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Photokina 2008 : les grandes tendances

La folie des grandeurs ?

Alors qu’on pouvait constater, il y a quelques mois, une petite accalmie en ce qui concerne l’évolution du nombre de photosites, les fabricants adhèrent de nouveau à la loi de Moore : 14 mégapixels pour les nouveaux appareils Pentax et Samsung, 15 pour le nouveau Canon EOS D50, 24 pour le nouveau Sony « full frame », les pixels s’emballent et nécessitent des processeurs d’image de plus en plus puissants pour atténuer le bruit. Vu l’évolution des DSP intégrés il n’y aucune raison (encore) de s’inquiéter de la qualité d’image des appareils plein format, cependant les images en provenance de capteurs APS que nous avons pu voir ici et là ne se sont pas forcement améliorées : à force de combattre le bruit, les appareils produisent des images beaucoup plus molles qui nécessitent un posttraitement pour révéler tout leur potentiel. Qui plus est, rares sont ceux parmi les utilisateurs de ces appareils qui tirent leurs photos sur du papier de taille A3 ou A2 …
Bref, les fichiers sont beaucoup plus lourds et encombrants et les seuls gagnants sont (encore une fois) les fabricants de disques durs et d’ordinateurs !

Une nouvelle famille d’appareils compact à objectifs interchangeable

L’introduction récente d’un nouveau format standard, Micro Four Thirds, laisse penser que les fabricants adhérents (Leica, Olympus, Panasonic, Sanyo) s’apprêtent à présenter un nouveau type d’appareil à objectif interchangeable, affranchi des contraintes de la chambre reflex. Basé sur une nouvelle monture d’objectif, dont le diamètre est réduit de 6 mm et qui entraîne une pupille de sortie très réduite, la nouvelle norme permettra de construire des appareils et objectifs bien plus petits et léger, tout en s’ouvrant sur de nouvelles technologies en termes de visée et capture (vidéo). Bien évidemment, les dimensions des capteurs resteront identiques, gage de qualité, surtout en ce qui concerne le bruit aux sensibilités les plus élevées et la profondeur de champ, bien plus naturelle que celle qu’on obtient avec les appareils compact équipés de micro capteurs. A quand un Konica Hexar numérique à objectif interchangeable ?

Des yeux pour votre appareil

Décidément, les objectifs interchangeables se vendent de mieux en mieux : après avoir écoulé l’année dernière, des objectifs d’une valeur de 300 millions d’Euros (contre 220 millions Euros en 2006), les fournisseurs du marché allemand s’attendent à une croissance de +17 % pour 2008 et +10 % pour 2009 (source : GfK/Photoindustrieverband). Les ventes mondiales représentent 12 millions d’objectifs pour la seule année 2007 (source : Japanese Camera&Imaging Products Association).

Si les appareils à capteur plein format bénéficient d’une qualité époustouflante, on ne peut dire la même chose des objectifs compatibles. Occupés à concevoir des optiques dédiées au format APS-C, les fabricants ont négligé les capteurs « full frame ». Il y a quelques optiques d’exception, notamment les Nikon 14-24 mm, 24-70mm, 24 et 45 mm à décentrement ainsi que certains objectifs des marques Tokina, Tamron et Sigma, mais force est de constater que les gammes optiques des fabricants sont à la traîne : la plupart des objectifs grand angle (et surtout les objectifs à focale fixe plus anciens) déçoivent par leur homogénéité perfectible, ils manquent des références à la fois performantes, maniables, abordables et à ouverture constante. Par ailleurs, les objectifs à décentrement et bascule de Canon ont vécu, il serait temps de les envoyer à la retraite en les remplaçant par d’autres, plus piqués et moins sujets aux aberrations chromatiques. La Photokina nous réserve, là encore, quelques bonnes surprises….

11 commentaires “Photokina 2008 : les grandes tendances

  1. « surtout une gamme d’objectifs aussi trouée qu’un gruyère – malgré deux nouvelles optiques, proposées au même temps (16-35 mm f/2.8 et 70-400 f/4-5.6) »
    J’estime beaucoup votre travail mais on en a assez les « sonystes » d’entendre des « clients » Canon et/ou Nikon parler de la Gamme Sony sans la connaitre! Depuis deux ans, les choses ont évolué: Un Zeiss 24/70 2.8 SSM, un Sony G70/200 2.8SSM, des fixes Zeiss 85 mm et 135 mm ultra lumineuses (certes non SSM),…c’est pas mal pour du gruyère! Non?!

