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Livres photo : être édité ou s’autoéditer ?

Le planning de fabrication de votre livre (depuis la conception jusqu‘à l’envoi chez l’imprimeur) risque d‘être très serré, sans vous laisser une grande marge de manœuvre quant aux dates de remise des tirages, des scans ou des autres contributions. D’un point de vue commercial, les grandes maisons d‘édition exercent leur pouvoir de négociation, tant au niveau des délais que des coûts, auprès des papetiers et des imprimeurs, ce qui leur permet d’importantes économies d‘échelle sur le papier, les frais d’impression, de façonnage et autres. L’impression se déroule, d’ailleurs, de plus en plus souvent hors d’Europe mais, quel que soit l’endroit où votre livre sera imprimé, toute modification, une fois la mise en pages achevée, devient compliquée et coûteuse dès lors que les fichiers ont été transmis à l’imprimeur. Il vous faudra donc respecter les délais imposés par l‘éditeur et fournir les éléments tels que demandés au risque de voir le projet prendre du retard et accuser un surcoût. Vous aurez sans doute plus de chances – bien que ce ne soit pas garanti – d‘être associé plus directement au processus de création chez un petit éditeur.

En résumé, lorsque vous vous faites éditer, les décisions à prendre et la responsabilité en dernier ressort appartiennent à l‘éditeur et à l‘équipe de responsables éditoriaux, de graphistes et de commerciaux chargés de votre projet. Le livre présente votre travail, mais il s’intègre dans un cadre plus vaste qui est celui de la vision de la maison d‘édition. C’est un point essentiel qu’il ne faudra jamais oublier. D’un autre côté, votre projet sera pris en charge par une équipe de spécialistes, dont c’est le travail quotidien et sur lesquels vous pourrez vous reposer.

S’autopublier
Le plus gros avantage de l’autoédition, c’est que vous aurez le dernier mot à chaque étape du processus. Vous pourrez travailler avec les graphistes et les prestataires que vous aurez choisis, imprimer sur le papier que vous aurez retenu, reproduire vos œuvres de la manière que vous jugerez la plus appropriée et ne faire que les compromis que vous aurez décidés. Vous pourrez faire coïncider l‘édition du commerce et celle à tirage limité avec vos prochaines expositions, et promouvoir votre livre sur les plateformes et dans les formats de votre choix directement auprès du public visé. C’est sans conteste l’autoédition qui vous offrira les meilleures chances d’arriver exactement au livre dont vous aviez rêvé ; en revanche, vous devrez vous tenir prêt à assumer tous les frais de cette liberté ou à trouver les partenaires financiers vous permettant d’atteindre ce rêve.

Ce qui vous manquera peut-être aussi, c’est l’expérience et les compétences requises pour réaliser exactement tout ce que vous voulez. Pour une première publication, la courbe d’apprentissage sera particulièrement raide. Vous allez réaliser tout seul ce qui nécessite une industrie entière : vous prendrez toutes les décisions et empocherez tous les bénéfices, mais vous devrez régler toutes les factures. En d’autres termes, vous obtiendrez le livre que vous voudrez, mais vous devrez payer d’avance les coûts à chaque étape du processus d‘édition, en comptant sur les revenus tirés des ventes du livre et, dans l’idéal, des ventes de tirages d’art générées par le livre. Vous devrez gérer suffisamment tôt les questions de vente et de diffusion afin de ne pas devoir stocker l’ensemble du tirage chez vous. Contactez des associations, des organisations professionnelles ou à but non lucratif en rapport avec votre sujet afin de leur proposer d’acheter votre ouvrage en volume à un tarif préférentiel. Vous pouvez également lancer une souscription, avant même que le livre ne soit imprimé. Quiconque présente un rapport avec le sujet ou le projet devient un partenaire potentiel en termes de ventes et d’expositions.

Préparez un plan d’action pour la promotion du livre, et de toute exposition en lien avec lui. Vous devrez agir comme votre meilleur agent de relations publiques, que vous fassiez ou non appel à un spécialiste pour s’occuper de cette campagne. Il faudra contacter les magazines et les médias, papier et en ligne, leur présenter l’ouvrage, et gérer d‘éventuelles présentations d’extraits, interviews, etc., mais aussi utiliser les réseaux sociaux pour donner un maximum de visibilité au livre. Bref, les compétences nécessaires pour s’autoéditer sont multiples. Vous serez tour à tour éditeur, graphiste, responsable prépresse, chef de fabrication, responsable logistique, diffuseur, directeur des ventes et attaché de presse. Chacune de ces tâches peut occuper un poste à temps plein, et anticiper les contraintes logistiques sera déterminant pour votre réussite.

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Cet article est extrait de “Photographes, publiez votre livre photo !” de Darius D. Himes et Mary Virginia Swanson (traduit de l’anglais par Dominique Dudouble), à paraître aux éditions Eyrolles (224 pages, 26 euros, ISBN : 978-2-212-13381-3). L’ouvrage décrit le processus complet de réalisation, de promotion et de diffusion d’un livre de photographie que l’on souhaite s’autoéditer ou confier son projet à un éditeur.

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7 commentaires “Livres photo : être édité ou s’autoéditer ?

  1. Bonjour nikkochap,

    pourriez vous me communiquer le nom de l’imprimeur qui serait d’accord pour travailler avec des particuliers à paris ? merci

  2. Pingback: Les liens photo - Février 2012 | sfphotos.fr

  3. Bonjour, je lis votre article avec intérêt mais je pose la même question que les précédents lecteurs : quel imprimeur sur Paris accepte de travailler avec des particuliers.
    Merci d’avance
    Rose

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