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Appareils reflex numériques Canon : Peut-on les acheter d’occasion ? (Première partie)

Capteurs et formats d’enregistrement

Le capteur est au cœur de l’appareil photo. À l’opposé d’un film argentique, il est irrévocablement lié à l’appareil et définit ainsi la qualité d’image de celui-ci. Associé au capteur, un processeur interne se charge de développer les fichiers bruts et d’acheminer les images de la mémoire tampon interne à la carte mémoire, en passant par l’application des paramètres de prise de vue choisis au sein du menu de l’appareil. Au cours de la période de commercialisation de l’appareil, de plus en plus brève, le fabricant propose un certain nombre de mises à jour visant à améliorer les performances de l’appareil. Si les capteurs bénéficient d’améliorations régulières qui portent sur l’augmentation du nombre de photosites et leur sensibilité (grâce à une augmentation de leur dimension et de celles des microlentilles les coiffant…), d’importants progrès ont été obtenus grâce à des algorithmes de calcul de plus en plus sophistiqués. L’utilisation de processeurs à multiple coeur contribue à des vitesses d’enregistrement plus élevées, rendant les appareils plus réactifs, notamment au format RAW.


Le capteur CMOS du Canon EOS 450D

Canon a opté il y a neuf ans pour l’utilisation exclusive de capteurs CMOS, ce qui a été considéré à l’époque comme un pari aussi audacieux que risqué. La technologie CMOS était en fait considérée comme étant inférieure à la technologie CCD en termes de bruit, tout en etant moins gourmande en consommation d’énergie et, avec ses convertisseurs couplés aux éléments photosensibles, plus rapide en écriture. Le Canon D30 présenté en 2000, a été le premier appareil reflex numérique équipe d’un capteur CMOS, les modèles suivants ne pouvaient qu’améliorer ses performances, avec une meilleure gestion du bruit et des microlentilles plus rapprochées les unes des autres. Et grâce à une conception et production 100% maison, Canon fait depuis de nombreuses années partie des fabricants de capteurs les plus innovateurs : il produit trois gammes de capteurs, au formats 36×24 mm (full frame), APS-H (29 × 19mm) et APS-C (22 × 15mm), avec un facteur de conversion de focale oscillant entre 1x (36×24 mm) et 1,6 x (APS-C). Le format APS-H, exclusif à Canon, est un excellent compromis, permettant de conserver une grande surface du capteur, une vitesse d’enregistrement élevée, une visée confortable et l’essentiel des caractéristiques des objectifs.

Les capteurs les plus anciens ne proposent qu’une résolution réduite : Le Canon EOS D30 intègre un capteur de seulement 3 mégapixels et le Canon EOS 1D (dont le capteur est de type CCD) atteint péniblement 4,1 millions pixels. Bien qu’ils arborent une surface de capteur plutôt importante pour le nombre de pixels affichés (leurs photosites mesurent respectivement 10,5 et 11,5 microns, garantissant une sensibilité importante), ces appareils souffrent d’imperfections. Cependant, si vous ne dépassez rarement les formats de tirage de 13×18 ou 15×21 cm, le Canon EOS 1D fera toujours l’affaire, surtout à sa sensibilité ISO de base et jusqu’à 400 ISO et avec un peu de soin à la prise de vue et un traitement adapté (format RAW), on pourrait même envisager le format A4 (21×29,7 cm) que seuls les appareils à six mégapixels (Canon EOS D60, 10D et 300D) proposent (enfin presque…) en tant que taille native. Pour produire des doubles pages magazine, il vous faudrait investir dans un Canon EOS 20D, 30D, 350D, 1D Mark 2 et 1D Mark 2n, les appareils « full frame » Canon EOS 1Ds, 1 Ds Mark 2 et 5D y parviennent sans peine. Les Canon EOS 400D, 450D et 40D ont été récemment remplacée par les modèles Canon EOS 500D et 50D qui proposent une résolution de 15 mégapixels, bien qu’ils reprennent le châssis et la plupart des fonctionnalités de leurs ancêtres. La chasse aux poussières peut très vite tourner à l’obsession avec les appareils dépourvus de dispositif de nettoyage : les capteurs « full frame » sont de véritables “pièges à poussières” du à leur grande surface, les capteurs APS-H et APS-C étant moins sensibles en la matière. Les appareils APS-C à 3 et 6 mégapixels échappent plus longtemps au nettoyage : la conception des capteurs et leur positionnement à l’arrière de la cage reflex les protège plus efficacement des particules étrangers.


