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Voigtländer Ultron 40 mm F/2 : un objectif ultra-plat en monture Canon

Qualité optique

Bien qu’il ne s’agisse pas d’un objectif “standard” à proprement parler, je n’ai pas pu m’empêcher à comparer l’Ultron avec deux objectifs de ce type, un Canon EF 50 mm f 1.4 USM et un Canon EF 50 mm f 1.8 II. L’objectif à mise au point manuelle brille alors par sa finition et sa robustesse manifeste, reléguant les objectifs Canon au second plan. Quid de la qualité optique, primordiale lorsqu’on investit dans un tel bijou plus onéreux et moins polyvalent que les objectifs évoqués plus haut ? En un seul mot : impressionnant !

Piqué

Les deux objectifs Canon offrent dès la pleine ouverture un piqué très honorable au centre (sous condition d’assister la mise au point manuellement en mode Live View…), mais les bords restent désespérément doux et ne rejoignent le centre de l’image qu’à partir de f/5, 6.

Le Cosina/Voigtländer est nettement plus homogène. Dès la pleine ouverture, il est parfaitement utilisable, grâce à un très bon piqué dans le centre et dans la périphérie de l’image. Seule ombre au tableau : l’objectif testé révèle une zone intermédiaire dans laquelle les petits détails restent moins bien définis à f/2 et f/2.8. En fermant le diaphragme à f/4, l’objectif produit des images homogènes partout, très bien définies et bien contrastées, et ce, jusqu’à f/16. Le manque d’homogénéité mentionné n’affecte pas les images prises avec un appareil à capteur APS-C. La zone incriminée se situe tout juste à l’extérieur du cadre imposé par le capteur et les images sont donc détaillées partout et dès la pleine ouverture. L’Ultron ne faiblit pas lorsqu’il est associé à un EOS 5 D Mark 2, dont le capteur est très exigeant. C’est seulement avec la bonnette macro livrée, que les performances optiques baissent d’un cran, surtout sur les bords.

Distorsions, vignetage et aberrations optiques

Bien que certains tests « plus techniques » lui attestent une distorsion en barillet, peu prononcée, à aucun moment j’étais tenté d’utiliser un outil dédié (PT Lens, Bibble 5) pour la corriger. Quant au vignetage, présent à pleine ouverture, il s’estompe progressivement en fermant le diaphragme et il devient invisible dès f/5,6. L’aberration chromatique est le seul défaut nécessitant une correction par voie logicielle. Mais elle se situe ici entre celle du Canon EF 17-40 mm f 4 L à 40 mm, bien plus importante, et celle du Canon EF 50 mm f 1,4, plus discrète.

Bokeh

Le rendu des parties hors profondeur du champ (bokeh) des images est une des caractéristiques les plus importantes d’une optique de qualité, mais elle est également la plus difficile à évaluer. A croire certains sites de partage de photos, il existe même de nombreux photographes n’utilisant leurs objectifs qu‘à pleine ouverture pour optimiser ledit rendu. Pour ma part, je considère qu’il faut utiliser toute la plage des diaphragmes (sauf peut-être les ouvertures les plus modestes, à cause de la diffraction…) en fonction du sujet et des conditions de prise de vue. Équipé d’un diaphragme presque circulaire qui devrait produire un rendu agréable des zones floues, le “bokeh” de l’Ultron se situe à mi-chemin entre celui du Canon 50 mm f 1.4 (plus moelleux) et celui du Canon 50 mm f 1.8 (plus dur).


L’Ultron produit à f/2 un “bokeh” honorable- ici sur un Canon 1Ds “vintage”

Exemple 1 : Canon EOS 1Ds (11 Mpix.)


Canon EOS 1Ds, Voigtländer Ultron 40 mm f2, f/3.5, 400 ISO


Extrait à 100 % de l’image précédente.


Deuxième extrait.

Exemple 2 : Canon EOS 5D Mark 2 (21 Mpix.)


Canon EOS 5 D Mark 2, Voigtländer Ultron 40 mm f2, f/11, 100 ISO


Extrait à 100 % de l’image précédente


Deuxième extrait, bord supérieur droit : hormis un excellent piqué, on distingue des aberrations chromatiques plutôt prononcées, mais faciles à corriger dans un logiciel de développement RAW

Exemple 3 : Canon EOS 1Ds (11 Mpix.)


Canon EOS 1Ds, Voigtländer Ultron 40 mm f2, f/3.5, 100 ISO


Extrait à 100 % de l’image précédente. Toujours convaincant : le piqué au centre…


…et aux bords (ici le bord inférieur gauche) !

10 commentaires “Voigtländer Ultron 40 mm F/2 : un objectif ultra-plat en monture Canon

  1. Bonjour Volker,
    merci pour votre article et qui tombe très bien parce que je lorgne sur cet objectif depuis quelques semaines.
    Je voulais juste vous demander comment est située cette optique par rapport à Canon 35/f2 ou d’autres comme Leica Summicron F2?
    La perte d’AF ne me gênerait particulièrement pas, c’est surtout la qualité optique ( le piqué, l’homogénéité, et surtout le rendu) qui m’intéresse.

