Questions Photo

Samyang 14 mm f/2, 8 ED AS IF UMC : le test terrain

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Qualité optique

Les performances du Samyang 14 mm f/2, 8 ED AS IF UMC sont très élevées et ce, même en faisant abstraction du prix, très inférieur à celui de ses concurrents.



En faible lumière et sans trépied on peut se risquer à travailler à f/4 ou f/5,6 avec de très bons résultats (ici à 1600 ISO).

Piqué, Contraste et rendu des couleurs

Contrairement à d’autres objectifs à focale courte, nettement plus faible en périphérie, le Samyang 14 mm f/2, 8 ED AS IF UMC réalise un véritable exploit : dès la pleine ouverture, le piqué est satisfaisant dans les angles et devient homogène sur tout le champ dès qu’on ferme le diaphragme de quelques valeurs. Aux ouvertures de travail « courantes» en paysage et en architecture (entre f/8 et f/16), la qualité optique est vraiment exceptionnelle et dépasse alors même la résolution du capteur du 5D Mark II (gare à certains artéfacts…) !


Premier exemple :



Canon 5D Mark II, Samyang/Walimex Pro 14 mm f/2, 8 ED AS IF UMC, f/16, 1/50s à 100ISO. Image entière et …


…extraits à 100%.




Second exemple :



Canon 5D Mark II, Samyang/Walimex Pro 14 mm f/2, 8 ED AS IF UMC, f/5,6, 1/90s à 100ISO. Prise de vue rapprochée, image entière et …


…extraits à 100%



…le piqué est élevé partout dans l’image.

Le rendu des images se distingue de celles prises avec mes objectifs Canon : la gradation est un peu plus douce dans les ombres et les hautes lumières et en termes de rendu des couleurs, les images sont un peu plus chaudes. En revanche, il s’agit d’une dominante légèrement jaune, alors que celle de mes objectifs Voigtländer est légèrement magenta.

Aberrations chromatiques

Alors qu’elles fleurissent au fur et à mesure que les distances focales diminuent, les aberrations chromatiques sont tellement bien corrigées qu’elles restent invisibles à travers le champ d’image. Précisons qu’il s’agit là d’une performance exceptionnelle, inégalée par ses concurrents.
 
Vignetage

De nombreux objectifs grand-angle et super grand-angle souffrent d’un obscurcissement important sur les bords. Le vignetage du Samyang 14 mm f/2, 8 ED AS IF UMC est très important (et gênant) à pleine ouverture et s’estompe peu à peu, bien qu’il ne disparaisse jamais entièrement. Mais au final, il ne s’agit pas d’un défaut majeur puisqu’aux ouvertures de travail, le vignetage demeure assez discrèt.

Distorsion

La distorsion est le seul défaut véritablement gênant. D’une part, son ampleur est monumentale et d’autre part, c’est une distorsion à moustache difficile à corriger : une déformation en barillet au milieu et une déformation en coussinet aux bords de l’image. Alors que ce défaut met l’objectif hors compétition pour la photo d’architecture, sachez qu’il peut être corrigé à postériori, dans Camera Raw/Lightroom ou PTLens. Si le profil de correction optique destiné aux applications Adobe peut dépanner dans certains cas, il n’est pas suffisamment précis pour venir complètement à bout de la distorsion optique. Nettement plus efficace, PTLens offre une correction satisfaisante de ce défaut et on pourrait même envisager d’utiliser le Samyang 14 mm en photo d’architecture (toutefois, un objectif à décentrement et bascule est beaucoup plus avantageux).



Sans correction, la distorsion optique est monumentale



Correction de la distorsion dans PTLens et…



…dans Camera Raw (avec correction du vignetage) avec le profil d’un utilisateur : la correction dans PTLens est plus précise en termes de géometrie.

Flare et lumières parasites

Avec la forme bombée de sa lentille frontale, l’objectif est potentiellement très exposé au flare et aux lumières parasites. Mais dans la pratique, le traitement multicouche de type UMC est plutôt efficace : s’il est impossible de supprimer des images fantômes, leur amplitude demeure assez faible et l’objectif bénéficie d’une bonne résistance au flare, très important en photo HDR.



La résistance au flare est plutôt bonne pourvu que la source lumineuse ne soit pas trop proche des bords.


