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Créer et gérer une activité de photographe : être photographe, qu’est-ce que c’est ?

Dans la même logique, il convient également d’être maître dans l’art de la mise en page, du graphisme, de la correction et du réglage des images avant impression, tout cela sans occulter l’histoire de l’art et tout en cultivant sa propre culture artistique. Si vous me permettez l’expression, c’est « tout un programme »… L’époque (et le marché) exige(nt) que tout photographe professionnel maîtrise les différents aspects de cette chaîne. Un peu d’honnêteté fait dire que c’est impossible. Impossible en termes de charge de travail, impossible en termes de système de pensée, impossible en termes de portée de la réflexion. Bien entendu, il doit y avoir d’étroites collaborations, des connexions, des participations des différents intervenants d’un projet très en amont du processus décisionnel et de la phase de création. Et le photographe ne peut plus aujourd’hui créer seul sans prendre en considération la ou les façons dont seront utilisées les images. Si j’emploie le terme de « chaîne », c’est bien parce qu’il s’agit d’une succession d’acteurs engagés les uns avec les autres dans le but d’une production commune ; les uns étant plutôt « créateurs », les photographes, les autres étant plutôt « fournisseurs », ceux qui valorisent la mise en forme de l’image.

Un photographe doit conserver la capacité à penser, structurer et partager un discours. On attend d’un artiste qu’il nous touche, nous enrichisse, ce qui ne se fera pas sans ouverture, sans curiosité, sans pugnacité et obstination. Cela ne se fera pas non plus sans un engagement honnête fondateur de toute sa démarche, et sans intégrer le fait que créer, c’est se mettre en danger personnellement ; c’est accepter d’aller au-delà de soi, au-delà de ce qui dérange, de ce que l’on tait par confort. C’est ce dépassement qui fait le photographe.

Nous voilà avec deux notions fondamentalement complémentaires et diamétralement contradictoires : le photographe doit être un créateur et un bon technicien, et le bon professionnel doit aussi être bon gestionnaire et savoir bien apprécier son marché. Ces deux aspects ne peuvent pas être distincts l’un de l’autre. Les enseignements ou les nombreuses propositions de stages techniques ou artistiques font une grande partie du « travail ». Au-delà de ça, gestion, comptabilité et négociation doivent cesser d’être un langage abstrait pour le photographe d’aujourd’hui.

Cet article est extrait de l’avant-propos de Créer et gérer une activité de photographe, à paraître aux éditions Eyrolles le 2 novembre (176 pages – 20 euros – ISBN : 978-2-212-13590-9).

Fabiène Gay Jacob Vial accompagne les photographes dans le développement de leur activité. Elle propose des formations sur www.blog-lescyclopes.com.

Au sommaire

Photographe, moi ? Chronique du quotidien • La double facette : gérer sa photo à soi et la photo alimentaire Quel(s) marché(s) pour la photographie ? Portrait des marchés • Trois secteurs prédominants Quel marché pour « ma » photographie ? Définir les marchés locaux • Comprendre son environnement • Travailler avec le secteur privé/avec le secteur public Comportements et usages des commanditaires. Cerner son public • Faire le point : ma pratique face au marché Stratégie et posture professionnelle : un édifice à bâtir. Mesurer, accroître et mettre en perspective son potentiel artistique • Se présenter • Présenter sa photographie Gérer son activité. Savoir dire « non » • Élaborer une stratégie • S’organiser • Rédiger une proposition/répondre à une commande/établir un budget et un devis Vendre… Codes et usages à exploiter. La vente dans la fonction commerciale • Étapes clés • La rentabilité Face au client. Convaincre • Argumenter • Conclure S’appuyer sur un réseau professionnel

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7 commentaires “Créer et gérer une activité de photographe : être photographe, qu’est-ce que c’est ?

  1. À mon avis, les éléments les plus importants de ce sujet sont :
    – « le bon professionnel doit aussi être bon gestionnaire et savoir bien apprécier son marché »
    – « …gestion, comptabilité et négociation doivent cesser d’être un langage abstrait pour le photographe d’aujourd’hui »

    Ne parler que des aspects techniques liées à l’image est dangereux pour les futurs prétendants.
    « …il est rassurant de savoir que « faire l’image » constitue toujours l’essence même du métier » –> Je ne suis (malheureusement) pas du tout d’accord avec cette assertion !
    C’est (peut-être) vrai pour un salarié d’une société, mais le sujet parle de « gérer une activité de photographe », et là, l’histoire est différente !

    La plus grosse partie de l’énergie nécessaire à faire tourner son entreprise (même si elle n’est composée que d’une personne) n’est pas consommée dans « faire l’image ».
    Il est peut-être temps d’ouvrir les yeux : être photographe, c’est d’abord et surtout être un entrepreneur (ie avoir des connaissances dans la gestion, le marketing, la négociation, etc.), et aimer ça…

    Le meilleur photographe du monde, s’il ne vend rien, ne peut pas faire ça très longtemps.
    Le meilleur vendeur du monde, même s’il n’est pas un bon photographe, vivra dans le confort…

    • Pas d’accord :
      « Le meilleur vendeur du monde, même s’il n’est pas un bon photographe, vivra dans le confort… »
      Il ne vivra qu’un temps de ses talents… de vendeur ! Le marché professionnel de la photographie est très étroit car rares sont les entreprises qui font la démarche de faire appel à un pro, gare aux espoirs déçus…
      FJ

  2. Pas d’accord :
    « Le meilleur vendeur du monde, même s’il n’est pas un bon photographe, vivra dans le confort… »
    Il ne vivra qu’un temps de ses talents… de vendeur ! Le marché professionnel de la photographie est très étroit car rares sont les entreprises qui font la démarche de faire appel à un pro, gare aux espoirs déçus…
    FJ

  3. Mais finalement qu’est ce qui compte ? tromper tout le monde , en étant un bon vendeur et un photographe moyen, ou etre pauvre toute sa vie, et laisser une empreinte après sa mort, être reconnu comme photographe de talent ? Le meilleur moyen d’être un bon photographe, c’est de ne pas en faire son métier 🙂

  4. Ce qui compte : être le plus honnête possible avec soi même et partir de la qualité et de la véracité de sa photographie. La situer dans l’espace professionnel qui vous est le plus accessible donc le plus réel. Faire des choix et se donner les moyens d’atteindre ses objectifs. tout le défi est de se donner les bons objectifs. Etre un bon photographe ….? Qu’est ce que c’est ? Avez vous des définitions … ?

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