francois Sarraillé-Pierre : Completement d’avoir avec vous sur le fait que Canon a volontairement changer le tirage mecanique de ses optiques en passant a la nome EF… Heureusement, bon nombre de merveilleux cailloux reste adaptable via une bague. Je n’ai jamais eu l’occasion de tester un Takumar 50mm 1.4 mais il me tarde bien!! Perso, je suis plutot Zeiss…

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