Canon G12 : les modes d’exposition automatique

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Modes Scènes
En mode Auto, vous n’indiquez pas à l’appareil quel genre de scène vous êtes en train de photographier : il doit le deviner et adopter la stratégie adéquate qui n’est pas dépourvue d’erreur. En revanche, certains modes Scènes sont optimisés pour des situations de prise de vue courantes que vous êtes donc susceptible de rencontrer, tandis que d’autres modes confèrent des “effets spéciaux” à l’image, lesquels seraient difficiles ou longs à appliquer au stade du post-traitement. Même si vous avez la louable intention d’utiliser les modes d’exposition avancés de l’appareil , considérez que les modes Scènes sont d’excellents outils d’enseignement. Par exemple, prenez quelques vues d’une scène d’action en mode Sport, en notant les valeurs de réglage (vitesse, diaphragme, sensibilité ISO) choisies par l’appareil. Puis, ajustez plus finement vos réglages en prenant pour base de départ les valeurs choisies par l’appareil.

Utiliser les modes Scènes

1. Positionnez la molette de sélection de mode sur SCN.
2. Pressez la touche FUNC/SET, ce qui affiche les modes Scènes en haut du menu.
3. Faites tourner la molette de sélection de mode jusqu’à faire apparaître l’icône du mode
désiré.
4. Pressez la touche FUNC/SET pour valider votre choix.

Portrait
Le mode Portrait est l’exemple type d’une scène classique. Ce mode avantage le rendu du ton chair, confère un aspect satiné à la peau, tout en évitant une désagréable dominante verdâtre qui peut apparaître dans certaines conditions d’éclairage.

Paysage
Comme son nom l’indique, ce mode de prise de vue a été optimisé pour la photographie de paysage. Les automatismes et le traitement d’image font de leur mieux pour différencier et aviver les teintes vertes et bleues (fi gure 3.3). Il est vrai que le rendu agréable de l’herbe, des feuillages, des fleurs et du ciel contribue notablement à la réussite d’un paysage de campagne. Ce mode augmente le degré d’accentuation (réglage Netteté) au cours du traitement et utilise la sensibilité ISO la plus faible, de manière à maintenir le niveau de bruit au minimum.

Enfants et animaux
Le même mode convient à ces deux thèmes très appréciés de la photo familiale. Les petits enfants et les animaux familiers ont en commun de conserver une attitude naturelle, sans prendre la pose : ils ne cessent de bouger. Pour les immobiliser, ce mode privilégie une vitesse d’obturation rapide, une grande ouverture de diaphragme et une sensibilité ISO élevée.



Ce genre de scène correspond exactement à ce que le mode Automatique considère comme étant un paysage. Les verts de la végétation et le bleu du ciel sont plus saturés, tandis que l’ouverture moyenne du diaphragme, ainsi que la courte focale utilisée, procurent une profondeur de champ qui s’étend du premier plan à l’infini. (Photo : Deak Wooten)



Grand reportage… qui gagne la course aux ISO ?

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Néanmoins, en conditions de reportage et pour un usage presse pour lequel ce serait miracle de faire une double page magazine, les deux appareils semblent exploitables en JPEG à 25 600 ISO : des essais de terrain aux 24 heures du Mans, de nuit et avec un 70-200 mm f/2,8 sur chaque boîtier, montrent qu’on arrive à des résultats honorables, inespérés avec les générations précédentes de ces modèles pro.


Canon à 25 600 ISO, vue d’ensemble

 


Canon à 25 600 ISO, extrait 100%

 


Nikon à 25 600 ISO, vue d’ensemble

 


Nikon à 25 600 ISO, extrait 100%

 

Le Nikon D3s est même exploitable à 51 200 ISO (figures suivantes), ce qui serait trop périlleux avec le Canon, sauf scoop incontournable, mais en JPEG le grain devient assez grossier avec des paquets dans les zones assez foncées. Néanmoins, le bruit coloré reste discret, alors qu’il apparaît dès 25 600 ISO avec le Mark IV.


Nikon à 25 600 ISO, vue d’ensemble

 


Nikon à 25 600 ISO, extrait 100%

 

 

Photos de voyage : douze conseils pour les réussir

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Munissez-vous d’un trépied photo. Privilégiez un modèle léger dont les dimensions se conforment à celles de votre valise et de votre sac photo. Il vous permettra de saisir des images autrement impossibles à réaliser, même avec un stabilisateur optique et/ou une sensibilité ISO élevée. Avec en prime une qualité d’image parfaite. Mais pensez aussi à un déclencheur souple, vous permettant de définir vous-même le moment du déclenchement – avec le retardateur, des gens ou des voitures ruinent souvent au dernier moment un cadre soigneusement choisi.