    Bien à vous
    Nikita

  2. @iblossom : c’est difficile de se prononcer sur des objectifs que je n’ai jamais pu tester dans des conditions identiques. Bien que je possédais un Canon 35 mm f2, c’était à l’époque pré-numérique et quant au Summicron, je l’avais testé il y a plusieurs années sur un Canon D60…. Disons simplement que je n’aime pas trop la finition du Canon et que le Summicron n’est pas facile à utiliser aux ouvertures plus fermées et incompatible avec les modes TV, Programme et la mesure multi-zones. Bref, un objectif « adapté » avec une bague n’offre pas la même facilité d’utilisation et je doute que vous puissiez obtenir de meilleurs résultats qu’avec le Voigtländer…

  3. Pentax l’a bien compris : je pense qu’il y a un véritable marché pour les objectifs discrets et de qualité. Je suis très déçu par Canon qui ne mise que sur l’image « PRO » avec des objectifs aux caractéristiques hors normes et surtout hors de prix.
    Et encore, le qualificatif de « PRO » dans ce contexte est péjoratif, car un « PRO » (qui vie de la photo), va réfléchir à deux fois avant d’acquérir de si couteux objectifs. Et franchement, un 70/200 IS II USM ou un 50/1,2 USM, voir un 24/1,8 USM ne me font pas plus rêver qu’un 35/2 ou 24/2,8 pancake USM, voir même manuel.
    La firme japonaise serait très étonnée de l’engouement qu’elle procurerait en mettant sur le marché des 35/2, des 28/1,8 revisités. J’ai même manqué basculer à un moment chez Pentax tellement j’étais envieux de leurs objectifs ultraplats.

    Merci Voigtländer.

  4. Hmm, il va bien m’intéresser cet objectif !
    Beaucoup plus discret que mon actuel canon 50 f/1.4 (mine de rien, avec son pare-soleil, il n’est pas si petit que ça le canon), et un prix honnête. Il me semble le compagnon idéal des sorties photographiques de rue, idéal pour ne pas agresser le chaland ! Un angle de champs un poil plus large que le 50 n’est pas non plus pour me déplaire !

    Par contre, un énorme défaut… Il semble très difficile à trouver. Le fournisseur de ce test est en rupture à l’heure actuelle sans indication de délai, et semble peu ou prou le seul revendeur en France…

  5. @guillaume C : oui, la disponibilité est un gros point noir de cette série, raçon de son succès. Avez-vous essayé de l’acquérir auprès de Digit-Photo ou Audiophil en Allemagne ?

  6. @Seb : oui, je partage ton point de vue car face aux objectifs Pro aux caractéristiques de rêve (mais gros et lourds), les objectifs « standard » sont vieillissants :-(( Vivement des 24 mm f2.8 et 35 mm f2 modernisés en version USM !

  7. Bonjour Volker,

    Merci pour votre article. J’ai eu cet objectif entre les mains il y a quelques jours et si je me décide à passer un jour au full frame, il est sur ma liste d’optiques à acquérir.

    Je lis :
    « Quant à l‘échelle de profondeur du champ, certains la qualifieront comme étant trop optimiste et d’autres la jugeront même inutilisable… »
    Photographier en hyperphocale a toujours été ma façon de travailler. Quel est le problème avec cet objectif ? Je lis beaucoup de choses à propos des limites de diffraction acceptables selon la résolution des capteurs, beaucoup de choses qui se contredisent : pour certains, avec un capteur de plus de 20 millions de pixels comme celui du 5D MK II, il ne faudrait pas dépasser f8, pour d’autres, pas de problèmes même à f16… Qu’en pensez vous ? Peut on utiliser le Voigtlander à f16 ? La table de profondeur de champ est elle à ce point inutilisable ? Par avance, merci de votre réponse.

    Cordialement,

    Pascal Riben

  8. @Pascal : mon commentaire sur l’échelle de profondeur de champ est relatif à la validité de l’échelle en photographie numérique : suivant la résolution du capteur, il faut parfois fermer un ou deux diaphragmes de plus pour obtenir une netteté satisfaisante, au moins pour des tirages supérieurs au format A4, ce que était par ailleurs déjà conseillé en argentique suivant les exigences du photographe. Pour ma part, je n’ai utilisé l’hyperfocale que pour mes objectifs super grand angle et grand angle, en fermant toujours le diaphragme d’une valeur (argentique), voire de deux valeurs (numérique) de plus que ce qui est indiqué par l’échelle de MaP. Quant aux diaphragmes utilisables, je peux vous rassurer : j’ai testé l’Ultron au ouvertures les plus étriquées avec mon EOS 5D Mark 2 et à f/16 les performances sont encore pleinement utilisables, f/22 est en revanche à éviter, le piqué se dégrade trop…

  9. Le voici vissé à mon vénérable 5D, après une semaine d’attente (comme quoi, il a beau ne pas être en stock, il arrive vite, du moins chez digit-photo)

    Et c’est un véritable petit bijou. La première séance de test a été ardue (commencer de nuit avec les mises au point 100% manuelles, on a vu plus doux comme transition !), mais le plaisir est là. Le boitier gagne réellement en discrétion et compacité par rapport au 50 f/1.4 (avec son pare-soleil). La construction est irréprochable, sans le moindre jeu.
    Bien que très proche du boîtier, la bague de mise au point reste suffisamment accessible et ne glisse pas.
    Un petit défaut : si l’amplitude de la bague de MAP aux courtes distance est très (trop ?) grande, je le trouve un peu limite entre 2m et l’infini. On aurait à mon avis gagné en précision en augmentant la course de la bague sur ces distances, surtout quand on travaille à pleine ouverture.

    Mais les premières impressions sont excellentes ! Merci pour cet article qui m’a permis de découvrir cet objectif !

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