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Retouche d’image : Comment choisir son écran ?

Temps de réponse. Le temps de réponse d’un écran est un autre critère à prendre en considération. Bien qu’il n’est pas si important pour la retouche d’image, il l’est pour la vidéo et l’édition de jeux. Mesurés en millisecondes, le temps de réponse définit le temps nécessaire pour qu’un pixel passe du noir au blanc. De manière générale, les écrans TN ou PVA possèdent un meilleur temps de réponse que les écrans de type IPS.

Gamut. Pour le traitement d’images, le gamut (l’ensemble des couleurs qu’un écran est capable de restituer) est un point particulièrement important. Exprimé par le pourcentage d’un espace de travail donné, plus le gamut d’un écran est volumineux, mieux il restitue les couleurs d’une image. Alors que les écrans d’ordinateurs portables peinent souvent à reproduire les couleurs de l’espace sRVB et les écrans « bureautiques » y arrivent tout juste, les meilleurs écrans atteignent, voire dépassent le gamut de l’espace de travail Adobe RVB. Ce dernier est en effet suffisamment large pour les photographes adhérant à un flux de travail RVB, seuls ceux préparant leurs images à l’impression offset ont intérêt à choisir un écran qui est à même, une fois calibré, de couvrir les couleurs de l’espace ISO Coated.

Alors qu’il ne le couvre pas partout, le gamut de l‘écran Eizo ColorEdge CG 301W est plus volumineux que l’espace de travail Adobe RVB

Calibrage matériel ou logiciel. Le calibrage matériel ( calibration hardware ), uniquement proposé par les écrans les plus sophistiqués, permet d’appliquer les résultats du calibrage directement à l’électronique de l’écran, pour une meilleure précision de l’ensemble du calibrage . Grâce à lui, vous pouvez obtenir des courbes de gradation de bien meilleur qualité, puisqu’on on ne déforme pas le signal vidéo de la carte graphique de l’ordinateur. Il est également possible de vérifier le calibrage et de le refaire très facilement lorsqu’il ne vous convient pas. Qui plus est, aucune manipulation du menu OSD (menu interne qui permet d’appliquer les réglages de bases) n’est nécessaire et les erreurs humaines sont ainsi drastiquement réduites. Si le calibrage matériel a un coût certain, il s’impose aux photographes professionnels, tant pour la qualité, tant pour le gain de productivité et de sécurité obtenu.
Quant aux amateurs éclairés, ils peuvent choisir sans (trop de) regret un écran un peu plus modeste, dépourvu du calibrage « matériel », mais présentant des qualités similaires, avec un gamut étendu et une qualité de fabrication équivalente. Le fabricant Eizo, pour en nommer un exemple, propose la gamme Flexscan, particulièrement adaptée aux photographes amateurs exigeants et aux photographes professionnels ne disposant que d’un budget limité. Le calibrage avec ce type d’écran se réalise avec le logiciel de votre colorimètre ou spectrophotomètre et le résultat ainsi obtenu reste d’un très bon niveau.


Eizo FlexScan S2232W-bien qu’il ne bénéficie pas du calibrage matériel, cet écran possède un gamut étendu et des caractéristiques d’affichage particulièrement homogènes

Si tous les écrans méritent d’être calibrés et caractérisés pour en tirer la quintessence, il en existe qui ne sont guère adaptés à la retouche d’image : ainsi, évitez les écrans grand public à dalle TN, tous les écrans recouverts par une plaque en verre ou en plastique brillante ( notamment les écrans des derniers iMac…) et enfin les ordinateurs portables. Ces écrans sont certes flatteurs, mais ne donnent en aucun cas satisfaction pour la retouche photo.

En ce qui concerne la connectique, les prises DVI ou Dual-DVI équipent aujourd’hui la majorité des écrans haut de gamme, de même que la plupart des ordinateurs récents. Les écrans vidéo possèdent souvent des prises de type HMDI, YuV, S-vidéo ou SDI. Toutefois, sachez que la plupart des ordinateurs portables ne sont pas assez puissants (carte graphique et mémoire VRAM) pour recevoir des écrans de grande taille. Vérifiez donc avant l’achat de votre futur écran la compatibilité avec votre équipement informatique. Si la connexion n’est possible qu’en VGA (analogique), vous pouvez ajouter un convertisseur , souvent fourni par le constructeur de l’ordinateur ou de l’écran. Cependant, pour obtenir la meilleur qualité d’affichage, rien ne vaut le branchement direct.

Pour finir, vérifiez la durée de la garantie : si celle-ci ne dépasse pas la première année, on pourrait craindre une fiabilité toute relative. Certains fabricants offrent trois, voire cinq ans de garantie sur site et/ou par enlèvement – vous pouvez alors considérer que le constructeur accorde une grande confiance dans la fiabilité de son matériel. Voici les marques d’écrans les plus réputées et distribuées en France : Eizo, LaCie, NEC et Quato (liste non exhaustive…).

Expert en gestion des couleurs et formateur au sein d’une société réputée pour ses solutions « Arts graphiques », Olivier Bayart est aussi un homme du terrain, ayant participé à la mise en place de nombreuses chaines graphiques dans la presse quotidienne et magazine, la publicité, la communication, l’édition et l’univers de la photographie.

8 commentaires “Retouche d’image : Comment choisir son écran ?

