La démarche photographique : entre le sujet et l’image
Publié le 1 juin 2012 dans Actualités Articles et dossiers par Anne-Laure Jacquart
L’idée
Avoir repéré un sujet ne suffit pas. Si vous déclenchez à ce stade, la photo ne sera qu’un vulgaire descriptif documentaire, une vue banale ou, au mieux, une jolie carte postale. Ne vous contentez pas de savoir quel sujet vous voulez photographier. Demandez-vous pourquoi celui-ci vous intéresse. J’appelle cela “photographier non pas des noms, mais des adjectifs”. Cette fleur a attiré votre œil ? Soit ! Mais pourquoi ? Est-ce parce qu’elle est colorée, qu’elle semble douce, bien éclairée, parce qu’elle a une forme ronde… L’idée n’est pas seulement liée aux caractéristiques visuelles du sujet mais aussi aux émotions. Cette fleur amène-t-elle en vous une certaine nostalgie, vous rappelant un autre jardin, peut-être vous donne-t-elle “la pêche” par ses teintes acidulées, ou l’envie de vous intéresser davantage à la nature, à la botanique ?
En pratique, décrivez le sujet en 2 ou 3 adjectifs, relatifs à son aspect visuel ou à ce qu’il vous évoque. Ces qualificatifs vous seront d’une grande aide pour réaliser une bonne image.
L’intention
Elle est le pendant de “l’idée”, mais sur un plan plus communicatif. Demandez-vous à présent ce que vous souhaitez communiquer par votre image. Si le sujet choisi vous a intéressé pour telle ou telle raison, nul doute que cela sera de même pour les proches qui visionneront votre image. En fait, ce n’est pas vraiment le sujet lui-même que vous souhaitez partager mais ce qui vous a plu dans ce sujet, visuellement ou émotionnellement. N’hésitez pas à considérer l’environnement dans son ensemble pour voir s’il est possible d’enrichir votre image de manière à rendre votre intention plus claire. Prenez aussi en compte les conditions de prise de vue repérées auparavant de manière à ne pas vous retrouver devant une “équation impossible” ! Soyez réaliste… mais imaginatif !
En pratique, décidez de quelle manière vous allez interpréter le sujet. Gardez bien en tête que celui-ci n’est qu’une matière première que vous devez modeler, un outil, au même titre que votre appareil et votre œil, au service de l’image. L’enjeu ? Réussir à formuler : “Je vais mettre en valeur mon sujet de telle façon pour exprimer telle idée ou émotion”.
La maîtrise technique
A présent, vous abordez une phase plus concrète. On a dépassé le stade du “pourquoi” pour atteindre celui du “comment”. Parmi les paramètres techniques à votre disposition, lesquels vous permettront d’arriver à vos fins ? Profondeur de champ, flou de mouvement, orientation lumineuse, exposition particulière… Comment l’appareil va-t-il contribuer à exprimer votre rapport au sujet ?
En pratique, n’utilisez pas les réglages de l’appareil de façon “gratuite”. Mettez votre matériel au service de votre intention et de l’image à réaliser. Vous recherchez de la douceur ? Le flou de profondeur de champ ou une pose lente bien dosée seront vos meilleurs alliés. Du dynamisme ? C’est au contraire une photo bien nette et bien contrastée (peut-être saisie en contre-jour ?) qu’il vous faut ! Et ainsi de suite.