Interview : Gérard Blondeau, photographe naturaliste

“Après le long repos hivernal, la vie animale et végétale s’active. Sous la pression de la sève nouvelle, les bourgeons éclatent, laissant apparaître des pousses vert tendre…” C’est ainsi que Gérard Blondeau ouvre le chapitre Mars de son ouvrage Photographier la nature en macro, paru aux éditions VM. L’auteur, photographe naturaliste depuis plus de trente ans, nous expose sa pratique photo.

“Après le long repos hivernal, la vie animale et végétale s’active. Sous la pression de la sève nouvelle, les bourgeons éclatent, laissant apparaître des pousses vert tendre…” C’est ainsi que Gérard Blondeau ouvre le chapitre Mars de son ouvrage Photographier la nature en macro, paru aux éditions VM. L’auteur, photographe naturaliste depuis plus de trente ans, nous expose sa pratique photo.

Canarina canariensis

QP : Comment avez-vous découvert la macrophotographie ? Vous êtes-vous essayé à d’autres genres de photographies au cours de votre carrière ?
GB : Depuis mon plus jeune âge, je m’intéresse à la nature. Lorsque j‘étais petit, je collectionnais les papillons. Mon père était réparateur d’appareils photo, et faisait surtout des photos de famille. C’est au lycée que j’ai véritablement découvert la photo; un ami avait présenté un exposé sur les différentes techniques de laboratoire et j’ai alors eu envie d’essayer en utilisant les appareils anciens de mon père, et en développant mes photos. Quand j’ai commencé à travailler comme dessinateur industriel – mes parents me voyaient mal épouser une carrière de chasseur de papillons et m’ont inscrit dans une école technique –, mes premières payes m’ont permis de m’offrir un appareil reflex et des objectifs plus adaptés à la photo de nature. En 1969, le service militaire m’a donné l’occasion de passer un an en Afrique, et là je me suis adonné à la photo animalière. Quelques années plus tard, en 1974, alors que je travaillais à la RATP, j’ai posé une année de congés sans solde pour partir avec un ami faire un reportage sur les animaux en Inde. 74, c‘était le premier choc pétrolier, ça a été compliqué d’obtenir des partenariats pour financer notre voyage, mais nous sommes tout de même restés un an en Inde. Quand nous sommes rentrés, nous avons organisé une exposition, et des animations pour présenter nos photos. C’est ainsi que je suis devenu photographe professionnel. Même s’il m’arrive encore d’accompagner des voyages pour photographier de gros animaux, je me suis plutôt spécialisé dans la photo de petites bêtes, d’insectes et de fleurs. Vivant en région parisienne, le fait de faire des photos de proximité me permet de concilier facilement prises de vue et animation.

QP : Avec quel équipement avez-vous commencé ?
GB : Un reflex Canon sans automatisme, qui fonctionne encore… Lorsque j’ai été en mesure de compléter cet équipement, j’ai alors acheté un soufflet et des flashs, et puis un 400 mm pour pouvoir photographier les oiseaux.

QP : Vous vous présentez comme “photographe naturaliste”, faut-il une connaissance particulière de la nature pour photographier insectes et végétaux ?
GB : Je dirais qu’un photographe naturaliste est à 80 % botaniste ou zoologiste et à 20 % photographe. Lorsque l’on maîtrise la technique de l’appareil, le secret de la photo de macro réside dans la connaissance que l’on a de la nature. J’ai suivi les cours de technicien en entomologie et de photographie appliquée aux sciences naturelles au Muséum national d’Histoire naturelle, mais c’est surtout en autodidacte que j’ai acquis la plupart de mes connaissances.

QP : Insectes, fleurs, petits animaux… Quel(s) sujet(s) a (ont) votre préférence ?
GB : Je n’ai pas de préférence ; la nature offre tellement de richesses et de surprises. Je vois la nature comme un vaste puzzle. Tout est lié, tout interagit, et ce que je cherche à montrer ce sont les relations entre les plantes, les insectes, les oiseaux, le côté dynamique de leur cohabitation.

Euphorbia canariensis