Questions Photo

Photo culinaire : transmettre un message



Dominante blanche. Autre exemple d’image monochrome : bol à mixer blanc sur fond blanc qui contient de la farine et des jaunes d‘œufs, le tout complété par un simple fouet en Inox et des œufs. Amusons-nous à remplacer les jaunes d‘œufs par de la farine, l’image devient alors extrêmement ennuyeuse. Dans ce cas, il ne s’agit pas de complémentarité des couleurs, mais de contraste que n’importe quel élément fort en couleurs va créer avec une image blanche. À noter tout de même que l’utilisation de la couleur jaune, de par son éclat et son symbolisme (soleil), n’est pas anodine pour une image basée en grande partie sur la lumière. (Client : Revol Porcelaine) (Hasselblad avec dos numérique Phase One P20, f/5,6 à 1/60 s, 50 ISO, 150 mm.)

Autre exemple intéressant, l’image en noir et blanc. Ici, pas de complément possible par un quelconque artifice coloré. Par ailleurs, le seul intérêt du sujet lui-même ne suffira pas à le rendre attrayant si le traitement des gammes de gris, et notamment du contraste, est négligé. Pour les images couleur au contraire, l‘œil doit pouvoir mémoriser une tendance colorée générale, on parlera ainsi d’image “dans les tons de…” suivi de la couleur prédominante, en oubliant toutes ces petites touches complémentaires qui auront fait que ladite couleur aura pris tout son éclat.
La couleur, c’est un code, un message, une signification. Les gris et les noirs représentent le sérieux, la rigueur et, indirectement, la qualité. Les verts nous orientent vers la fraîcheur, les bleus vers le froid, le gel mais aussi l’eau et la pureté. Les jaunes, orangés et rouges sont les couleurs du feu, du soleil ; ils caractérisent tout ce qui est chaleur ; l’or apportera le luxe.
La couleur, c’est aussi le témoignage d’une époque. Nous avons tous en mémoire les tonalités vives et acidulées, parfois psychédéliques, des années 1970. En ces temps préhistoriques de la photo culinaire, l’influence de la mode fut moins marquée dans les images gastronomiques qu’elle ne l’est aujourd’hui où plus rien n‘échappe aux “tendances”. Il y a quelques années, on a vu le bleu rentrer dans les gammes de couleurs culinaires. Nous avons eu tôt fait d’intégrer cette teinte à toutes les autres (généralement plutôt chaudes : brun, jaune, rouge, ocre) qui caractérisent l’univers des aliments cuisinés.
Il existe maintenant des cahiers de tendances, sources de tous les éléments visuels qui nous entourent. Ils permettent à qui s’y réfère de rester en phase avec le mouvement des modes. Attention à ne pas abuser de ces tendances préconstruites ; le prix à payer, c’est le vieillissement accéléré de votre travail.


Noix de pétoncles noirs marinées minute en coque, caviar osciètre. Une “fausse” image noir et blanc. La seule touche de couleur est amenée ici par les jeunes pousses placées au centre des coquillages. Recette de Michel Rochedy, Le Chabichou . (Issue de l’ouvrage Le Chabichou ou la montagne apprivoisée (Hasselblad avec dos numérique Phase One P20, f/5,6 à 1/60 s, 100 ISO, 150 mm.)

Livres conseillés sur ce sujet

3 commentaires “Photo culinaire : transmettre un message

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Le magazine Eyrolles
des techniques photo

Animé par Volker Gilbert et publié par les éditions Eyrolles, QuestionsPhoto vous propose des articles de fond sur les techniques photo, mais aussi des actus, des critiques de livres... et des réponses à toutes vos questions !