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ColorMunki Photo – Petit singe bien malin

Calibrer un écran

Voici la procédure complète (Mode avancé), telle qu’elle est préconisée par la version 1.0 du logiciel. Notez que les heureux bêta-testeurs font état d’un réglage du paramètre Gamma, disparu dans la version définitive du logiciel que nous avons utilisé pour nos propres essais.


Le logiciel détecte automatiquement l‘écran (ou les écrans…) relié à l’ordinateur, l’identifie et propose de le calibrer.

Sélectionnez tout d’abord le périphérique à caractériser. Il est plutôt surprenant que le logiciel fasse complètement l’impasse sur les écrans à tubes cathodiques… Certes, les fabricants ont cessé leur production et ils tendent à disparaître, mais je suis convaincu que bon nombre de photographes utilisent encore un de ces “dinosaures” encombrants. Bref, le ColorMunki n’est préconisé que pour le calibrage des écrans TFT, les écrans d’ordinateur portable et les vidéoprojecteurs ; le logiciel (pas de réglage du gamma) et l’outil (système d’accrochage) ne s’accordent pas aux écrans CRT…

Comme la plupart des logiciels de calibrage, ColorMunki Photo propose deux modes de caractérisation : Simplifié et Avancé. Alors que le mode Simplifié n’offre aucun choix de paramètres, le mode Avancé permet de tenir compte de la lumière d’ambiante (option “Optimiser le niveau de luminance de mon affichage en fonction des conditions d’éclairage”) et de régler la Luminosité et le Contraste (point noir) de l’écran (option “Optimiser les paramètres de luminosité et de contraste de mon affichage”). Pour le point blanc, il ne propose que les préréglages D65 (6500 K) et D50 (5000 K) et Natif, le dernier se prête parfaitement aux écrans TFT de qualité moyenne (écran de portable…). Notez que ColorMunki Photo offre là beaucoup moins de réglages que le logiciel qui accompagne les colorimètres de la marque, Eye One Match. Ce dernier est infiniment plus sophistiqué, bien que livré avec des outils moins performants.

Tout instrument de calibrage se calibre et le ColorMunki n’y fait pas exception. Tournez le disque de réglage afin que le repère blanc se trouve sur la position indiquée par le logiciel, placez le spectrophotomètre sur une surface plane et appuyez sur le bouton Etalonner.

Tournez le disque dans le sens inverse jusqu‘à ce que le repère blanc rejoigne la position qui correspond au mode de mesure pour écran.



Si vous avez opté pour l’option “Optimiser le niveau de luminance de mon affichage en fonction des conditions d’éclairage”, le logiciel mesure la luminosité ambiante…

… et vous propose ensuite de fixer le ColorMunki dans son sac de transport sur l‘écran afin de mesurer les plages colorées…


… sauf si vous souhaitez ajuster le Contraste et le Luminosité à l’aide des réglages OSD de votre écran.

La mesure des plages est trèsrapide : trois minutes suffisent pour les faire défiler, le profil est ensuite automatiquement nommé, enregistré dans le dossier correspondant et adopté par le système d’exploitation en tant que profil d’affichage par défaut. Cependant, nous aurions de loin préféré que la procédure permette de nommer le profil manuellement : il est en effet malheureusement impossible de lui donner un nom cohérent et explicite (du style « Ecran_Gamma_point blanc_Date de création.icc »), ce qui éviterait d’écraser systématiquement l’ancien profil à chaque nouvelle création de profil quand l’utilisateur utilise un point blanc identique… Le nom par défaut, “Ecran_point blanc.icc”, est uniquement cohérent (sous PC) dès lors que vous avez installé le pilote de l’écran ; sinon le profil s’appelle, fort ennuyeusement “Display_point blanc.icc”, sans que votre écran ne soit clairement identifié…

Il est également possible que le logiciel vous rappelle un nouveau calibrage, après un jour, une semaine ou un mois.

