Questions Photo

Tourner en vidéo HD avec les reflex Canon

Un tournage plus difficile

Les reflex n’ont pas été prévus pour filmer, pourtant les forums regorgent de reproches et de réclamations sur le manque d’automatisation des fonctionnalités (la gestion du point, par exemple). Il s’agit d’une confusion due au fait que les boîtiers sont vendus à des prix comparables aux caméscopes grand public, sur lesquels les fonctions automatiques sont de rigueur. Le meilleur conseil que l’on puisse donner aux vidéastes amateurs se plaignant sur ces points est de garder leurs anciens caméscopes ou d’investir dans un produit récent, qui leur est plus approprié. Le mode manuel et certaines compétences sont en effet indispensables pour envisager l’utilisation du mode vidéo des EOS.

La problématique est différente pour les photographes qui possèdent une très bonne connaissance des boîtiers et des nombreuses focales disponibles, mais qui sont encore dans l’inconnu en ce qui concerne les techniques de prise de vues vidéo. Pour ceux qui souhaiteraient utiliser les deux modes, photo et vidéo, je ne saurais trop vous recommander d‘échanger et de partager un maximum d’informations avec les professionnels de l’image animée, pour que ces deux mondes si proches n’en forment plus qu’un.

Pour travailler avec la fonction vidéo des HDSLR, il est primordial de comprendre leur fonctionnement de base en tant que “caméra”. Une prise en main, ainsi que la découverte de certaines de leurs fonctions, reste primordiale. La visée par l‘écran, le choix du format et du standard de diffusion, le choix des optiques, la gestion de l’autofocus et le contrôle du son et de l’exposition doivent être étudiés en détail dans le manuel de l’utilisateur prévu à cet effet. C’est la connaissance précise des fonctionnalités de votre appareil et de son mode vidéo qui vous permettra de vous concentrer uniquement sur l’aspect artistique de votre projet lors de vos futures productions professionnelles.

L’assimilation des aspect techniques demeure parfois complexe et rébarbatif pour certains amateurs, c’est pourquoi, avant d’explorer en détail les tenants et aboutissants de ces nombreuses fonctionnalités tout au long des prochains chapitres, je vous propose un petit éclairage sur trois points cruciaux pour la prise en main technique.

 

Une gestion du point subtile

La gestion du point des HDSLR peut apparaître comme une arme à double tranchant lorsque l’on couvre un événement ponctuel où réactivité et mobilité sont nécessaires. L’autofocus des reflex EOS est très performant pour le mode photo, en revanche pour la vidéo, il s’avère trop lent, trop bruyant et doit même être évité. Néanmoins, les optiques photo ne sont pas mécaniquement conçues pour zoomer et faire le point en continu, comme les objectifs des caméscopes, il faut donc posséder certaines compétences pour réaliser manuellement une mise au point précise. Pour les applications professionnelles, cette gestion du point implique l’utilisation de systèmes Follow focus et de moniteurs externes gérés le plus souvent par les assistants opérateurs. Dans des conditions de reportage, la fixation de viseurs sur l‘écran de visée des HDSLR permet de mieux juger le point avec le boîtier accessoirisé sur l‘épaule. Enfin, l’utilisation de machinerie, comme des grues, nécessite des systèmes sans fil HF pour faire fonctionner le Follow focus.


Photo extraite du tournage du pilote du programme court “Merci Dr Plume”. On distingue parfaitement le système Follow focus et moniteur externe qui privilégie une gestion du point délicate des boîtiers EOS. (c) Didier Gauducheau

 

Une stabilisation délicate

Les petits caméscopes et les HDSLR sont des caméras de poing sans réelle possibilité de stabilisation sur l‘épaule. D’un autre côté, à la différence des caméras Red et Genesis, il est très facile de transporter plusieurs boîtiers dans un simple sac à dos… Leur ergonomie ne privilégie pas les tournages en mouvement, car ces systèmes n’ont jamais été conçus pour filmer. Afin d’obtenir la meilleure image possible, une machinerie dédiée ou adaptée à ces nouveaux boîtiers est vivement recommandée.

L’investissement dans un trépied approprié associé à une bonne tête fluide est une base incontournable. Pour les opérations plus avancées, le nombre exponentiel de supports dédiés à ces boîtiers et l’assistance de personnel spécialisé (les chefs machinistes) peut à présent répondre à tous les types de productions. Preuve que ce procédé est pris très au sérieux par les prestataires spécialisés et les constructeurs qui n’ont de cesse d‘élaborer et d’adapter de nouveaux systèmes spécifiques aux EOS, une véritable industrie a été créée pour combler les faiblesses de ces boîtiers (voir le chapitre 3).

 

Une prise de son limitée

Les possibilités d’enregistrement audio des caméscopes sont supérieures à celles des EOS. Au même titre que les caméras cinéma, un enregistrement séparé est préconisé. Un ingénieur du son équipé d’une mixette autonome demeure la meilleure alternative professionnelle. Toutefois, à la différence de certaines caméras film, les reflex disposent de micros internes qui, bien qu‘étant très sensibles aux bruits de manipulation et de fonctionnement, font office de micros témoins facilitant la synchronisation de l’image et du son, en postproduction.

