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Nikon Capture NX-2 : chronique d’une mort annoncée

Parallèlement à la sortie du Nikon D4s, remplaçant du boîtier professionnel D4, Nikon a également annoncé le développement d’un nouveau logiciel de développement RAW, censé remplacer Nikon Capture NX2.

De nombreux utilisateurs de Nikon Capture NX2 réclamaient une nouvelle version du logiciel qui n’était plus développée depuis des années si on fait abstraction d’une poignée de mises à jour de maintenance pour assurer la prise en charge de nouveaux boitiers Nikon. Le nouveau logiciel phare est donc très attendu, bien que le rang des nikonistes compte déjà des milliers de déserteurs ayant rejoint Lightroom, Photoshop, Capture One Pro, Aperture et DxO Optics Pro. Nikon Capture NX-D serait-il donc en mesure de reconquérir les fidèles à la marque jaune ? Hélas, le nouveau logiciel phare du fabricant nippon, baptisé au doux nom Capture NX-D, n’est pas vraiment destiné à remplacer Nikon Capture NX2. Celui-ci est très apprécié pour ses corrections locales et notamment les points de contrôle U-Point, inventés par Nik Software et encore inégalés en ce qui concerne leur précision et facilité de mise en œuvre. Alors que Capture NX2 est payant, Capture NX-D sera proposé gratuitement, à l’image de Nikon View NX2, explorateur de fichiers évolué qui est actuellement fourni avec les boitiers de la marque.

L’interface utilisateur de Capture NX-D s’inspire à la fois de celle de Silkypix et View NX2. Si vous avez une configuration biécran, l’image sélectionnée s’affiche automatiquement sur le second écran.

Capture NX-D tient compte des réglages du menu de l’appareil et permet de créer de nouveaux rendu (ici la boite de dialogue Picture Control Utility).

Capture NX-D n’est actuellement proposé que sous forme de version bêta publique, la version finale étant attendue  dans quelques mois. Le logiciel ne peut pas renier ses origines, beaucoup moins nobles que celles de Capture NX2. En fait, il s’agit ni plus ni moins d’une version OEM de Silkypix, logiciel déjà utilisé par d’autres fabricants japonais. Adoptant une nouvelle interface utilisateur au look sombre, Capture NX-D ressemble aussi vaguement à View NX2 : une grande fenêtre centrale est dédiée à l’aperçu de l’image sélectionnée et deux panneaux latéraux accueillent le navigateur de fichiers (à gauche) et les palettes d’outils (à droite). La nouvelle disposition favorise l’affichage biécran, d’autant plus qu’il est possible de détacher les palettes d’outils pour les rendre flottantes. Les outils de correction ne suscitent guère l’enthousiasme : s’il existe des commandes pour corriger les couleurs (balance des blancs, saturation, LCH), les tonalités (exposition, luminosité, contraste, protection des hautes lumières et tons foncés, D-Lighting, Niveaux et courbes), la netteté (USM), le bruit et les défauts optiques (aberrations chromatiques latérales et longitudinales, distorsion et vignetage), le logiciel n’offre aucune correction sélective. Certes, c’est avant tout une question de brevets, due au passage de Nik Software au giron de Google, mais cela montre bien que les ambitions du logiciel sont bien plus modestes que celles qu’avait son prédécesseur à sa sortie.

Le logiciel offre un module d’impression (ici lla boîte de dialogue Préférences montrant les réglages pour la gestion des couleurs) et il est possible de choisir un éditeur externe (avec pour choix par défaut Nikon Capture NX2).

Si Capture NX-D intègre quelques modifications pour s’adapter aux besoins spécifiques de Nikon (intégration du moteur de développement RAW natif, ajout de fonctions spécifiques aux boitiers de la marque [D-Lighting, Picture Control] et système de notation de Capture NX2), il s’agit toujours d’un clone de Silkypix, logiciel finalement peu inspiré et situé à des années de lumière des ténors actuels. Plus grave encore, la migration vers un système de fichiers annexes alors que les modifications étaient jusque-là incorporées aux fichiers NEF. Les paramètres appliqués dans l’ancien logiciel ne seront donc plus reconnus dans le nouveau ! Pour les derniers utilisateurs fidèles de Capture NX2, l’annonce de Capture NX-D est donc plutôt une mauvaise nouvelle qui ressemble à un cataclysme et une véritable rupture. La discontinuation du logiciel les obligera à envisager tôt ou tard des alternatives pour le développement de leurs fichiers RAW. C’est dommage car le remplaçant de Capture NX2 aurait pu marquer un nouveau départ…

Vous pouvez télécharger la version bêta de Nikon NX-D à partir de  cette page.

 

6 commentaires “Nikon Capture NX-2 : chronique d’une mort annoncée

  1. Oui effectivement utilisateur de longue date de software Nikon (depuis Capture 4) et appréciant énormément les U-points je vous rejoints sur le fait que c’est un vrai cataclysme et rejoint totalement votre analyse … encore un virage raté… finalement quitte à changer pour rester chez nikon au fond …

  2. Je rejoins votre analyse, utilisateur de capture NX1 puis capture NX2, j’ai du mal à comprendre la politique de Nikon qui est en régression, utilisant énormement les U_points en faire abstraction est une hérésie,

  3. La marque Nikon est vraiment décevante et très en dessous de son renom avec une telle politique. Plutôt que nous proposer un avorton, pourquoi ne pas continuer à maintenir CNX2 qui est encore un logiciel largement dans le coup pour ceux qui savent bien l’utiliser. Google l’interdit-il ? Un peu de communication de la part de Nikon serait la bienvenue pour comprendre cet abandon radical, car la version D ne mérite vraiment pas le nom de Capture NX !

