Questions Photo

Logiciels d’image : quoi de neuf ?

La Photokina 2012 n’est pas seulement une vitrine publicitaire pour les fabricants de matériel photo, mais elle permet également aux éditeurs de logiciels de présenter leurs nouveaux produits.

À la fois producteur de matériels et de logiciels, Phase One propose depuis peu une remise alléchante pour ses logiciels Capture One Pro et Capture One Express. À l’occasion de la Photokina et jusqu’à nouvel ordre, l’éditeur danois offre une remise de 50 % sur ses logiciels, commercialisés respectivement à 34,50 et 114,50 euros HT. Si ce geste particulièrement généreux vise sans doute à contrer l’offensive de Lightroom 4, il est aussi le signe avant-coureur de la sortie prochaine de la septième mouture du logiciel.

 


Capture One Pro : enfin descendu au niveau tarifaire de Lightroom.

L’éditeur canadien ACDSee s’apprête à lancer une sixième version de son gestionnaire d’images et catalogueur ACDSee. En attendant, il propose sur son site et jusqu’au 22 octobre 2012 ses logiciels ACDSee Pro 5 (Windows) et ACDSee Pro 2 (Mac) à 45 ou 15 euros TTC.

La sortie de Cyberlink PhotoDirector 3 coïncidait avec le lancement de Lightroom 4, réduisant ses ventes à une peau de chagrin puisque le prix demandé par les plagiaires de l’interface utilisateur de Lightroom dépassait celui de l’original ! L’éditeur taïwanais vient de sortir PhotoDirector 4, quatrième mouture d’un logiciel trompe-l’oeil dont l’interface utilisateur continue à emprunter de nombreux éléments à celle du logiciel phare d’Adobe.PhotoDirector 4 Ultra, désormais disponible pour Mac et Windows, est vendu à 100 euros TTC sur le site de l’éditeur alors que le même logiciel, augmenté d’un module d’édition vidéo (ColorDirector Ultra), est commercialisé à 140 eurosTTC.


Être ou paraître – bien que PhotoDirector 4 se frotte à Lightroom 4 pour ce qui est de l’interface utilisateur et une partie des outils de développement globaux et locaux, le logiciel taïwanais est encore très loin de l’original.

Malheureusement, le logiciel n’est pas des plus rapides (testé sur Mac OS 10.7.5, MacPro 2010 Quadcore 2,8 GHz avec 16 Go de RAM) et s’il impressionne au premier abord par ses nombreux outils de correction et de retouche, il pêche notamment par une qualité d’image médiocre (récupération des hautes lumières et tons foncés, traitement du bruit). Bref, à éviter si vos tenez à la qualité de vos images…

Pour ce qui est de la qualité d’image, PhotoDirector 4 et Photo Ninja sont aux antipodes l’un de l’autre. Ce dernier, successeur au célèbre plug-in Noise Ninja et récemment sorti dans une première version, offre une excellente qualité de conversion, le plaçant immédiatement dans le peloton de tête des logiciels de conversion RAW. Tout juste pourrait-on lui reprocher une architecture spartiate puisqu’exclusivement consacrée au développement des fichiers bruts. Mais si vous êtes à la recherche d’un rendu alternatif, vous pouvez l’utiliser conjointement avec Aperture, Lightroom et Bridge. L’éditeur annonce la sortie prochaine d’une mise à jour, Photo Ninja 1.1, autorisant le traitement par lot et proposant un plug-in pour Photoshop. N’hésitez pas à télécharger une version d’essai, limitée à 14 jours, pour découvrir l’excellent rendu par défaut de Photo Ninja (couleurs, récupération des hautes lumières et tons foncés, netteté et traitement du bruit). À signaler que le logiciel est encore seul à incorporer la troisième génération du moteur de traitement de bruit Noise Ninja, à même de produire des images d’une texture agréablement naturelle.


Bien que trop rudimentaire en tant que logiciel indépendant, Photo Ninja est un excellent plug-in de développement RAW pour Aperture, Lightroom et Bridge. Ses algorithmes de dématriçage figurent parmi les meilleurs du marché.

Faut-il se faire des soucis pour l’avenir d’AfterShot Pro ? À en croire le vent de panique qui souffle depuis deux mois environ dans les forums consacrés à ce logiciel de flux de production, AfterShot Pro vivrait ses dernières heures, suite au licenciement de l’ancienne équipe de développeurs de Bibble, basée au Texas. Le divorce serait-il lié au projet de Corel de changer l’architecture du logiciel pour que celui-ci puisse ainsi bénéficier de la puissance de calcul de la carte graphique ? Quoi qu’il en soit, je ne regrette pas vraiment la dissolution de l’ancienne équipe de développement. Suite au départ d’Eric Hyman, père de Bibble, les développeurs, visiblement désorientés, ne parvenaient plus à faire évoluer Bibble dans la bonne direction, provoquant successivement sa mort et sa résurrection sous un nouveau nom. Si AfterShot Pro offre enfin une stabilité et une qualité d’image dignes d’un logiciel à vocation professionnelle, il faut tout de même craindre la disparition prochaine de sa version Linux et celle des plug-ins dédiés, vu que les développeurs sont pour la plupart inféodés à l’univers du logiciel libre. Et quid de l’avenir du plug-in Noise Ninja qui intègre désormais un produit concurrent direct, Photo Ninja ?

