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Objectifs : dix mythes qui ont la vie dure

Un objectif pour appareil hybride est plus petit que son alter ego pour appareil réflex

Les fabricants d’appareils hybrides n’ont de cesse de répéter que les objectifs dédiés sont à la fois plus petits et plus légers que ceux des appareils réflex numériques. En fait, l’absence du miroir réduit le tirage mécanique de façon importante et permet de construire des objectifs télécentriques et parfois plus compacts. Cependant, les dimensions d’un objectif dépendent d’un certain nombre de facteurs parmi lesquels les plus importants sont la focale et la luminosité maximale. De même, l’intégration d’un stabilisateur d’image, d’un moteur de mise au point et d’une interface de communication entre l’objectif et le boitier influent également sur le gabarit d’un objectif, relativisant quelque peu les différences en termes de dimensions et de poids. Ainsi, les objectifs Sony Vario-Tessar 16-35 mm f/4, 24-70 mm f/4 et 70-200 f/4 sont tout aussi encombrants que leurs alter ego chez Canon alors que leur poids plus réduit leur donne un certain avantage. Pour obtenir des objectifs à la fois plus petits et plus légers, il faut investir dans un système à capteur plus petit : les boitiers hybrides au format APS-C (Canon, Fujifilm, Samsung, Sony), Micro 4/3 (Olympus, Panasonic) et CX (Nikon) se contentent tous d’objectifs plus faciles à transporter.

Bien que conçu pour un appareil hybride, l’objectif Sony 24-70 mm f/4 est même un peu plus long que son alter ego chez Canon, l’EF 24 -70 mm f/4.

Un capteur aux dimensions plus petites permet de construire des objectifs plus compacts : malgré sa grande ouverture, le Panasonic 12-35 mm f/2,8 ne mesure que 74 mm en longueur.

Un téléobjectif est aussi long que sa focale

De manière générale, l’augmentation de la focale d’un objectif entraine également une augmentation de sa longueur physique. On pourrait donc penser qu’il existe une corrélation directe entre les deux variables. Heureusement, la longueur d’un téléobjectif de 200 mm n’est pas égale à 20 cm ! Contrairement à un objectif à longue focale (qui nécessite un tirage équivalent à la focale), un téléobjectif intègre une ou plusieurs lentilles divergentes qui permettent de déplacer le plan principal vers l’avant de l’objectif et donc d’en modifier le tirage pour une contraction plus compacte. Un véritable téléobjectif est donc toujours plus court que sa focale. Pour ne citer qu’un seul exemple, le nouveau Nikon AF-S NIKKOR 300mm f/4E PF ED VR ne mesure plus que 14, 8 cm et ce, pour une focale deux fois plus grande ! Un objectif « traditionnel » tel que le Samyang  400 mm f/6, 3 à présélection est en revanche presque aussi long que sa focale.

Grâce à sa formule optique d’objectif télé et sa lentille fresnel, le Nikon AF-S Nikkor 300 mm f/4E PF ED VR bénéficie d’une longueur physique qui est moitié moins importante que sa longueur focale.

Pour une qualité d’image optimale, un Canoniste doit obligatoirement investir dans un objectif de série L

Dans les années 1970, les ingénieurs et spécialistes marketing du fabricant japonais Canon ont réussi un exploit, celui de transformer des objectifs « L » en objets de désir pour photographes amateurs éclairés. Abandonnant les sigles « AL » (Aspheric Lens)  et « FL » (Fluorite Lens) au profit de l’appellation commune « L » (Luxury), le fabricant a regroupé les objectifs les plus performants (et plus onéreux) au sein d’une nouvelle gamme promettant aux photographes des images d’une netteté exceptionnelle. Si la réputation des objectifs « L » est largement méritée, de nombreux photographes sont devenus de véritables « junkies » lorsqu’il s’agit d’investir dans un nouvel objectif, tel est  l’attrait du liseré rouge. Pour ne pas investir plus d’argent qu’il n’en faut, je vous conseille de ne pas céder au chimères de la série L sans avoir étudié au préalable vos besoins réels en matière d’optique. Il ne faut pas  prendre les autres objectifs des gammes EF et EF-S pour des culs de bouteille. Sous condition de ne pas avoir besoin d’une optique aux caractéristiques exceptionnelles, la marque propose de nombreux modèles un peu moins prestigieux mais offrant tout de même des performances optiques dignes d’un « L ». Au final, rien n’est plus frustrant que de trimballer un objectif onéreux, lourd et encombrant lors qu’on préfère voyager léger !