À l’instar du filtre anti-souffle, le niveau d’enregistrement sonore est ajusté automatiquement et ne peut être annulé sur le 7D et le 1D MkIV. Seul le complément d’une mini-mixette dédiée aux boîtiers EOS autorisera un réglage manuel du son. La mise à jour alternative du 16 mars 2010 a également annulé le mode automatique du 5D MkII et propose à présent un réglage manuel du niveau sonore, ainsi qu’une visibilité sur le contrôle du niveau. De nouvelles mises à jour destinées aux EOS 7D et 1D MkIV devraient bientôt proposer cette fonctionnalité sur l’ensemble de la gamme (voir le chapitre 4).


Unité “news” 5D MkII équipée pour travailler avec un système HF Senheiser. (c) Sébastien Devaud

 

 

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5 commentaires “Tourner en vidéo HD avec les reflex Canon

  1. est-ce que l’ouvrage traite des différentes possibilités logicielles pour le montage ? je peine à trouver des informations sur la compatibilité du format vidéo avec certains logiciels, et le choix du format à adopter sur certains (du coup j’utilise imovie qui gère tout seul comme un grand :))

  2. Si l’auteur mentionne les workflows Avid, Premiere Pro, iMovie, Vegas 9 et Final Cut Express dans la partie « montage » de son chapitre 9, il met l’accent sur la suite logicielle Final Cut Pro Studio. Il s’en explique dans le livre :

    « Pour éviter une mauvaise interprétation sur le choix arbitraire du workflow recommandé, il serait préférable que je mentionne une partie de mon passé. Cinq années de ma vie ont été dédiées à la profession de monteur (de 1994 à 1999). Après avoir reçu une formation sur un système trois machines Beta SP, j’ai vu naître le montage virtuel et je l’ai adopté immédiatement. Les systèmes de montage Avid sur lesquels j’ai le plus monté professionnellement, le MEDIA 100 ou Première (Adobe), ont tous été en ma possession sur une longue période, pourtant ma préférence va aujourd’hui à la suite complète Final Cut Pro (FCP) Studio 2 (Apple). Étant amoureux de la firme Apple depuis sa création, la chaîne idéale de postproduction workflow que j’ai choisie de vous présenter est composée spécifiquement d’équipements professionnels de la marque (hardware et software). La suite Final Cut Pro Studio comparée aux performances des autres stations de montage s’est révélée la plus efficace pour la gestion des rushs des boîtiers EOS et apparaît comme la référence sur tous les forums. Ce workflow prend en compte les temps de conversions et divers calculs, et n’a qu’une seule vocation : optimiser les vitesses d’exécution des process image et garantir un rendu de la meilleure qualité possible. »

    Pour info, voici le sommaire du chapitre 9 :

    Chap 9 – Montage et conformation
    I. Quel workflow pour le montage ?
    1. Une solution idéale : FCP Studio en cinq étapes
    a/ Étape 1 : La conversion systématique
    L’EOS Movie Plugin-E1, plug-in incontournable pour FCP
    Le cas particulier du 720p
    Les cadences 50 et 60 i/s en 720p et le ralenti
    b/ Étape 2 : importation et identification des rushs
    c/ Étape 3 : création d’une séquence et synchronisation des rushs
    d/ Étape 4 : le montage traditionnel
    e/ Étape 5 : une sortie non compressée privilégiée
    2. Les autres alternatives
    a/ Les solutions économiques
    b/ Le workflow Avid s’est fait attendre
    II. La conformation
    1. Le mixage audio
    a/ Postsynchro, voix off, création de BOF
    b/ Le nettoyage et le mixage
    2. Image process : workflow idéal et rendus ultimes
    a/ Correction des rushs EOS
    b/ Étalonnage du montage des rushs EOS
    c/ Les effets spéciaux
    d/ Conversions pour la diffusion

    Mais la question des formats des vidéos (enregistrement, conversion, diffusion) revient de nombreuses fois au fil de l’ouvrage.

  3. Excellent article, avec enfin le point de vue des professionnels qui éclaircit beaucoup de point obscurs pour ceux qui, comme moi, ne font pas de vidéo. Et je me précipiterai en librairie à la sortie du livre.

  4. Excellente nouvelle que la sortie en librairie de ce livre dédié à la vidéo des réflexes Canon. Equipée d’un Canon 500D et d’un 7D, j’apprécie chaque mois de pouvoir filmer en Full HD avec ces 2 appareils et de pouvoir faire de timides montages amateur grâce à iMovie (en tant qu’utilisateur Apple). Le récit de mes voyages sur mes blogs y gagne en qualité, sauf que… j’ai bien besoin de conseils pro sur l’art de filmer et sur l’art du montage. Rien qu’en lisant les commentaires ci-dessus cela me confirme la nécessité d’acquérir Final Cut…

    J’attends donc le livre avec impatience, et notamment pour apprendre à filmer un paysage en travelling en conservant une ligne d’horizon stable ! 😉

    J’espère donc que le livre aborde également un chapitre sur le matériel complémentaire à utiliser pour filmer avec les réflexes Canon.

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