La démarche photographique : entre le sujet et l’image
Publié le 1 juin 2012 dans Actualités Articles et dossiers par Anne-Laure Jacquart
Détailler ainsi un processus psychique qui ne dure, souvent, que quelques secondes permet une prise de conscience de la complexité de la création d’images, malgré un temps de réalisation très court.
La photographie convient bien à notre société de gens pressés. Mais n’allons pas trop loin dans ce sens car l’instant passé à chercher une idée, définir une intention avant de la réaliser effectivement fait toute la différence. N’est-il pas dommage de se contenter, comme on dit, “d’appuyer sur le bouton” quand on peut mettre en image une vision pour partager vraiment ce qui nous tient à cœur ?
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Anne-Laure Jacquart est photographe, formatrice photo et auteur de livres de pratique photographique. Elle publie ce mois-ci deux “mémophoto”, des petits dépliants de 14 pages, suffisamment légers et résistants pour être emportés partout ! Compagnons indispensables de vos prises de vue, ils portent, pour l’un, sur les réglages essentiels de l’appareil et, pour l’autre, sur les étapes de la composition.
Ces supports vous aideront :
- à définir en temps réel votre intention (que souhaitez-vous obtenir ?) ;
- à savoir quel réglage et/ou quel type de composition adopter à cet effet ;
- à résoudre certains problèmes rencontrés (vos images vous semblent médiocres pour telle ou telle raison… comment y remédier ?).
Les mémophoto seront en librairie le 14 juin. Il sont d’ores et déjà disponibles en précommande sur Amazon :
- Les réglages de l’appareil – Vitesse / Diaphragme / Exposition (ISBN : 978-2-212-13484-1, 6,90 euros, 11 ×17 cm)
- La composition étape par étape – Angle de vue / Cadrage / Impact visuel (ISBN : 978-2-212-13485-8, 6,90 euros, 11 × 17 cm)
C’est toujours un plaisir et une expérience très enrichissante que de lire un de tes articles, chère Anne. J’aime beaucoup cette phrase : « N’est-il pas dommage de se contenter, comme on dit, “d’appuyer sur le bouton” quand on peut mettre en image une vision pour partager vraiment ce qui nous tient à cœur ? » C’est tellement vrai ! Il arrive souvent que l’on me dise qu’il suffit juste d’appuyer sur le bouton… J’aime alors à répondre que oui, mais que j’ai mis des années avant de savoir comment et à quel moment appuyer !
Bonjour, afin d’enrichir le sujet et de proposer une approche sociologique, je vous conseille la lecture de l’ouvrage coordonné par P.Bourdieu : Un art moyen, essai sur les usages sociaux de la photographie. P.Bourdieu, L.Boltanski, R.Castel, J.-C.Chamboredon
Éd. de Minuit, Le sens commun,1965.
Revue, 1970, 352 pages.
ISBN : 2707300292
Alors que tout semble promettre la photographie, activité sans traditions et sans exigences, à l’anarchie de l’improvisation individuelle, rien n’est plus réglé et plus conventionnel que la pratique photographique et les photographies d’amateurs. Les normes qui définissent les occasions et les objets de photographie révèlent la fonction sociale de l’acte et de l’image photographique : éterniser et solenniser les temps forts de la vie collective. Aussi la photographie, rite du culte domestique, par lequel on fabrique des images privées de la vie privée, est-elle une des rares activités qui puisse encore de nos jours enrichir la culture populaire : une esthétique peut s’y exprimer avec ses principes, ses canons et ses lois qui ne sont pas autre chose que l’expression dans le domaine esthétique d’attitudes éthiques.
Je ne suis pas sûr que le texte de Bourdieu soit bien en rapport avec l’article d’AL Jacquart.
L’extrait du livre de Bourdieu (livre que je n’ai pas lu – et donc je me réfère ici uniquement à l’extrait qui est cité) parle de l’acte photographique « amateur » (c’est lui qui le dit, et j’ai bien compris qu’il n’y a rien de péjoratif), de celui que constitue la photographie « sociale » (les souvenirs que nous engrangeons à titre personnel pour « éterniser et solenniser les temps forts de la vie collective »).
L’article d’AL Jacquart ne parle pas du tout, à mon avis, de cela. AL Jacquart est une excellente photographe, une ciseleuse d’images, qui possède à la fois une maturité dans son travail et dans sa réflexion théorique sur ce travail. Elle nous fait partager ici une réflexion subtile sur l’art de la composition, à travers sa sensibilité et « son acuité visuelle de photographe ». Il ne s’agit pas de photographie sociale, mais bien de volonté artistique avérée et tangible.
Elle parle (très peu) de technique, mais (surtout) de perception, d’émotion, d’anticipation, de construction plus ou moins consciente de l’image, de choix esthétiques, d’une vraie réflexion photographique. C’est à la fois extrêmement rare et extrêmement difficile.
Le seul risque serait d’y perdre une sorte de spontanéité, de jubilation brouillonne mais créative, d’élan irraisonné qui peut nous submerger et nous lancer dans une photo « à l’instinct ». Cet « emballement photographique » peut aussi générer quelques pépites. Mais sans doute faut-il avoir déjà une bonne pratique pour pouvoir « obéir à cet instinct » et en tirer de beaux résultats.
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