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Macrophotographie : utiliser des objectifs d’agrandisseur (1)

Choisir un objectif d’agrandisseur pour la macro

La focale d’un objectif d’agrandissement est traditionnellement associée au format du négatif. La surface de ce dernier doit être intégralement couverte par l’objectif, sans produire un vignetage dans les coins de l’image. Pour le format 24 x 36, on préconisait une focale de 50 mm, pour les formats 4,5 x 6, 6 x 6 et 6 x 7 cm, des focales de 75, 80 et 90 mm. À noter aussi la présence d’objectifs grands-angles (Rodagon-WA ou Apo-Componon HM), permettant d’obtenir des rapports d’agrandissement plus élevés sans pour autant augmenter la longueur de la colonne d’agrandisseur.

Beaucoup de photographes restent très attachés à leurs marques fétiches, portant à nues leurs produits préférés et vouant aux gémonies ceux ne trouvant pas grâce devant leurs yeux. Pour citer deux exemples, l’Angénieux 48G-10 48 mm f/4 et les Leitz Focotar WA  40 mm f/2, 8 et Focotar-2 50 mm f/4, 5 commandent toujours des prix impressionnants sur le marché d’occasion alors que les Meopta Meogon-S 50 mm f/2, 8 et Meogon 50 mm f/5, 6, de performances optiques tout aussi exemplaires, sont parfois bradés à des prix dérisoires. Certains utilisateurs ne jurent que par les performances des objectifs apochromatiques — mais lorsqu’il faut dépenser plusieurs centaines d’euros pour les acquérir, on peut sérieusement s’interroger sur leur intérêt pour la macrophotographie puisqu’il existe déjà d’excellents objectifs macro permettant de travailler beaucoup plus confortablement ! Heureusement, les objectifs d’agrandisseur les plus répandus (Rodagon, Componon-S, Nikkor-EL, Meogon, Neonon, etc.) offrent de très bonnes performances, sous condition de choisir un modèle à 5 ou 6 lentilles. En revanche, évitez les modèles à 4 (moins homogènes et proposés à des prix d’occasion équivalents) et 3 lentilles. Ces dernières nécessitent une fermeture du diaphragme à f/11 pour produire un piqué satisfaisant — or, à cette valeur d’ouverture, la diffraction commence déjà à annihiler les fins détails du sujet…

Canon EOS 5D Mark III, objectif d’agrandissement Nikkor-EL 50 mm f/2,8 + tube allonge hélicoïdal, 1/80 s à f/8, 800 ISO (éclairage au flash annulaire Canon MR-14 EX). Pour saisir cette araignée crabe minuscule, j’ai opté pour une focale de 50 mm, permettant d’obtenir un rapport de reproduction plus important. En revanche, la distance de travail se réduit comme une peau de chagrin, nécessitant de positionner la lentille frontale à quelques centimètres seulement du sujet. Heureusement, celui-ci a été très patient.

  •  La focale de l’objectif détermine à la fois les rapports de reproduction minimaux et maximaux que vous pouvez obtenir en associant l’objectif à un soufflet macro, des tubes-allonge ou un tube hélicoïdal. Il est alors parfois possible d’obtenir une mise au point à l’infini avec des objectifs d’agrandisseur conçus pour les grands formats (80, 90 mm ou plus) alors que les objectifs d’une focale de 50 mm ou moins se prêtent à merveille à des rapports de reproduction supérieurs entre 1 et 3 fois, et même au-delà s’ils sont montés à l’envers.
  • De manière générale, la distance de travail est proportionnelle à la focale de l’objectif. Il est donc plus facile de photographier des sujets craintifs avec un objectif à focale plus longue et l’éclairage est également plus aisée.
  • La focale influe aussi sur le rendu de l’arrière-plan : plus elle est longue, plus l’arrière-plan est compressé et plus celui-ci parait flou. Avec un 80 mm, il est  plus facile d’obtenir un arrière-plan « neutre » (qui ne détourne pas le regard du sujet principal) alors qu’avec un 50 mm cela s’avère plus difficile.
  •  Rappelons que la pleine ouverture d’un objectif d’agrandisseur sert en premier lieu à la mise au point. Un objectif ouvrant à f/2,8 est donc plus facile à utiliser qu’un autre ouvrant à f/5,6 même si ce dernier offre parfois un piqué homogène sans avoir à fermer le diaphragme.
  • Si possible, privilégiez des objectifs à conception moderne dont les lentilles sont traitées multicouche. Le plus souvent, ils offrent un pouvoir de contraste plus élevé  en plus d’une meilleure protection contre le flare et les images fantômes. Cependant, n’attendez pas des miracles. Le revêtement antireflet des objectifs d’agrandisseur est le plus souvent moins sophistiqué que celui des objectifs de prise de vue.
  • Un dispositif de présélection facilite la mise au point ; il permet de faire le point à pleine ouverture puis de fermer rapidement le diaphragme à l’ouverture de travail.
  • Si la plupart des objectifs d’agrandisseur possède une monture à filetage « Leica » (M 39), facile à adapter sur un dispositif de mise au point, certains sont dépourvus d’un filetage avant pour le montage à l’envers. Cela étant dit, ce dernier ne s’impose que pour atteindre des rapports d’agrandissement plus importants avec des objectifs à formule dissymétrique.

À suivre. Dans la prochaine et dernière partie de cet article, je vous présenterai comment adapter les objectifs d’agrandisseur sur un boitier et comment les employer sur le terrain. Rendez-vous dans quelques jours !

3 commentaires “Macrophotographie : utiliser des objectifs d’agrandisseur (1)

  1. Article intéressant.
    J’aurais aimé qu’il nous informe également de la manière d’adapter ces objectifs sur nos boitiers.

    Je possède un Nikon 50mm 2.8 d’aggrandisseur, et j’ai un Nikon D750

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