Questions Photo

Samyang 35 mm f/1.4 AS UMC : le miracle a-t-il lieu ?

Qualité optique

La valeur opérationelle d’une optique lumineuse est proportionnelle à sa qualité optique à pleine ouverture : rien ne sert à subir l’augmentation du prix d’achat, du poids et des dimensions d’un tel objectif s’il faut diaphragmer pour parvenir à une image qui n’est finalement guère supérieure à une autre, provenant d’un autre objectif moins lumineux ! Je suis très agréablement surpris par les performances optiques du Samyang 35 mm f/1.4 AS UMC, dignes d’une optique beaucoup plus onéreuse.



Trêve touristique, Colmar/Alsace. Canon EOS 1Ds, Samyang 35 mm f/1.4 AS UMC, f/5,6, 1/30s à 100 ISO.

Piqué, contraste et rendu des couleurs

Si mes analyses ne portent que sur quelques centaines de photos prises au fil des derniers jours (je laisserai à d’autres le soin d’analyser plus en profondeur ses caractéristiques optiques…), j’ai été immédiatement frappé par son piqué à l’ouverture maximale. Contrairement à d’autres objectifs lumineux (je pense notamment au Canon 50 mm f/1, 4 USM), le Samyang est pleinement utilisable à pleine ouverture lorsque le sujet et les conditions de lumière l’exigent. Certes, on peut détecter un léger soupçon d’aberrations sphériques, se manifestant par une certaine douceur, mais je n’oserais pas pour autant parler de flou puisque les détails sont présents et bien définis.



Photo prise avec un Canon 1Ds à f/1,4, 1/250 s et 400 ISO; à main levée





Extrait à 100% de l’image ci-dessus : à pleine ouverture, le piqué est déjà élevé

En fermant le diaphragme de deux valeurs, cette douceur disparaît et cède sa place à un piqué très élevé, et ce, même dans les coins de l’image. Les images deviennent ensuite de plus en plus croustillantes et la diffraction n’intervient qu’assez tardivement puisque les images prises à f/16 (avec un Canon 5D Mark II) sont encore parfaitement nettes. À toutes les ouvertures, le rendu des images se distingue de celles prises avec mes objectifs Canon : la gradation est un peu plus douce dans les ombres et les hautes lumières et le contraste des tons moyens moins élevé, de quoi récupérer des détails dans les valeurs extrêmes lorsque le contraste de la scène est très important. Toutefois, cela se corrige parfaitement au traitement des images, via des réglages un poil plus prononcés en Clarté et Accentuation. En termes de rendu des couleurs, les différences sont en revanche menues.



Photo prise avec un Canon 5D Mark II à f/11, 1/45 s et 100 ISO; à main levée




Extraits à 100% du centre…




…du bord inférieur droit…




…et du bord supérieur gauche : le piqué est homogène




Photo prise avec un Canon 5D Mark II à f/8, 1/90 s et 100 ISO; à main levée




Extraits à 100%…




…en prise de vue rapprochée, les performances restent très élevées, grâce aux lentilles flottantes

Aberrations chromatiques

Les aberrations chromatiques tendent à flouter les contours et leur amplitude est toujours proportionnelle à la distance qui les sépare du centre de l’image. Les aberrations chromatiques du Samyang 35 mm f/1.4 AS UMC sont en revanche tellement bien corrigées qu’elles restent peu visibles à travers le champ d’image et qu’elles ne nécessitent aucune correction particulière en posttraitement. En revanche, à f/1,4, les aberrations chromatiques longitudinales (bokeh fringing) sont assez marquées. A noter que la plupart des objectifs lumineux en souffrent et que ce phénomène disparaisse en fermant le diaphragme.



Si les aberrations chromatiques latérales sont très bien corrigées…



…les aberrations chromatiques longitudinales sont assez visibles : notez la dominante magenta, devant, et verte, derrière le plan de netteté.

Vignetage

Alors que de nombreux objectifs ultra-lumineux souffrent d’un obscurcissement important sur les bords, le vignetage du Samyang 35 mm f/1.4 AS UMC reste plutôt discret à pleine ouverture et devient quasiment imperceptible une fois le diaphragme fermé de deux valeurs.

Distorsion

Au même titre que l’écrasante majorité des objectifs grand angle, le Samyang 35 mm f/1.4 AS UMC présente une distorsion à barillet marquée dont l’amplitude est inversement proportionnelle à la distance de mise au point. Mais sa distribution est parfaitement régulière et ainsi facile à corriger à postériori, dans un logiciel d’image.