Fête étudiante, Stockholm. Canon EOS 5DM2, Canon EF100-400mm f/4.5-5.6L IS USM, 0,6 s à f/6,3, 800 ISO.

Filtrez dès la prise de vue. Bien que les logiciels d’image peuvent accomplir des miracles, certains filtres de prise n’ont pas d’équivalent parmi les filtres logiciels. Certes, vous pouvez oublier les filtres destinés à la correction des couleurs et au traitement noir et blanc, devenus caduques, mais les filtres polarisants, gris neutre et dégradés ont toujours leur raison d’être.



Paysage dans l’archipel de Stockholm, Finnhamn. Canon EOS 5DM2, Voigtländer Color-Skopar SL 20mm f/3,5, 1/6 s à f/11, 100 ISO. Filtre dégradé Cokin P161pour harmoniser la luminosité du ciel.

Approchez-vous. Si les téléobjectifs autorisent des prises de vue de sujets lointains, les objectifs macro vous ouvrent les portes d’un monde nouveau, celles de la macrophotographie. Pour une utilisation occasionnelle, un objectif standard ou téléobjectif associé à une bonnette macro ou une bague allonge fera également l’affaire.



Fleur, Finnhamn. Canon EOS 5DM2, Canon EF 135mm f/2, 1/100 s à f/4, 800 ISO. Bague allonge Canon EF 25.

Jouez avec la faible profondeur de champ. Si la quête du bokeh “parfait” peut parfois devenir une véritable obsession, vous pouvez utiliser une faible profondeur de champ pour isoler votre sujet principal devant un arrière-plan vaporeux. De manière générale, plus l’ouverture de votre objectif et la distance entre votre sujet et l’arrière-plan sont grandes, plus le flou est important.



Reflets, Ekerö. Canon EOS 5DM2, Canon EF 135mm f/2, 1/2000 s à f/2, 100 ISO.

Et pour finir : ne négligez pas votre famille. Elle aussi est une source intarissable de sujets de prise de vue !



Chic suédois, Finnhamn. Canon EOS 5DM2, Canon EF 135mm f/2, 1/100 s à f/2,8, 100 ISO.

Photo de sport et composition

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Je n’arrête pas de me répéter que l’objectif long permet d’éliminer en grande partie un arrière-plan potentiellement perturbateur, ce qui est bien le cas ici. Je réfléchis à toute vitesse, car il ne reste plus que quelques minutes avant le départ. Je veux être certain d’avoir choisi le bon objectif pour photographier les premières haies de la course. Je décide de monter un 70-200 mm f/2,8 sur le second boîtier et un 200 mm f/2 sur le troisième, car je pense que cette combinaison me donnera un maximum d’options. Une dernière pensée me vient à l’esprit juste avant le coup de pistolet : comment traduire l’impression de vitesse et de mouvement dans les photos ? Je décide consciemment de régler une vitesse lente et de suivre l’action dans un mouvement panoramique, ce qui contribue aussi à faire disparaître l’arrière-plan en le floutant.


Plan moyen. J’ai décidé de régler une vitesse lente pour accroître l’impression de vitesse et pour nettoyer un arrière-plan très problématique.
200 ISO, 1/80 s, f/5,6, 200 mm

Le coup de pistolet est tiré. Gail Devers s’approche de la première haie et je me rends compte que quelque chose ne va pas. Elle essaye de s’arrêter.


Contre-plongée
800 ISO, 1/1 000 s, f/2,8, 175 mm, zoom 70-200 mm

La petite voix se met à hurler dans ma tête. Tous mes sens sont en éveil… Quand je suis dans cet état d’esprit, j’ai l’impression que le temps s’écoule moins rapidement et que l’action se déroule au ralenti. Je vois Devers faire la grimace et essayer de s’arrêter avant de heurter la première haie de son couloir, mais elle n’y parvient pas et tombe lourdement en se rattrapant à la barre transversale.


