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Kodak : le géant de Rochester dépose le bilan

Alors qu’elle venait, il y a quelques jours, déposer une plainte pour violation de brevets contre Apple et RIM, l’entreprise emblématique de l’industrie photographique a déposé aujourd’hui son bilan, en demandant la protection du chapitre 11 de la loi sur les faillites de sa maison mère et de ses filiales américaines.

Alors qu’elle venait, il y a quelques jours, déposer une plainte pour violation de brevets contre Apple et RIM, l’entreprise emblématique de l’industrie photographique a déposé aujourd’hui son bilan, en demandant la protection du chapitre 11 de la loi sur les faillites de sa maison mère et de ses filiales américaines. Les filiales à l’étranger ne sont pas directement concernées par cette mesure. En même temps, Kodak déclare avoir obtenu une nouvelle ligne de crédit de 950 millions de dollars pour sa restructuration.



Le groupe n’avait plus enregistré de bénéfices depuis 2007. En chute libre depuis de nombreuses années, il n’emploie plus que 7000 personnes dans son siège à Rochester alors qu’il y a plus de 60 000 dans les années glorieuses. Kodak avait même tenté de monnayer son vaste portefeuille de brevets pour renflouer ses caisses vides, pour l’instant sans succès. Aujourd’hui, Kodak n’est plus que l’ombre de lui-même : ces dernières années la société a détruit pas moins de 47000 emplois et sa valeur en bourse est aujourd’hui dix fois moins importante qu’il y a un an.

Pourtant, la société a initié de nombreuses nouvelles technologies. Pionnier de la photographie numérique, Kodak est à l’origine du premier appareil numérique (1975) et des premiers appareils reflex numériques. Mais depuis que Nikon (1999) et Canon (2000) volent de leurs propres ailes, plus rien ne tournait en rond à Rochester. Les appareils compacts numériques de la marque n’étaient plus que de clones sans caractère et fabriqués dans le “Far East” et les reflex numériques à la fois trop onéreux et trop peu performants. Il semble que l’inertie trop importante d’un grand groupe a précipité la chute de l’empire jaune. Pendant trop longtemps, les responsables de Kodak ont cru pouvoir continuer à vendre leurs émulsions argentiques aux consommateurs dans les pays émergents, trop vite convertis au numérique.

Que reste-t-il de ce géant ? L’objectif de la société est d’émerger de la faillite avec une société à la fois plus rapide et plus rentable. Mais ayant vendu il y a quelque temps son fleuron, la fabrication de capteurs, Kodak n’a plus qu’une marge de manœuvre très étroite. Pour renaître de ses cendres, il faudra aussi se débarrasser de son portefeuille de brevets. Mais encore faut-il trouver des acquéreurs…

8 commentaires “Kodak : le géant de Rochester dépose le bilan

  1. Les propos de Nicéphore me paraissent quelque peu déraisonnables.

    J’ai connu l’argentique, et si je ne regrette pas ce support – je n’y reviendrais pour rien au monde – et le fait que Kodak disparaisse me fait quand même de la peine.

    Ce qui est étonnant, comme le souligne Volker, c’est que Kodak a été un des grands pionniers du numérique, mais n’a toutefois pas réussi à saisir la balle au bond, alors que la marque avait de ‘avance sur tous les autres. Et ça, c’est assez édifiant.

  2. C’est effectivement assez étonnant…….. »Kodak a été…… » et apparemment n’était pas tout à fait largué si on en juge par la qualité du capteur du Pentax 645d ou du moins si j’en juge par les critiques reçues de la part des « pros » et autres testeurs. Kodak aurait peut-être été plus inspiré en sortant un capteur APSC ou FF de qualité identique mais moins confidentiel.
    « C’est assez édifiant » oui et non beaucoup de grandes entreprises disparaissent de la même façon: les américains ont tellement tendance à se croire les maitres du monde…….il suffit de regarder leur marché automobile……sans parler du cas Harley-Davidson qui aurait disparu sans l’intervention de Nixon.
    Bref c’est malheureux, un millier de l’histoire de la photo disparaît mais çà correspond à 2000% à la mentalité ultralibérale en vigueur au sein de ce type de multinationales.

  3. @fxgr : merci de lire tout l’article et pas seulement la « headline ». C’est toujours édifiant de lire des lecteurs qui ne font que du zapping sans s’attarder à la lecture d’un article entier? Ici, il en ressort clairement que Kodak tente par le biais de la mise sous tutelle une restructuration…

  4. @nicephore : hmmm, faut-il pas montrer un peu plus de compassion à l’égard des employés de la maison mère qui perdront leur emploi sans pour autant avoir contribués à la faillite…

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