Questions Photo

Polémique : les profils Adobe sont-ils vraiment précis ?

La société DXO Labs émet des doutes sur la précision des procédures servant à établir les profils de correction optique de Photoshop, Camera Raw et Lightroom.

La société DXO Labs émet des doutes sur la précision des procédures servant à établir les profils de correction optique de Photoshop, Camera Raw et Lightroom.

Cyrille de la Chesnais, directeur des ventes et marketing de la société hexagonale, doute surtout d’éventuels problèmes provoqués par l’alignement, la planéité et l’éclairage de la mire. Selon lui, un défaut de planéité de 1 % génère ainsi des distorsions importantes lorsque la mire est photographiée par un appareil coiffé d’un objectif grand-angle. L’uniformité de l’éclairage est également très importante pour l’évaluation et la correction du vignetage. Or, établir avec seulement deux sources une uniformité de l’éclairage sur la mire relève d’un réel exploit. Cyrille poursuit en soulignant les conditions, très contrôlées, dans lesquelles Dxo Labs effectue les prises de vue pour la génération des profils d’optiques (Lens Modules). En revanche, la solution d’Adobe, Lens Profil Editor, serait incapable, d’après vérification par DxO Labs, à produire des résultats irréprochables, le vignetage et la distorsion étant systématiquement sous-corrigées. À noter aussi que la solution de DxO Labs est la seule à compenser une baisse de régime pour la netteté et à corriger les déformations d’anamorphose.


Le Saint Graal de la correction optique : DxO Optics Pro

En guise de réponse, Tom Hogarty, responsable de produit pour Camera Raw et Lightroom, défend la conception de Lens Profile Creator qui compensera certaines imprécisions à la prise de vue pouvant influer sur la qualité des profils. Selon lui, les photographes ne sont pas obligés de disposer d’un environnement de prise de vue contrôlé, la méthode employée n’exigeant ni un éclairage uniforme ni un alignement précis de la mire. Ainsi, il est possible d’obtenir de bons résultats à partir de seulement quelques images de la mire. Les profils ainsi créés seraient même utilisables sur des appareils à capteurs différents, grâce à des algorithmes très élaborés. Quant aux profils déjà incorporés dans Photoshop et Camera Raw (et bientôt Lightroom…), ils ont été élaborés avec soin et même avec le concours d’un fabricant d’objectifs (c’est le cas pour les profils Sigma).

Bref, ça chauffe dans le petit univers des logiciels photo. Il va sans dire que les nouveautés de Photoshop CS 5 et Lightroom 3 menacent l’existence de certains logiciels, subitement dépassés par le géant Adobe. Citons PTLens, LensFix et RadCor. Quant aux ténors de la correction optique, DxO Optics Pro et Acolens, ils garderont toujours une (petite) avance qualitative, car ils reposent sur des profils optiques de très grande qualité. Cela dit, l’utilisation d’un profil de qualité moindre, créé par un utilisateur de Lens Profile Creator moins scrupuleux et mis en partage sur le site collaboratif d’Adobe, ne nuit pas à vos images – ce qui est déjà conseillé pour tout paramètre téléchargé sur un site tiers, restera d’actualité pour les profils : vérifier sa qualité avant de l’appliquer à une série d’images…

14 commentaires “Polémique : les profils Adobe sont-ils vraiment précis ?

  1. 1- Citation de Volker: vérifier sa qualité avant de l’appliquer à une série d’images…. D’accord, mais suivant quelle(s) procédure(s) ?

    2- Par ailleurs, les déclaration de DxO sont l’image de la lutte du pot de terre contre le pot de fer. D’un côté, une petite société, DxO, encore récemment en difficulté financière: citation de l’ami Guillôme de cuk.ch:
    « la société est en procédure de sauvegarde depuis le 31 mars 2010, souhaitons lui de se redresser au mieux et pardonnons-lui le retard de 6 mois sur la version Mac. Si l’on en croit l’un des fonds actionnaires, DXO est devenu rentable sur la vente de son logiciel DXO, donc il faut être optimiste. On nuancera le chiffre d’affaires 2009 de 7,3MEur qui est en fait en baisse de presque 30% par rapport à 2008 (CA2008: 9,87MEur). »

    En face, Adobe, insolent de santé financière et d’inventivité (pour nous piquer nos sous ?)

