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Lightroom 4 pour les photographes : épreuvage sur écran et impression (1)

L’épreuvage sur écran est une des nouveautés de Lightroom 4. Il permet d’anticiper à l’écran l’apparence visuelle d’une image imprimée, puis d’optimiser son rendu pour un périphérique de sortie donnée. Dans ce premier article, extrait de l’ouvrage Lightroom 4 pour les photographes, Martin Evening, photographe, auteur et alpha-testeur de Photoshop et Lightroom,  explique pourquoi utiliser cette fonction, idéale pour anticiper le rendu d’un tirage imprimé.

L’épreuvage sur écran s’effectue obligatoirement dans le module Développement : d’une part, il est seul à fournir un aperçu fidèle de l’image imprimée et d’autre part, il offre les outils de correction, et notamment ceux des panneaux Réglages de base, Courbe des tonalités et TSL, pour faire correspondre les couleurs et les tonalités de l’image cible (simulée à l’écran) à l’image source. Mais avant d’explorer en détail la nouvelle fonction Epreuvage écran de Lightroom et ses possibilités, il est nécessaire de se pencher sur les limites de la gestion des couleurs.

Voici deux captures d’écran d’une image avec la fonction Epreuvage écran activé. Alors que la première image (à gauche) représente l’aperçu sur un écran Apple LCD (gamut « standard », c’est-à-dire proche de sRVB), la deuxième (à droite) montre l’aperçu sur un écran NEC 3090WQXi (gamut étendu, proche d’Adobe RVB). Notez que les différences, visible en impression offset, s’estompent une fois les images converties en sRVB et affichées sur votre écran.

La fidélité des couleurs est une notion toute relative

La gestion des couleurs est censée reproduire fidèlement les couleurs d’un sujet. Mais elle est aussi une source intarissable de frustrations, dues à des attentes déraisonnables. En effet, si la gestion des couleurs peut vous aider à trouver une correspondance entre les couleurs d’un sujet et celles d’un écran ou tirage imprimé, sachez qu’un écran ou un tirage peine à reproduire toutes les informations d’une scène photographiée contrastée, le taux de contraste (10 000 : 1) de cette dernière étant jusqu’à dix fois supérieur à celui d’un écran (1000 : 1) et trente fois supérieur à celui d’un tirage (300 : 1).

Plus important encore, la capacité de chaque périphérique de la chaîne de saisir ou reproduire les couleurs est une condition sine qua non pour la fidélité des ces dernières.