Plan moyen
800 ISO, 1/1 000 s, f/2,8, 175 mm

 


La carrière sportive de Gail Devers s’achève tandis qu’elle est étendue sous la haie, victime d’une déchirure au mollet. Le personnel médical se porte à son aide en quelques secondes, mais ses chances de médaille se sont évanouies.
800 ISO, 1/1 000 s, f/2,8, 175 mm

Alors que Devers s’effondre dans son couloir en serrant la barre, les pensées fusent dans ma tête. De quoi suis-je le témoin ? Cela va-t-il marquer un tournant décisif dans cette compétition olympique ? Ai-je fait le bon choix d’objectif pour la composition ? Je suis presque sûr que les images sont réussies. Devers reste allongée un certain temps sur la piste après sa chute et c’est l’image que la plupart des autres photographes en ont gardé. Un large sourire se dessine sur mon visage quand je réalise qu’un seul autre photographe, parmi les 400 accrédités à ces Jeux olympiques, a photographié cette scène depuis le même emplacement que moi. D’après l’expression qui se lit sur son visage, il ne semble pas avoir aussi bien tiré profit de la situation. Un bon sens de l’anticipation et une bonne préparation m’ont permis d’être presque le seul à avoir saisi l’instant fatidique. Le seul détail difficile à imaginer concerne le fait que tout l’épisode de la chute de Gail Devers se déroule en moins de trois secondes. C’est la raison pour laquelle maîtriser la complexité de la composition est si différent en photo de sport que dans les autres genres photographiques.

 

Extrait de Composition – Pratique photo, de Laurie Excell, John Batdorff, David Brommer, Rick Rickman et Steve Simon, paru aux éditions Eyrolles (édition originale PeachPit Press)
Auteur de cet extrait du chapitre 8 : Rick Rickman
Traduction : Danielle Lafarge

 

 

Photographier la nature (troisième partie) : les animaux

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Les animaux en action
Les oiseaux et les mammifères offrent des opportunités d’images intéressantes lorsqu’ils sont en action : ils peuvent voler, courir, nager, chanter, se battre, pêcher… mais réussir à rapporter une belle image de ces moments souvent furtifs n’est pas simple.
Dans un premier temps, il faudra rechercher les situations offrant des opportunités de ce type. Les grands rassemblements y sont souvent propices, le nombre d’individus présents offrant une forte probabilité de voir un ou plusieurs animaux actifs. Les colonies d’oiseaux marins donneront ainsi d’excellentes occasions de photographies en action : beaucoup d’oiseaux vont et viennent, surtout s’ils ont des petits, car ils partent en mer capturer des poissons pour les nourrir. Il y aura aussi des rencontres entre les individus, peut-être des parades, des comportements de séductions, des postures agressives voire des combats.
Certaines actions sont difficilement prévisibles, et très rapides, tandis que d’autres durent plus longtemps ou sont plus faciles à prévoir. Il est donc important d’anticiper ce qui va se produire, dans la mesure du possible, et pour cela c’est la connaissance des animaux ou de l’espèce, acquise dans la documentation et sur le terrain, qui sera très primordiale. Généralement, les goélands poussent un cri particulier et inclinent leur tête vers le bas avant d’entamer une parade. Se concentrer sur ces signes est important pour saisir le bon moment.
Les animaux sont souvent plus actifs le matin et le soir. C’est à ces moments-là de la journée que vous aurez le plus de chance de pouvoir photographier un renard polaire qui chasse dans les dunes ou un faucon pèlerin en vol. Arrivez sur site avant les animaux et essayez de prévoir ce qu’il vont faire. Beaucoup d’entre eux sont très routiniers : ils empruntent le même parcours, se posent sur la même roche, etc.
Ainsi, les phoques ont souvent un rocher de prédilection, où ils viennent se reposer. Si vous connaissez bien leurs trajets, leurs lieux favoris, et que vous vous cachez à proximité avant l’arrivée des animaux, vous pourrez réaliser de superbes images. En revanche, si vous arrivez après eux, il y a de fortes chances qu’ils vous repèrent de très loin et qu’ils prennent la fuite bien avant que vous soyez à une distance correcte de mise au point.
Tous les réglages de votre boîtier doivent être faits à l’avance, car il faut être très rapide : vous n’aurez que quelques fractions de secondes pour saisir le bâillement du phoque qui vient de sortir de l’eau et s’allonge sur sa roche préférée. Seule la mise au point doit être ajustée au moment où se déroule l’action. Un autofocus rapide et fiable est alors précieux.
Dans le cas d’oiseaux en vol, l’autofocus se débrouille en général très bien car les sujets se découpent sur fond de mer ou de ciel et le boîtier fait la mise au point sans grande difficulté. Réglez l’autofocus en mode de suivi de sujet en mouvement (AI Servo chez Canon, par exemple). Essayez « d’attraper » l’animal dans votre viseur le plus tôt possible et suivez son mouvement, ainsi les collimateurs autofocus auront plus de temps pour bien faire la mise au point.