    À vous de choisir. Moi je ne Dxo-ïserais pas et je ne toucherai pas à Adobe Lens Creator. J’ai déjà, assez de travail avec Lightroom sans en rajouter. je en me fais aucune illusion: je ne saurais sans doute jamais voir la différence.

  2. L’autre question que je me pose parfois est pourquoi corriger à tout prix quand on est loin d’être un professionnel le nécessitant pour son job…?! C’est aussi le charme des images et des optiques qui les ont générées, cette légère signature géométrique. Un peu lassé de cette quête d’un monde parfait, sans rides, sans textures…!!!
    Amitiés aux deux précédents commentateurs…!

  3. Il est certain que les outils de correction Adobe sont moins pointus que les outils DXO. Mais depuis mon changement de boitier (passage au D300s), la moitié de mon parc optique n’est plus supporté par DXO (objo sigma, tiens comme c’est bizarre serait-je tenté de dire …) bien que j’image sans soucis la difficulté de maintenir un nombre de couples boitiers/objectifs sans cesse grandissant (et c’est à mon avis la limite du système DXO). Alors pas de correction, ou correction partielle … mon camp est assez vite choisi … bien que la partie optimisation de l’image de DXO soit bluffante et les outils de simulation de film efficaces.

    Stéphane

  4. Lorsque que l’on parle de correction optique, il est important de rappeler que les données EXIF ne sont que moyennement précises, que les défauts ne sont pas identiques d’un exemplaire à l’autre, que l’usure à évidement son mot à dire, que le système de stabilisation n’est pas anodin, de même que la dilatation des lentilles, la mise en température du fût, la turbulence atmosphérique, etc, etc, etc.

    Tout ça pour dire qu’il ne faut pas tomber dans les mirages du marketing. Même un satellite espion ou un télescope astronomique n’est pas parfait, alors bon… Même si (pour l’instant) la solution de DXO Labs est certainement la meilleur, en allant chercher Adobe, sur le ton de la polémique, au sujet (philosophique) de la perfection, elle risque surtout de se brûler les ailes… surtout que son image est fortement écornée en terme de génie logiciel ainsi que de solidité financière (un peu comme REALViZ).

    Maintenant que le consommateur est de mieux en mieux informé sur ce type de correction (en autre grâce à DXO), la concurrence va rapidement combler son retard. Et si DPP, Capture NX, et consorts intègrent ce genre de fonctionnalité, le marché sera alors fermé. Car ce sont ceux qui conçoivent et fabriquent les optiques qui sont (on l’espère) les mieux placés pour faire des mesures statistiques sur les défauts de ces dernières. Je ne serais pas surpris de voir un de ces quatre des optiques livrées avec un profil générique, voir même avec leur profil individuel pour le haut de gamme. L’idéal serait même de pourvoir faire mesurer son couple boîtier/objectif par le SAV.

  5. Panasonic intègre directement dans le firmware de ses appareils µ4/3 la correction des objectifs (distorsions et aberrations chromatiques).
    On peut penser que cette pratique puisse se généraliser d’ici quelques années.

  6. @ysengrain : quel intérêt de citer ainsi le bulletin de santé financière de DxO et Adobe ? Est-ce donc cela l’argument décisif qui permettra de choisir l’une ou l’autre solution ? J’avoue ne pas bien comprendre le sens de votre message…

    @Jean-Christophe : pourquoi corriger à tout prix ? Je renverserais bien la question : comment ne pas vouloir corriger les défauts optiques de ses images quand on a investi parfois des milliers d’euros dans son matériel photo ? C’est quelque part un non-sens.

    @CHD : hormis Capture NX, qui coûte cher, les logiciels propriétaires ne sont pas au niveau de logiciels comme Lightroom, Optics Pro, Capture One, Aperture ou Bibble. Quand bien même ils intégreraient des corrections optiques automatiques, ils resteraient en retrait en terme d’ergonomie et de fonctionnalités.