Canon 5D et 5D Mark 2 : pour compenser la taille plus réduite réduite des photosites, Canon réduit également leur espacement, augmentant ainsi leur efficacité et sensibilité

Pour les formats et les supports d’enregistrement, il existe d’importantes différences entre les appareils. Tandis que les premiers boîtiers professionnels, EOS 1D et 1Ds, proposent un format brut à l’extension TIFF, leurs successeurs optent sagement pour le format CR2, toujours en vigueur pour toute la gamme actuelle. Quant aux appareils Canon EOS D30, D60, 10D et 300D, ils produisent des fichiers RAW à l’extension CRW et des fichiers annexe à l’extension HTM dont on peut extraire un aperçu JPEG. Notez que les anciens formats sont tout sauf faciles à gérer : si le format CRW fut snobé par les premières versions du logiciel DPP, le format TIFF sème la confusion parmi les logiciels d’image, dont certains s’obstinent à n’afficher l’aperçu TIFF intégré, tout en ignorant le fichier RAW associé. Bref, mieux vaut opter pour un appareil qui accepte le format CR2, ou alors procéder à une conversion systématique de ses fichiers au format DNG, plus largement reconnu par les logiciels de développement RAW et les logiciels de gestion et de catalogage. Faites également attention aux supports d’enregistrement : si les appareils EOS 1D, D30 et D60 acceptent les cartes Compact Flash I et II, ils ne connaissent qu’un formatage de type FAT. Les appareils cités sont donc incapables de tenir compte des capacités de stockage supérieures à 2Go, ce n’est donc pas la peine de leur associer des cartes aux capacités plus importantes.


Une superbe carte mémoire à grande capacité : certains appareils Canon en utilisent que 2Go, certains d’autres possèdent des contrôleurs trop paresseux…

Le Canon EOS 1D Mark 2 et les appareils professionnels successifs possèdent deux emplacements pour accueillir des cartes CF et SD, mais pour ce premier modèle, n’oubliez pas de mettre le logiciel interne (firmware) à jour pour que l’appareil puisse formater et utiliser des cartes de type SD-HC. La gestion des supports est par ailleurs particulièrement maladroite : l’enregistrement simultané (RAW+JPEG ou sauvegarde sur la deuxième carte) n’est pas proposé et le changement entre les deux supports (lorsqu’une carte est pleine) n’est pas automatique. Les premiers reflex grand public (300D et 350D) et les reflex experts de la gamme possèdent des emplacements pour cartes Compact Flash, mais depuis peu, Canon préfère la norme SD-HC à la norme CF pour ses appareils plus grand publlc : plus petites, moins chères, mais vraisemblablement un peu plus fragiles, les cartes SD sont utilisés par les Canon 400D, 450D, 500D et 1000D.

De manière générale, plus un appareil est récent, plus la vitesse d’enregistrement est importante. Les contrôleurs des appareils anciens sont dépassés : si le Canon EOS 1D première génération, champion de l’année 2001, pouvait enregistrer 16 fichiers RAW pris successivement à 8 i/s, le Canon EOS 1D Mark 3 parvient à en emmagasiner 30 fichiers à 10 i/s, une gageure, en prenant en considération les différences en termes de poids de fichier — de plus, après avoir pris cette rafale, l’ancien boitier reste bloqué pendant de nombreuses secondes. Avec un appareil ancien, rien ne sert à acheter des cartes ultra rapides. En prenant l’exemple sur la gamme SanDisk, privilégiez la gamme Ultra II, mais oubliez les gammes Extreme III et IV, beaucoup plus onéreuses et uniquement intéressantes pour économiser quelques secondes lors du transfert des images sur l’ordinateur.

20 commentaires “Appareils reflex numériques Canon : Peut-on les acheter d’occasion ? (Première partie)

  1. Bonne idée Volker, ce petit tour du propriétaire…

    Je pense qu’actuellement les nouveautés implémentés à chaque nouvelle génération ne justifient pas de changer de boitier. Je reste dans l’idée que l’on peut sauter une génération. Bien entendu il y a toujours des cas particuliers, mais personnellement je me contente de mon 5D et si je dois combler ma frénisie acheteuse, je le ferai en achetant un APS-C ou un second 5D d’occasion, qui me permettra de palier en partie au manque d’antipoussières de mon boitier en jonglant moins avec mes objectifs.
    Et si cela ne suffit pas, je regarderai du coté des accessoires pour voir ce qui me manque.

