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DxO Optics Pro 5.0 – Chronique d’une naissance prématurée

Une petite recherche sur Google, en tapant “DxO 5.0”, révèle l’exaspération presque consensuelle de nombreux utilisateurs incapables de faire fonctionner la dernière mouture du logiciel DxO Optics Pro sur leur machine, y compris avec la dernière version (5.01) censée de corriger les bogues les plus crispants.

Une petite recherche sur Google, en tapant “DxO 5.0”, révèle l’exaspération presque consensuelle de nombreux utilisateurs incapables de faire fonctionner la dernière mouture du logiciel DxO Optics Pro sur leur machine, y compris avec la version (5.01) censée de corriger les bogues les plus crispants.
On peut s’interroger sur la raison, sans doute bassement commerciale, du lancement anticipé. Force est de constater que le nombre de malchanceux privés de cette mise à jour (pourtant payante…) est plus important que ne le laisse penser le communiqué gentiment optimiste de Luc Marin (PDG de l’éditeur DxO Labs)…

Je n’ai guère envie de participer à la polémique qui se déchaîne actuellement sur les forums photo, et au lieu de décortiquer pour vous les nouvelles fonctionnalités, je me suis contenté cette fois d’examiner la qualité de dématriçage, véritable point fort de ce quatrième remake.

Ayant suivi le logiciel DxO au fil des versions, je n’ai jamais été émerveillé par la qualité des fichiers convertis par son moteur de développement RAW (DxO Raw Engine) : privilégiant la suppression du bruit au détriment de la netteté, il générait par défaut des fichiers trop lissés et peu détaillés, ou, pire encore, des artéfacts colorés très gênants lorsqu’il s’agissait d’images prises à une sensibilité ISO élevée.

Tandis que certains logiciels de développement semblent emprunter la voie de DxO en imitant ce rendu par trop numérique à mon goût, la nouvelle version 5.0 semble enfin avoir retrouvé la voie de la sagesse. Effectuant une réduction du bruit en amont du dématriçage, le nouveau moteur de développement RAW réussit la quadrature du cercle : les images bénéficient à la fois d’une réduction du bruit et du moirage efficace – sans pourtant sacrifier la richesse de détails.

Voici quelques exemples, obtenus non sans mal avec un logiciel fort récalcitrant (il m’a fallu passer “entre les gouttes”, c’est-à-dire entre les bogues !). J’ai utilisé, pour cette confrontation rapide, les versions 4.5.1 et 5.01 de DxO Optics Pro, la version 4.0 bêta 2 de Capture One et la dernière version de Lightroom, 1.3, qui partage son moteur de conversion avec Camera Raw 4.3. Les paramètres de développement sont les paramètres par défaut préconisés par chaque logiciel. J’ai volontairement écarté de ma comparaison la correction des défauts optiques, apanage de DxO.

Afin de mieux apprécier toutes les nuances des extraits suivants, n’hésitez pas à agrandir les vignettes, via un clic sur l’icône Agrandir, située dans l’angle inférieur gauche de chaque photo.


Canon EOS 1Ds, EF 4/17-40 mm L USM, 100 ISO


Extrait de l’image précédente : DxO (à gauche) offre le meilleur contraste local et le plus faible taux de moirage parmi les trois logiciels


DxO emporte la compétition haut la main grâce au microcontraste et un meilleur rendu des plus fines nuances colorées : tandis que Lightroom supprime les feuilles jaunes de la haie, tout en la transformant en “bouillie de pixels”, le logiciel français restitue les couleurs de manière précise.


L’opposition des deux couleurs, rouge et vert, rend la tâche difficile aux algorithmes de dématriçage qui déterminent la couleur de chaque pixel en analysant celles des pixels voisins. DxO et Capture One parviennent à déjouer ce piège : les contours sont nets, bien que les détails (feuilles, tiges et brins d’herbe) soient un peu mieux restitués par DxO Optics Pro. Encore une fois, les algorithmes de Lightroom révèlent un manque de précision : la couleur rouge des fleurs bave sur le fond, les brins d’herbe se fondent dans la pelouse.

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12 commentaires “DxO Optics Pro 5.0 – Chronique d’une naissance prématurée

  1. Je m’étonne un peu de ne jamais voir de commentaire sur le rendu général de DXO… on parle de dématriçage, correction, etc… mais je lui fait un reproche avant tout : les images issues de ce logiciel sont flateuses de loin, mais beaucoup moins détaillées et naturelles que celles obtenues par Lightroom. Je m’explique; si l’on grossit les images (par exemple celles des statues) on s’apperçoit que le contraste est trop élevé, les dégradés ne sont pas retranscris fidèlement. Ainsi de loin l’image donne une impression de netteté et de saturation plaisante, mais de près Lightroom l’emporte largement -à mon sens- en ce qui concerne le respect des tons et des dégardés. Ses réglages par défaut sont moins claquants, mais plus fidèle, ce qui rappelle exactement la différence entre des boitiers numériques amateurs, et ceux destinés aux pros. Aux premier regard, on préfèrera souvent le fichier d’un EOS 350D à celui d’un 5D, qui semblera plus terne. Malgré de réelles qualités, DXO ne me convient toujours pas car je trouve qu’il conserve ce traitement excessif des anciennes versions.

  2. Bizzare, avec exactement les mêmes exemples sous les yeux, je trouve les images de DXO 5 nettement moins détaillées que celles des concurrents.
    Pour moi le manque de détail très fin est flagrant, comme si toutes les hautes fréquences avaient été lissées. Le rendu semble t’il sauvé par une augmentation de contraste local grossière.

