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La rançon du progrès ? Photoshop CS5 ne sait plus imprimer les mires d’étalonnage !

Mauvaise surprise pour les amateurs de gestion des couleurs : l’option “Aucune gestion des couleurs” vient de disparaître du module d’impression Photoshop avec la sortie de la version CS5. Cette fonction, sans doute un peu ésotérique, ne méritait tout de même pas cette punition capitale, car elle nous permettait jusqu‘à présent d’imprimer nos mires d‘étalonnage.

Mauvaise surprise pour les amateurs de gestion des couleurs : l’option “Aucune gestion des couleurs” vient de disparaître du module d’impression Photoshop avec la sortie de la version CS5. Cette fonction, sans doute un peu ésotérique, ne méritait tout de même pas cette punition capitale, car elle nous permettait jusqu‘à présent d’imprimer nos mires d‘étalonnage.

Pour quelles bonnes raisons la maison Adobe nous prive-t-elle ainsi sans sommation d’une fonction utile ? Et comment faire pour étalonner nos imprimantes en contournant l’obstacle placé ainsi sous nos pas par le progrès ?

Petits rappels sur les mires d‘étalonnage

L‘étalonnage d’une imprimante à jet d’encre est une opération facile si vous vous adressez à un sous-traitant spécialisé ou si vous disposez vous-même d’un spectrophotomètre et du logiciel d‘étalonnage qui lui est associé. Sans entrer dans les détails, rappelons ici qu’il suppose d’accomplir trois opérations successives :

1 – Impression de la mire, fournie en général sous la forme d’un fichier TIFF par le sous-traitant ou l‘éditeur du logiciel d‘étalonnage.

2 – “Mesure” des couleurs de la mire avec le spectrophotomètre.

3 – Traitement de ces mesures par le logiciel d‘étalonnage puis construction du profil, lequel caractérise le comportement colorimétrique du couple imprimante-papier employé pour imprimer la mire.


Exemple de mire téléchargeable sur le site de Christophe Métairie.

Contrairement à une image “normale” dont les pixels prennent leur sens parce que son fichier incorpore un profil de référence permettant de calculer la couleur absolue de chaque trio RVB, un fichier de mire n’incorpore AUCUN espace colorimétrique. Il ne contient donc pas de “couleurs” à proprement parler mais de simples nombres RVB bruts, dépourvus de tout sens colorimétrique absolu.

Les trios de nombre RVB d’une mire ne représentent ainsi aucune couleur précise. Par conséquent, l’affichage d’une mire sur un écran n’a à peu près aucun sens. Si vous commettez le crime d’attribuer un espace colorimétrique standard au fichier de mire, Adobe RGB par exemple, Photoshop ou tout autre logiciel capable de gérer les couleurs vous affichera bien des couleurs, mais elles seront fausses… car les nombres RVB injectés à l’imprimante n’ont PAS Adobe RGB comme référence étalon. Pire, même si vous respectez la virginité du fichier de mire en vous abstenant de lui infliger un espace de référence, Photoshop vous montrera des couleurs tout aussi fausses… L’affichage sera en effet calculé en douce par le rusé Photoshop en supposant que le fichier dépourvu d’espace incorporé est en fait défini dans l’espace RVB par défaut, que vous avez choisi en renseignant vos préférences dans la boîte de dialogue Couleurs.

Mais alors, comment contempler sur un écran les “véritables couleurs” d’une mire ? Eh bien, le seul moyen d’obtenir une bonne approximation de cette vérité vraie serait d’attribuer/incorporer le profil d’impression au fichier de mire. Mais, ce profil, vous ne l’avez pas encore puisqu’il va résulter de l‘étalonnage…

 

 

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18 commentaires “La rançon du progrès ? Photoshop CS5 ne sait plus imprimer les mires d’étalonnage !

  1. çà devient compliqué, pour ne pas dire « ubuesque »…l’impression photographique sous Mac (et Pc par ricochet…) !
    Je sens même comme une régression au fil des « progrès » annoncés comme des améliorations, bref on marche un peu sur la tête !

  2. Nohant : je prépare qq captures d’écrans et publierai ici dans les prochains jours une courte description de la procédure à suivre pour Lightroom…

  3. Au moins maintenant on sait quoi faire et le prestataire aussi car il y a quelques mois il indiquait la procédure à éviter comme bonne.

  4. Bonjour,

    Je comptais acheter votre livre, considéré comme une référence, mais votre second ouvrage me laisse perplexe : comment se positionne-t-il par rapport au premier ??

