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Photo Ninja : la qualité d’image avant tout

Les logiciels d’Adobe (Lightroom et Camera Raw) jouent aujourd’hui un rôle dominant sur le marché des logiciels de développement RAW et seuls quelques concurrents sont encore à même de convaincre certains utilisateurs de ne pas adhérer aux outils de l’éditeur californien. Parmi eux, Apple, DxO Labs et Phase One et, dans une moindre mesure, Corel et ACD Systems. L’annonce, début septembre, d’un nouveau logiciel de développement RAW qui aurait une qualité d’image sans précédent, était donc surprenante  à plus d’un titre. L’éditeur à l’origine de l’annonce est une minuscule société dont le seul gagne-pain a été jusqu’ici un plug-in pour Photoshop, consacré à la réduction du bruit : Noise Ninja.

Photo Ninja est censé reprendre le flambeau de Noise Ninja, dont la raison d’être est désormais mise en cause par les logiciels de développement RAW. Ces derniers intègrent pour la plupart des algorithmes aussi puissants et qui compensent les méfaits du bruit plus en amont, dès le dématriçage. Au lieu de proposer une énième version de Noise Ninja, l’éditeur texan a donc décidé de faire table rase du passé. Le nouveau produit phare incorpore tout de même la troisième génération du moteur de suppression de bruit célèbre, tout en offrant les fonctionnalités d’un logiciel de développement Raw. Si vous souhaitez retrouver les fonctions d’un gestionnaire pour l’organisation et le catalogage des images, passez votre chemin. Photo Ninja n’a qu’une seule compétence de base : produire des fichiers Bitmap  de toute beauté à partir de fichiers bruts (RAW ou DNG).  La version actuelle du logiciel  fait l’impasse sur les outils de correction sélective, y compris ceux dédiés au « dépetouillage » et la suppression des yeux rouges et sur le traitement et la conversion simultanée d’un lot d’images. Décidément, c’est un pari très risqué, d’autant plus que Photo Ninja n’est pas particulièrement bon marché et proposé dans une unique version anglophone.

Heureusement, la petite équipe de développement du logiciel s’est penchée sur un aspect du développement RAW qui est finalement au moins aussi important mais assez subjectif : la qualité de conversion. Un peu comme le logiciel hexagonal DxO Optics Pro, Photo Ninja simplifie la correction des images, grâce à un jeu de paramètres initiaux, lesquels analysent automatiquement la tonalité de l’image pour ainsi produire un premier rendu très flatteur qui ne nécessite que peu d’interventions par la suite.

Interface utilisateur

Affichage des métadonnées d’une image. Photo Ninja enregistre ses paramètres de développement au sein d’une balise ou d’un fichier annexe XMP qu’il partage avec d’autres logiciels (Bridge, Lightroom, Capture One, Media Pro, etc.)

L’interface utilisateur du logiciel est assez dépouillée : deux modes d’affichage affichent le contenu d’un dossier sous forme de vignettes (Browser) ou seulement l’image sélectionnée dans la fenêtre principale (Editor). Alors que le navigateur reproduit dans le panneau latéral gauche l’arborescence des dossiers du système, la liste des fichiers favoris ou celle des fichiers récemment ouverts, l’éditeur y affiche l’histogramme et les outils de correction (Adjustments). Le  panneau inférieur donne accès aux vignettes, notes, libellés de couleur et le panneau Metadata affiche les principales métadonnées de l’image sélécrtionnée (TIFF, Dublin Core, EXIF, IPTC, Makernotes et XMP). Photo Ninja ne se prête guère à l’organisation des images. S’il parvient sans peine à récupérer et à afficher les informations XMP à partir de la balise incorporée (TIFF, JPEG ou DNG) ou le fichier annexe (RAW), il ne propose aucun outil pour les modifier, supprimer, rechercher ou filtrer. Tout juste, le logiciel propose plusieurs critères de tri (nom, extension, note, libellé de couleur, marqueur, date de prise de vue, présence ou non de paramètres de développement), destinés à réorganiser l’ordre d’apparition des fichiers dans la grille de vignettes (Browser) ou le panneau Film fixe (Editor).

L’interface utilisateur (Editor).

Vous l’aurez compris, Photo Ninja n’a aucune vocation à rivaliser avec les logiciels de flux de production (AfterShot Pro, Aperture et Lightroom) et ses fonctionnalités sont également en retrait face à Capture One (Pro). Alors qu’il s’agit d’un logiciel de développement de grande qualité, il pêche par une  faible productivité, tout juste suffisante pour traiter  les  quelques images méritant un traitement aux petits soins. Mais même avec une production d’images assez restreinte, la prise en main du logiciel demeure assez déroutante : avant le passage au panneau d’outil suivant, il faut annuler ou valider les réglages effectués – une logique antédiluvienne (traitement modal) qui est heureusement étrangère aux autres logiciels de développement RAW. Il serait donc temps que Picturecode adopte le traitement non modal — dans une version future du logiciel ?

