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LightZone : disparition d’un logiciel précurseur

C’est une nouvelle qui est restée largement inaperçue dans l’univers des logiciels photo : Lightcrafts, éditeur de l’astucieux logiciel Lightzone, vient de mettre la clé sous la porte, après une période d’inactivité assez longue.

C’est une nouvelle qui est restée largement inaperçue dans l’univers des logiciels photo : Lightcrafts, éditeur de l’astucieux logiciel LightZone, vient de mettre la clé sous la porte.

Depuis quelques semaines déjà, les serveurs de la maison mère sont inaccessibles et, pire encore, le logiciel ne fonctionne même plus (sous Mac OS X au moins), faute de pouvoir établir une liaison avec eux au lancement du logiciel.


Bien malin qui réussit à démarrer le logiciel en version 3.9 sur Mac OS X 10.6.8. Il faut télécharger la version 3.9.2, introuvable…

LightZone a été un des premiers logiciels de développement RAW à introduire des corrections locales, grâce à des masques vectoriels qui ont été depuis copiés par Bibble 5. La philosophie du logiciel était proche de Nikon Capture NX2 : une pile d’outils permettant de superposer plusieurs corrections dont on pouvait contrôler l’opacité et le mode de fusion. Autres highlights du logiciel : l’outil ZoneMapper, inspiré des travaux d’Ansel Adams, et l’outil Relight, permettant de redistribuer les zones de tonalité d’une image (tonemapping). Malheureusement, le logiciel a aussi été conçu dans l’esprit du grand photographe de paysage américain : pataud et dépourvu d’outils de gestion, il se prêtait uniquement au peaufinage de quelques photos sélectionnées, délaissant le développement d’un reportage. De même, la qualité de dématriçage laissait un peu à désirer (bruit, couleurs) et les mises à jour étaient peu fréquentes. Chose rare, LightZone proposait une version dédiée à Linux et depuis sa disparition ce micro-marché est encore un peu plus pauvre : seul Bibble y mérite encore le libellé “professionnel”.

Ces dernières années, les développeurs de Lightcrafts, peu nombreux, semblaient concentrer leurs efforts sur le développement d’un logiciel “grand public ” (Aurora), sans prétention et situé à mille lieues de l’ancienne maestria de LightZone. Mais plus grave encore, l’incompétence de leurs “business angels” qui croyaient sérieusement de pouvoir rivaliser avec les logiciels de l’éditeur Adobe, et notamment avec le logiciel de flux de production Lightroom. La communication n’a jamais été le point fort de l’équipe de Lightcrafts (un euphémisme…) et c’est donc en toute logique qu’elle disparaît ni vu ni connu, sans pour autant permettre à certains de ces utilisateurs fidèles de continuer à utiliser ce logiciel. Quant au fondateur de Lightcrafts, Fabio Riccardi, il a depuis rejoint les rangs d’Apple…

22 commentaires “LightZone : disparition d’un logiciel précurseur

  1. je viens de lire cet article et… PANIQUE !
    du coup, je lance Lightzone en urgence et… OUF, ça fonctionne toujours.
    Je vérifie quand même le calendrier… non, non, on n’est pas le 01/04.
    Volker, faut pas faire des frayeurs comme ça, pas bien :-/

  2. @Christophe : après recherche, il s’agit d’un gros bogue de la version Mac, intervenue après des mises à jour du moteur Java. Il faut la version 3.9.2 pour remédier à ce problème, mais cette mouture est désormais introuvable, tous les liens vers le site de Lightcrafts étant cassés…

  3. @COULEUR-ICC : pour être honnête, il s’agit d’un produit que j’ai déserté il y a longtemps car le flux de travail proposé ne me convenait pas pour traiter plusieurs photos. De là à me faire piéger, n’ayant pas effectué la dernière mise à jour, pourtant indispensable pour continuer à l’utiliser (jusqu’à une réinstallation éventuelle, car la procédure d’activation ne fonctionnerait sans doute plus…). Ce que je trouve vraiment lamentable : l’absence de communication de l’éditeur qui témoigne d’un certain mépris pour les acheteurs du logiciel.

  4. @Volker
    Je vois bien ce que tu exprimes : la notion de flux et de possibilité de traiter un lot. De toute façon tu connais mon favoris pour le traitement des RAW : capture one pro. Le seul répondant à mon cahier des charges exigeant sur la gestion des couleurs. LZ me permettait juste à expliquer la notion de Zone Sytème aux photographes n’ayant pas connu l’ère argentique. Mais ne cherchant jamais la course à l’armement, j’ai toujours un « vieux » mac me permettant de conserver d’anciens logiciels

  5. Oui, le dédain de la part de cet éditeur a toujours existé. Dommage, car il s’agissait du premier éditeur externe vraiment valable pour compléter Lightroom 1 à l’époque (en dehors de Photoshop).

    Cette histoire est intéressante car elle soulève une question que beaucoup cherchent à éviter : faut-il investir dans des logiciels et plug-ins qui ne sont pas produits par de grands groupes ? En ce qui me concerne : pas d’ambiguité, la réponse est non. Il faut acheter ses logiciels chez les acteurs majeurs de l’industrie – Adobe, Apple, Phase One, peut-être DxO et Bibble – fuir comme la peste les solutions produites par un individuel ou un groupe restreint de développeurs, et éviter de s’encombrer de plug-ins pour les mêmes raisons.