  2. Hi, hi, je savais que je provoquerai des réactions fortes comme la votre : vous avez raison pour ce qui est des références phare du style 16-35, 24-70, 70-200 etc, 85/1.4, 135/1.8 à grande ouverture. Mais là je ne parle pas de ce qui existe, mais de ce qui n’existe pas (encore) : des objectifs abordables et d’excellente qualité côté focales fixes et zoom (24 mm f/2.8, 35 mm f/2, 85 mm f/1.8, 180 ou 200 mm Macro, 17-35 f/4et 70-200 f/4) pour ne pas parler des objectifs TS-E, inexistants. Bref, pour le Alpha 900 Full Frame, la gamme n’est pas encore suffisamment vaste ! Je vous invite à lire tout le texte, vous verrez que pour des clients Canon et Nikon (par ailleurs je me suis amusé à lire quelque part sur un forum que nous serons trop Pro-Nikon, un comble pour moi que je suis équipé en Canon :-)) nous ne sommes pas trop tendres avec eux…

  3. Ne prenez pas mal la remarque 😉

    Oui, depuis le rachat les choses évoluent et dans le bon sens… Mais, le catalogue Sony propose une trentaine d’objectifs contre un peu moins du double pour Canon et Nikon et que le marché de l’occasion est tout de même plus achalandé du côté de ces deux marques. Heureusement, les objectifs Carl Zeiss sont très bons (mais relativement couteux). Combien d’objectifs macro sont au catalogue ?

    Néanmoins le qualificatif « outsider » correspond de moins à moins à Sony et la sortie de l’Alpha 900 en est une preuve irréfutable. Ne parlons pas de l’A700 qui est un boitier performant avec un rapport Qualité/Prix certainement le meilleur de la catégorie.

  4. Volker, une remarque culinaire de la plus haute importance, parce que cette (fausse) information circule bien trop en France et hors Suisse en général disons : le gruyère n’a pas de trous, c’est l’emmental qui en a 😉

    Pour en revenir à la photo, il me semble qu’en tant qu’amateurs d’images, on deviennent un peu trop exigeants voire trop gâtés par l’offre pléthorique actuelle. Enfin, c’est ça l’évolution.

  5. Et oui, Tony, je me suis plié à la coutume française qui est fausse. Je suis d’accord avec toi, mais je me fais toujours corriger à la maison lorsque je parle de l’Emmental à trous – en Allemagne, c’est l’Emmental qui a les trous 🙂
    Pour ce qui est des exigences des photographes, amateur ou pro, j’zuis d’accord aussi, mais là c’est un débat sans fin qui dure depuis l’intégration des cellules dans les appareils…

  6. Un des plus grands chocs de mon existence a été de découvrir que le « gruyère » rapé Entremont était fabriqué… en Bretagne.

    Et comme dirait le regretté Coluche : plus y a de gruyère, plus y a de trous, et plus y a de trous, eh ben moins y a de gruyère…

    Plus sérieusement, Canon doit revoir une partie de sa gamme optique. J’ai refait des essais cet été avec mon 24 TS/E + 5D. C’est vrai que les bords de l’image ne sont pas terribles.

    Par contre, l’offre Sony à 24 MP et celle de Canon à venir (21 ou 24 MP) risque de donner un coup de vieux prématuré à la nouvelle gamme Nikon. Ca n’empêche pas de faire des photos certes, mais ça va les obliger à revoir rapidement leur offre car, de toutes façons, les utilisateurs réclameront un bon en avant.

  7. C’est quand même paradoxal de citer des optiques d’entrée ou de moyenne gamme comme gravement manquantes au moment de la sortie d’un boîtier de cette catégorie. Il manque certes encore des optiques complémentaires dans la gamme Sony, mais celles que tu as listées, Volker, me sembleraient plus destinées à l’Alpha 700 qu’au flagship.
    Pour les pros (et les experts fortunés), il existe désormais le triple kit de luxe Zeiss 16-35/2.8, Zeiss 24-70/2.8 et Sony 70-200/2.8, des focales fixes exceptionnelles signées Zeiss et un 300/2.8 (en attendant les plus longs télés). Et tout ça est stabilisé par le capteur alors qu’on risque d’attendre très longtemps que les focales fixes, les 16-35/2.8 et les 24-70/2.8 Canon ou Nikon le soient…

  8. Cet appareil semble très chouette mais je ne comprends pas cette course aux pixels. Un capteur à 12 millions de pixels me paraît un bon compromis. C’est comme les voitures: quel intérêt d’avoir 200 cv sous le capot pour rouler à 90?
    Les logiciels vont encore ramer bêtement pour traiter des fichiers qui ne finiront que très rarement en posters muraux. Pour ne pas dire jamais.

  9. Arto, la densité de pixels de l’Alpha 900 est inférieure à celle d’un boîtier APS-C 12 Mpx. Il n’est donc pas plus exigeant pour les optiques en terme de pouvoir séparateur.
    Il y a plusieurs avantages à ce niveau de pixellisation : l’écrasement du bruit numérique par la résolution (le 1600 ISO est plus propre sur un tirage A3 que celui des D3/D700, d’après le test de CI), la possibilité de faire un recadrage en conservant une bonne résolution (les animaliers peuvent ainsi utiliser un mode crop avec encore 11 Mpx dans la zone APS-C), la possibilité de tirages plus grands formats, précieux par exemple pour les pros de studios, etc.
    Le seul vrai désagrément est informatique : il faut une machine puissante et des capacité de stockage élevées. Mais celui qui achète un tel boîtier et les optiques qui vont bien n’est certainement pas à quelques euros près… 😉

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