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L’objectif standard revisité (première partie)

 Bokeh et objectifs standards

Souvent utilisé comme prétexte pour justifier  un sujet banal et/ou une composition bancale, le bokeh, c’est-à-dire le rendu des zones hors mise au point, est devenu un facteur avec lequel il faut compter. En fait, il s’agit de la seule caractéristique d’un objectif qui est aisément identifiable sur des images timbres-poste telles que l’on trouve sur le Web, les autres facteurs de qualité étant uniquement discernables sur une image de grande taille. De manière générale, il est plus difficile d’obtenir un bokeh agréable avec un objectif standard qu’avec un objectif télé : la focale étant plus courte, l’objectif inclut davantage d’éléments dans l’arrière-plan (d’où une « agitation visuelle » plus importante). De même, la profondeur de champ étant plus importante, elle génère une transition plus graduelle et moins marquée entre le net et le flou. Malgré cela, les objectifs standards peuvent vous aider à créer des images vaporeuses, avec un sujet principal bien net et le reste de l’image plongée dans un flou abstrait. Pour cela, il faut s’approcher du sujet et maintenir une distance importante entre celui-ci et l’arrière-plan. Si un objectif onéreux (Zeiss Otus 55 mm f/1, 4, Sigma 50 mm f/1, 4 DG HSM Art,  Canon EF 50 mm f/1, 2 L USM, Nikon AF-S 58 mm f/1,4 G) offre souvent une qualité de bokeh exceptionelle, grâce à une optimisation poussée de la formule optique, certains objectifs anciens se distinguent par un bokeh aussi atypique qu’attractif. Citons le vénérable Carl Zeiss Biotar 58 mm f/2 des années 1920 et certaines versions de l’objectif standard russe Helios 44-2 58 mm f/2 dont les caractéristiques trahissent la descendance directe du précurseur allemand. Grâce à une sous-correction de l’aberration sphérique, les deux objectifs produisent un rendu caractéristique qui introduit un mouvement circulaire (swirly bokeh) aux éléments de l’arrière-plan. Le bokeh est donc une caractéristique qui n’est pas toujours directement liée aux performances optiques : la forme du diaphragme, plus ou moins circulaire, y joue également un rôle important et la présence de certaines aberrations résiduelles lui est souvent favorable. D’où l’intérêt de réhabiliter certaines optiques vintage….

 

Le bokeh est avant tout une histoire de goût personnel. Mais il ne doit jamais prendre le pas sur la composition d’une image.

Le piqué avant tout

Le piqué d’un objectif standard est-il systématiquement meilleur que celui d’un zoom trans-standard ? Alors que la supériorité d’une focale fixe était incontestée dans les années 1960 et 1970, les performances optiques des meilleurs objectifs à focale variable se sont améliorés depuis, au point d’égaler celles des focales fixes. Une fois le diaphragme fermé à des valeurs d’ouverture moyennes, la plupart des zooms actuels n’ont donc plus rien à envier aux focales standard. Sous condition de les utiliser correctement, c’est-à-dire en utilisant la règle « 1 divisé par la focale » (24 x 36) ou « 1 divisé par 1,5 fois la focale » (APS-C) pour  trouver la vitesse d’obturation la plus lente. Le choix d’un objectif standard pour ses seules performances optiques n’est donc pas forcement pertinent, étant donné qu’il réduit votre mobilité tout en vous demandant un effort supplémentaire pour la composition. La luminosité et le bokeh sont en revanche deux arguments recevables, en faveur des objectfs standards.

Fermé à des ouvertures moyennes, la plupart des objectifs standards produisent des images très piquées. De nombreux zooms aussi !

6 commentaires “L’objectif standard revisité (première partie)

  1. Merci pour cet article de qualité comme toujours.
    J’ai beaucoup apprécié le passage évoquants la qualité des photos produite par les optiques d’un autre temps. A propos je suis étonné que le Takumar SMC 50mm f\1.4 n’ait pas été mentionné surtout pour son bokeh très aimé. Peut être sera t il dans le prochain article…

  2. Bonjour Sylvain,
    je parlerais du Super-Multi-Coated Takumar 50 mm f/1,4 dans un des deux prochains articles (j’ai décidé d’un faire deux, le premier consacré à certains optiques standards Canon un peu atypiques et le second à plusieurs standards adaptables un peu plus anciens dont ce fameux Pentax…

  3. Bonjour, très longtemps le 1,8/50 Planar Zeiss ST. Je l’utilise avec une bague de ma fabrication sur un Leica M. Etonnant qu’en pensez-vous? merci

  4. Perso, je préfère le 35mm comme objectif standard. Je me sens un peu « étouffé » avec un 50mm
    et je trouve la focale 50 trop courte pour détacher un sujet.
    Et comme aujourd’hui avec le numérique et la définition des capteurs on peut recadrer un peu le champ d’un 35…. .

    J’ai un peu utilisé le cadrage 40mm avec un compact modifé pour faire de la photographie infrarougs en 4/3 et ça me semble aussi intéressant.
    Je me demande ce que donne la focale de 43mm en 3/2 ?

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