    Car les titres ne m’aident pas à m’éclairer sur ce point…

  5. Oodini : « La gestion des couleurs pas à pas » est focalisé sur les procédures d’étalonnage d’écran et la mise en oeuvre de la gestion des couleurs dans Photoshop, Photoshop Elements et Lightroom. C’est un livre pratique qui s’adresse au « grand public ».
    « La gestion des couleurs pour les photographes » est plutôt destiné aux « photographes experts ». Il est à la fois plus théorique et exhaustif. Il aborde, par exemple, l’étalonnage des imprimantes (avec un spectrophotomètre) et des APN, ainsi que la théorie colorimétrique CIE, les modèles et espaces colorimétriques et les normes ICC.

  6. Il était question, il y a quelques temps, d’abandonner la gestion des couleurs comme on la conçoit de nos jours car trop difficile et trop aléatoire à mettre en œuvre et finalement peu respectée.
    En effet, une mauvaise colorimétrie est plus néfaste que pas de colorimétrie du tout…

  7. Flashouille : j’imagine que vous ne serez pas surpris que je sois d’un avis différent du votre, bien que je comprenne parfaitement votre irritation et votre position.

    La colorimétrie moderne était pratiquement achevée en 1931, année où le modèle CIE de la perception visuelle a été mis au point. Naguère, pour appliquer de manière raisonnée ce que nous savons ainsi de notre vision aux surfaces argentiques, il fallait être grand expert, faire de la chimie-physique complexe, et mettre en oeuvre des tours de main de haut vol (voir travailler Roland Dufau, le roi du Cibachrome).

    Aujourd’hui, chacun sait ce qu’est un espace RVB. Des processus naguère dissimulés de manière complexe dans l’architecture de nos émulsions sont accessibles à tous dans des commandes Photoshop.

    Je crois en outre que la gestion des couleurs pour les photographes va se décanter et se simplifier grâce à l’augmentation de puissance de nos postes de travail et la baisse de leurs coûts. Lightroom est emblématique de cette évolution, à mes yeux très positive. Nous pouvons imaginer que, dans un futur proche, débarrassée des limites imposées par le coût des postes de travail, notre gestion des couleurs s’organiser autour d’un seul et unique espace de travail à grand gamut et grande résolution tonale. Nous pouvons aussi rêver que de futurs « smart color engine » nous débarrassent du concept de mode de rendu et sachent résoudre automatiquement les questions de « gamut mapping » (je ne sais pas le dire en français).

    Soyez optimistes et bon courage quand vous tombez sur un bug comme celui évoqué dans mon article !

  8. Jean Delmas ;
    Non je ne suis pas surpris et ne prône pas non plus un abandon de la colorimétrie ; loin de là (les copains à qui j’ai fais découvrir la gestion des couleurs ne le comprendraient pas) !
    Je travaille avec des écrans LaCie étalonnés et une chaine graphique classique. Je suis donc très sensible à tout ces problèmes. Il me semblait (il faudrait que je retrouve ces articles) qu’il était envisagé d’abandonner la colorimétrie comme nous la connaissons (peut-être de la simplifier).
    Je partage également l’idée que cette colorimétrie devrait s’automatiser quelque peu…à condition que tout les constructeurs se mettent d’accord.
    Il y a la colorimétrie pour la photographie numérique, le pré-presse, la vidéo, etc. (d’ailleurs les stages à la color academy sont différents) : tout cela est très complexe pour un résultat parfois décevant. C’était mon message.
    Gamut mapping : je m’essaie : mise en concordance pour mapping et si je me rappelle bien GAMUT provient de GAME UP TABLE.
    Mise en concordance des espaces colorimétriques ?

  9. Après avoir lu attentivement vos deux articles (et votre premier bouquin) je me demande si j’ai choisi la bonne attitude avec le logiciel Gimp. Je m’explique : à ma connaissance, Gimp ne gère pas la couleur pour l’impression ; uniquement pour l’affichage. Je n’ai donc rein d’autre à faire que de désactiver la gestion des couleur dans le driver de l’imprimante. Me trompe-je ?

  10. jpv: je connais mal Gimp. Prenez donc l’avis qui suit avec des pincettes.

    Gimp gère parfaitement la couleur puisqu’il possède une fonction d’épreuvage sur écran qui est très bien faite. Gimp confiait naguère l’impression proprement dite à des modules complémentaires que je ne connais pas, mais il dispose aujourd’hui d’un module interne d’impression. Ce dernier semble fonctionner sans gestion des couleurs puisqu’il ne demande pas le profil de l’imprimante… Cela signifie qu’il confie l’impression au pilote de l’imprimante, et que votre procédure est théoriquement la bonne…

    Attention tout de même aux pièges cachés dans les logiciels. La procédure analogue de Photoshop (confier l’impression au pilote et désactiver la gestion des couleurs dans ce dernier) donne souvent des résultats erronés, comme je l’ai expliqué dans l’article… Mais, dans ce cas, les résultats sont faux parce que l’application, qui prétends ne pas gérer les couleurs, les gère tout de même « un peu »…

  11. Bonjour, votre 1ere méthode d’impression avec Photoshop présente une compensation du point noir décochée dans le menu Imprimer. Cela est-il volontaire ? Ou est-ce parce que cochée comme décochée, cette fonction n’aurait aucune incidence les résultats de l’impression ?