    Donc, à la question : « Peut-on acheter un appareil canon d’occasion ? » Je dirai oui, mais surtout pour les modèles experts (série xxD et 5D). D’ailleurs, mon dernier boitier Canon acheté neuf date du l’époque de l’argentique (50e)…

  2. Merci pour cet article aussi complet qu’intéressant et qui a le mérite de remettre certaines choses à leur place.
    Il est vrai que de nombreux photographes ont l’impression que seul le dernier boitier sorti est capable de faire de bonnes photos.

  3. @seb : d’accord avec toi, j’ajouterais simplement les anciens boitiers Pro. Utilisateur de longue date de boîtiers Canon (F1, F1n, T90, Eos-1 et Eos-1n), leur robustesse, finition et ergonomie (:-)) me rassurent…
    @rémi : justement, avec cette course aux pixels et à la sensibilité ISO, on oublie toujours qu’on puisse aussi faire à manger dans de vieux pots. Si on est prêt à faire quelques concessions côté confort d’utilisation, certains appareils un peu dépassés continuent à remplir leur rôle.

  4. Merci pour cet article très complet. Etant Nikoniste, je ne peux pas trop juger ce que tu dis, mais je suis sûr que c’est la même chose chez les jaunes.
    Le plus important est avant tout son parc d’objectifs, il faut le rappeler, car au final, le montant d’un boitier devient vite négligeable après l’achat de quelques objectifs de bonne facture.

  5. Très intéressant ! Les amateurs de matos d’occasion ne doivent surtout pas manquer mon GUIDE DES REFLEX 2008, ou il trouveront le détail de chaque gamme de chaque fabricants… Commentées et décryptées.

    http://www.amazon.fr/gp/redirect.html?ie=UTF8&location=http%3A%2F%2Fwww.amazon.fr%2FGuide-reflex-numériques-Choisir-utiliser%2Fdp%2F2742983856%3Fie%3DUTF8%26s%3Dbooks%26qid%3D1196093572%26sr%3D1-1&tag=macandphotoco-21&linkCode=ur2&camp=1642&creative=6746

    Je recommande fortement les EOS 5D, EOS 30D et même EOS 20D : petits prix en occasion, mais grand bonheur ! Sinon, le Nikon D200 ou le Pentax K10

  6. @Vibert / Macandphoto.com
    « Il est frais mon poisson, il est frais… » Désolé mais là l’autopromo est vraiment trop grosse…Quel racolage !

    Sinon bravo pour l’article !

  7. D’accord avec Olivier, l’article est très intéressant et va m’être utile pour remplacer mon deuxième boitier. Par contre, l’autopub de JF Viber m’énerve aussi. Je n’avais pas l’habitude de ce genre de parasitage sur ce site plutôt sérieux et bien tenu. Peut être un petit coup de chaud ?

  8. désolé les gars… c’était juste histoire de passer un message à ceux qui recherchent des infos sur le matos sorti il y a un ou deux ans… Car je crois sincèrement qu’il n’y a rien de plus pratique que ce bouquin (sans équivalent… sauf peut-être à passer quelques heures de recherche sur le net)…

    Voilà, c’était juste pour aider. Bon, OK je me tais !

  9. Jean-François, mon petit, je ne voudrais pas te paraître vieux jeu et encore moins grossier. L’homme de la pampa, parfois rude, reste toujours courtois… Mais la vérité m’oblige à te le dire : tes interventions publicitaires et nombrillistes commencent à me les briser menu !

  10. Pour en revenir au sujet qui nous intéresse, oui, on peut désormais tout à fait s’équiper en occasion en numérique. Mon 5D me suffit bien et le 5D mark II ne me tente guère. A quoi bon tant de pixels? Comme Volker, j’utilise des boîtiers Canon depuis longtemps (entre autres). J’avoue une certaine nostalgie au contact de mon EOS 1V que j’utilisais sans booster. Quelle qualité de fabrication et surtout quelle visée d’enfer! Là oui, un 5D dans une coque de 1V, je craquerais pour du neuf.

  11. Pour connaître le nombre de déclenchement, j’utilise l’outil plus générique PhotoME. L’information se trouve dans les EXIF des photos (du moiins chez Pentax…).

  12. Merci et bravo pour cet article que je trouve bien fait et interessant.
    cependant j ai noter une toute petite erreur concernant les cartes memoires des appareils entrée de gamme et notament le 400D
    L’article dit que le 400D utilise de la SD, or je dispose du 400 D et je peux vous confirmer que j utilise bien de la Cf ( compact flash ).
    mais bon rien de tres grave.
    encore bravo pour votre article
    Cordialement
    Wayne

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