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La photo animalière, une spécialité exigeante

Sur le terrain
Quand j’arrive sur un lieu nouveau, je passe beaucoup de temps à faire du repérage. Les jumelles autour du cou, je regarde ce qui pourrait donner lieu à des images intéressantes ; si je suis venu pour une espèce particulière, je la cherche. Une fois l’animal trouvé, une observation minutieuse de ses activités commence pour essayer de comprendre qui il est, comment il vit, de connaître ses habitudes, etc. Les animaux sont souvent très réguliers : ils ont des horaires précis, qui peuvent cependant être modifiés par les éléments naturels comme le niveau d’eau dans lequel ils viennent pêcher (qui varie en fonction des saisons ou des précipitations), l’horaire des marées, la direction du vent… Il faut surtout s’imprégner de tout ce qui fait l’ambiance d’un lieu, de tout ce qui concerne l’animal. Cette phase, qui peut être longue, est très importante si l’on veut ensuite être au bon endroit au bon moment.

Ensuite seulement, il faut “penser photo” et voir ce qu’il est possible de faire, chercher comment installer un affût qui permettra de saisir une belle image de l’animal. On doit notamment observer d’où vient le soleil afin de positionner l’affût en fonction de l‘éclairage mais il faut aussi tenir compte des trajets que l’animal a l’habitude d’emprunter et des heures auxquelles il sort de sa cachette. La plupart des animaux sont actifs le soir ou à l’aube, quand la luminosité est faible, ce qui nécessite l’emploi d’optiques très lumineuses utilisées à pleine ouverture. Il faut également soigner particulièrement la mise au point, car la profondeur de champ est par conséquent très faible, et envisager l’usage d’un trépied bien stable pour pouvoir recourir à des temps de pose longs. Malgré tout, il est parfois nécessaire de faire des compromis : quand je n’ai pas le choix, j’utilise des sensibilités élevées. C’est ça ou pas d’image, mais le résultat est rarement satisfaisant car on observe une montée du bruit non négligeable.

Je construis souvent les affûts quand il fait nuit pour ne pas être vu, après avoir pris des repères pendant la journée. Souvent, avec la lune et si le ciel est clair, la lampe n’est pas utile.
Enfin, l’attente peut commencer. Parfois, c’est magique et tout se passe comme prévu. Le soleil se lève à peine que le faucon pèlerin se pose à 15 mètres de moi ! Parfois au contraire, après 4 jours d’attente (voire plus), il faut se résigner à abandonner sa cachette, sans avoir forcément de raison à donner à cet échec.
Le paradoxe en photo animalière, c’est que ce domaine photographique nécessite de longues périodes d’attente, qui peuvent durer des heures, voire des jours, mais quand l’animal est là et qu’il est en action, il faut réagir très vite. Cela implique de connaître parfaitement son matériel et de savoir l’utiliser, mais aussi d’avoir déjà dans la tête une idée de l’image que l’on va faire. Enfin, et c’est peut-être le plus important, il faut connaître les postures des animaux pour être capable d’anticiper leurs gestes. Par exemple, le grèbe huppé resserre ses plumes avant de plonger pour chasser l’air. Cela dure une fraction de seconde, mais il faut réussir à percevoir ce mouvement et déclencher à ce moment-là pour réaliser une image de grèbe en plein plongeon. Rien ne sert d’utiliser le mode Rafale et de compter sur le moteur à grande vitesse d’un boîtier pro pour espérer saisir l’action si on ne connaît pas son sujet. En cela, le photographe animalier se rapproche du photographe de sport : nous utilisons le même type de matériel et suivons les mêmes principes, même si les sujets “naturels” sont souvent plus aléatoires.

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5 commentaires “La photo animalière, une spécialité exigeante

  1. Et pourquoi pas « 1Ds Mark II », ça marche aussi et c’est même plus cohérent en ce qui concerne la tropicalisation chère à l’auteur 😉

    Mais bel article en effet…

  2. « EOS 5D » « 1D » « 1Ds Mark XYZ », peu importe tant qu’on a un bon niveau à bulle pour vérifier l’horizontalité de son boitier par rapport à l’horizon ! (à défaut, on peut utiliser LightRoom pour corriger ce genre de bourde une fois rentré au chaud et au sec).

  3. Très bonne attitude: du respect et de l’amour pour ce que l’on photographie, une grande curiosité de la vie.

    La technique est vraiment secondaire, même si on en parle tant dans les échanges entre photographes.
    Bref, c’est vraiment un boulot de solitaires..

  4. Bonjour le suis photographe amateur et j’aurais besoin de conseil pour l’achat d’un nouveau reflex chez nikon
    Pourriez vous m’aider a trouver mon bonheur parmis tout les appareils ?

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