    Dès lors, qu’en est-il de la compensation du point noir dans le menu imprimer avec les version non bugguée de Photoshop ? A cocher ou pas lors de l’impression de mires ?

  12. Floriant :

    D’abord, juste un petit rappel sur cette option « Compensation du point noir » :
    – Il faut la sélectionner si on choisit le mode de rendu « Colorimétrie relative » (car elle compense une faille de ce mode dans le traitement du noir) ;
    – mais il ne faut pas la sélectionner si on choisit le mode de rendu « Perception » (car ce mode de rendu intègre sa propre logique de traitement du noir).

    Voyons maintenant ce qu’il faut faire dans le cas de l’impression d’une mire :

    – Cas de la procédure « classique » (jusqu’à CS4) c’est à dire la procédure basée sur l’option « Sans gestion des couleurs » : dans ce cas, les options Mode de rendu et Compensation du point noir sont rendues indisponibles par Photoshop (elles sont grisées). Les valeurs qui y figurent en arrière plan sont celles que vous avez choisies « la fois précédente ». Elles n’ont aucune importance car elles ne seront PAS appliquées : PAS de conversion donc PAS de mode de rendu et encore moins de compensation du point noir.

    – Cas de la procédure « alternative » (Mac, ou Windows à partir de CS5) : dans cette situation, comme on utilise l’option normale d’impression de Photoshop AVEC gestion des couleurs par le logiciel, les options Mode de rendu et Compensation du point noir sont disponibles. Mais, comme les espaces d’origine et de destination sont identiques, Photoshop ne fera AUCUNE conversion. Vous pouvez donc choisir n’importe quel mode de rendu et n’importe quelle valeur pour l’option Compensation du point noir : ces options ne seront PAS utilisées.

  13. Bonjour,

    Je rebondi sur votre dernier commentaire concernant la gestion des modes rendu. Pour ma part, après test, je privilégie le réglage perceptif AVEC la compensation du point noir. Cela permet d’offrir de vrais détails dans les basses lumières. Naturellement tout dépend de l’image, du papier, du profil, et de la machine employé. Mais même en repro, ou la logique inciterait plutôt au relatif, on peut avoir des surprises.

    Question : existe-t-il un logiciel qui permettrait de visualiser le gamut d’une image? Il serait intéressant de pouvoir ainsi décider, pour chaque image, quel mode de rendu utiliser.

  14. Bonjour Elyan :

    Associer l’option « Avec compensation du point noir » au mode de rendu « Perceptif », est en théorie anormal car ce mode, contrairement au mode « Relatif » pour lequel l’option a été bâtie, intègre un véritable traitement des noirs par mise en correspondance du noir source avec le noir de destination.

    Remarquons tout de même que Photoshop n’interdit pas cette combinaison, c’est à dire que l’option « compensation » n’est pas grisée quand on opte pour le mode « Perceptif ». Pourquoi ? Eh bien on trouve la réponse dans certains documents Adobe, lesquels disent en substance : « il ne faut pas utiliser la compensation du point noir avec le mode Perceptif, sauf quand on a besoin d’améliorer le rendu des noirs donné par des profils perceptifs défectueux ». Voila sans doute pourquoi vous avez obtenu de bons résultats avec le mode « Perceptif » et l’option « compensation du point noir ».

    Vous posez le problème de l’analyse colorimétrique d’une image et de ses altérations par conversion colorimétrique. Le logiciel ColorThink Pro édité par Chromix permet d’analyser les modifications subies par une image quand on la convertit. Il permet, par exemple, de comparer l’effet de différents modes de rendu et de leurs options. Le logiciel établit une cartographie de l’image, teintant en vert les zones non ou peu modifiées et en jaune ou rouge les zones moyennement modifiées ou très altérées, ces fonctions d’analyse étant assez largement paramétrable.

    Hélas ! ce logiciel coûteux est assez instable, handicapé par des bugs dont certains sont sévères (il trace convenablement en 3D les gamuts larges, comme celui de ProPhoto RGB, mais dessine des gamuts faux en 2D !). Je ne le recommande donc pas aux amateurs…

  15. bonjour,
    pourquoi ne pas mettre tout simplement
    laisser l’ imprimante gerer les couleurs et desactiver la gestion des couleurs dans le pilote de l imprimante car de toute facon il faut le faire pour imprimer une mire!

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