L’interface utilisateur (Browser)

15 commentaires “Photo Ninja : la qualité d’image avant tout

    • L’interêt de Photo Ninja est justement de proposer un rendu différent de celui proposé par le fabricant d’appareils photo 😉

  1. Bel article qui rend ce logiciel appétissant.
    Je trouve que Couleur-ICC pousse un peu, l’article qu’il signale est certes complet, mais celui-ci n’a rien à lui envier, il est simplement présenté sur 5 pages au lieu d’une grande !
    Pour la correction d’optique à décentration et bascule, c’est malheureusement général et ces optiques perdent beaucoup de leur intérêt en numérique, je n’utilise plus le mieux.

    • En fait, Camera Raw 7 et Lightroom 4 corrigent très bien les aberrations chromatiques de mon antédiluvien Canon TS/E 24 mm f/3,5 L, mais il s’agit là des seuls logiciels

  2. Un tout grand merci, VOLKER, pour ce super article !!!
    Je ne peux qu’ approuver : ce qui est étonnant, c’ est que l’ on obtient, à l’ ouverture automatique du fichier, un résultat avec plein de peps ! Intéressant, pour les effets de lumière et surtout de couleurs ( faire le test avec un paysage brumeux ! ). Ceci dit DXO, est quand même, nettement plus neutre. PHOTONINJA est américain, il en rajoute, et, je le comparerais à des enceintes comme des JBL et des BOSE ( ceci, par rapport à des enceintes françaises ou anglaises ).Ceci n’ est pas une critique, juste une appréciation ! Et je trouve intéressant de l’ avoir AUSSI dans sa boîte à outils. J’ ai tiré des 40/60 et les micro détails sont bien présents . Je conseille de l’ essayer, ne fut-ce que pour les encourager dans leur démarche … Je le fais fonctionner sur un MAC 4 coeurs, avec un noyau 32 bits … Encore merci, VOLKER, pour ce partage d’ expérience et bien à toi !
    ALAIN

  3. Merci Volker pour cette très bonne présentation, rigoureuse, détaillée, critique et didactique, ce qui n’est pas vraiment le cas de l’autre article donné en lien plus haut.

    C’est d’ailleurs particulièrement agaçant, lorsqu’on poste un article ou une chronique, de toujours voir un gros malin venir contrecarrer la démarche avec un lien sur le même sujet, soi-disant mieux traité ou que sais-je. C’est vraiment faire preuve de peu de respect pour l’excellent travail réalisé ici par Volker.

    • Oui cet article est vraiment très intéressant mais je dois avouer que je n’apprécie guère votre commentaire, très désobligeant voire injuste et persiffleur sur le « gros malin » etc.. une opinion en vaut une autre et il serait judicieux pour le progrès en général, d’oublier un peu « la pensée unique » ? Quand on livre une analyse, aussi bonne fut elle, en donnant la possibilité de laisser des commentaires (et là BRAVO), on peut s’attendre à quelques trucs pas prévus ?
      V. Gilbert est sans aucun doute quelqu’un d’assez intelligent pour ne pas laisser partager un autre point de vue ou une autre analyse..? Les utilisateurs sont eux aussi assez intelligents aussi pour se faire une opinion au bout et « rendre à César ce qui lui appartient » ?
      Bonne continuation.

  4. Je viens de découvrir cet article après avoir essayé Photoninja.
    C’est le meilleur logiciel de traitement raw que j’ai pu utiliser (lightroom, dxo, capture one, raw photo processor qui est très bien pour son prix, lightzone etc…)
    Des lumières brulées dans lightroom retrouvent vie dans photoninja.
    Le reducteur de bruit est beaucoup plus naturel que tous les autres qui donnent un aspect plastique artificiel aux photos.
    J’ai essayé de prendre des photos surexposées jusqu’à un diaphragme pour travailler comme je le faisait en argentique suivant le zone system. Et bien après traitement les ombres deviennent beaucoup plus nuancées alors que les hautes lumières ne sont pas brulées. On obtient des images au velouté extraordinaire.
    Il manque une meilleure correction des couleurs avec la possibilité de sélectionner une plage dans l’image (prévue dans une future version)
    Il est dommage que la correction des perspectives soit limitée (un outil comme dans retouche pro avec 4 points sélectionnables aurait été bienvenu).
    Mais le plus grand regret est la non prise en charge des boitiers fuji xpro qui ont une dynamique énorme (testée dans lightroom). Un jpeg au ciel brulé retrouve les nuances entre le bleu et les nuages. J’ai été époustouflé.
    Je travaille au leica M9 et le fuji écrase leica dans les hautes sensibilités. Il fait presque jeu égal avec le nikon 700 avec un piqué supérieur.
    Je vais acheter une licence de ce logiciel en attendant avec impatience la version fuji qui est dans les cartons (mais les développeurs hésitent à cause des anciens capteurs fuji abandonnés alors que les capteurs bayer sont nombreux). Tout comme l’équipe photoninja face à photoshop et autres, il est difficile pour fuji de faire face aux poids lourds Nikon, Canon et même Sony(qui a des produits innovants mais aucune constance dans leurévolution) d’être innovant et de survivre. La qualité n’est pas synonyme de reconnaissance et de réussite.
    Alors un conseil aux photographes pointilleux dans le rendu des images, testez ce logiciel extraordinaire.
    j’ai quelques images d’essai que je pourrais fournir à la demande.

