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Eizo CG245W : le calibrage d’écran automatisé

Quid du calibreur intégré ?

Proposé à 1899 euros au lieu de 1654 euros ht, le ColorEdge CG245W ne se distingue de son homologue CG243W que par sa sonde de calibrage intégré. Au vu de ce surcoût plutôt important, cette sonde se doit donc d’être au moins aussi performante que les produits proposés par X-Rite et Datacolor autour de 200 euros ht. Qu’en est-il vraiment ?


ColorNavigator détecte automatiquement la présence du dispositif de calibrage intégré…

Pour en avoir le cœur net, j’ai effectué plusieurs calibrages d’écran en utilisant tantôt le dispositif de calibrage intégré tantôt un spectrophotomètre Eye-One Pro ou une sonde Eye-One Display 2 et en analysant le respect des paramètres imposés par le logiciel ColorNavigator : la température des couleurs (6500 K), le gamma (2,2), la luminosité maximale (110 cd/m²) et minimale (une valeur aussi basse que possible pour restituer les nuances dans les basses lumières).


ColorNavigator n’enregistre pas seulement le profil de l‘écran, mais également les paramètres associés dans un paramètre prédefini, stocké dans la mémoire de l‘écran


La fenêtre de mesure s’ancre automatiquement dans le bord supérieur de l‘écran, ce qui empêche l’utilisation de la sonde pour la validation FOGRA

Face au dispositif de référence, le spectrophotomètre Eye-One Pro, la sonde intégrée obtient des valeurs exemplaires pour le point blanc, le gamma et la luminosité maximale. Mais l’outil peine à convaincre lorsqu’il s’agit de restituer les nuances dans les noirs : avec une luminosité minimale de seulement 0,47 cd/m², il ne parvient pas à tirer profit de toute la qualité de l’écran. Quant au taux de contraste, calculé en divisant la luminosité maximale par la luminosité minimale, il passe de 416:1 à 234:1, une prestation pas vraiment digne de cet écran fort onéreux. Sachez que plus vous éloignez des paramètres évoqués (plutôt courants), plus la sonde incorporée peine à rivaliser avec un instrument de mesure externe. Ainsi, si son utilisation s’impose à tous les réfractaires à la gestion des couleurs et à la recherche d’un outil automatisé (qui fait son travail sans nécessiter le concours de l’utilisateur…), la sonde d’étalonnage embarquée ne saurait séduire les utilisateurs plus exigeants.


Avec la sonde intégrée, le taux de contraste est limitée par la luminosité minimale


Seule l’utilisation d’un instrument de mesure annexe saurait rendre justice à l‘écran

Ainsi, la pratique du “softproofing” (c’est à dire la validation des couleurs sur l‘écran), de plus en plus en vogue chez les photograveurs et imprimeurs, exige l’ajout d’un instrument supplétif, seul à permettre à l’écran de passer la très convoitée certification UGRA, dont les plages de couleurs se positionnent de surcroit au milieu de l’écran, inaccessible à la sonde intégrée. Cette dernière est logée dans une petite languette qui est, quant à elle, ancrée dans le cadre supérieur de l’écran. Faut-il alors investir dans un Eizo CG245W ? Tout dépend de vos exigences et envies.

Les photographes et graphistes apprécieront sans doute le dispositif de calibrage intégré et programmable. Quant aux photograveurs et imprimeurs, souvent déjà équipés d’instruments de mesure plus sophistiqués, ils seront sans doute moins séduits par les performances réelles de celui-ci. Pour ma part, je trouve le ColorEdge CG243W plus alléchant. Bénéficiant des mêmes prouesses techniques, il offre simplement un meilleur rapport qualité/prix…

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