  • Les informations de tonalité et de couleur d’une image relèvent de la sensibilité spectrale du capteur de l’appareil photo. Finalement, une couleur n’est reproduite à l’écran ou sur un tirage que si le capteur est à même de l’apercevoir et de l’enregistrer.
  • Le format d’enregistrement influe fortement sur la restitution des couleurs : mis à part une marge de manœuvre plus restreinte au posttraitement, un fichier JPEG possède une étendue des couleurs (gamut) qui est plus réduite que celle d’un fichier RAW. À noter que le gamut d’un fichier JPEG est tributaire de l’espace couleur choisi à la prise de vue (sRVB ou Adobe RVB).
  • L’écran constitue probablement le goulot d’étranglement le plus important pour la reproduction des couleurs. Le gamut de la plupart des écrans contemporains, de type LCD ou LED, est inférieur à celui des images affichées et proche de l’espace couleur sRVB. Si de nombreux photographes enregistrent leurs images au format RAW et les impriment sur des imprimantes capables de reproduire des couleurs très saturées, ils les affichent sur des écrans qui sont loin de restituer une telle richesse de teintes. C’est aussi la raison pour laquelle je vous conseille d’investir dans un écran de haut de gamme (Eizo, NEC, LaCie, Quato), seul à couvrir presque toutes les couleurs de l’espace Adobe RVB, des presses offset et imprimantes jet d’encre photo. À quoi bon acheter les meilleurs appareils photo, objectifs et imprimantes si vous limitez leur potentiel avec un écran pas cher ?  Les figures ci-contre montrent les différences en termes de qualités affichage entre un écran à gamut étendu (en haut, NEC 3090WQXi) et un écran standard (en bas, Apple LCD) : même en activant la fonction Epreuvage écran de Lightroom 4, l’écran « wide gamut » affiche une gamme de couleurs plus vaste. Toutefois, même l’écran haut de gamme n’était pas capable de représenter fidèlement les couleurs d’un tirage imprimé, plus riches dans les teintes bleues et cyan.
  • S’il est possible d’obtenir à l’écran un aperçu relativement fidèle de l’image, c’est la qualité du profil d’impression qui détermine la manière avec laquelle les couleurs sont reproduites sur le tirage. Pour pouvoir imprimer une image avec le profil d’imprimante, ses couleurs doivent être modifiées afin qu’elles rentrent dans le gamut du profil d’impression. Le processus de conversion est purement mathématique et ne tient pas compte des couleurs les plus importantes dans l’image. Cependant, il est possible de l’adapter en fonction de l’image à imprimer.
  • Les conditions d’observation du tirage imprimé représentent un autre critère important pour le jugement de la fidélité des couleurs. Plus particulièrement, il s’agit de la différence de luminosité entre l’écran et l’éclairage utilisé pour examiner vos tirages. La plainte fréquente « mes tirages sont trop sombres », prononcée par de nombreux utilisateurs des forums consacrés à Lightroom et Photoshop, laisse immédiatement penser à un dysfonctionnement du système de gestion des couleurs. Mais souvent, la réalité est toute autre. Gardez à l’esprit que pour juger la luminosité et les couleurs d’un tirage, l’éclairement lumineux du tirage doit être identique à l’intensité lumineuse de l’écran. Or, l’imprimante se situe souvent à proximité de l’ordinateur dans une pièce faiblement éclairée. Si cette configuration favorise la correction des images dans Lightroom et Photoshop, elle pénalise l’examen des tirages imprimés puisque leur  rendu parait systématiquement trop sombre par rapport à l’aperçu affiché sur l’écran. Je l’avais déjà évoqué plus haut : pour pouvoir juger de la qualité d’un tirage imprimé, il convient de l’examiner sous un éclairage dont la luminosité est  proche de celle de l’écran, comme par exemple la lumière du jour dans une pièce convenablement éclairée. Une solution idéale consiste à employer une cabine lumineuse permettant d’ajuster la puissance de l’éclairage normalisé pour l’harmoniser avec celle du retroéclairage de l’écran.

Alors qu’il était rare d’atteindre une luminosité de 110 cd/m2 avec les vieux écrans à tubes cathodiques dont la luminosité maximale diminue de surcroît au fil des années, de nombreux écrans TFT, et notamment les modèles les moins onéreux, affichent une luminosité excessive. Si la norme actuelle privilégie une surface brillante, une grande luminosité et un taux de contraste important pour afficher des films et jeux vidéo de manière optimale, un écran dédié au traitement d’image doit être capable de fonctionner avec une luminosité maximale comprise entre 110 et 140 cd/m2. S’il faut toujours commencer par réduire la luminosité maximale de l’écran, n’oubliez pas qu’il est encore plus important  de le calibrer et de caractériser.

Cet article est extrait du chapitre 8 de Lightroom 4 pour les photographes, à paraître le 28 octobre aux éditions Eyrolles (605 pages – 39, 90 euros – ISBN : 978-2-212-13506-0).

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12 commentaires “Lightroom 4 pour les photographes : épreuvage sur écran et impression (1)

    • Il est vrai que Martin vise toujours assez haut en ce qui concerne les matériels abordés (il est photographe professionnel…), maisen tant que traducteur, il ne m’appartient pas pour autant de diluer ses propos 😉 Mais moi aussi, j’avais bien envie de parler de certains écrans moins onéreux à même de couvrir la quasi intégralité du gamut Adobe RGB 1998. Hormis l’Asus, il y a aussi certains Eizo, Nec et Dell…

  1. Je suis un simple amateur et l’épreuvage que je découvre depuis peu est pour moi une révélation.
    Par contre, j’imprime avec une Epson R3000 et est-ce que quelqu’un pourrais me guider sur ce problème suivant,
    Je suis passé du papier d’Epson au Canson infinity
    Jusqu’à mon logiciel (lightroom) tout est Ok, passage de Profil ICC sans problème.
    Mais après lorsque apparait lors de l’impression la boite de dialogue et ses propriétés, impossible d’afficher d’autre papiers
    Que faire ???

    Claude Malandain

    • Claude, quel plaisir de lire ici ton nom… (euh plus d’un an plus tard quand même) ! Nous nous sommes connus pour une intervention de plomberie et sommes devenus amis autour de la photographie. C’est toi qui m’avais orientée vers les cours de la SFP. Souvenirs souvenirs ! Est-ce que ça te rappelle quelque chose

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