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AccuRaw : le puriste du RAW

Qualité d’image

Au même titre que le boitier et l’objectif utilisé, le logiciel de dématriçage influe directement sur la qualité technique des images, c’est-à-dire sur la résolution, le bruit et la restitution des couleurs. Chaque logiciel possède sa signature reconnaissable : Capture One se distingue par sa finesse aux sensibilités ISO peu élevées, DxO Optics Pro par sa maitrise du bruit inégalable aux sensibilités ISO les plus élevées et Iridient Developer par son rendu presque argentique, pour ne citer que ces trois exemples. Quant aux logiciels Adobe, ils bénéficient de puissants algorithmes pour la distribution des tonalités, permettant d’obtenir d’excellents résultats même avec des images qui ne sont pas nées sous une bonne étoile. Si les logiciels commerciaux les plus répandus (Lightroom, Camera Raw, Aperture, Capture One Pro et DxO Optics Pro) se doivent de plaire au plus grand nombre, les autres peuvent emprunter un chemin plus confidentiel. Ou se situe alors AccuRaw ?

Canon 5D Mark III, Canon 135 mm f/2 L USM à f/2,8, 1/100 s à 100 ISO. Image développée dans AccuRaw avec les paramètres par défaut pour l’accentuation et la réduction du bruit.

L’algorithme de dématriçage, mis au point par Sandy McGuffog, privilégie l’acutance au détriment des artéfacts et du bruit. C’est une démarche qui lui a attiré la faveur de certains utilisateurs d’appareils Fujifilm X, dépités par les faibles performances de leurs logiciels favoris en la matière. Si AccuRaw produit une netteté impressionnante, les images révèlent parfois des artéfacts disgracieux le long des contours (« collier de perles ») qui trahissent la démarche sans compromis de l’auteur. Sans doute faut-il mettre ces défauts en perspective puisqu’ils ne se manifestent qu’à l’écran et au-delà de 100 % ; à l’impression, ils demeurent parfaitement invisibles alors que la richesse des détails est apparente quelle que soit l’utilisation finale des images. À louer aussi la texture des images qui reste très fine, et ce, même aux sensibilités très élevées. En ce qui concerne la réduction du bruit, le logiciel évite tous les excès potentiellement néfastes sur le plan de la restitution des petits détails. Le bruit n’est donc jamais complètement lissé, mais plutôt réduit à des proportions auxquelles il ne nuit plus  au rendu des images finales. Quant aux couleurs, elles sont d’une fidélité irréprochable : les  couleurs saturées ou couleurs pastelles sont toujours reproduites avec toutes leurs nuances, sans postérisation ni inversement des  tons. Alors que les logiciels les plus prestigieux cherchent à séduire le chaland avec des couleurs chatoyantes et saturées, AccuRaw s’évertue à présenter des couleurs « neutres », au plus proche des couleurs enregistrées par l’appareil.

Canon 5D Mark III, Samyang 14 mm f/2,8 à f/5,6, 1/30 s à 4000 ISO. Image développée dans AccuRaw avec les paramètres par défaut pour l’accentuation et la réduction du bruit.

Extraits à 100% de l’image ci-dessus, développés avec Camera Raw 8.3 (à gauche ») et AccuRaw (à droite) en utilisant les paramètres par défaut pour l’accentuation et la réduction du bruit : si l’image développée avec AccuRaw présente un peu plus de bruit résiduel, les détails sont plus fins ainsi que la texture de l’image (cliquez pour agrandir).

Extraits à 100% de l’image ci-dessus, développés avec Camera Raw 8.3 (à gauche) et AccuRaw (à droite) : plus de nuances et des couleurs plus subtiles avec AccuRaw…

Canon 5D Mark III, EF 17-40 mm f/4 L USM, f/10 et 1/80s à 400 ISO. Image développée dans AccuRaw avec les paramètres par défaut et optimisée dans Camera Raw 8.2 (DNG).