  6. @Gilles : il est malheureusement difficile de connaître la santé financière d’un éditeur de logiciels et l’une des sociétés que tu as cité se trouvait même récemment en redressement 😉 Cependant, tu as raison dans le principe : mieux vaut investir dans un des logiciels leaders et ne pas « bricoler » avec des logiciels développés dans un garage. En regardant de près, Bibblelabs est un exemple de logiciel produit par un « groupe restreint de développeurs » – s’agit-il de la prochaine victime ?

  7. Pourvu que DLC ne soit pas dans la tourmente, la version 6 de Picture window Pro est sur les rails en béta… J’avoue que j’enragerai si ce « confidentiel » annonçait la fin de ce logiciel (excellent à titre perso).

  8. Bonjour,

    Si j’ai bien compris, ce programme exigeait une connexion préalable pour se lancer rendant donc la version encore installée inopérante ?

    Si tel est le cas, je trouve ces méthodes … « préoccupantes » voir anormales. Je me souviens encore (ça ne remonte pas a Ramsès II non plus …) du tollé lors de la découverte de la nécessité d' »activer » un nouveau système d’exploitation… Je suis navré de constater que ce genre de pratiques est, semble t’il, de nos jours totalement entrée dans les moeurs !

    J’essaie d’imaginer quand le constructeur automobile Rover a rencontré des disons …. difficultés, l’intégralité des automobiles Rover vendues et en circulation refusant simultanément de démarrer de bon matin avant d’aller au boulot …

    Comme lu une fois (j’ai trouvé la formule pertinente) après le « client roi » nous sommes réellement dans l’ère du client « otage ». La tronche de la « happy technologie » des fois, j’vous jure …

    A+

  9. @joel : ah bon, la joyeuse bande autour de Jonathan Sachs est toujours active ? ! Et pourtant, Picture Window Pro est un des logiciels d’image des plus discrets 😉
    @Arnault : l’activation en ligne est aujourd’hui une pratique (trop) courante…. pire encore, le « cloud computing » qui confie le stockage des logiciels et des documents à un serveur distant…

  10. @ Volker : Eh oui, toujours active cette équipe (et tant mieux). Certes discrète mais fort compétente (point de vus d’aficionados, donc à relativiser) 😉

  11. @Joel : je pense que j’étais à l’époque le premier francophone à en parler sur le Web (PWP3), mais comme je n’ai pas du tout aimé la gestion des RAW dans PWP4, j’ai laissé tomber. Je viens juste télécharger la V5 et je découvre que les fonctionnalités et l’ergonomie du logiciel n’ont guère évoluées…

  12. Photographe faisant du pack shot basique, et ayant plein de programmes, LIGHTZONE m’ aide bien pour donner facilement un peu / beaucoup de  » peps  » à mes photos commerciales de catalogue . LIGTZONE m’ a aussi servi pour faire du mapping pour du noir et blanc ou du HDR … Un programme très puissant et astucieux ( exemple : fonction RELIGHT avec SOFT LIGHT à 20 % ) …

  13. @Volker : le « cloud computing » est à mon avis un sacré piège a terme. Il y a quelques années, c’était abordé façon chuchotement quand je bossais encore dans l’informatique, d’un coté nous avions des prophètes fanatisés, et curieusement, nous étions de notre coté unanimes pour dire que cela ne sentait pas très bon et étions fort « réservés » …

  14. @Arnaud,

    Effectivement… Seulement, c’est la réponse des éditeurs au piratage. Il y aura certainement des parades pour les tricheurs, mais puisque les gens préfèrent voler au lieu d’acheter… Car le véritable fond du problème est là.

  15. @Arnaud,

    Effectivement… Seulement, c’est la réponse des éditeurs au piratage. Il y aura certainement des parades pour les tricheurs, mais puisque les gens préfèrent voler au lieu d’acheter… Car le véritable fond du problème est là.

  16. @Seb : le piratage, c’est une chose, contrôler les outils de travail des utilisateurs en est une autre. Cela revient à sacrifier (encore) une des libertés qui nous restent…

  17. @Seb :

    Concernant le piratage, je rejoins votre propos : il est vrai que je suis toujours étonné d’un point, a savoir que quand on tombe sur des données « exif », il semble qu’il y ai une très forte utilisations de logiciels de type « photoshop », rarement « elements » a 100 €, souvent « CS quelque chose ». Or, la somme requise pour l’acquisition de la licence permet de s’acheter un bel objectif. A moins que ce dernier ne soit pas disponible en téléchargement ? …

    C’est surtout cette notion de « cloud computing » qui était l’objet de nos inquiétudes entre collègues. Pour l’enregistrement des logiciels, c’etait autre chose. nous avions pris a l’époque l’activation de Win XP comme un truc « curieux », mais il existait de nombreux dispositifs alternatifs (et légaux, nous étions dans le cadre de l’entreprise) et pas vraiment contraignants.

    Mais nécessiter une validation systématique à chaque lancement me parait plus discutable pour ne pas dire inqualifiable.

    Dans l’exemple du logiciel qui est l’objet de cet article, imaginons la version transposée en « matériel » : Quand le constructeur automobile Rover a cessé ses activités « sec », la Rover de ma Tante a quand même démarré le lendemain matin, le jour d’après, etc … Charge a elle de se débrouiller pour la faire rouler dans le futur et d’assurer son entretien vaille que vaille.

    C’est peut-être un sentiment personnel, mais en matière de « nouvelles technologies », je sens de plus en plus qu’y adhérer, c’est accepter de rouler dans les rails qui nous sont (de moins en moins discrètement) imposés…

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