Un objectif « numérique » permet d’obtenir une meilleure qualité d’image qu’un objectif « argentique »

En même temps que les premiers appareils à capteur APS-C sont apparues les premières optiques numériques, spécialement conçues pour rendre justice à la résolution et à la dimension des capteurs. Si la plupart des objectifs en question offrent des performances optiques convenables et des traitements antireflets plus poussés pour réduire le flare et les rayons parasites jouant au ping-pong entre la lentille arrière et le verre de protection du capteur, les objectifs « argentiques », plus anciens, ne sont pas pour autant inutilisables avec un appareil numérique. Bien au contraire puisque certains de ces « vieux cailloux » offrent encore une excellente qualité d’image, et ce, même avec des capteurs à forte densité de photosites. Les utilisateurs d’appareils reflex ou hybrides au format 24 x 36 peuvent donc continuer à utiliser leurs anciens objectifs argentiques, pour peu que ces derniers continuent à leur donner entière satisfaction.

Un objectif Zeiss ou Leica offre toujours une meilleure qualité d’image

Jusqu’aux années 1960, l’optique allemande restait incontestée dans l’univers photo. Mais depuis la découverte des objectifs Nikkor par des reporters de guerre américains et la généralisation de la conception optique assistée par ordinateur, l’optique japonaise a largement rattrapée son retard. Si les noms « Zeiss » et « Leica » évoquent toujours l’excellence, à la fois en termes de qualité optique et mécanique, nombre de ces objectifs sont aujourd’hui conçus et/ou fabriqués au Japon par des  opticiens à la réputation beaucoup moins flatteuse. Que ce soit Canon, Leica, Nikon, Pentax, Sigma, Sony, Tamron ou Zeiss, chaque fabricant « cuisine » avec les mêmes ingrédients (surfaces asphériques, verres à dispersion anomale, etc.),  l’exception allemande n’existe donc pas ! Que certains objectifs teutons réalisent des performances inégalées s’explique aussi par leur imposant cahier des charges qui impose un prix de vente « kolossal » pour un produit au potentiel photographique souvent assez limité…

Si l’Apo Distagon 55 mm f/1,4 Otus offre des performances optiques encore inégalées…

…les prestations du Planar 50 mm f/1,4 sont bien plus modestes.

 

 

 

 

 

 

5 commentaires “Objectifs : dix mythes qui ont la vie dure

  1. Sujet intéressant.
    Mais on note quand même que vous parvenez à indiquer que « la profondeur de champs est tributaire de […] la focale de l’objectif » puis à dire le contraire au paragraphe suivant (« Que vous utilisiez un objectif grand-angulaire ou un téléobjectif […], la profondeur de champ n’est donc jamais modifiée. »

    De même vous prouvez qu’un objectif 28 mm n’est pas toujours grand angle. Ceci est logique et c’est pour cela qu’on précise toujours « en équialent 24×36 ».

    • Bonjour,
      la profondeur de champ ne change pas pour peu que le cadrage reste identique, donc en modifiant la distance de mise au point en guise de compensation 😉
      Mais dans l’absolu, la profondeur de champ change avec la focale – ce n’est donc pas contradictoire.
      Quant à focale de 28 mm, il s’agit d’une notion que vous connaissez déjà mais qui n’est pas connu de tout le monde !

  2. bonjour !

    à diaphragme égal et avec le même capteur (ou film), la profondeur de champ ne dépend que de la zone de l’image sur laquelle est faite la netteté. en clair, si vous cadrez un visage de la même façon avec un 28, un 50 ou un 200, la profondeur de champ sera identique. en revanche, le cadrage de l’image sera forcément différent ! notamment, ce qui est vu en arrière du sujet. c’est pour cela que pour obtenir de « beaux » flous, il faut d’abord jouer sur la taille du capteur ou du film (c’est l’intérêt principal à mon sens des moyens formats et chambres pour le portrait), puis sur le diaphragme (un f4 en 24-36 est très efficace !) et enfin sur la distance entre le sujet et le fond : plus elle est grande, plus c’est flou derrière, quelle que soit la focale !
    ceci dit, merci pour cet article, qui notamment me rassure sur la qualité de mes optiques japonaises 🙂

  3. Certains points sont si bien rédigés qu’ils paraissent crédibles, mais sur le fond très mal rédigés…et donc au final cet article induit autant en erreur que les « idées reçues » qu’il semblent vouloir contredire.

