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Vivian Maier : quand le hasard fait découvrir l’oeuvre d’une grande photographe

C’est une découverte surprenante, s’agissant d’une photographe qui n’a jamais osée à présenter son travail au public. Pourtant, nombreux sont ceux qui la comparent aux légendes de la “street photography” : Robert Frank, Helen Levitt, Diane Arbus ou Henri Cartier-Bresson. Consécration posthume à Vivian Maier : à Chicago et Hambourg, deux expositions montrent enfin des extraits de son œuvre impressionnante.

C’est une découverte surprenante, s’agissant d’une photographe qui n’a jamais osée à présenter son travail au public. Pourtant, nombreux sont ceux qui la comparent aux légendes de la “street photography” : Robert Frank, Helen Levitt, Diane Arbus ou Henri Cartier-Bresson. Consécration posthume à Vivian Maier : à Chicago et Hambourg, deux expositions montrent enfin des extraits de son œuvre impressionnante.

Née à New York dans les années 20 de parents français et autrichien, Vivian Maier était un personnage très discret, puisque personne n’a jamais soupçonné de son vivant qu’elle s’adonnait, parallèlement à son emploi de nourrice, à sa grande passion : la photographie de rue. Des années 50 aux années 90 du dernier siècle, elle posait son regard profondément humaniste sur Chicago et New York, accumulant plus de 100.000 photos, fixées pour la plupart sur des pellicules moyen format.



Autoportrait. (c) Vivianmaier.com


N’ayant jamais montré ses images à personne, le travail de longue haleine de Vivian Maier est resté dans l’anonymat jusqu’à la fin de sa vie et n’a été découvert que par hasard, lors d’une vente à enchères.

John Maloof, agent immobilier de son état, acheta en 2009, pour un prix dérisoire de 400 dollars, plusieurs cartons remplis de photos, négatifs et appareils photo, issus d’un box de stockage dont la propriétaire ne pouvait plus payer le loyer. Parmi des milliers de négatifs et des centaines de photos, se trouvaient aussi plusieurs milliers de bobines 120 pas encore développés.



(c) Vivianmaier.com


Intrigué par la puissance et la qualité des photos, John Maloof commença très vite à s’intéresser de plus près au contenu des cartons et dénicha peu à peu quelques indices sur la vie et le travail de cette mystérieuse femme. Mais malheureusement, ses recherches ne lui permirent pas de rencontrer Vivian Maier. Décidé de la contacter pour une rencontre, il découvrit sa nécrologie sur le Web. La photographe venait de mourir en avril 2009, emportant avec elle de nombreux secrets et des questions qui resteront sans réponses. Il s’agissait de seulement quelques jours…

Depuis, John Maloof est investi de la mission de sa vie : sauver le travail de Vivian, qui n’avait laissé d’héritier légal, de l’oubli et le préparer pour la postérité. La photographe ne possédait que peu de tirages et la plus grande partie de son travail a été fixé sur plus de 100.000 négatifs noir et blanc, soigneusement classés et légendes dans des classeurs à feuilles, 20.000 diapositives couleur et surtout plusieurs milliers de rouleaux 120, qu’il a fallu développer pour en examiner le contenu. Seulement au bout d’interminables heures passées à développer et à numériser des films, l’acheteur commença à prendre la mesure de l’ampleur et de la qualité de l’oeuvre qu’il a réussi à faire connaître, d’abord via une page Flickr, puis un blogue dédié à Vivian Maier. Notez que John Maloof n’est pas le seul à posséder des photos de la photographe : Jeff Goldstein possède 12.000 négatifs, 700 tirages, 20 films et de nombreuses diapositives.



(c) Vivianmaier.com

Vivian Maier photographiait surtout des gens dans la rue. Elle posait son regard sur des promeneurs, travailleurs, femmes au foyer et commerçants, mais elle entretenait une passion particulière avec les enfants et leurs jeux. Parfois curieux, parfois assez distant, l’appareil a saisi des regards très variés et témoignant de la diversité des gens. Malgré leur spontanéité, les portraits de Vivian captent toujours l’essentiel, leur composition étant toujours rigoureuse.

Cette surdouée de la photographie de rue trouve enfin, deux ans après sa mort, une consécration mondiale : un livre et un documentaire sont attendus pour bientôt et deux galeries, une à Chicago et une autre à Hambourg, exposent actuellement des extraits de son travail.

 

4 commentaires “Vivian Maier : quand le hasard fait découvrir l’oeuvre d’une grande photographe

  1. Je connais John maloof depuis plus d’un an par le net et suite à un voyage sur Chicago. Ma belle mere est allée à l’expo au centre culturel de la ville cette semaine et John lui a dit qu’il mettait en vente les bobines 120 vides de Vivian Maier afin de financer la suite du travail…Elles sont en ventes 10 dollar piece. Ce commerce peut choquer les esprits europeens dont le mien mais John m’a assuré qu’il n’avait pas le choix et que c’est sa facon de rester independant dans sa demarche.

  2. @Francois Sarraillé-Pierre : s’il est vrai que la démarche « commerciale » à l’américaine pourrait offusquer nos esprits idéalistes, il fallait bien que quelqu’un s’occupe à la faire connaître, étant donné que la photographe n’avait pas d’héritier. L’édition d’un ouvrage et la réalisation d’un documentaire sont bien évidemment payantes et on ne peut pas demander à M.Maloof de les financer en intégralité avec ses propres deniers, d’autant plus qu’il semble désormais se consacrer à plein temps à l’exploitation de l’œuvre.

  3. Les bobines sont vendues par une sorte de « fondation » créée par Maloof sur internet. Ce système est un appel au financement pour toutes sortes de projets artistiques. Les contributions sont volontaires et de niveau variable. Le tout est sur le site Kickstarter d’ou la video est extraite.
    Toutes les bobines sont déjà vendues et le projet est financé à plus de 300 %.
    A mon sens, ce n,est pas du pur commerce. Il y aussi la précommande du DVD et du livre.

  4. Merci infiniment pour votre blog que je parcours de temps en temps mais régulièrement avec énormément de satisfaction. Et merci particulièrement de nous faire part de cette découverte : Vivian Maier.
    Un travail impressionnant qui, je l’espère, sera bientôt visible en France (Arles?).

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