    Sinon les différences de contrastes, expositions et saturation rendent difficile la comparaison entre les images.
    Par exemple le bruit ressort sur Capture One car le contraste est plus doux et les zones sombre sont beaucoup plus lumineuses que celles de DXO.
    Pour la photo Rouge/Vert, la saturation exagérée de l’image DXO fait effectivement ressortir les fleurs des feuilles mais il ne me semble pas que ce soit issu d’un dématricage supérieur.

    Pour moi ça ressemble au rendu d’un APN de poche basique, le bruit en moins.
    Merci pour le test en tout cas, car la 5.0 refusait de démarrer chez moi !

  3. Il me semble bien qu’il y a autant de goûts qu’il y a des photographes… Vos remarques sont tout à fait justes, la sensation de netteté est aussi et surtout du à un micro-contraste plus élevée. Cependant, les photographes n’impriment pas leurs photos à 100% de leur taille en pixels et le contraste local sera ainsi plus efficace pour donner une impression de netteté qu’un gain de résolution…

  4. très intéressante comparaison… l’avez-vous faites aussi avec NX 1.3 tout juste sorti quasi en même temps que Dxo5. cela pourrait être interessant pour des NEF de D200 (cf statue par exemple)

  5. Sans pouvoir vérifier les résultats de la version 5 avec la 4 de DxO, je ne partage pas ton point de vu (Volker) sur le rendu de cette nouvelle mouture que je trouve très peu naturel. Peut-être parce que j’attends d’un développeur RAW le résultat le plus neutre possible comme base « créative » pour pousser des images dans leur derniers retranchements? Si on le veut?

    Je pense en effet qu’il est plus juste de démarrer avec une image naturelle, la plus proche de celle encore imprégnée dans notre cerveau comme étant l’original, pour soit la laisser telle quelle ou bien la déformer délibérément. Suivant l’humeur du moment et le but recherché. Alors, d’après mon humeur actuelle et ma sensibilité visuelle, et sans avoir été là pendant la prise de vue, voici mes commentaires sur le rendu DxO pour les extraits que tu as choisi.

    Pour la première image: je distingue des « marches » dans les tiges rouges suivant l’angle qu’elles ont. Résultat d’un « micro-contraste » trop élevé? Oui, l’image de DxO semble plus nette, mais ces tiges ont presque un halo tellement que la netteté a été forcée. Le rouge me semble aussi trop vif.

    Deuxième image: où sont passé les détails du crépis au soleil? Et les joints entre les pierres rondes du mur qui se trouvent dans l’ombre, sont ils vraiment aussi lumineux en réalité? Les marches sont tellement « unsharp mask » qu’elles semblent floue. Idem pour les feuilles du buissons. Je paries que les pares soleil ne sont pas si saturé en vrai.

    Troisième image: je trouve le rouge très excessif, les deux feuilles au soleil me semblent plus floues que sur les captures de C1 et LR.

    Quatrième image: rien à signaler, le résultat de LR est exactement ce que j’attend d’une telle image. Pas de saturation excessive, contraste dans les hautes lumières. Certes, l’image DxO a un certain lissé de rendu dans les parties ou le contraste est minime, les joues par exemple. Mais cela donne l’impression d’un flou à cet endroit, un manque de bruit par rapport aux parties plus contrastées comme les parties ombragées du cou vs partie droite plus éclairée. Comme si le grain n’était pas partout du ISO 800.

    Cinquième image: à mes yeux un faux pas de plus pour DxO. Balance de gris à coté, manque de texture de poil, contraste exagéré.

    Malgré tout, les résultats de DxO sont pas mauvais, loin de là, mais comme je l’ai précisé au début, ils ne représentent pas ce que j’attends d’un derawtiseur. Et je me tairais (si j’y arrive 😉 sur la politique commercial de DxO que je n’approuve pas du tout.

    En fait tes images m’ont conforté dans mon choix pro Lightroom / contre DxO et elles ont rehaussé mon point de vue sur Capture One, dont les résultats sur certaines images m’ont agréablement surpris. Merci!

    PS: DPP 3.2.2 déjà testé?

  6. Yann, je pense que DxO a toujours essayé de produire une image prête à l’emploi, prête à tirer en Minilab, plutôt d’en proposer une version « neutre » qu’on puisse améliorer à sa guise. C’est simplement la raison pour laquelle je ne l’utilise que pour certaines images isolées – le rendu étant vraiment trop du type Technicolor. De ce fait, le logiciel a plus de clients côté photographes amateur que côte photographes professionnels – ces derniers demandent davantage de souplesse pour la préparation de leurs images.
    On peut aimer ou détester ce rendu, force est de constater que l’éditeur a fait des progrès et que les images finales sont parfaites pour un tirage en Minilab (le relatif manque de détails par rapport à Capture One et Lightroom n’y restera indétectable, le contraste local y donnera l’impression d’un « piqué » supérieur). Je suis juste un peu déçu par le lissage exagéré de Lightroom qui « floute » les détails à basse fréquence (pelouse, fleurs rouges qui bavent…) et enchanté par Capture One qui semble avoir trouvé un bon compromis (restitution des détails, à la fois haute et basse fréquence, restitution des couleurs).

  7. Comme le dit Volker, je crois que le but de DxO est de produire une image prêt à l’emploi. J’avoue que je ne connais pas le produit mais j’ai mis en boite une interview chez eux il y a quelques semaines et c’était un des messages sous-jacents.

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