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Objectifs : dix mythes qui ont la vie dure

Au même titre que le boitier et son capteur, l’objectif contribue à la formation de l’image numérique. Il se trouve même en première ligne puisque la lumière doit d’abord le traverser avant de rencontrer la surface sensible. Pour ne pas introduire diverses distorsions optiques, l’objectif se doit donc d’être de très bonne qualité, bien qu’il soit désormais possible de remédier à certains de ces défauts à postériori, au sein d’un logiciel d’image.

Nous avons tendance à attribuer à nos objectifs des pouvoirs presque « magiques » qui ne rendent pas toujours compte de la réalité. Voici une dizaine des notions vagues et parfois fausses qui continuent à hanter les esprits des photographes.

Une focale de 50 mm correspond à la vision humaine

Les yeux humains sont à même de couvrir un champ visuel horizontal de près de 180°, ce qui correspond à l’angle de champ d’un objectif fish-eye. Cependant, le champ visuel nous permettant de recevoir des informations bien définies et aux couleurs fidèles est finalement beaucoup plus restreint :  se situant entre 40 et 55°, il équivaut à l’angle de champ d’un objectif standard, c’est-à-dire à celui d’une focale de 50 mm au format 24 x 36. Stricto sensu, la focale d’un objectif standard est égale à la diagonale du format de prise de vue, à savoir 43,3 mm pour le format 24 x 36, 27 (Canon) ou 28 mm (Leica, Nikon, Pentax, Samsung, Sony) pour le format APS-C et 21,6 mm pour le format 4/3 (Olympus et Panasonic). Une focale entre 40 et 50 mm (format 24 x 36) ne correspond donc pas à la vision humaine, mais plutôt à la plage pouvant être observée avec une netteté et une fidélité des couleurs satisfaisantes.

Le Pentax SMC-FA 43mm f/1.9 Limited possède une focale qui correspond, lorsqu’il est utilisé avec un boitier à capteur 24 x 36, au champ visuel d’un œil humain pouvant être perçu avec une qualité satisfaisante.

Les opticiens nous disent pas toute la vérité sur la focale maximale d’un zoom

Si les fabricants d’objectifs n’ont aucune intention de flouer les consommateurs, il s’avère que la focale maximale d’un objectif à focale variable parait inférieure à celle gravée ou imprimée sur le fut. En fait, les inscriptions sur l’objectif sont uniquement valides lors d’une mise au point sur l’infini. Au fur  et à mesure que la distance entre l’appareil photo et le sujet diminue, la distance focale diminue, provoquée par le mouvement d’une ou de plusieurs groupes optiques dédiées à la mise au point. La plupart des objectifs modernes souffrent de cette prétendue faiblesse, et notamment lorsqu’ils intègrent un dispositif à mise au point censé conserver les dimensions de l’objectif sur toute la plage de distance. Si la mise au point interne réduit la focale, elle aide aussi à minimiser la perte de qualité d’image et de luminosité aux distances les plus courtes — à vous de choisir ce qui est le plus important pour vous !

Pour peu qu’un objectif possède un dispositif à mise au point interne, sa focale varie en fonction de la distance de mise au point. C’est la rançon du confort !

Une ouverture de f/2, 8 garantit une profondeur de champ très étroite

Rappelons que la profondeur de champ est tributaire de plusieurs facteurs parmi lesquels les plus importants sont la distance de mise au point, l’ouverture du diaphragme, la focale de l’objectif et le diamètre du cercle de confusion. La profondeur de champ est d’autant plus étendue que la distance de mise au point est grande et que l’ouverture du diaphragme est petite. La profondeur de champ dépend également du format du capteur : pour un même angle de champ, la profondeur de champ est proportionnelle au format du capteur. Avec un capteur plus grand, il faut choisir une focale plus longue ou une distance plus proche afin d’obtenir le même cadrage. L’augmentation du format occasionne alors une réduction de la profondeur de champ, incontournable pour obtenir de jolis flous dans les parties hors profondeur de champ. Pour produire la même profondeur de champ qu’un objectif 100 mm à f/2 (format 24 x 36), il faudrait utiliser un objectif 75 mm à f/1, 4 (format APS-C) ou 50 mm à f/1 (format 4/3), d’où la difficulté d’obtenir une faible profondeur de champ avec un appareil dont le capteur est petit !