  4. Ce capture NX-D n’est pas fameux, c’est une version OEM de SilkyPix avec plein de trucs en moins mais organisé un peu différemment.. mieux ou moins bien que SP ? C’est selon, mais c’est sûr que les adeptes de NX2 ne s’y retrouveront pas.
    NX-D gratuit : pas sûr, car il y a bien une rubrique licence avec un champ à remplir. De toute façon, la question n’est pas vraiment là, la question est surtout que ce nouveau soft n’est pas génial. Redressement de perspective ? Rien ! U-points : nada ! Etc.. Si on ne possède pas la toute dernière génération de machine, logiciel lourd et lent. Alors que tout le monde (enfin presque) va vers le mieux, Nikon prend le chemin inverse. Mieux vaut passer à une autre solution logicielle.
    @Patoche21 : nikon n’a jamais su bien communiquer : pb sur D800, pb sur D600, backfocus du 28/1.8 AFS etc.. la liste est longue.

  5. Bonjour.
    J’appartiens à la minorité de ceux qui utilisent NX2 en usage professionnel. J’en apprécie particulièrement les U points et la capacité d’inverser la courbe pour créer des effets spéciaux. Pour le reste, c’est plus qu’un dérawtiseur propriétaire, c’est un éditeur d’images autorisant un flux de travail en RAW dont le seul vrai défaut est l’absence de fonction de bibliothécaire autre que manuelle.
    Voici un bout de temps que j’utilise DXO optics pro avec son plug in FP4, l’imitateur de pellicules, et je tente de trouver un bibliothéqueur qui ne fasse pas perdre les modifications apportées dans DOP en flux RAW. Pour l’instant, Lightroom est une solution temporairement retenue mais il est idiot d’utiliser un moteur de dématriçage pour gérer une base de données. Qui plus est, il faut parler le Adobe couramment et sans accent…

    La politique de Nikon peut peut être s’expliquer et manque peut être simplement de communication: comme Patoche 21 que je suis heureux de retrouver ici, je pense que le problème est là.
    Presque plus aucun gros consommateur, amateur ou professionnel, n’utilise CNX2 qui aurait besoin, parait il, d’être réécrit dans un langage de programmation modernisé.

    Nikon semble le savoir et faire le deuil de sa suite logicielle haut de gamme parce que tous les gros clients sont déjà partis vers des logiciels externes. Alors tout se passe comme si la firme se recentrait vers son métier d’origine: de l’optique, des boitiers à planter les clous dans les murs, et le nécessaire d’électronique pour survivre à l’ère du numérique. Au diable un bureau d’études pour fabriquer un éditeur d’images devenu probablement plus coûteux que rentable.
    Pour les amateurs qui ne savent pas ce qu’est un flux de travail en RAW, le futur machin dégradé suffira largement: il s’agit d’une clientèle majoritaire écrasante qui capture en jpeg direct et ne retouche pratiquement pas. Quant à classer… on voit les comportements: il s’agit de vider la carte mémoire, en attendant qu’elle soit pleine, on promène son compact et on partage les images via le dos !
    Alors simplement, le futur machin dégradé ne semble plus digne du nom de famille Capture NX. Quand les Yens sont en jeu, la dignité…

    Mon gros souci est de récupérer un téra-octet d’images traitées par CNX2 si le futur machin ne conserve pas les modifications apportées au fil du temps, sous prétexte que CNX2 ne fabriquait pas de side cars mais intégrait tout dans l’enveloppe du RAW. Comme en plus le mot « DNG » ne fait pas partie de son vocabulaire, voilà qui impose de convertir les images anciennes en fichiers bit map (RVB), ce qui sous entend que toute future reprise de traitement sera un peu destructrice. De plus, pour bénéficier des 14 bits d’encodage des RAW, qui autorisent un presque HDR mono-image, il va falloir sauvegarder en TIFF 16 bits.

    Sorti d’un D4, un RAW = environ 30Mo. Le TIFF 16 bits correspondant: 92 Mo. Achetez des actions chez les fabricants de disques durs externes !!! Et je pourrais parler du D3x, c’est pire, mais pas du D800.

    A quelque chose malheur est bon: un jour ou l’autre, je vais compléter mon équipement par un outil non agressif, un Leica M. Celui ci ne s’est pas ennuyé à faire un RAW propriétaire: il se concentre sur ses optiques au point que l’on ne sait plus si elles sont faite pour l’argentique ou pour le numérique tant elles arrachent, et il sort en DNG. Et ça, CNX2 ne sait pas le traiter.

    A propos de Leica, je crois qu’ils ont montré une voie qui sera suivie: se consacrer à son métier et ne pas tenter de concurrencer les fabricants de logiciels « flux de travail en RAW ». C’était prévisible, j’ai anticipé car il faut du temps pour dompter un logiciel, ça va faire mal aux archives de ceux qui s’habillent chez Nikon et qui ont intérêt à migrer en douceur et en TIFF tans que les windows et OS X supportent CNX2, mais je crains que CNX2 ait été une exception parmi les modestes dérawtiseurs « propriétaires ».

    Toute opinion contraire m’intéresse.

    Amicalement à tous
    Rémi

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