Questions Photo

Composition et couleur en photographie : le flou créatif

mante-05

Réglages de l’objectif

La cohabitation des états « net » et « flou » dans une même image est souvent le résultat d’une profondeur de champ réduite. Lorsque la profondeur de champ ne couvre que le premier plan d’une image, celui-ci se détache clairement d’un arrière-plan flou et gagne en lisibilité. L’utilisation d’une focale plus longue et/ou d’une ouverture plus grande permet d’obtenir les effets les plus prononcés (figures 1, 2 et 3).

Fig. 1

 


Fig. 2

 


Fig. 3

 

Il est également possible de rendre le premier plan flou sans pour autant recourir à des manipulations particulières. Une mise au point sur l’arrière-plan suffit généralement pour rendre floues certaines parties du sujet et pour en produire des interprétations artistiques. Là encore, l’emploi d’un téléobjectif et d’une grande ouverture s’imposent (figures 4, 5, 6 et 7). Une troisième possibilité consiste à utiliser une mise au point volontairement incorrecte pour ainsi produire un effet de flou généralisé (figure 8).

Fig. 4

Fig. 5

Fig.6

Fig.7

Fig.8

 

 

Oser la photo rapprochée : les outils dédiés (seconde partie)

proxi-29

Comment choisir son objectif macro ?

Pensez au premier lieu à vos domaines d’utilisation habituelles : un objectif 30, 35, 40 (APS-C) ou 50 mm (24 x 36) peut se substituer à votre objectif standard et un objectif de 50 (4/3), 60 (APS-C) ou 100 mm se prête parfaitement au portrait, pour peu que vous soyez prêt à sacrifier un peu de luminosité. Si vous comptez photographier des insectes craintifs (libellules, papillons, abeilles, etc.) ou de petits oiseaux, une focale un peu plus longue (150, 180 ou 200 mm) permettra de rester plus en retrait et de réaliser en même temps des flous d’arrière-plan de plus agréables.

Aujourd’hui, la mise au point interne n’est plus un luxe : d’une part, elle autorise une mise au point plus silencieuse et souvent plus rapide et de l’autre, elle n’effraie pas vos sujets de prise de vue tout en facilitant la prise en main de votre matériel de prise de vue. La mise au point AF n’est en revanche pas très utile. Lorsque la lumière fait défaut, elle devient souvent hésitante et/ou imprécise et elle incite souvent à placer votre sujet au plein centre de l’image pour ainsi obtenir une netteté parfaite. Quant à la stabilisation optique à la Canon, bien qu’elle soit moins efficace aux grandissements les plus importants , elle augmente tout de même vos chances d’obtenir des images au piqué irréprochable. Faites aussi attention au grandissement maximal : si la plupart des objectifs macro contemporains accèdent directement à la “grandeur nature”, certains objectifs de conception ancienne (Canon EF 50 mm f/2, 5) ou “conservatrice” (Carl Zeiss Makro-Planar 50 et 100 mm) imposent l’ajout d’un accessoire optionnel pour y parvenir.



Avec l’appareil photo, l’objectif macro est situé au cœur d’un système de prise de vue parfois hautement spécialisé. Souvent, il est intéressant de dépenser un peu plus pour augmenter le confort de travail.

Peut-on investir dans un objectif d’occasion ? Pour ma part, j’ai travaillé pendant plusieurs années avec des optiques antédiluviennes : un Micro-Nikkor 55 mm f/3, 5 des années 1970 et un Canon EF 100 mm f/2, 8 Macro des années 1990. En dépit de certaines contraintes techniques imposées (mise au point à ouverture réelle pour le premièr et barillet à extension linéaire pour le second), les objectifs anciens n’ont pas à rougir lorsqu’il s’agit de produire des images de qualité. Si vous utilisez un appareil Nikon ou Pentax, vous pouvez puiser parmi de nombreuses références encore proposées sur le marché d’occasion. Plusieurs opticiens indépendants (Vivitar, Kiron, Tamron, Tokina, etc.) et fabricants d’appareils reflex argentiques (Konica, Olympus, Mamiya, Fuji, etc.) étaient en fait à l’origine d’objectifs macro très réputés sinon “mythiques” bien que certains utilisateurs et collectionneurs aient une fâcheuse tendance à surestimer leur valeur d’usage pour ainsi faire monter leurs prix sur le marché d’occasion.