La profondeur de champ est plus étroite avec un téléobjectif

Sous condition que le sujet occupe toujours les mêmes dimensions dans l’image, un changement de l’objectif ne se solde pas par un changement de la profondeur de champ. Que vous utilisiez un objectif grand-angulaire ou un téléobjectif pour photographier un modèle, la profondeur de champ n’est donc jamais modifiée. En revanche, le changement de la distance entre l’appareil et le sujet provoque une modification de la perspective. Avec un objectif grand-angulaire, les traits du modèle sont déformés et l’arrière-plan est plus présent alors qu’un téléobjectif produit un rendu plus harmonieux avec un arrière-plan plus serré. Le changement de perspective produit l’impression d’une profondeur de champ plus étroite : le flou de l’arrière-plan parait plus important puisqu’il est agrandi davantage.

Une focale de 28 mm correspond à un objectif grand-angle

En photographie, la distance focale est l’une des caractéristiques principales d’un objectif. Elle définit la distance qui sépare le plan principal de l’objectif de son foyer pour un objet se situant à l’infini. Le champ de format dépend du format de prise de vue : lorsqu’il est adapté sur un appareil à capteur 24 x 36, un objectif d’une focale de 28 mm fait partie des objectifs grand-angulaires, mais avec un capteur plus petit (APS-C ou 4/3), l’objectif couvre un champ plus restreint, équivalent à celui d’un objectif standard ou téléobjectif. Sur un appareil compact, une focale de 28 mm adopte le champ de format d’un téléobjectif à fort pouvoir de grossissement. Sur un appareil moyen format, une focale de 28 mm correspond en revanche à un objectif super grand-angulaire. Pour trouver le champ de format pour une focale donnée, il faut donc toujours prendre en compte le format du capteur.

Lorsqu’il est utilisé sur un boitier à capteur APS-C, un objectif grand-angle de 28 mm se comporte comme un objectif standard.

5 commentaires “Objectifs : dix mythes qui ont la vie dure

  1. Sujet intéressant.
    Mais on note quand même que vous parvenez à indiquer que « la profondeur de champs est tributaire de […] la focale de l’objectif » puis à dire le contraire au paragraphe suivant (« Que vous utilisiez un objectif grand-angulaire ou un téléobjectif […], la profondeur de champ n’est donc jamais modifiée. »

    De même vous prouvez qu’un objectif 28 mm n’est pas toujours grand angle. Ceci est logique et c’est pour cela qu’on précise toujours « en équialent 24×36 ».

    • Bonjour,
      la profondeur de champ ne change pas pour peu que le cadrage reste identique, donc en modifiant la distance de mise au point en guise de compensation 😉
      Mais dans l’absolu, la profondeur de champ change avec la focale – ce n’est donc pas contradictoire.
      Quant à focale de 28 mm, il s’agit d’une notion que vous connaissez déjà mais qui n’est pas connu de tout le monde !

  2. bonjour !

    à diaphragme égal et avec le même capteur (ou film), la profondeur de champ ne dépend que de la zone de l’image sur laquelle est faite la netteté. en clair, si vous cadrez un visage de la même façon avec un 28, un 50 ou un 200, la profondeur de champ sera identique. en revanche, le cadrage de l’image sera forcément différent ! notamment, ce qui est vu en arrière du sujet. c’est pour cela que pour obtenir de « beaux » flous, il faut d’abord jouer sur la taille du capteur ou du film (c’est l’intérêt principal à mon sens des moyens formats et chambres pour le portrait), puis sur le diaphragme (un f4 en 24-36 est très efficace !) et enfin sur la distance entre le sujet et le fond : plus elle est grande, plus c’est flou derrière, quelle que soit la focale !
    ceci dit, merci pour cet article, qui notamment me rassure sur la qualité de mes optiques japonaises 🙂

  3. Certains points sont si bien rédigés qu’ils paraissent crédibles, mais sur le fond très mal rédigés…et donc au final cet article induit autant en erreur que les « idées reçues » qu’il semblent vouloir contredire.

