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Exposer à droite est-il toujours à l’ordre du jour ?

Un article paru en 2003 continue de créer de la confusion chez les photographes. Ecrit par Michael Reichmann et inspiré par Thomas Knoll, un des créateurs de Photoshop, il recommande de surexposer de manière contrôlée afin de bénéficier de toute la dynamique qu’offre le capteur. “Exposer à droite” vise à déplacer les pixels le plus possible à droite sur l’histogramme pour limiter les artefacts (bruits, effets de bande) dans les zones les plus sombres.

Un article paru en 2003 continue à créer de la confusion chez les photographes. Ecrit par Michael Reichmann et inspiré par Thomas Knoll, un des créateurs de Photoshop, il suggère de surexposer de manière contrôlée afin de bénéficier de toute la dynamique qu’offre le capteur. “Exposer à droite” (de l’anglais expose to the right) vise à déplacer les pixels le plus possible à droite sur l’histogramme, afin de limiter les artefacts (bruits, effets de bande) dans les parties les plus sombres. Si cette méthode est finalement très efficace pour obtenir des photos très peu bruitées qui se prêtent particulièrement bien à un post-traitement intensif, de nombreux photographes l’utilisent systématiquement et sans vraiment y réfléchir, soit en tant que compensation d’exposition systématique, soit pour se passer d’une mesure d’exposition précise.


Le contraste de cette image à contre-jour a été maîtrisé grâce à l’emploi d’un réflecteur…

Pourtant, “exposer à droite” n’a rien d’une potion magique et n’a pas vocation à se substituer à un véritable savoir-faire technique. Quel que soit votre appareil photo, la “bonne exposition” est toujours aussi importante pour réussir une prise de vue. Bien que la plupart des afficheurs LCD n’offrent qu’une vision fausse et édulcolorée du fichier final, l’histogramme se prête (un peu…) mieux à l’évaluation de l’exposition, pour peu que celui-ci affiche les informations sur trois graphiques séparés (histogramme dit “RVB”) et que vous photographiez en JPEG. Mais que faire lorsque vous travaillez avec le format RAW pour tirer la quintessence de votre capteur ? L’histogramme de l’appareil reflète en fait les réglages de votre appareil (balance des blancs, style d’image, matrice couleur, courbe de contraste, saturation, teinte, netteté…) qui ne sont pris en compte (et utilisés pour un premier affichage…) que dans le logiciel de développement RAW de votre fabricant d’appareils.


Une scène à contraste élevé – grâce à une exposition appropriée, tous les détails ont pu être préservés.

Si vous travaillez avec un logiciel tiers (Aperture, Camera Raw, Lightroom, Capture One, Bibble, etc.), l’affichage par défaut diffère souvent beaucoup de l’aperçu intégré au fichier RAW, car ces logiciels utilisent leurs propres algorithmes pour le dématriçage et le développement des fichiers bruts, et ne tiennent pas compte des réglages de l’appareil.

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24 commentaires “Exposer à droite est-il toujours à l’ordre du jour ?

  1. effectivement, mais c’est un cas à part car la profondeur de 14 bits des deux appareils est du à l’architecture particulière des capteurs (deux types d’éléments photosensibles)…

  2. L’exposition décalée vers la droite a pour seul et unique but l’augmentation de la quantité d’informations enregistrée.
    Si derrière, vous n’exploitez pas ces informations, ça n’a effectivement aucun intérêt… et les exploiter correctement n’est pas forcément à la portée de tous !
    Pour les sujets dont l’histogramme reflète un faible contraste (comme le paysage embrumé), l’exposition à droite permet d’enregistrer plus de nuances subtiles qui pourront être utilisées pour éviter la pixelisation, pixelisation qui n’aura lieu qu’en cas de forte retouche des niveaux. J’utilise cette technique dés que l’image manque de contraste, non pas parce que c’est systématiquement nécessaire, mais parce qu’en cas de besoin, j’aurais plus de matière à travailler…
    C’est pour les mêmes raisons qu’on shoote en RAW plutôt qu’en jpeg, même si ce n’est pas nécessaire tout le temps.

