Noir et blanc : créer une ambiance
Publié le 2 mai 2011 dans Actualités Livres par Savine Dosda
Le photographe qui intègre des plans flous dans ses images noir et blanc augmente la part de mystère qui entoure son sujet et ouvre la porte à la subjectivité et à l’imagination du spectateur. Ce dernier pourra décider de donner telle ou telle signification, plus personnelle, à la part d’inconnu qui entre dans la composition de l’image.
La photo qui suit présente le bord d’un étang photographié avec très peu de profondeur de champ. La disparition du vert et du bleu transforme l’image. Les herbes deviennent des traits, le reflet sur l’eau des soleils lointains. L’emploi du noir et blanc et du flou fait subir un changement d‘échelle radical au sujet ; d’une photo champêtre, on passe à l‘évocation d’un microcosme.
Herbes transformées en microcosme.
L’emploi du flou en photographie ne se limite cependant pas à la seule suggestion d’ambiances indéterminées. Lorsque l’on manie la profondeur de champ de manière à créer des zones nettes et floues pertinentes par rapport au sujet, cette confrontation produit du contraste mais aussi une sensation de profondeur dans l’image. Alors que la perspective creuse virtuellement l’espace grâce à un jeu de fuyantes (voir photo ci-dessous), le contraste entre un plan flou et un plan net se rapproche davantage de ce que l’on peut percevoir, presque physiquement, quand on est dans un espace occupé par des objets plus ou moins proches. En effet, lorsqu’un objet est très proche, il entre dans notre espace intime et devient une simple présence au moment où nous nous mettons à fixer un autre objet situé juste derrière.
Perspective et lignes de fuite. Les côtés du chemin se rejoignent au centre de la photo : cette prise de vue utilise les lois de la perspective pour suggérer la profondeur.
Dans une photographie, un flou sur le premier plan recrée l’impression que ce dernier est vraiment très proche du spectateur (voir les deux photos ci-dessous), comme l‘épaule et la nuque d’une personne debout devant nous dans une foule, par-dessus lesquelles on regarderait un spectacle, et qui nous servent de repère pour juger de la distance à laquelle il se trouve.
Ici, c’est le flou qui suggère la profondeur. Nous n’avons pas pour autant l’impression de maîtriser visuellement l’espace montré. Il s’agit davantage d’une vision subjective et partielle.