Nous souhaitons une vérification plus claire de la qualité des profils créés. Bien mieux que l’affichage Avant/Après d’un portrait de femme (encore plus vague que les différentes images du logiciel Spyder3Elite..), un affichage des différentes teintes et de la moyenne de leurs valeurs DeltaE aurait permis d’en évaluer la qualité, d’autant plus que les algorithmes du ColorMunki procurent de très bons résultats. Nous avons calibré trois écrans différents, un Eizo CG 241 W, un LaCie 324 et un Dell 1907 FP : pour les trois écrans, les résultats étaient au moins aussi bons que ceux issus du logiciel Eizo ColorNavigator, Eye One Match et Spyder3Elite. L‘écrêtage de gamut est même un peu (Dell 1907 FP), voire beaucoup (Eizo CG 241 W) plus faible…


Même écran, mais deux outils de caractérisation ; le gamut du profil créé par ColorMunki est légèrement plus étendu que celui créé par la sonde Spyder3Elite.


ColorMunki exploite ici bien mieux le potentiel d’un écran Eizo de très haute gamme que le logiciel ColorNavigateur associé à la sonde Eye-One Display 2.

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15 commentaires “ColorMunki Photo – Petit singe bien malin

  1. Cet intelligent petit engin est vraiment étonnant. Juste une remarque et une information complémentaire sur ce qui se cache au cœur de la boîte :

    Mire en deux étapes

    Le fait de décomposer la mire de calibrage d’imprimante en deux temps – les résultats de mesure de la première mire déterminant le choix des couleurs de la seconde – est une innovation intéressante car, pour un résultat comparable, elle réduit considérablement le nombre total de couleurs à mesurer. Cette diminution du nombre de couleurs permet au système de travailler sur des zones colorées plus grandes et donc d’éviter l’emploi d’un système de guidage comme celui du Eye-One Pro.
    En contrepartie de cet avantage, l’impression de la mire en deux temps doit être convenablement gérée : les quelques minutes d’attente préconisées par le logiciel pour mesurer la première mire et calculer la seconde me semblent tout à fait insuffisantes pour une imprimante jet d’encres. Pour que le séchage des encres et les couleurs de la mire imprimée soient stabilisée, il faut attendre plusieurs heures et non quelques minutes, ce qui complique évidemment l’ensemble de l’opération.

    Au cœur de l’instrument de mesure

    Contrairement au Spyder3print qui est annoncé par Datacolor comme étant un « spectrocolorimètre » ce qui n’a pas grande signification, le petit singe X-Rite est un véritable spectrophotomètre. Le Spyder3print n’est pas un spectrophotomètre. C’est un colorimètre qui produit donc ses résultats sous la forme de valeurs RGB en simulant la perception visuelle par des capteurs filtrés conformes aux sensibilités des cônes rétiniens. Simplement, ce colorimètre dispose d’un illuminant standard et mesure sa réflexion par le papier. Plutôt que « spectrocolorimètre » le Spyder3print devrait ainsi s’appeler « colorimètre par réflexion » car il est incapable, à ma connaissance, d’établir l’analyse spectrale du rayonnement réfléchi par une mire imprimée.

    X-Rite n’est pas très bavard sur le dispositif de mesure qui se cache dans le Munki. Selon des fuites commises sur des forums outre-Atlantique, il semblerait cependant que l’engin soit basé sur la technologie K2 déjà installée au cœur du spectrophotomètre automatique professionnel iSis. Si c’est le cas, ce petit singe situerait ses capacités de mesure au meilleur niveau des instruments professionnels, à moins que X-Rite ne l’ait bridé pour ne pas gêner la commercialisation de ses produits plus coûteux…

    Par ailleurs, le singe étant un véritable spectrophotomètre, il est théoriquement capable de stocker ses mesures spectrales dans un fichier texte, ce qui permettrait de l’utiliser avec des logiciels plus sophistiqués que celui avec lequel il est livré : Eye-One Match et ProfileMaker…

  2. Petit complément :

    ColourConfidence qui distribue l’accessoire a conscience que le CD qui ne contient qu’un gestionnaire d’installation qui impose le téléchargement du logiciel est un handicap. Dans les boîtes de ColorMunki vendues par chez eux, on trouvera donc un « vrai » CD en plus avec un installeur classique, une attention à saluer !

