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Acolens – Le challenger d’outre-Rhin

Tous les objectifs, même les plus onéreux, souffrent de défauts optiques : aberrations chromatiques, distorsions optiques et vignetage, ainsi que d’un manque de netteté à la périphérie du cercle d’image. Plus l’objectif est compact et sa focale est courte, plus les défauts mentionnés se manifesteront.

Tous les objectifs, même les plus onéreux, souffrent de défauts optiques : aberrations chromatiques, distorsions optiques et vignetage, ainsi que d’un manque de netteté à la périphérie du cercle d’image. Plus l’objectif est compact et sa focale est courte, plus les défauts mentionnés se manifesteront. Heureusement, nous disposons aujourd’hui d’une profusion d’outils divers et variés pour réduire, voire éliminer, tout ou une partie des défauts – jamais il n’a été si facile d’obtenir des images (techniquement…) irréprochables.


Visage, Canon EOS 1Ds, EF 17-40 mm f/4 L USM à 17 mm

La liste des logiciels sachant corriger au moins une des aberrations optiques est longue : outre DxO Optics Pro (quand il veut bien fonctionner…), logiciel de développement RAW articulé autour d’un impressionnant moteur de correction, voici les logiciels capables d’éradiquer ces véritables fléaux affectant nos chères optiques : Bibble, Nikon Capture NX, Canon DPP, Camera Raw et Lightroom, Silkypix, sans oublier le vénérable Photoshop, s’attaquent à au moins un des phénomènes cités. PT Lens, RadCor, LensFix, ImageIron et Proxel Lens Corrector sont d’autres plugiciels et partagiciels, basés sur les algorithmes Panorama Tools de Helmut Dersch.

Le logiciel Acolens, produit de la jeune société start-up Nurizon Software, basée à Hambourg (Allemagne), a été présenté pour la première fois en France lors du dernier Salon de la Photo.


Un coffret luxueux pour un logiciel d’esprit puriste

Issu du logiciel Lens&light Optimizer de la défunte société SWS, Acolens existe en fait depuis aussi longtemps que le logiciel vedette français, DxO Optics Pro. Réservé aux seuls utilisateurs Mac, Acolens s’ouvrira l’année prochaine aux utilisateurs Windows.

Form follows fonction

Pour une fois, un jeune éditeur de logiciel n’a pas cédé au “look noir /anthracite” actuel , tant chéri par les développeurs des logiciels photo, mais pas toujours aussi apprécie par les utilisateurs. Dépouillée et simple à appréhender, l’interface utilisateur d’Acolens reflète la philosophie, puriste, d’un logiciel qui aspire à corriger les seuls défauts optiques sans pour autant dénaturer le rendu initial d’une photo.


Ici, point de gadget – Acolens est avant tout un outil de travail professionnel…

Une ligne horizontale sépare les deux panneaux principaux : la partie supérieure affiche les vignettes des images à traiter, la partie inférieure affiche l’aperçu de l’image en cours du traitement (à gauche), puis un panneau répertoriant, en trois onglets, les outils et paramètres (à droite).

La manipulation du logiciel est on ne peut plus simple , le flux de travail est en plus clairement affiché dans l’interface du logiciel :

1. Charger les photos. Acolens accepte les formats de fichiers TIFF (8 ou 16 bits par couche) et JPEG. Bien que ce ne soit pas prévu par l’éditeur (aucun outil de correction ne leur est dédié…), vous pouvez ouvrir les fichiers RAW de nombreux appareils pour peu que le format soit pris en charge par le système d’exploitation – car n’oublions pas : Aperture et iPhoto, eux aussi, bénéficient de ce moteur de conversion propre à Mac OS X, Core Image. Lors de mes essais, j’ai pu ainsi corriger et développer mes fichiers RAW issus des appareils Canon EOS 1Ds et Nikon D200. Pour bénéficier de toute la souplesse du format RAW en termes de correction des couleurs et de la luminosité, je vous conseille de développer vos fichiers RAW dans un logiciel dédié.


Une fois chargées, les vignettes sont accompagnées par les informations EXIF (partie supérieure), puis les informations sur le profil utilisé.