Extraits à 100% de l’image ci-dessus, développés avec AccuRaw (à gauche) et Camera Raw (à droite), réglages par défaut: AccuRaw restitue davantage de petites nuances et les couleurs y sont à la fois plus subtiles et fidèles que celles dans l’image issue de Camera Raw (pullover, tons chair, feuillage et ombre sur la maison)

10 commentaires “AccuRaw : le puriste du RAW

  1. Certes, c’est bien d’avoir des solutions alternatives qui, parfois, sont de qualité correcte mais le problème, ici, est récurrent.
    Il s’agit d’un petit développeur, a-t-il les épaules assez larges pour assurer la mise à jour, les corrections de défauts, l’évolution et, surtout, la pérennité du produit ?

    D’autre part, le mode de distribution l’exclut d’emblée de la compétition. En effet, ces temps-ci, on critique beaucoup le système de l’abonnement, mais ce dernier donne droit à une période d’évaluation, ce qui est la moindre des choses. Là, c’est achat obligatoire, ce qui n’est pas très normal. L’auteur a-t-il prévu un « money back warranty » ?

  2. Bonjour Gilles,
    bien évidemment, AccuRaw ne s’adresse pas au grand public, mais à une petite minorité parmi les photographes exigeants qui possèdent déjà un ou plusieurs logiciels leur permettant de gérer et développer les images (Aperture, Lightroom, Photoshop/Bridge/ACR). La question de la pérennité se pose donc dans une moindre mesure d’autant plus que le logiciel en question n’emprisonne aucune métadonnée importante (les paramètres de développement ne sont pas cruciaux puisqu’il faut de toute manière enchaîner par un autre logiciel pour combler les manques d’AccuRaw)…
    Pour ce qui est du mode de diffusion, je suis entièrement d’accord avec toi. Par ailleurs, je ne crois pas que les conditions générales de l’AppStore prévoient un retour de la marchandise en cas de non satisfaction. Bon séjour à Graz !

  3. Bonjour Gilbert,
    une fois que l’on a « goûté » au joies du tout intégré, que notre flux de travail est rodé, que les habitudes sont prises (et donc qu’on y a investi à la fois du temps et de l’argent !), il est assez difficile d’en sortir, même pour parfaire ses images au coup par coup.
    Aussi bon soient les dématriceurs indépendants, s’ils ne s’intègrent pas dans un ensemble cohérent, ils risquent fort de rester confidentiels…
    –> à quand une article détaillé sur Darktable ?
    (il intégré tellement de fonctions de réduction du bruit que l’on s’y perd vite !)

    • Bonjour Christophe,
      c’est sur, sortir de son flux de travail habituel, de sa « comfort zone », nécessite de gros efforts 😉 . En fait, j’observe l’évolution de Darktable depuis ses débuts, mais à chaque fois que j’en télécharge puis installe une version (sur Mac et PC), celle-ci ne survit que quelques jours sur mon disque dur – trop de bogues et une ergonomie tellement affligeante qu’on ne se perd pas uniquement dans les options de réduction du bruit….

  4. Bonjour,
    Merci pour cet article très détaillé.

    Qu’en est-il du travail avec les fichiers raw de Fuji? Je ne suis toujours pas tout à fait satisfait des résultats obtenus avec Lightroom sur les images délicates (lumières plates à la prise de vue, sous-exposition, etc.). Et existe-t-il de telles solutions sur PC?

  5. Merci Volker, je vais lire.
    @Gilles: quelles améliorations à venir? J’utilise LR 5 et je trouve que ça donne (parfois) de la purée plutôt qu’une image … 🙂

  6. Bonjour, Je me permets de vous signaler qu’une version lite-gratuite est disponible sur l’AppStore, elle permet de tester le logiciel AccuRaw mais pas d’enregistrer les fichiers. Je profite de mon intervention afin de remercier Monsieur Volker pour ses articles et surtout de m’avoir fait découvrir l’excellent livre de Monsieur Jean Delmas sur la gestion des couleurs. Existe-il un ouvrage équivalent pour le monde de la vidéo professionnelle?

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