  3. @christophe. C’est exact, mais justement, la pixelisation dont vous parlez (je suppose qu’il s’agit là de la postérisation) n’est pas inhérent au fichier RAW (ou à sa mauvaise exposition), mais au traitement en aval (surtout lorsqu’on convertit le fichier un peu trop tôt en mode 8 bits…). Ce qu’apporte le développement à droite, est le déplacement des pixels sombres vers les tons moyens, avec pour résultat un meilleur rapport signal/bruit. Quant au paysage enbrumé, l’ayant à la base exposé à droite et « normalement » et ayant trituré les deux fichiers dans tous les sens, je ne peux constater aucune différence de qualité d’image – contrairement à beaucoup d’autres photos, plus contrastées, dont la variante exposée à droite comporte moins de bruit et une structure d’image plus propre…

  4. « Un appareil reflex numérique qui encode typiquement l’information couleur en 12 bits par couche (4096 pixels), consacre en théorie la moitié des niveaux (2048) au diaphragme le plus lumineux, »
    Que viennent faire les pixels dans cette galère ?
    Par ailleurs, le reste de ce paragraphe contient beaucoup d’autres inepties, il serait bon de relire le bon article que vous nous mettez en lien.

  5. @et oui, les pixels n’y ont rien à voir, c’est corrigé… quant au reste, je ne vois pas ou vous voulez en venir, cher Meuh, merci de préciser un peu 😉

  6. Allons bon, pour une fois que quelqu’un écrit un article sur ce genre de sujet en France, on a déjà une critique pas cool sur une demie douzaine de commentaires…

    Merci pour cet article, Volker, qui, non seulement a le mérite de soulever des questions, mais permet de réviser ses connaissances, ce qui ne fait jamais de mal à personne 🙂

  7. si, pour sauver les hautes lumières, on sous expose et qu’on veut rattraper les ombes dans le logiciel de conversion, c’est au prix d’une montée de bruit, surtout sur des images faites à haute sensibilité. Je suppose que les traitements auhjourd’hui efficaces du bruit des logiciels phare comme Nikon NX, DXO , Noise Ninja , sont plus efficaces sur le bruit natif dans le fichier raw, que dans le bruit généré au post traitemant , même si les outils de correction du bruit de ces logiciels restent utilisables à n’importe quel moment du traitement logiciel ?

  8. je suis particulièrement d’accord avec le haut de la 3ème page.Il faut toujours bien connaître le comportement de son appareil photo pour pouvoir prévoir les meilleurs réglages selon la difficulté de la lumière. Et parfois, la meilleure photo, c’est celle qu’on s’abtient de faire, surtout si on peut la remplacer par une plus intéressante encore, mais avec des conditions de lumière plus maîtrisables. On ne montre jamais que les images qu’on a prises ( le jugement d’autrui ne porte que sur celles là ), et jamais celles qu’on a jugé utile d’éviter 🙂

  9. Une autre correction 2 lignes en dessous, où tu chiffres les niveaux par diaph, tu dis « pixels » aussi 🙂

    Article très intéressant, Surtout la conclusion dans réelle réponse : Je pense en effet que ces considérations assez avancées ne doivent pas nous faire oublier de connaitre son appareil, bien exposer, et surtout bien composer. Difficile de prendre le temps de penser à tout!
    Je pense toutefois que pour les scènes très contrastées, le bruit est préférable aux hautes lumières à la limite de la sensibilité de l’appareil. Ce domaine reste relativement inesthétique en numérique. Mais cela vient peut être du visionage sur écran uniquement aussi.

    Merci encore!
    P.

  10. @BG et Potoche : je me suis rendu compte que l’Exposer à droite perturbe pas mal de photographes qui espèrent avoir trouvé une solution universelle à tous leurs problèmes d’exposition. Il n’y a pas de mystère : comme au bon « vieux temps de l’argentique », il vaut mieux de bien comprendre l’exposition (je possède par ailleurs un excellent ouvrage de Bryan Peterson) au lieu de faire confiance aux automatismes de l’appareil, car ce sont finalement les conditions de lumière particulières, souvent mal interprétées par la cellule de l’appareil, qui donnent les meilleurs résultats