    Des exemples ? Ok, dans l’ordre :
    – point 3 : « Une ouverture de f/2, 8 garantit une profondeur de champ très étroite »
    Le contre-argument est vrai, mais tous les exemples cités font état d’un ouverture encore plus grande ! On ne distingue pas non plus focale fixe ou zoom… non pas que cela ait une incidence, mais vues les ouvertures citées, cela semble dire que le zoom est proscrit !

    – point 4 : « La profondeur de champ est plus étroite avec un téléobjectif »
    Et on y lit : « Que vous utilisiez un objectif grand-angulaire ou un téléobjectif pour photographier un modèle, la profondeur de champ n’est donc jamais modifiée »… là, il faut arrêter !
    Certes, il y a avant : « Sous condition que le sujet occupe toujours les mêmes dimensions dans l’image » mais alors on ne change pas de focale. Du grand n’importe quoi pour dire que si on passe d’un 18-55 à un 55-200, on a le même résultat à 55mm. Franchement, vous prenez les débutants pour des abrutis ?

    – point 5 : « Une focale de 28 mm correspond à un objectif grand-angle »
    OK pour la description… mais bon, dans le contexte, celui qui s’achète un 28mm n’aura pas, me semble-t-il, un compact… sinon, c’est fixe. s’il peut choisir, c’est qu’il a un reflex, et même si c’est un « petit » capteur (APS-C), 28mm sera toujours n grand angle

    – point 7 : « Un téléobjectif est aussi long que sa focale »
    Le texte indique des cas où c’est faux… et d’autres ou c’est vrai

    – point 8 : « Pour une qualité d’image optimale, un Canoniste doit obligatoirement investir dans un objectif de série L »
    Et on explique que, sans série « L », c’est déjà pas mal… mais on ne dit pas, et encore moins ne démontre, que l’on peut faire mieux !!

    Allez, j’arrête, désolé mais c’est vraiment un article pour générer des clics, rien de plus.
    Mais par contre, il pourrait engendrer des idées fausses… le comble : c’est ce qu’il est censé dénoncer :-/

    • Point 3 : ce que les contre-exemples montrent, c’est qu’une ouverture qui peut avoir l’air incroyable sur petit capteur ne l’est en fait pas tant que ça si on la ramène à un référentiel 24×36. En l’occurrence, f/1 sur micro 4/3, ça a l’air exceptionnel jusqu’à ce que tu réalises que ça ne fait « que » de l’équivalent f/2 sur 24×36. Bon, ça reste pas mal dans l’absolu, mais il reste le fait que l’objo f/1 sur micro 4/3 va être ultra mou à cette ouverture, là où y a plein d’objos qui piquent déjà bien à f/2 sur 24×36.

      Point 4 : « sous condition que le sujet occupe toujours les mêmes dimensions dans l’image », ça veut dire qu’il faut se déplacer pour garder le cadrage constant. Autrement dit, pour une taille de capteur et une ouverture donnée, la profondeur de champ dépend uniquement du cadrage. Eh oui. Après, l’impression de flou n’est pas la même, pour les raisons de perspective expliquées dans l’article.

      Point 5 : 28 mm sur APS-C ça fait un équivalent 45 mm en 24×36, c’est pas vraiment ce que j’appelle du grand-angle 🙂 Et c’est encore pire si tu regardes des tailles de capteur inférieures des compacts à objectifs interchangeables (micro 4/3 en crop 2x, Nikon 1 en crop 2.7x, Pentax Q en crop 5.6x…)

      Point 7 : ces deux exemples montrent que l’affirmation « idée reçue » n’est pas toujours vraie. Je ne vois pas où est le problème ?

      Point 8 : Zeiss Otus 😀 Ou sans aller chercher aussi loin, le petit Canon 85 f/1.8 qui est souvent utilisé même par des gens ayant aussi le f/1.2 pour sa compacité et sa rapidité (et son piqué qui n’a pas à rougir de la comparaison).

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