2. Choisir le profil. Comme pour DxO Optics Pro, les profils sont soigneusement élaborés à partir d’une série de prises de vue d’une mire spéciale, en couvrant les différentes valeurs possibles pour le diaphragme et les focales de l’objectif caractérisé. Outre les profils livrés avec le logiciel, qui comprennent environ 50 références pour Canon (dont la quasi-totalité des objectifs professionnels, y compris les objectifs à bascule et décentrement…) et les treize objectifs les plus couramment utilisés de Nikon, la version complète du logiciel vous permettra de créer vos propres profils personnalisés, moyennant l’acquisition de la mire – très sophistiquée, mais fort onéreuse.


Une cinquantaine d’objectifs Canon pris en charge…


…et treize objectifs Nikon : un excellent début !

L’emploi des profils est d’ailleurs à la fois plus transparent et plus “souple” que celui des profils DxO : Acolens ne nécessite pas de module pour l’appareil, il suffit de lui indiquer son type de capteur (sous Format de la pellule) ; le logiciel extrapolera la distorsion et le vignetage suivant le format de ce dernier (Plein format, APS-H, APS-C…). Les formats proposés vont des dimensions minuscules d’un capteur d’appareil compact numérique jusqu’à celles, bien plus importantes, d’un planfilm 8 × 10 pouces, en passant par toutes les tailles intermédiaires, à la fois numériques (23,7 × 15,6 mm, 28,1 × 18,7 mm…) qu’argentiques (4,5 × 6 cm, 6 × 9 cm, 4 × 5 pouces…). Cette ouverture aux “vieux standards argentiques” suscite déjà l’intérêt de certains fabricants d’optiques : Sinar et Hartblei viennent de signer des contrats de coopération avec l’éditeur d’Acolens, et il n’est pas exclu de voir surgir une version dédiée aux objectifs moyen et grand format.


Acolens parvient à corriger, grâce à ses profils sophistiqués, les déformations d’un objectif à décentrement, même lorsqu’il il est très éloigné de son axe optique (ici : +8 mm). Canon 1Ds, EF TS-E 24 mm f/3.5, photo prise à main levée.

Sachez qu’Acolens est l’un des rares logiciels à pouvoir corriger les défauts optiques des objectifs à décentrement et bascule, l’application permet même de corriger distorsions et vignetage, asymétriques une fois l’objectif en position décentrée. Il suffit alors de noter puis de communiquer aux logiciel le taux et l’orientation du décentrement (verticale ou horizontale) pour obtenir une correction quasi-parfaite – avis aux photographes d’architecture…

Lorsque les informations EXIF sont complètes (utilisez, pour en être sûr, un logiciel de développement RAW qui les respecte , comme Capture One, Camera Raw, Lightroom, Aperture…), vous pouvez attribuer un profil à plusieurs images. Sélectionnez simplement les images dans le panneau supérieur, cliquez sur le nom du profil (égal à celui de l’objectif), puis cliquez sur le bouton Sélectionner : le logiciel attribue le profil aux images sélectionnées et opte automatiquement pour la valeur la plus proche pour l’ouverture.

3 commentaires “Acolens – Le challenger d’outre-Rhin

  1. Certe le logiciel a l’air séduisant, mais un dongle a brancher sur un port USB à chaque utilisation, ce n’est vraiment pas pratique. Pour un utilisateur de portable il doit se déplacer avec. En cas d’oubli, de perte ou de bris, le logiciel devient inutilisable.

  2. Un grand merci Volker (toujours aussi ma… décidément).
    J’avais aperçu le stand de Nurizon (un peu à l’écart) vers la fin du salon et n’avais pas pu y rester le temps que j’aurais souhaité. Mon bref passage les a pourtant laissé assez dubitatifs lorsque je leur ai demandé ce qu’ils pouvaient faire de mon Tokina Fish-eye 10-17 rasé de près. Le brave opérateur a bien essayé de photographier sa mire mais a du bien vite déclarer forfait car l’angle de champ à 10mm est supérieur à 180°…
    Un logiciel bien prometteur en tout cas.

  3. @Yann, effectivement, un « dongle » est facile à perdre. En revanche, cela permet d’installer le logiciel sur plusieurs postes et de ne pas être importuné par une connection Internet manquante ou défaillante.
    @estragon. Pour l’instant, seules les optiques Canon et Nikon sont pris en charge, avec pour exception les objectifs Fisheye, grands absents – une limitation spécifique au logiciel ? Il va falloir que leur poses la question…

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