  3. Merci pour vos commentaires toujours aussi…éclairés, ô co-scribes !

    @jean : ta remarque concernant le temps requis entre les deux mires est tout à fait pertinent. Pour ne passer des heures à les regarder sêcher, j’ai respecté le delai « reglementaire » préconisé par X-Rite (10 minutes), sachant pertinemment que ce dernier dépend à la fois des réglages de l’imprimante, des encres et du papier utilisé. Néanmoins, les résultats étaient concluants;-)
    @vincent. C’est une très bonne initiative, ce CD supplementaire. Vivement que X-Rite même s’aperçoive de ce fait handicapant pour l’utilisateur !

  4. Etant un amateur passioné, comprendre peu fortuné mais prêt à investir un peu de temps en temps, je me demandais si un tel investissement valait la peine dans un cas comme le mien. A savoir que je possède la Spyder2Pro, un écran plûtot basique mais choisi avec soin (ViewSonic VX2255wmb), une imprimante Epson Stylus Photo 1400, un Canon EOS 400D + flash Speedlite EX430… Bref que de l’entrée de gamme en vérité!
    PS: aux trois illustres messieurs qui ont commencé ces commentaires, merci pour vos livres qui sont de fidèles compagnons (Développer ses Raw m’a totalement converti au format…du coup j’ai acheté mon premier réflex…du coup j’ai acheté le bouquin de Vincent Luc…du coup je m’intéresse à la gestion des couleur avec le livre de Jean Delmas! Ca peut sembler un peu à l’envers mais c’est véridique!!!)

  5. pour Jean,
    Avez-vous mesuré la différence de valeur colorimétrique 5 minutes après la sortie d’imprimante et après 20 puis 40 puis 60 minutes ?
    Il y a t-il une différence ?

  6. Michel P :

    Le temps de séchage donné par les constructeurs d’imprimante est celui à partir duquel l’image n’est plus « salissante » et non pas celui qui garantit une véritable stabilité des couleurs. Ces données dépendent beaucoup du solvant utilisé pour l’encre et des capacités absorbantes du papier, qu’il soit poreux ou couché.

    Pour réduire les temps de séchage, les constructeurs sont confrontés à la nécessité paradoxale de ne pas diminuer ce délai au point de provoquer un bouchage des buses, et au fait qu’une encre insuffisamment visqueuse (et donc à séchage plus rapide) a tendance à « étaler » les pigments ou les colorants, ce qui diminue la précision de l’impression. De ce point de vue, les imprimantes les plus performantes en terme de précision d’impression, sont celles dont les impressions sont les plus longues à sécher et à se stabiliser…

    Je ne connais pas d’étude systématique montrant l’évolution du calibrage d’une imprimante en fonction du temps de séchage de la mire. Mais la plupart des spécialistes, en particulier les fournisseurs de système de calibrage et les sous-traitants, s’accordent cependant sur le fait que les temps de séchage indiqués par les constructeurs d’imprimantes sont inférieurs aux délais de stabilisation des couleurs et qu’il est prudent de compter ces délais en heures plutôt qu’en minutes…

  7. mmm pas trop de changement de delta là… 0,03 sur le delta max entre un contrôle 10 mn après l’impression et 90 minutes plus tard. je regarderai demain matin.

  8. alors. contrôle ce matin sur mon icc clolor par rapport au 10 mn après impression.
    delta moyen des couleurs 0,79 au lieu de 0,77 et delta max 3,15 au lieu de 3,06. autant dire, rien de visible pour notre oeil. amha. epson 9800 sur un kodak 190gr semi matte.

  9. @belnea

    Attention, il ne faut pas perdre de vue que le temps de stabilisation des encres pigmentaires et bien moindre que celui des encres à l’eau donc ce qui semble assez juste pour votre 9800 (veinard 😉 ne le sera pas pour tous les utilisateurs…

  10. Merci pour cet excellent article.

    J’ai acquis cet appareil de mesure il y a une semaine.

    Et pour une fois j’ai lu le contrat d’utilisation ( il n’est pas imprimé sur la doc, il faut faire du copier coller dans une petite fenêtre), ça m’a déjà un peu agacé de lire ceci:

    —- Vous n’êtes pas autorisé, …. a donner gratuitement, un Profil .

    – Bon je sais on s’assoit dessus, mais ça prouve déjà un très mauvais état d’esprit.