Bien que présente, la distorsion en barillet se corrige facilement dans la plupart des logiciels. Photo prise avec un Canon 1Ds à f/5,6, 1/30 s et 100 ISO; correction manuelle de la distorsion et de la perspective dans Camera Raw.

Reflets et lumières parasites

Avec 12 éléments en 10 groupes, le Samyang 35 mm f/1.4 AS UMC possède une construction optique plutôt sophistiquée. Grâce au traitement multi-couches UMC des lentilles, il n’est pas particulièrement sensible aux lumières parasites et au flare. Dans certaines situations il produit des reflets gênants, mais leur étendue est généralement assez faible, sauf avec une forte source de lumière (soleil) à l’intérieur du champ : on peut alors apercevoir un reflet circulaire en forme de halo coloré.



Face aux lumières, le comportement du Samyang est meilleur que ses nombreuses lentilles incitent à craindre. Photo prise avec un Canon 5D Mark II à f/1,4, 1/15 s et 1600 ISO; à main levée

Bokeh

On dirait que le rendu esthétique des zones hors profondeur de champ est une invention récente, tel est l’engouement des photographes numériques pour le “bokeh”. Pourtant, cette notion ne date pas d’hier et même à l’époque argentique, le rendu de certaines optiques était réputé pour produire des images particulièrement harmonieuses. Les fabricants se sont adaptés à cette mode et les optiques lumineuses récentes offrent toutes un beau rendu des zones floues, grâce à des diaphragmes “circulaires” qui utilisent un grand nombre de pétales. Le bokeh étant aujourd’hui l’un des critères les plus importants, le Samyang 35 mm f/1.4 AS UMC ne reste pas en retrait : malgré l’emploi d’un élément asphérique, le bokeh est très attractif, assurant de beaux flous.



Fleur de pavot, Wihr/Alsace. Canon EOS 1Ds, Samyang 35 mm f/1.4 AS UMC, f/1,4, 1/400s à 100 ISO


25 commentaires “Samyang 35 mm f/1.4 AS UMC : le miracle a-t-il lieu ?

  1. Décidément tu vas arriver à nous le vendre ce Samyang 😉
    Plus sérieusement, il semble vraiment excellent et surtout pour son prix! Alors maintenant je pose une question: la différence de prix avec un Canon ou un Nikon, c’est uniquement l’Af et le contrôle électronique du diaph? (Peut-être la marge aussi…)
    En tout cas je suis vraiment convaincu par la qualité de ce dernier; et si vous êtes un peu cartésien comme moi et que vous préférer les chiffres, je vous recommande le site lenstip.com où ce dernier a été testé sous tous les angles!
    Oh fait Volker, tu as encore oublié de parlé des verres KatzEye avec stigomètre pour la mise au point plus précise… 😉

    Merci pour ce retour d’expérience, c’est toujours un plaisir de sortir des standards Canon, Nikon & Co.

  2. @Silvain: décidemment, le mot KatzEye semble être difficile à retenir – pourtant, j’ai bien évoqué les concurrents, Haoda et Brightscreen 😉 quant à la différence de prix avec un Canon, Zeiss ou Nikon, je parie qu’elle réside surtout sur le fait que nous sommes prêts à accepter un tarif même élevé pour le produit d’une grande marque prestigieuse. De même, il ne faut pas oublier qu’en terme de marge bénéficiaire, les objectifs et accessoires rapportent bien plus aux fabricants que les boîtiers. Quant à l’excellent test scientifique du site lenstip.com, c’est lui qui m’a convaincu à acheter la merveille 😉

  3. J’ai lu que on pouvai acheter des optiques samyang en monture Nikon et mettre une bague d’adaptation Canon. En prenant une bague adéquate munie d’une puce de communication avec le boitier on obtenai la confirmation d’AF

  4. @Thomas H : effectivement, c’est une des solutions possibles. Je n’avais pas opté pour, puisque
    1. j’ai des verres de visée avec lesquels j’arrive à faire le point
    2. j’ai lu que les puces ne sont pas forcement très fiables non plus et 3. je ne voulais pas « fragiliser » le montage sur le boîtier, les bagues ont parfois tendance à se défaire. Cependant, j’achèterai sans doute une puce « Dandelion » qui se colle sur la monture EF et qui assurera alors la confirmation du point et la transmission des EXIF.