Les heureux possesseurs d’appareils réflex Sony ou Canon doivent en revanche veiller à la conformité de l’objectif avec les protocoles de communication établis. Sélectionnez de préférence un objectif qui conserve l’automatisme du diaphragme et la mise au point AF. S’il est possible de cadrer et de faire la mise au point à l’ouverture réelle, ce n’est guère confortable et précis et même contreproductif pour un photographe uniquement habitué à des appareils photo et objectifs modernes.


Oser la photo rapprochée : les bases (première partie)

proxi-09

Distance de mise au point

De manière générale, plus la focale d’un objectif est longue, plus la distance de mise au point sera éloignée pour un grossissement donné. Ainsi, pour réaliser des images à rapport 1 : 1, la distance de mise au point est de 24 cm pour un objectif 50 mm, 31 cm pour un objectif 100 mm et 48 cm pour un objectif 180 mm. Sachez qu’il s’agit de la distance entre le sujet et le plan focal, ce dernier étant le plus souvent marquée d’une icône en forme de cercle barré d’un trait horizontal sur la partie supérieure du boîtier. Alors que la distance de travail puisse paraitre encore plutôt confortable pour un objectif de 50 mm et son convertisseur, elle fait en réalité fuir des insectes un tant soit peu farouches et rend l’installation d’éclairages d’appoint plutôt délicate. Bref, mieux vaut travailler avec un objectif d’une focale supérieure ou égale à 100 mm lorsque vos sujets ne sont pas immobilisés sur le plateau d’un statif de reproduction.




Deux images, prises avec un objectif macro 100 mm, puis avec un objectif macro 50 mm. Si le grandissement de la première image (100 mm macro) est supérieur à celui de la seconde, elle bénéficie aussi d’un rendu plus harmonieux de l’arrière-plan, grâce à l’angle de champ plus restreint de l’objectif utilisé. Canon EOS 5D Mark II, Canon EF 100 mm f/2,8 Macro L IS USM+ bague allonge EF 25 + convertisseur EF 1,4X (première image), Canon EF 50 mm f/2,5 Macro + bague allonge EF 25 + convertisseur EF 1,4X. Flash annulaire Canon MR14EX + Canon 550EX (arrière-plan).

L’emploi d’un appareil à capteur APS-H ou APS-C facilite par ailleurs la prise de vue sur le terrain : pour obtenir le même rapport de reproduction, vous pouvez vous éloigner davantage de votre sujet, gage de discrétion pour immortaliser des sujets remuants. Pour photographier des insectes encore plus farouches, et notamment des libellules, vous pouvez adapter des bagues allonges ou une bonnette achromatique sur un téléobjectif plus long. Une focale plus longue aidera non seulement à contrôler l’apparence de votre sujet mais également celle de l’arrière-plan : plus la focale de l’objectif est longue, plus son angle de champ est restreint et plus l’arrière-plan sera réduit à des tonalités et couleurs agréablement diffuses. Avec un téléobjectif, il est également possible de changer la tonalité de l’arrière-plan via une simple modification de l’angle de prise de vue. Sachez que la profondeur de champ ne change pas avec la focale de l’objectif, pour peu que vous conservez la même taille du sujet et le diaphragme – l’angle de champ est simplement plus restreint, permettant de mieux détacher votre sujet de l’arrière-plan.

