L’objectif standard revisité (première partie)
Publié le 13 décembre 2014 dans Articles et dossiers par Volker Gilbert
Le mythe de la focale « naturelle »
Sous condition de visualiser un tirage de 13 x 18 cm à une distance de 30 cm environ, l’angle de champ d’un sujet saisi avec une focale de 50 mm s’apparente à la vision humaine. Toutefois, une photo n’est que rarement observée dans ces conditions et il serait donc vain de prétendre qu’un objectif standard serait à même de reproduire la vision humaine. D’autant plus que l’angle de champ produit par le chevauchement stéréoscopique de la paire d’yeux, amplifiée par le déplacement continuel de ces derniers, est en réalité beaucoup plus vaste et proche d’une vision panoramique. La notion d’angle de champ naturel est donc purement subjective, variant d’un photographe à un autre : si Henri Cartier-Bresson affectionnait particulièrement une focale de 50 mm, David Alan Harvey, célèbre photographe du magazine National Geographic, préfère utiliser une focale de 35 mm, plus proche de sa vision photographique du monde. Quant à Ansel Adams, il jugeait que l’objectif standard n’était pas particulièrement attractif d’un point de vue technique et esthétique, l’angle de champ et la profondeur de champ ne favorisant ni l’interprétation de l’espace ni l’étagement des plans. Néanmoins, l’utilisation d’un objectif standard s’avère très enrichissante. Elle contraint le photographe à être plus créatif, celui-ci ne pouvant plus jouer sur l’exagération des perspectives d’un objectif grand-angle ou l’écrasement des plans d’un objectif télé pour rendre ses photos plus intéressantes.