  5. bonjour,

    merci mille fois pour cette critique tres interessante. Vous emntionnez la puce « Dandelion »… pourriez vous dire ce qu’est ce type de puce? compensent elles totalement le manque de communication entre l objectif et le 5D MII ou uniquement pour certaines fonction? Y a t il des inconvenients a en utiliser? en enfin ou en trouver?

    Desole cde cette rafale de questions!

    Merci bcp pour votre aide et bravo pour votre site passionant!

    Emmanuel

  6. bonjour,

    merci mille fois pour cette critique tres interessante. Vous emntionnez la puce « Dandelion »… pourriez vous dire ce qu’est ce type de puce? compensent elles totalement le manque de communication entre l objectif et le 5D MII ou uniquement pour certaines fonction? Y a t il des inconvenients a en utiliser? en enfin ou en trouver?

    Desole cde cette rafale de questions!

    Merci bcp pour votre aide et bravo pour votre site passionant!

    Emmanuel

  7. @emmanuel : il s’agit d’une puce programmable, permettant de transmettre la confirmation du point les données EXIF pour la distance focale et l’ouverture maximale de l’objectif. En revanche, elle ne permet pas de contrôler la commande électronique du diaphragme et ne communique pas l’ouverture de travail dans les EXIF. Mas c’est déjà mieux que rien 😉 voici quelques liens :
    http://cgi.ebay.fr/Programmable-AF-Chip-Dandelion-4G-Canon-EOS-EURO-/270664939664
    et http://filmprocess.ru/oduvanchik/instructions/programming_en.html

  8. @Oli : oui, j’ai entendu parler ce ces copies chinoises de la puce Dandelion, mais je préfère acheter « éuropéen », même si il s’agit d’un fabricant biélorusse 😉 Était-il nécessaire de rehausser la puce pour établir le contact avec le boîtier ? Qu’avez-vous utilisé comme colle ? Merci !

  9. Serait-il possible d’avoir un test en monture Nikon sur un boîtier Nikon pour vérifier pour de vraie si les contacts électroniques fonctionnent correctement ?

    Merci

  10. @Florent : l’objectif testé a été acheté par mes soins, le distributeur français ayant ignoré toutes mes demandes de prêt. Il y a donc peu de chances que j’achète un second exemplaire en monture Nikon. Mais il n’y a aucune crainte en ce qui concerne la compatibilité avec les boîtiers Nikon, les versions AE des 14 et 85 mm fonctionnent correctement (voir le test dans le Chasseur d’images de ce mois-ci…) !

  11. canon si , canon ça

    sinon chez Nikon y’a le 35mm AFD f2 aussi.

    200€ d’occasion sur des forums photo

    350€ d’occasion en magasin ( donc avec accessoires d’origine et garantie 1 an )

    Le samyang sert à … quoi ?

  12. @Azety : Le Samyang sert à … faire des photos avec mon Canon :-)))) Quant au Nikon AF-D 35 mm f/2, pourquoi pas ? Le nouveau Nikon 35 mm f/1,4 serait-il mal né puisqu’il existe déjà un objectif bien plus modeste et moins lumineux ? A chacun ses outils !

  13. @ Florent,
    Je suis parti pour acquérir cet objectif pour mon D700. Je ferai très prochainement un compte rendu sur le sujet.

    @Azerty,
    Franchement, malgré le bien que l’on dit du 35 f/2 il est mou dans les angles, voire très mou à f2. L’autre problème que l’on rencontre avec cet obj, c’est que les lamelles du diaphragme peuvent venir à se gommer. RIen de méchant, mais passage obligé au SAV. Et ce n’est pas seulement des « on dit » car je viens d’en faire les frais. Mais du coup, j’ai une bonne excuse pour m’offrir ce Samyang.

    Amicalement

    Seb

    @ Volker, très belle présentation 😉

  14. Test très complet, on se fait une bonne idée de ce que vaut l’objectif, bravo.
    Est-ce que cet objo peut être une bonne solution pour progresser et découvrir une autre manière de faire de la photo en étant contraint de se passer des automatismes ? Ou est-ce que ça demande déjà une très bonne maîtrise technique ? Je suis sur un 450D et j’hésite à passer dessus (j’ai le 50mm 1.8 et j’apprécie beaucoup le principe de la focale fixe, j’utilise souvent en mise au point manuelle dessus).