    Et puis , beaucoup plus grave, c’est en installant le logiciel que j’ai appris que je ne pourrais l’installer que sur un maximum de trois machine !!!

    Par honnêteté il auraient pu afficher cette restriction dans leur publicité et au moins l’écrire bien visible sur la boite.

    Donc 500 € pour trois poste de travail je m’excuse mais là c’est la sonde la plus cher du marché 🙁

    Par ailleurs, à ma connaissance, aucune information commerciale n’est donnée pour acheter des jetons supplémentaires.

    —————————— A savoir: mise en oeuvre

    Au début je n’arrivais pas a passer l’étape de calibration de la sonde au point ou j’ai pensé a une panne et après avoir mis la dernière version de JAVA SE ( 1.6.0_06 au lieu de 1.6.0_03 fournie ) ça a marché…

    —————-

    Pas encore vraiment utilisé sauf pour calibrer un écran, mais un grand regret de n’avoir aucune information sur la qualité du calibrage, on voit juste cette cette image avant après et puis le profil réalisé est avec un nom générique, donc impossible (facilement) de gérer plusieurs écrans.

    Ma conclusion: peut être un très bon appareil de mesure mais vraiment trop bridé.

  11. de toute façon, c’est un spectro à la base donc reconnu comme n’étant pas la panacé pour calibrer un écran mais ça peut dépanner mais ça ne sera jamais à la hauteur d’un colorimètre (gretag ou x-rite). donc si je le prenais, je garderai, de toute façon, ma gretag display2 pour les écrans.

  12. Louis,

    Je suis absolument d’accord avec vous. Les fabricants de systèmes de calibrage qui prétendent interdire à leurs usagers de donner ou de commercialiser leurs profils commettent un scandaleux abus de pouvoir. Il me semble que c’est Monaco qui a commencé dans cette triste veine, laquelle s’est ensuite propagée chez ses confrères. Certains logiciels de calibrage, sans s’en vanter, inscrivent simplement le nom de l’éditeur dans une balise de copyright hélas prévue par l’ICC pour cela… D’autres se permettent, comme X-Rite pour son singe, de graver explicitement dans la licence d’exploitation que les profils sont réservés à l’usage personnel du licencié. C’est par exemple aussi le cas des systèmes de calibrage Color Eyes publiés par Integrated Color Corp. Comme si les romans rédigés avec Word devaient subir un copyright Microsoft !

    Pour ce qui concerne le nombre de postes de travail sur lesquels un logiciel peut être exploité, je serai un peu plus nuancé. La licence de la plupart des logiciels limite leur emploi à un poste de travail. Mais il s’agit en général d’une licence d’usage et non d’une licence d’installation. C’est-à-dire qu’une licence limitée à un seul usage permet par exemple d’installer le logiciel sur un poste fixe et un portable, pourvu que l’on puisse montrer que les deux postes sont exploités par la même personne et que celle-ci n’utilise pas les deux simultanément… Dans le cas du munki, si X-Rite autorise trois utilisateurs, je pense qu’il faut comprendre trois utilisateurs simultanés, ce qui laisse une certaine latitude pour l’installer « temporairement » chez des cousins chez qui on souhaite calibrer un écran ou une imprimante…

    J’ajouterai par ailleurs qu’il me parait toujours stupide et commercialement contre-productif qu’un éditeur pose des conditions d’usage qu’il n’a aucun moyen de contrôler…

  13. Bonjour,

    Et si on laissait les termes anglais « calibration » et « calibrated » à nos amis anglosaxons ?…

    En français, on dit -et on traduit par- « étalonnage » et « étalonné ».

    Par contre, les concepteurs de logiciels, qui stipulent, comme le prévoit la Loi, que l’usage de leurs logiciels est strictement réservé aux personnes qui ont payé la licence d’utilisation, ne commettent aucun abus de pouvoir.

    Il n’est jamais stupide de rappeler la Loi. La preuve, il y a des gens qui ne savent même pas que des lois existent.

  14. Bonjour.
    Installation et mise en route faciles sous Seven. Sous Win XP Pro, par contre, l’activation paraît impossible sans raccordement à Internet (machine de production…). X Rite ne propose pas de solution réelle. Donc, Color Munki est inopérant. Quelqu’un a-t-il la solution ?

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