    Pour ma part, j’utilise avec bonheur Lightroom et DxO, et je ne les oppose pas. Je n’utiliserai certainement pas des profils créés par des amateurs sur la base d’un protocole amateur. En revanche, si les constructeurs offrent des profils professionnels pour leurs optiques (comme l’a fait Sigma), je les utiliserai sans hésiter.
    Pour finir, Optics Pro intègre une fonction d’homogénéisation du piqué qui n’a aucun équivalent, et est impossible à réaliser « à la main », dans Photoshop ou tout autre logiciel. Les personnes qui donnent un avis sur DxO sans citer cette fonctionnalité n’ont probablement jamais utilisé le logiciel, car il est bien difficile d’imaginer s’en passer quand on y a goûté…

  7. @Patrick : C’est un fait, l’homogénéisation du piqué est un des avantages actuel de DXO. Du moins pour le grand public, car ces techniques de traitement d’image existent depuis très longtemps. Ainsi, de 1990 à 1993 la NASA pouvait déjà corriger les images de Hubble.

    Je me répète, ce sont les opticiens et électroniciens qui sont (normalement) les mieux placé pour mesurer les défauts de leur propre production. Et ce d’autant plus que pour faire un profil générique basé sur de bonne statistiques il faut pouvoir mesurer un grand nombre d’échantillon. Et, même dans le cas d’un profil individuel, la qualité de la correction sera limité par la précision assez moyenne des valeurs fournit par le fichier EXIF.

    Exemple, d’écarts entre 5 exemplaires d’un même objectif :
    http://www.slrgear.com/articles/variation_nikon50f14/nikon50f14.htm

    Autopano et les corrections basées sur les données EXIF:
    http://www.autopano.net/wiki-fr/FAQ_-_Questions_fréquentes#DxO

  8. Assez d’accord avec Jean-Christophe sur la volonté de corriger à tout prix la déformation. Je le comprends pour un photographe d’archi ou pour de la reproduction d’œuvres d’art, pour le reste…

    Avant on achetait un fish eye pour avoir une image… fish eye, aujourd’hui on veut la redresser! J’avais acheté DXO il y a trois ans et je me rends compte que finalement je ne m’en sers pas, homogénéisation du piqué ou pas.

    Au final on parle plus matos, logiciels, corrections que photo. Parce que quant le cadrage est bon, la lumière belle , le sujet intéressant, on s’en fout qu’il y ait une perte de piqué dans les angles! Tout ça pour dire que la solution Adobe m’ira bien, même si la distorsion est sous corrigée, plutôt que de passer mon fichier sous DXO j’irai faire d’autres photos!

  9. @Eric : oui, votre point de vue est très raisonnable et j’avoue que j’ai actuellement tendance à faire pareil. Et d’accord pour ce que vous dites à propos des photos réussies.

  10. Cela m’étonne toujours quand un photographe oppose la qualité esthétique d’une photographie et sa qualité technique, comme si ces deux constituants d’une photo réussie étaient quelque part incompatibles. Si on ne fera jamais d’une photo ratée un chef d’œuvre, je trouve bien dommage de ne pas chercher à obtenir le meilleur rendu possible pour une photo réussie, surtout quand on dispose d’outils aussi efficaces et simples d’emploi que LR ou DxO. A chacun sa vérité… 😉

  11. Navré pour DxO d’apprendre leurs soucis financiers, mais ce n’est pas faute d’avoir alerté ici même et via email l’équipe marketing de la société !

    A l’instar des opérateurs téléphoniques qui (enfin !) ont décidé d’adopter une vraie politique de fidélisation de leurs abonnés (dernière en date : Orange qui propose l’iPhone 4 à un meilleur tarif à ses clients disposant de 2800 points plutôt qu’à ses nouveaux clients parce que le taux de pénétration du marché diminue logiquement), DXO aurait du éviter de prendre ses clients de la 1ère heure pour des zozos.

    Comme tant d’autres, j’ai payé au prix lourd une version standard non aboutie (car non optimisée) qui s’est avérée inutilisable (donc au placard) et lorsque je suis passé à un boitier pro d’occaz, le prix de l’upgrade vers la version Elite était trop conséquent … Bref …quelques 200€ (de mémoire) perdus et on me demandait de recracher au bassinet pour upgrader ?

    Non, vraiment, j’en garde la pire expérience d’achat logiciel … Après Thomson avec son T07, Bull, Solsoft et d’autres … DxO ferait-elle partie de ces sociétés françaises disposant d’un vrai savoir-faire mais incapables d’avoir une stratégie commerciale lisible et adaptée à ses clients ??? Vraiment dommage …

  12. DxO Optics Pro c’est une usine inintelligible ils peuvent corriger tout ce qu’ils voudront qu’ils apprennent d’abord à faire une interface

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