  15. @Pokk : j’aurais plutôt tendance à déconseiller cette optique avec un Canon 450D ainsi qu’avec tous les boitiers APS-C Canon, pourtant je l’ai utilisé sur ce même boîtier et un 600D et la qualité optique reste excellente. En fait, avec leurs petits viseurs, les boîtiers xxD et xxxD n’offrent pas le confort et la précision requise pour effectuer une mise au point précise et le Samyang serait donc plutôt une grande source de frustration, compte tenu de l’absence de communication avec le boîtier.

  16. Et un verre de visée du type KatzEye comme mentionné dans un commentaire précédent ne peut pas améliorer les choses ? Je n’ai malheureusement jamais eu l’occasion de tester un appareil avec un capteur Full Frame et j’ai du mal à me rendre compte de la différence en terme de confort de visée avec les APS-C.
    Le Live-view ne peut pas être une alternative au viseur dans ce cas là ?

  17. @Pokk : un verre KatzEye améliorerait effectivement le confort de visée et la précision de mise au point. Quant au mode LiveView, l’agrandissement maximal proposé par le 450D serait à peine suffisant pour effectuer une mise au point précise. Mais que intérêt d’utiliser un 35 mm sur pied, le mode LiveView enclenché ?

  18. Bon, je n’ai finalement pas suivi vos conseils, pourtant très utiles (c’est quand même votre article qui m’a donné envie d’acheter l’objectif). L’ayant trouvé à un prix vraiment très intéressant (290 euros neuf, soit un peu plus que le canon 35 mm f/2 et quasiment 150 euros de moins que le sigma 30 mm f/1.4…), j’ai craqué pour la bête. Et je ne regrette pas. Le piqué est fabuleux, le bokeh est top. Rien à dire niveau construction (à part le capuchon). Le rendu des couleurs me plait vraiment beaucoup. C’est un encombrement certain, mais ayant un nombre d’objectifs limité (2 avant l’achat de celui-ci), ça ne me dérange pas. Je trouve même que ça favorise une meilleure prise en main, en comparaison de mon 50mm 1.8, qui est lui tout rikiki, et parfois un peu plus dur à manier (mais aussi plus discret). Le poids se fait parfois ressentir en mode portait, après plusieurs shoots.
    Après c’est vrai qu’il y a un côté « frustant », mais c’est finalement la même frustration que j’ai lors de l’utilisation du 50mm à pleine ouverture, où l’autofocus patine, et où l’écran de visée n’est pas toujours assez précis pour permettre une mise au point correcte. (D’ailleurs je ne suis pas sur qu’une puce du type Dandelion aide beaucoup à la mise au point vu le comportement de la puce de confirmation sur mon 50mm) Et je redécouvre finalement le liveview, que j’avais totalement délaissé depuis mon passage au reflex. Il me permet une mise au point plutôt précise, même sans pied. J’ai testé les grandes ouvertures sur des bourgeons, j’ai réussi à en tirer des photos vraiment sympa. Et le taux de déchet n’est pas si élevé que je le pensais.
    Au final, chaque shoot est beaucoup plus réfléchi, plus travaillé, je pense que c’est un objectif qui peut réellement faire progresser (même si j’aurais clairement préféré avoir une meilleure visée sur mon boitier plutôt que de repasser sur le liveview sur les grandes ouvertures, où il faut rester quand même bien concentré pour garder le même cadrage) mais qui ne plaira clairement pas à tout le monde, et qui ne conviendra pas forcément à toutes les utilisations (notamment sur les sujets en mouvement).

    Bonne continuation.

  19. Pingback: Canon ef 35mm f/2 ou Samyang 35mm f/1.4

  20. Bonjour

    J’aimerai obtenir un renseignement précieux concernant l’utilisation de cet objectif.

    Je possède un 600D.
    Le faite que la mise au point se fasse manuellement ainsi que le réglage du diaphragme ne me gêne pas du tout – ça me rappellera mes vieux appareils.

    Mais en mode Live View, est-ce que l’image s’assombrit à l’écran à mesure que l’on ferme le diaphragme assurant ainsi un aperçu fidèle de la photo que l’on obtiendra au déclenchement.
    Ou au contraire, le fait qu’aucune connexion électroniques ne soient présentes sur l’objectif fait que l’appareil ne peut pas calculer l’aperçu.

    Merci

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