  11. Tiens, juste histoire d’embrouiller encore un peu plus les choses : mon cher Volker, que penser, par rapport à ce problème de choix d’exposition, de la nouvelle fonction présente dans le D3 et D300 nommée D-Ligthing Actif ?? En (très) gros, cette fonction est censée adapter l’exposition à la dynamique du capteur en analysant l’image au moment de l’enregistrement (et moyennant un temps de traitement plus conséquent bien sûr…). C’est aussi une piste intéressante…

  12. oui, très bonne remarque, Laurent. Malheureusement, il n’y a que toi qui pourras vérifier le fonctionnement du D-Lighting, moi je suis Canoniste :-). Mais à priori, cela semble reposer sur des algorithmes bien plus puissants que la courbe utilisée par Canon pour remonter les tons moyens lorsqu’on choisit le mode « Priorité hautes lumières ».

  13. Ce qui va être intéressant dans l’avenir, c’est de voir ce que des éditeurs de logiciels genre Lr/ACR, Aperture, Phase One, Bibble, DxO vont nous proposer pour concurrencer l’arrivée d’outils de correction extrêmement sophistiqués embarqués dans les boîtiers et agissant dès la prise de vues.

  14. @Gilles & Volker : là est bien la question. Comment rattraper a posteriori une exposition mal dosée ? C’est bien pour cela que l’option de l’analyse en amont de l’exposition proprement dite semble être la solution absolue, et pour aller bien au delà des systèmes de mesure actuels que sont les mesures matricielle, pondérée centrale et spot. Le D-Lighting Actif récemment proposé par Nikon a l’avantage d’être débrayable au moment du développement du RAW sous Nikon Capture, comme tout réglage affecté à un brut de capteur. Toutefois, son activation à la prise de vue influe bien sur la nature du RAW enregistré, même si on désactive au post traitement. Et à ce titre, il n’est donc pas exempt de générer des artefacts dans certaines conditions extrêmes. Du coup, j’hésite à l’utiliser systématiquement, préférant contrôler mon expo moi-même. De toute façon, pour de l’assemblage d’images ou la reproduction de documents, il ne faut pas employer cette fonction sous peine de devoir ré-équilibrer les vues obtenues qui auront été interprétées individuellement à la prise de vue, même en cas d’exposition manuelle.
    Bref, l’expérience acquise est aussi un excellent palliatif aux éditeurs de logiciels…

  15. Commentaire qui n’apporte rien au moulin: excellent article, merci beaucoup ! Un véritable plaiisir QuestionPhoto.com.

  16. Pour moi, c’est très simple, je travaille 100 % en RAW et je n’ai pas envie de passer ma vie à retoucher mes images. J’essaye donc de soigner ma prise de vue.
    Le problème, une fois installé devant l’ordi, on ne peut s’empêcher de toucher aux merveilleux outils disponibles dans les logiciels…

  17. L’active D-Lighting de Nikon amène le plus souvent un décalage vers la gauche de l’exposition, et du coup lorsqu’on l’utilise sur des fichiers Raw, les fichiers sont plus délicats à développer avec les logiciels autres que les outils Nikon…

    Pour ma part, j’ai renoncé à l’utiliser, préférant garder la main et utiliser une mesure spot lorsque nécessaire…

  18. il suffit de prendre un carre de ciel uniformément bleu et de faire différentes expositions , -2 , -1 , 0 , +1, +2, et même +3 pour se rendre compte tout seul du gain en qualite de l’exposition a droite. un ciel bleu expose normalement (0) a du bruit , un ciel a +2 et bien sur remis a son bleu, dans camera Raw par exemple, donne un beau bleu exempt de bruit
    Il ne s’agit donc pas de bruit dans les zones d’ombre uniquement
    La ou il faut se méfier c’est dans le cas par exemple de fines branches dans le ciel si l’exposition est trop a droite
    mais prendre 2 ou 3 expo regle ce problème

    la première chose est de bien connaitre son appareil

    sinon oui l’expo a droite est la seule solution actuelle en numérique

    je parle bien sur en RAW et a 100 ISO, le reste etant du bricolage logiciel 400 ISO n’augmente pas la sensibilite du capteur , celle ci est fixe

  19. Pingback: Bruit chrominance et luminance

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