    • 100 % d’accord avec vous. J’ai essayé ce logiciel.
      Et le résultat est tout simplement extraordinaire. La capaticité de récupération des hautes lumières est incroyable. La justesse des couleurs est absolument parfaitement.
      Sur le plan du traitement de fichier RAW Il est largement meilleur que tout les autres logiciels notamment Lr 4 (désolé Volker, ça ne va peut-être pas vous faire plaisir).
      Malheureusement je suis aussi de l’avis de Volker, il manque beaucoups d’outils de gestion et de correction, notamment un outil de travail des courbes de couleur en mode RVB et Lab, et un système de gestion simple de plug’in’s (comme dans AfterShot).
      D’ailleurs, Picture Code étant basé à Austin, comme l’était l’ancienne équipe de Bibble/Corel AfterShot, l’idée serait qu’ils se mettent ensemble, et qu’ils nous pondent un super logiciel.

  5. Bonjour à tous et très rapidement !
    Photographe indépendant pro, j’exerce avec du Nikon D3 sur du reportage News, spectacle, sport et illustration soit une post-prod moyenne d’environ 500 images par jour.
    je viens de tester Photoninja.
    Après avoir utilisé Bibble 5 Pro je suis passé à DXO pro 7 et plus dernièrement à la MAJ DXO pro 8
    Première impression sur Photoninja, Excellente, Bluffante ! mais avec un bémol de taille que je n’arrive pas à résoudre.
    En effet, sur certaines photos,principalement des images en contre jour il apparaît des zones colorées ( Magenta, Rouge ) que je n’arrive pas à corriger,même en jouant sur le Color enhancement ou le color protection, rien n’y fait, si quelqu’un à une solution je suis preneur !
    Peut-être que le capteur du D3 est il trop ancien par rapport aux algorithmes de Photoninja ou alors c’est la version essai qui ne donne pas tout son potentiel ?
    De même, qu’il m’est impossible d’enregistrer et d’ouvrir une image derawtisée en jpg dans la version test, dommage !
    Malgré tout, je suivrai attentivement l’évolution de se logiciel qui me semble avoir distancé ces concurrents sur la récup des htes lumières
    Reste à y ajouter aussi, une correction des franges violettes, un traitement en lot et revoir cette palette de réglages qui est casse bonbon avec ces validations et aller/retour.
    A bientôt

  6. @JPLN : pour les franges, il faut diminuer la récup des hautes lumières, essayer avec des valeurs à 75 ou 50% ou moins; ensuite dans Noise Ninja 3.0 : maniper le curseur « defringe », amener à 50 ou plus.. ça marche normalement. Un trop grand gradiant de luminosité devient très difficile à corriger et les franges sont alors difficiles à enlever.
    Le logiciel évolue bien, la liaison LR/PS avec derawtisation sous PN fonctionne (qq manips à faire avant dans LR et PN, regarder les tutos à ce propos, sinon j’ai le détail pas à pas). Les photos sont ré-importées dans le fichier que LR attend en standard, mais traitées en RAW dans PN ! Super.
    Bonne chance.
    PN est, pour moi, vraiment le logiciel à suivre, qualité de rendu au TOP, au-dessus du lot sans problèmes..

    • Bonjour, j’utilise le FUJI X-PRO1 dont je suis très content; cependant il est évident que la complexité du capteur x-trans est difficile a exploiter à 100%; je ne connaissait pas PHOTO NINJA et cet article m’a beaucoup intéressé; actuellement je développe mes photos avec LIGHTROOM 4; je me demandais s’il était possible de dérawtiser les photos sur P.NINJA puis de les travailler sur L4, c’est alors que j’ ai lu votre commentaire ou vous expilquez que c’est possible. Pourriez vous me transmettre le processus à suivre « pas à pas, dont vous parlez? Merci.

    • Merci à toi neva15 pour ta réponse!
      J’ai téléchargé la MAJ ce matin et appliqué tes explications, effectivement cela supprime bien les franges
      Sept mois après je reprends mes tests avec cette nouvelle mouture
      Je suis toujours en version démo mais je suivrai l’évolution jusqu’au jour J!
      @ bientôt JPLN

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