Les phoques gris se rassemblent à l’automne. Il y a les femelles qui viennent mettre bas, les jeunes qui jouent et les gros mâles qui dorment beaucoup ou, parfois, comme ici, se battent. Il faut anticiper le moment du combat pour être bien placé car les occasions ne sont pas très nombreuses, et utiliser une vitesse suffisante pour que les animaux soit nets sur l’image. Mode Av et grande ouverture du diaphragme étaient nécessaires ce matin-là, car la belle lumière dorée du lever du jour n’était pas très puissante.
Canon EOS 1D Mark II, 1/800 s, f/7,1, 160 ISO, 500 mm.

Pour assurer une bonne exposition, le plus pratique est d’utiliser le mode Priorité vitesse ou Priorité diaphragme. En mode Priorité diaphragme, ouvrez votre diaphragme au maximum afin de disposer de la vitesse la plus élevée possible – compte tenu des capacités de votre optique –, surtout si la luminosité est faible. Les optiques fixes, qui ont une ouverture plus importante que les zooms, peuvent avoir leur intérêt dans ce cas. De plus, l’autofocus d’une optique fixe très lumineuse est souvent plus rapide. En mode Priorité vitesse, réglez votre boîtier sur la vitesse qui vous semble nécessaire pour figer l’action, idéalement entre 1/250 s et 1/1 000 s.

Photographier la nature (deuxième partie) : les paysages

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Mettre en scène les nuages
Les nuages jouent un rôle essentiel dans une image de paysage. Je fuis les ciels bleus uniformes car je trouve qu’ils n’ont rien à raconter. Au contraire, de gros nuages sombres chargés de pluie donneront un effet dramatique aux images de côtes rocheuses ; le même paysage photographié sous un ciel uniforme n’aurait pas la même force.
Le matin et le soir, les nuages prennent des teintes extraordinaires. Il est aussi possible, à ces moments-là, de les photographier en contre-jour. Pour obtenir un rendu esthétique et ne pas risquer de sous-exposer l’élément important de la photo, il faut soigner l’exposition et effectuer dans ce cas une mesure Spot de la lumière sur le nuage.
Pour que l’exposition soit correcte à la fois sur le sol, au premier plan, et sur les nuages, les filtres gris dégradés seront très utiles. Un filtre gris dégradé de ND 1 ou 2 permettra de réduire la luminance du ciel. Une fois que vous l’avez monté sur le porte-filtre, il faut le faire coulisser pour que la zone de transition entre la partie grise et la partie transparente soit positionnée sur l’horizon. Il est aussi possible d’utiliser un filtre polarisant pour créer plus de contraste entre le ciel et les nuages.
Les paysages donnent aussi l’occasion de photographier des percées de lumières. Ces véritables spots lumineux qui n’éclairent qu’une zone du panorama sont parfois très impressionnants. Pour avoir la chance de rencontrer ces percées, il faut privilégier une journée au temps changeant, avec un ciel chargé mais offrant la possibilité au soleil de se découvrir de temps en temps ; le printemps et l’automne favorisent ce type de journées. Il faut se tenir prêt, les réglages effectués sur le boîtier, car ces instants sont fugaces. L’idéal est d’utiliser un petit téléobjectif pour pouvoir isoler une partie du paysage. Quand la percée de lumière survient, effectuez la mesure de la lumière dessus, mémorisez l’exposition et recadrez. Quand c’est possible, il peut être intéressant de réaliser plusieurs vues avec des réglages d’exposition différents.
La réflexion des nuages à la surface de l’eau, ou sur des plages ou vasière humides, sera très photogénique si les rayons du soleil sont proches de l’horizon. Il vaut mieux dans ce cas privilégier un ciel à l’aube, rempli de cumulus ou de nimbus, qui renverront la lumière sur la surface du sol. Les matinées brumeuses sont très intéressantes elles aussi. Là encore, les périodes de l’année les plus favorables pour en trouver sont le printemps et l’automne. Le brouillard peut donner lieu à de très belles photos d’ambiance : recherchez des silhouettes qui se découpent pour un effet spectaculaire. Si le soleil est présent, les contre-jours sont aussi l’occasion de réaliser de très belles images. Il sera même possible de le photographier directement si la brume ou le brouillard est suffisamment dense.