    Des exemples ? Ok, dans l’ordre :
    – point 3 : « Une ouverture de f/2, 8 garantit une profondeur de champ très étroite »
    Le contre-argument est vrai, mais tous les exemples cités font état d’un ouverture encore plus grande ! On ne distingue pas non plus focale fixe ou zoom… non pas que cela ait une incidence, mais vues les ouvertures citées, cela semble dire que le zoom est proscrit !

    – point 4 : « La profondeur de champ est plus étroite avec un téléobjectif »
    Et on y lit : « Que vous utilisiez un objectif grand-angulaire ou un téléobjectif pour photographier un modèle, la profondeur de champ n’est donc jamais modifiée »… là, il faut arrêter !
    Certes, il y a avant : « Sous condition que le sujet occupe toujours les mêmes dimensions dans l’image » mais alors on ne change pas de focale. Du grand n’importe quoi pour dire que si on passe d’un 18-55 à un 55-200, on a le même résultat à 55mm. Franchement, vous prenez les débutants pour des abrutis ?

    – point 5 : « Une focale de 28 mm correspond à un objectif grand-angle »
    OK pour la description… mais bon, dans le contexte, celui qui s’achète un 28mm n’aura pas, me semble-t-il, un compact… sinon, c’est fixe. s’il peut choisir, c’est qu’il a un reflex, et même si c’est un « petit » capteur (APS-C), 28mm sera toujours n grand angle

    – point 7 : « Un téléobjectif est aussi long que sa focale »
    Le texte indique des cas où c’est faux… et d’autres ou c’est vrai

    – point 8 : « Pour une qualité d’image optimale, un Canoniste doit obligatoirement investir dans un objectif de série L »
    Et on explique que, sans série « L », c’est déjà pas mal… mais on ne dit pas, et encore moins ne démontre, que l’on peut faire mieux !!

    Allez, j’arrête, désolé mais c’est vraiment un article pour générer des clics, rien de plus.
    Mais par contre, il pourrait engendrer des idées fausses… le comble : c’est ce qu’il est censé dénoncer :-/

    • Point 3 : ce que les contre-exemples montrent, c’est qu’une ouverture qui peut avoir l’air incroyable sur petit capteur ne l’est en fait pas tant que ça si on la ramène à un référentiel 24×36. En l’occurrence, f/1 sur micro 4/3, ça a l’air exceptionnel jusqu’à ce que tu réalises que ça ne fait « que » de l’équivalent f/2 sur 24×36. Bon, ça reste pas mal dans l’absolu, mais il reste le fait que l’objo f/1 sur micro 4/3 va être ultra mou à cette ouverture, là où y a plein d’objos qui piquent déjà bien à f/2 sur 24×36.

      Point 4 : « sous condition que le sujet occupe toujours les mêmes dimensions dans l’image », ça veut dire qu’il faut se déplacer pour garder le cadrage constant. Autrement dit, pour une taille de capteur et une ouverture donnée, la profondeur de champ dépend uniquement du cadrage. Eh oui. Après, l’impression de flou n’est pas la même, pour les raisons de perspective expliquées dans l’article.

      Point 5 : 28 mm sur APS-C ça fait un équivalent 45 mm en 24×36, c’est pas vraiment ce que j’appelle du grand-angle 🙂 Et c’est encore pire si tu regardes des tailles de capteur inférieures des compacts à objectifs interchangeables (micro 4/3 en crop 2x, Nikon 1 en crop 2.7x, Pentax Q en crop 5.6x…)

      Point 7 : ces deux exemples montrent que l’affirmation « idée reçue » n’est pas toujours vraie. Je ne vois pas où est le problème ?

      Point 8 : Zeiss Otus 😀 Ou sans aller chercher aussi loin, le petit Canon 85 f/1.8 qui est souvent utilisé même par des gens ayant aussi le f/1.2 pour sa compacité et sa rapidité (et son piqué qui n’a pas à rougir de la comparaison).

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