  1. Merci, merci, on dirait un article fait pour moi (je venais juste d’écrire à Volker pour avoir des conseils d’écrans).

    En effet je viens juste de m’offrir l’excellente EPSON PRO 3800. Mon problème n’est pas celui des couleurs justes (écran calibré, delta 1,24) mais le fait que sur les tirage je vois des choses qui n’existait pas sur mon écran. Par exemple je vois les plis du rideau qui pourtant n’apparaissent pas sur mon écran à dalle TN ou alors il faut que je me contorsionne en me levant et en baissant la tête ou autres manipulations impossibles.

    Je vois ce qui me reste à faire !

    Les articles dans la presse ou sur le Web mettent trop l’accent sur la justesse des couleurs sans évoquer ce problème d’angle de vision. Merci de l’éclaircissement.

    Valery Landon
    PS : qui veut racheter un écran ayant de belles couleurs mais à dalle TN ?

  2. je calibre un LaCie 320 et je crée un profil moniteur que j’active pour ce périphérique. Je retouche mes images dans Photoshop,et j’enregistre donc la photo corrigée avec le calibrage écran « encapsulé » selon le jargon utilisé. J’envoie à tirer mon fichier chez un labo en ligne de qualité, la photo papier me revient conforme à ce que j’attends.
    Question : si je recalibre à nouveau mon écran comme il est conseillé de le faire régulièrement, si j’observe une petite différence de rendu des couleurs par rapport à la calibration précédente, que j’ouvre dans Photoshop l’image préalablement traitée et que je constate cette petite différence de couleurs, et que je referme mon image sans avoir rien modifié, si j’envoie à nouveau mon fichier au labo de tirage, comment sera mon nouveau tirage : comme le premier réalisé avec l’ancienne calibration, ou tel que je l’ai vue affichée à l’écran après la nouvelle calibration ?
    merci.

  3. quel est le nom de la « société réputée pour ses solutions « Arts graphiques » » pour laquelle travaille Olivier Bayart?
    Merci de me répondre.

  4. Juste quelques remarques personnelles, complémentaires de ce très intéressant article…

    Qu’il exploite lui-même une imprimante à jets d’encre ou qu’il confie ses tirages à un laboratoire, un photographe destine en général ses images au support papier. Les images sur papier ayant les performances limitées que l’on sait en matière de dynamique et de colorimétrie, un « bon écran pour photographe », qui doit donc simuler le papier plutôt que la « Nature », n’est donc finalement pas très difficile à dénicher.

    Les capacités inutilement astronomiques des LCD en matière de « luminosité » (c’est-à-dire de luminance maximale ou de luminance du blanc) sont telles qu’il faut en général diminuer beaucoup sa « luminosité » d’usine pour obtenir une luminance maximale de 90-110 cd/m2 qui est la fourchette raisonnable pour un poste de travail de photographe. Quant à la luminance minimale (c’est-à-dire la luminance du noir) l’ISO préconise un rapport de luminance blanc/noir supérieur à 100, ce qui est respecté naturellement par tout écran de qualité décente. Pour ce qui concerne le gamut, on peut être satisfait par les écrans dits « à large gamut » car ils excèdent raisonnablement les performances de nos papiers…

    Reste finalement un critère vis-à-vis du quel un appareil, même s’il s’agit d’un écran coûteux conçu pour les arts graphiques, peut tout de même réserver de curieuses et désagréables surprises, c’est celui de l’uniformité. On s’acharne à étalonner précisément un écran et à construire un profil sophistiqué en disposant son colorimètre au centre de la dalle, mais, dans les coins, les luminances peuvent être éloignées de plusieurs dizaines de pour cent de leurs valeurs mesurées au centre ! D’excellents appareils comme le Eizo SX2461 ou son grand frère à « calibrage matériel » Eizo CG241 ont des luminances dans les coins qui diffèrent de moins de 10 % de la luminance centrale, performance aujourd’hui difficile à dépasser… Les systèmes d’éclairage arrière à LED devraient permettre d’atteindre plus couramment de telles performances, mais il n’en est pas encore tout à fait ainsi aujourd’hui.

    Comme le fait justement remarquer Olivier Bayart, il existe une question subsidiaire de celle de l’uniformité, c’est celle de la directivité. Un écran équipé d’une dalle SPVA Samsung, comme l’un des deux Eizo cité plus haut, offre une uniformité remarquable et des noirs bien profonds, mais une directivité assez moyenne. Ce sont donc des appareils idéaux pour les utilisateurs « solitaires » qui les exploitent en retouche photographique ou en épreuvage, mais pas pour montrer une image à sa grand mère assise à coté sur un tabouret ou à un client qui se tient debout derrière son épaule… Pour ce type d’exercice, un écran muni d’une dalle IPS est préférable…

  5. Article très intéressant, tout comme les commentaires.
    Un truc tout bête que m’a donné mon frère, qui est infographiste de formation, pour apprécier l’uniformité de son écran (évoquée par Jean).
    Dans PS, Gimp ou tout autre logiciel de ce genre, remplissez une page vierge d’un rouge ferrari ou approchant (genre Pantone 485, soit R:266 V:23 B:30) et regardez ce que ça donne !
    C’est d’ailleurs comme ça qu’il s’est aperçu que les problèmes rencontrés sur les dalles des iMac 24″ avait été corrigés.

  6. Pingback: raw?

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