AfterShot Pro : pour le faire durer sur un marché concurrentiel, Corel doit communiquer et travailler davantage, notamment pour la prise en charge de nouveaux formats RAW.

Signalons aussi la disparition officielle d’IDImager, catalogueur d’images puissant, mais souffrant d’une ergonomie quelque peu contrariante. Le développeur néerlandais vient de lancer son successeur, Photo Supreme, lequel s’adresse à un public plus large. Malheureusement, à l’heure actuelle, Photo Supreme n’est encore qu’une version bêta boguée, vendue à prix fort, de quoi désappointer les utilisateurs d’IDImager. Pour ma part, je viens d’installer la version de Photo Supreme et je ne suis pas parvenu à importer mes images à l’intérieur de la base des données.

Le rachat de l‘éditeur germano-américain Nik Software par le géant Google est également une des grandes nouvelles plutôt inquiétantes de cette rentrée 2012. Google est sans doute plus intéressée par le logiciel grand public Snapseed, concurrent crédible d’Instagram (récemment rentré dans le giron de Facebook) que par les fabuleux plug-ins pour Aperture, Lightroom et Photoshop. De quoi s’inquiéter de l’avenir de ces outils, plébiscités par nombreux photographes sociaux. Espérons seulement que les dirigeants de Google sont suffisamment intelligents pour reconnaitre l’intérêt de SilverEfex Pro 2, Viveza, Sharpener Pro et co. Après tout, ils sont vendus à des tarifs qui sont à la hauteur de leurs nombreux atouts. Wait and see…

 

 

 

 

10 commentaires “Logiciels d’image : quoi de neuf ?

  1. Analyse intéressante, mais pourquoi avoir omis Aperture qui, pour l’instant, n’est pas abandonné, et, surtout, celui qui va probablement devenir le champion en qualité d’image absolue, c’est à dire DxO ?

    Je reviens sur ID Imager qui avait le potentiel d’être un digne successeur d’Expression Media et pour lequel, d’ailleurs, je devais traduire l’interface en français (bien m’en a pris de ne pas me lancer, vu l’avenir incertain – je ne m’étendrai pas sur les compensations proposées, assez minables par rapport à l’ampleur de la tâche). Le gros défaut de ce catalogueur est d’être pris en charge, développé et maintenu quasiment que par une personne unique, ce qui n’est pas une solution viable à long terme. Je prendrai pour exemple iMatch, au début des années 2000, qui était un catalogueur ambitieux et performant, très professionnel, ouvert aux scripts, mais qui n’est développé que par une seule personne et qui, devant l’ampleur du travail, n’a pas su prendre le virage de la modernité qu’on trouve aujourd’hui dans des applications comme Lightroom.

    Alors certes, on pourrait critiquer l’hégémonie du logiciel d’Adobe mais, d’un autre côté, la qualité est au rendez-vous et, sur le long terme, ne vaut-il pas mieux faire confiance à un gros industriel ?

  2. @Bonjour Gilles : j’avais omis Aperture et DxO Optics Pro pour des raisons évidentes (pour l’instant, Aperture 4 et DxO Optics Pro 8 tardent à venir et View Point fait l’objet d’une annonce séparée). Je suis d’accord avec toi en ce qui concerne les logiciels développés par une équipe minuscule (le développeur étant souvent aussi le Pdg et la comptable), surtout compte tenu de l’hégémonie d’Adobe. Mais tu le sais aussi bien que moi, il existe autant de manières d’aborder le flux de travail qu’il existe des photographes et on peut très bien faire confiance à des produits plus confidentiels dès lors qu’ils sont que complémentaires à d’autres plus conséquents. Exemples : Ingestamatic en tant que gestionnaire d’importation, plugins Nik en tant que modules externes pour Aperture, Lightroom ou Photoshop, etc.). Volker

  3. Bonjour.

    IDimager reste – c’est personnel – le meilleur catalogueur et de loin. Certes, la prise en main n’est pas simple, mais ça en vaut la peine. En fait, pour qui (comme moi) cherche à tenir à jour un catalogue en .jpg, les possibilités d’IDi sont fantastiques. Qu’il ne soit plus développé n’est qu’accessoire : bien sûr, des fonctions seront obsolètes mais – sauf à voir changer la structure des .jpg et/ou du langage XMP -, le balisage sera toujours faisable, IDi étant un des seuls outils (sinon LE seul) à permettre une édition complète des balises IPTC/XMP. De quoi le mettre à jour si de nouvelles entrées font leur apparition via l’IPTC…

    Quant à Supreme, je rejoins l’analyse de l’auteur : c’est bogué jusqu’aux oreilles et, pour l’avoir testé, c’est pour l’instant au moins, un aimable jouet qui peut amuser les gosses. Rien de plus.

    Sinon, Daminion semble prometteur. A suivre ?

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