Prise de vue rapprochée et profondeur de champ

Au fur et mesure que la distance de mise point diminue, la profondeur de champ se réduit pour ne mesurer quelques millimètres aux grandissements les plus importants. Ne désespérez pas, ce (prétendu) inconvénient peut même devenir un atout considérable lorsqu’il s’agit de diriger le regard sur les parties les plus intéressantes d’une image et/ou de créer de jolis effets de bokeh. Alors que certains prétendent le contraire, la profondeur de champ n’est pas directement liée à la taille du capteur (bien que le cercle de diffusion y joue un rôle important…), mais plutôt à la focale de l’objectif utilisé. Toutes proportions gardées, un capteur APS-C procure une profondeur de champ environ une fois et demie plus grande qu’un capteur 24 x 36, la focale de l’objectif employé étant environ 1,5 fois moins longue que celle d’un objectif 24 ×36 doté d’un angle de champ équivalent. À ouverture et distance de mise au point égales, un appareil à capteur 4/3 et un objectif macro de 50 mm produisent une profondeur de champ deux fois plus importante qu’un appareil à capteur 24 × 36 mm et doté d’un objectif macro 100 mm. En revanche, avec un capteur plus petit, la diffraction compromet plus rapidement le piqué des images : alors qu’il est possible de “visser” le diaphragme à f/16 avec un capteur 24 × 36 sans subir les conséquences néfastes de la diffraction, il faut se contenter d’une ouverture minimale de f/11 (APS-C) ou f/8 (4/3 et Micro 4/3) pour réaliser des images parfaitement nettes. Le choix du diaphragme est alors toujours une affaire de compromis : aux ouvertures les plus grandes, la profondeur de champ est souvent réduite, voire insuffisante, alors qu’aux ouvertures les plus petites, la diffraction réduit la netteté à néant.



Pour restituer toutes les nuances de ce couple de libellules, la meilleure stratégie consiste à aligner le sujet avec le plan focal de l’appareil- bien heureusement, le sujet était ici d’une patience inébranlable ! Canon EOS 5D Mark II, Canon EF 100 mm f/2,8 Macro L IS USM, f/8, 1/250s, 500 ISO. Lumière du jour.

Pour maximiser la profondeur de champ, vous pouvez augmenter la sensibilité ISO de votre capteur (attention au bruit) ou réaliser une série d’images avec pour chacune une mise au point légèrement différente (focus stacking). Malheureusement, cette technique ne se prête guère à des sujets vivants et elle demande une grande rigueur à la prise de vue. Avec certains sujets, il suffit d’aligner les parties les plus importantes avec le plan focal. Les objectifs macro ne permettent pas d’obtenir une profondeur de champ plus étendue. Toutefois, leurs performances optiques accrues contribuent à donner cette (fausse) impression : grâce à une excellente correction des différents défauts optiques, les images paraissent plus croustillantes, rendant la transition entre le net et le flou plus franche.

Nikon D800 ou D800 E ? Comparer le piqué et le moiré des deux boîtiers Nikon

fig1_d800_art1

Quelles différences en netteté standard ?

La différence rencontrée en réglage de netteté 0, clairement en faveur du D800E, n’apparaît pourtant pas évidente aux mesures sur ce même objectif.


Mesures comparatives de piqué, netteté standard

En fait, on peut penser que Nikon dose l’accentuation des deux boîtiers (et celle de Capture NX2, puisque nos mesures se font à partir de fichiers RAW convertis en mode standard) de telle façon qu’après accentuation les images des deux appareils apparaissent plus proches sur le plan de la netteté, même si les détails sont plus “ciselés” sur le D800E sur le test du pont.


Centre de l’image au D800E, netteté standard, visualisation 100 % écran

 


Centre de l’image au D800, netteté standard, visualisation 100 % écran

Sur les bords de l’image (figures suivantes), on voit apparaître de petits lisérés d’accentuation autour des fils électriques, qui renforceront l’impression de netteté sur un tirage papier mais qui peuvent être gênants si on l’on part d’un tel fichier pour un agrandissement géant.