Oyats et nuages sur Belle-Île-en-Mer. Il suffit parfois de peu d’éléments pour réaliser une image intéressante. La forme étonnante de ce “tapis” de nuages joue avec le graphisme des oyats.
Canon EOS-1Ds Mk II, 1/85 s à f/9, 100 ISO, 35 mm.


Hébrides extérieures, en Écosse. Après quelques jours de mauvais temps, le soleil tente une percée en fin de journée. Une météo changeante offre des possibilités intéressantes pour saisir des percées de lumière. Elles sont souvent fugaces et il faut se tenir prêt à déclencher quand elles se produisent.
Canon EOS-1Ds Mk II, 1/200 s à f/13, 125 ISO, 35 mm.

Photographier la nature (première partie) : comprendre la lumière naturelle

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La lumière par ciel couvert
Souvent considérées comme de mauvaises journées par le photographe débutant, ces moments de ciel couvert sont en réalité intéressants pour la photographie. Si le ciel est blanc, « lavasse », il faut privilégier des sujets et des cadrages où il n’apparaîtra pas. Une fois cette précaution prise, il est très facile de réaliser de bonnes images.
Un ciel couvert donne une lumière douce, sans ombres ; il n’y aura pas sur l’image de zones éclairées avec un fort contraste. La scène étant éclairée uniformément, la photographie révèlera tous les détails et tous les tons du sujet. C’est une lumière parfaite pour les photos rapprochées de fleurs et de petits animaux. Pour les paysages, c’est aussi parfois la seule lumière qui conviendra pour des sites qui ayant un relief important, comme les abords des falaises.
Les jours de pluie fournissent eux aussi un éclairage uniforme et sont intéressant pour photographier de petits sujets, en particulier si les gouttes d’eau se déposent dessus. Sachez que pour que la pluie qui tombe soit visible sur une image, il faut une très grosse averse ; il faudra aussi trouver un fond sombre sur lequel les gouttes se détacheront. Deux choix sont alors possibles : photographier avec une vitesse rapide pour « figer » le mouvement de l’eau, ou faire une image en pose lente pour obtenir un effet de filé.


La mer est gelée, il fait froid et gris. Ce même paysage hivernal du nord-ouest de l’Islande aurait eu une toute autre allure sous le soleil. Le choix des lumières est parfois dicté par les conditions rencontrées sur le terrain, mais c’est aussi un choix personnel et chaque photographe a son ou ses éclairages préférés.
Canon EOS-1Ds, 1/40 s à f/22, 100 ISO, 20 mm.

Lumière de l’aube et temps de brume
Le matin, quand le soleil n’est pas encore levé et qu’il se trouve juste derrière l’horizon, la lumière du ciel rougeoyant éclaire la scène. Si le ciel est nuageux, il renvoie cette lumière colorée sur le paysage et en révèle les formes et les contours ; c’est un moment parfait pour réaliser les premières images de la journée.
Le peu de lumière disponible oblige à photographier avec un trépied stable, car les temps de pose peuvent atteindre plusieurs minutes, mais la lumière rosée donne aux images une teinte magnifique. Si la brume est de la partie, photographiée en contre-jour, elle donnera une touche onirique aux clichés. Lorsque la brume et le brouillard sont épais et ne laissent apparaître que quelques éléments de la scène, ils créent des images avec une ambiance très particulière, souvent pleine de charme.
Brumes et nuages des premiers instants du jour, teintés de rose, ne durent pas très longtemps, il faut donc photographier assez vite ! Trouver la bonne exposition n’est pas très difficile : faites la mesure de la lumière sur une zone de teinte moyenne.


Pour photographier ce goéland cendré, un gros téléobjectif et une faible ouverture ont permis de “gommer” le fond afin de faire ressortir l’oiseau. En revanche, il fallait conserver une vitesse suffisante pour que le goéland reste net malgré ses mouvements.
Canon EOS-1D Mk III, 1/400 s à f/4, 400 ISO, 500 mm.

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