Bord de l’image au D800E, netteté standard, visualisation 100 % écran


Bord de l’image au D800, netteté standard, visualisation 100 % écran

 

 

 

Harald Mante : un grand classique enfin de retour en France

mini_harald

Pour moi, l’appareil photo s’apparente à la machine à écrire d’un romancier ou journaliste : s’il est un instrument indispensable pour l’exercice de notre profession, il n’est pas pour autant digne de faire le sujet d’une discussion plus approfondie. En lui accordant trop d’importance, un photographe se retrouve trop facilement esclave d’une conviction.

Lire la suite

Ateliers Anne-Laure Jacquart – Réglages et composition : comment réussir une bonne photo !

9782212134841

A l’occasion de la parution de ses Mémophoto, Anne-Laure Jacquart vous donne rendez-vous à la Fnac des Ternes ainsi qu’à la librairie Eyrolles, à Paris, les 8 et 9 juin prochains pour 3 ateliers photo. Lors de ces rencontres, elle délivrera moult conseils pour exploiter au mieux les réglages de votre appareil et vous aider dans la construction de vos images.

Lire la suite

La démarche photographique : entre le sujet et l’image

jacquart_terril08

La création visuelle
Nous sommes parfois trop accaparés par l’appareil pour nous rappeler, sur le moment, que photographier consiste avant tout à placer un cadre sur un sujet, à “encadrer une vision”. L‘échelle de prise de vue, la manière de couper le sujet, le type de composition choisie jouent un grand rôle dans la réussite de vos images.

En pratique, sélectionnez les éléments qui servent votre photo par un cadrage adapté et déterminez quelle est la meilleure composition pour exprimer votre idée (un cadrage horizontal, des lignes parallèles au bord du cadre, un sujet centré génèrent, par exemple, une photo beaucoup plus apaisante voire statique qu’un cadrage vertical, des lignes obliques et un point fort décalé vers un angle qui, eux, vous donneront une photo extrêmement dynamique !).

La mise en image
En faisant des choix forts à la fois dans le domaine des réglages et de la composition, vous mettez en image d’une manière bien particulière votre vision, cette idée qui vous était venue devant l’intérêt d’un sujet. L’instant précis où vous déclenchez n’est, en outre, pas anodin. Sachez anticiper, être réceptif, et réactif pour capter la bonne image, au bon moment.

En pratique, n’hésitez pas à réaliser plusieurs variantes de votre photo. Faire le bon choix pour chacun des paramètres en jeu n’est pas facile ! Laissez la place au doute et testez, même, des approches opposées pour trouver la meilleure combinaison possible.

Le duo problème/compromis
Parfois, cela ne fonctionne pas. Peut-être n’avez-vous pas bien jaugé les conditions de prise de vue ? Peut-être certaines difficultés techniques ou graphiques vous empêchent-elles de réaliser une bonne image ? Peut-être, aussi, votre image est-elle réussie mais sans se montrer fidèle à ce que vous souhaitiez exprimer ? Il vous faut alors définir quel est le problème rencontré et reprendre la démarche en modifiant soit votre intention, soit votre mise en image technique ou visuelle.

En pratique, ne vous découragez pas car vous avez fait l’essentiel du travail ! La difficulté que vous rencontrez va sans doute vous amener à trouver une nouvelle idée, encore meilleure que la précédente, ou à mettre en œuvre de nouvelles idées pour réussir votre image. En améliorant de petits détails (cadrage bancal, exposition inadaptée, angle de vue mal choisi, composition déséquilibrée), vous vous dirigerez vers une photo vraiment plus aboutie.

Le magazine Eyrolles
des techniques photo

Animé par Volker Gilbert et publié par les éditions Eyrolles, QuestionsPhoto vous propose des articles de fond sur les techniques photo, mais aussi des actus, des critiques de livres... et des réponses à toutes vos questions !